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Algérie : "intégration" militaire corollaire du pillage économique

Publie le mardi 7 juin 2005 par Open-Publishing

http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/detachement_naval.htm

LE DETACHEMENT NAVAL DE LA MARINE FRANÇAISE ACCOSTERA AUJOURD’HUI
Le militaire suit le politique

Le Quotidien d’Oran, 21 mai 2005

Une intense activité diplomatique agite depuis quelque temps le ministère de la Défense et les forces armées algériennes. Les délégations étrangères se suivent et les exercices conjoints dans un cadre bi ou multilatéral prennent leur vitesse de croisière.

Alors que Hans Georg Wagner, vice-ministre allemand de la Défense, était à Alger mardi dernier pour une visite de deux jours, d’autres délégations étrangères étaient aussi attendues par les responsables de l’ANP. L’amiral Sergio Biraghi, chef d’état-major de la marine italienne, a effectué un bref séjour, mercredi et jeudi, sur invitation du général Yala Mohand Tahar, commandant des Forces navales. La marine nationale recevra également, à partir d’aujourd’hui, des unités de la marine française pour un premier exercice de surveillance et de sécurité maritime. Leurs homologues turcs ont été les hôtes de l’Algérie il y a quelques semaines. Au mois de mars passé, un détachement important de la force multinationale Standing Nato Maritime Group 2, de l’Alliance transatlantique, a effectué un séjour à Alger. Un détachement de la force d’action navale européenne Euromarfor les avait précédés au mois d’octobre.

L’arrivée du vice-ministre de la Défense allemand intervient après une période de froid entre les états-majors des deux armées, due principalement à la prise d’otages des touristes par le groupe de Abderrezak El-Para et à la gestion de ce dossier par les militaires allemands.

Quant à la France, elle reste le partenaire historique de l’Algérie et veut rattraper le retard enregistré en matière de coopération militaire. Les forces navales algérienne et française veulent être le fer de lance du partenariat d’exception souhaité aux plans politique et diplomatique par Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac. Après l’escale de La Motte-Piquet au mois de novembre dernier, le détachement de la Marine navale française, qui accostera aujourd’hui au port d’Alger, est le plus important jamais envoyé en Algérie.

Depuis quelques mois, les rapports se multiplient. Renforcement des relations, compréhension mutuelle, échanges d’expériences et exercices combinés sont autant de termes utilisés par les militaires ou les diplomates pour qualifier le ballet incessant des délégations militaires étrangères en Algérie.

L’ombre de l’organisation transatlantique plane sur ce regain d’intérêt pour Alger. L’Algérie entretient des relations renforcées avec l’OTAN dans le cadre du dialogue méditerranéen. La décision de l’Alliance d’intégrer les forces du Sud à ses exercices de prévention contre le banditisme et la contrebande, l’immigration clandestine ou le terrorisme explique en partie le besoin d’échanges et de connaissances mutuelles des hommes, des armes et des procédures. De par son expérience en matière de lutte contre le terrorisme, l’armée algérienne est devenue un partenaire familier de l’OTAN. L’objectif de professionnalisation que s’est assignée l’ANP justifie également les différents contacts avec l’organisation.

Certes, l’OTAN est une organisation militaire. Il n’empêche que le message lancé est politique. Alger est fréquentable et il devient stratégique pour les Etats membres de l’OTAN de se positionner vis-à-vis de ce partenaire à un niveau non pas multilatéral mais plutôt bilatéral. D’autant que les Etats-Unis ont, depuis quelques années, accentué les relations et les échanges avec l’Algérie. Les initiatives se multiplient et les Américains renforcent de plus en plus leur positionnement. L’arrivée des différentes délégations étrangères, principalement européennes, n’est pas fortuite : elle s’inscrit dans le cadre de l’agenda de travail de l’OTAN.

Samar Smati