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Avant la révolution : révoltes populaires de l’an mil à 1789

Publie le lundi 20 décembre 2010 par Open-Publishing
3 commentaires

Offensive n°28
Avant la révolution : révoltes populaires de l’an mil à 1789

Décembre 2010 - 52 pages - 23 x 31 - 4 euros

site d’offensive

1789, 1870, 1936 ou encore 1968 : les références des militants révolutionnaires d’aujourd’hui se figent autour de quelques grandes dates qui prennent parfois la forme de mythes. Au-delà de l’invocation aux jacqueries paysannes, citer une révolte d’avant la Révolution Française relève de l’exploit tant nous sommes inféodée-s aux formes dominantes de dire l’histoire. Surgissant de nulle part, 1789 serait le résultat surprenant du simple refus de l’absolutisme des rois Bourbons, ou alors des réflexions averties de philosophes des Lumières. Des penseurs qui, pour mieux nous éclairer, ont jeté un voile obscur sur le Moyen Âge, qui fait qu’aujourd’hui encore nous en conservons l’image d’une période de soumission totale. Pourtant, de l’an mil jusqu’au XVIIIe siècle, des traces de luttes contre le pouvoir, les injustices et les inégalités, permettent de peindre un autre tableau des périodes médiévale et prérévolutionnaire.

Ce passé a été refoulé par ceux et celles qui dressent les grandes fresques de l’Histoire, préférant livrer un récit qui sert de ferments à la Nation au-delà des différences sociales. Il est plus commode en effet de raconter les successions des rois et des reines ou les exploits militaires contre nos « horribles voisins » que de mettre en avant les résistances aux dominations qui jalonnent toutes les époques.

Qui plus est, si la Révolution française offre un cadre politique qui nous est proche (notamment le rapport Gauche-Droite), les révoltes antérieures s’éloignent de ce schéma. Les marxistes ne retrouvent pas forcément dans les jacqueries le moteur de l’histoire qu’est la lutte des classes. Les anarchistes sont gênés aux entournures par les mouvements millénaristes qui demandent l’abolition de la propriété privée mais sur fond de grands élans religieux.

L’écueil que nous avons voulu éviter est bien celui-ci, qui nous aurait conduit à faire de ces mouvements des exemples à suivre. Mais cela ne nous a pas interdit de partir sur les traces des insurgées : celles des millénaristes révolutionnaires luttant à partir du XIIIe siècle contre tous les éléments discordants s’opposant à la réalisation du paradis sur Terre ; des paysan-ne-s se battant pour l’autonomie des villes au Moyen-Âge ; des bêcheux-ses voulant mettre à bas la féodalité anglaise en 1649 ; des ouvrier-e-s résistant aux premières mesures libérales dès le XVIIIe siècle… Ce dossier s’attache donc à renouer avec les pratiques d’une élaboration d’une histoire populaire afin de faire plonger nos racines révolutionnaires au-delà de la Grande Révolution de 1789.

Au sommaire

Analyses
Les ravages de la gentrification
Un travail social plus précaire que jamais
Des sons qui adoucissent les mœurs
 
Histoire
L’institution « manif »
 
En lutte
Défends-toit
 
Avant la Révolution
Moyen Age rebelle
L’autonomie montagnarde
Frères du libre-esprit
Bref éloge et petite critique des mouvements millénaristes
L’union fait la France
Les sorcières
« Gloire ici-bas, tous bêcheux ! »
La révolution sans le progrès
Les premières résistances au libéralisme
Vaucanson ou le prototype de l’ingénieur
 
Horizons
La Russie fasciste
 
Entretien
Le droit de s’évader
 
Alternatives
Sortir du supermarché
 
Contre-culture
Livres – Musique – Arts vivants – Cinéma

Messages

  • Ce numéro est vraiment excellent... je l’ai lu d’une traite. On apprend plein de trucs sur des révoltes qu’on ne connait pas. STEPH

  • Qui plus est, si la Révolution française offre un cadre politique qui nous est proche (notamment le rapport Gauche-Droite), les révoltes antérieures s’éloignent de ce schéma. Les marxistes ne retrouvent pas forcément dans les jacqueries le moteur de l’histoire qu’est la lutte des classes.Les anarchistes sont gênés aux entournures par les mouvements millénaristes qui demandent l’abolition de la propriété privée mais sur fond de grands élans religieux.

    Rien dans les jacqueries n’exclue la lutte des classes, cela en est une évidente.

    Maintenant , pourquoi ne parles-tu pas du processus qui s’étend de 1729 à 1769 dans une certaine ile ?

    L’histoire du monde est bien sur à reconsidérer

    Les déclamations sur la naissance par 1789 sont celles du républicanisme bourgeois en France, mais pas du marxisme.

    De même la critique des anars penche plus vers les déformations historiques particulières de l’anarchisme espagnol (because 1936 et le comportement de l’église)...

    Le marxisme n’est pas en cause là dedans, du moins Marx ne l’est pas.

    Il existe en France une déviation de la gauche sur 1789, mais ce n’est pas là le marxisme. La question de la lutte contre la croyance religieuse, surtout quand elle ressort d’une population opprimée (juifs, musulmans) pour les temps modernes, indique juste un naufrage et une incompréhension des processus réels .

    Par exemple on ne veut pas voir que Chavez en appelle aux au Christ rédempteur , crucifié pour la justice sociale, parce que ça ne fait pas partie du schéma...

    La religion en fait de belles avec l’âne Melenchon qui génuflexe devant Chavez qui en appelle aux légions du Christ pour cogner la bourgeoisie ,mais qui a la critique facile avec une certaine dame en fichu au discours bien plus laïque...

    C’est l’entendement cristallisé de la gauche franco-espagnole de la question religieuse qui fait qu’on ne saisit pas que de puissantes réactions à volonté libératrices peuvent se faire en étant pensées comme une forme d’application de la foi.

    C’est ainsi, il faut constater...

    Mais rien à voir là dedans avec la méthode marxiste.

    Les classes sociales opprimées en mouvement, les volontés libératrices permanentes qui tenaillent les désirs des hommes et femmes, ne font jamais que se saisir des outils idéologiques qu’ils ont pour les retravailler dans le sens de leurs interets, pendant que les classes dominantes s’en servent elles pour les travailler dans le sens qu’elles souhaitent pour souligner les aspects de soumission.

    Peu importe que le chat soit noir ou gris, l’essentiel est qu’il attrape la souris. Ce qui importe sont les actes.

    Les innombrables révoltes populaires qui parcourent l’histoire n’ont effectivement pas commencé en 1788 avec le cheminement des rois mages de la révolution de 1789 vers Versailles...

    le désir de liberté et d’être maitre de son destin est un moteur très puissant de l’humanité, son expression collective est révolutionnaire quand elle vient d’une classe dominée.

  • A lire dans ce numéro qui se dévore véritablement un excellent article sur le réseau " Sortir du supermarché ", écrit par Christian Jacquiau, victime de l’agression foncièrement inéquitable de Max Havelaar, relatée dans ces colonnes (http://bellaciao.org/fr/spip.php?article111825)