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Avenir du MRAP : Réponse à Maurice WINNYKAMEN 2
Publie le dimanche 21 octobre 2007 par Open-Publishing2 commentaires
Avenir du MRAP : Réponse à Maurice WINNYKAMEN 2
Maurice WINNYKAMEN vient de publier aux Editions Tribord
« GRANDEUR ET MISERE DE L’ANTIRACISME : Le MRAP est-il dépassé ? »
La seconde partie du livre suscite plus la polémique que la première, celle que j’ai évoqué dans le texte 1 publié samedi 20 sur le site Bellaciao..
D’emblée je note une accusation grave dans son livre qui m’a fait sursauter . Du coup je reviens sur des passages antérieurs qui ne m’avais pas fait sursauter mais simplement mis mal à l’aise. Je reviens en troisième point sur le cadre du propos initial.
1 - Maurice WINNYKAMEN VA TROP LOIN
Il écrit (page 203) « dans la haine à l’égard d’Israël, des israéliens et des Juifs en général, que distille sous couvert d’antisionisme et d’anti-impérialisme qui ne sont que des prétextes, les co-organisateurs des « défilés pour la paix ». L’auteur accuse le MRAP (et les autres organisations) de diffuser de l’antisémitisme. Et pour que les choses soient claires il ne s’agit pas de la seule haine d’Israël, de son Etat, de la logique spécifique, de son (ou de ses) gouvernement(s) et d’une partie de son peuple, celle qui appuie cette politique destructrice car cela ne serait pas de l’antisémitisme. Et l’accusation ne porterait pas. Monsieur WINNYKAMEN le sait. Il va donc plus loin et en écrit plus : le MRAP distille de la haine des Juifs en général . Ici, la ligne de démarcation est franchie. Voilà ou en arrive Monsieur WINNYKAMEN !
2 – RETOUR EN ARRIERE
On peut lire page 142 : « Dans la nuit du 29 au 30 avril 2004, 127 tombes juives sont couvertes d’inscriptions à la gloire du nazisme dans le cimetière de Herrlisheim-près-Colmar, Haut-Rhin. La protestation s’étend à l’ensemble du monde politique, syndical et associatif français. Avec la même sincérité ? De cela je ne suis pas certain. Mais, 127 tombes, c’est tout de même un peu beaucoup pour que l’on fasse semblant de n’avoir rien vu. Même « Alternative libertaire », mouvement anarchiste dont la doctrine est « Libertaire, Egalitaire, Solidaire, la révolution reste à faire », s’insurge et condamne… Pourquoi peser les sincérités ? Que vient faire ici ce passage sur Alternative libertaire. Une phrase ambiguë qui ne prouve rien.
Plus loin (page 146) à propos de la manifestation contre l’antisémitisme proposée par SOS Racisme et dont le MRAP et la LDH a demandé l’élargissement du mot d’ordre à tous les racismes, l’auteur stigmatise le suivisme du PCF et donne dans l’amalgame à propos de la LCR : « La LCR, elle, est trop pro-palestinienne à priori et ne changera pas de sitôt. Trop pour accepter de se compromettre dans un tel défilé. Ces militants, parmi lesquels se trouvent certains de ceux qui crient « Mort aux Juifs » dans d’autres défilés, n’y comprendraient plus rien ». Que ce soit à Paris ou à Rennes, je n’ai jamais vu, pendant ces vingt dernières années, la LCR ou le MRAP ou Alternative libertaire autoriser de tels slogans antisémites dans leurs cortèges. En quoi de telles accusations infondées font-elles avancer la cause antiraciste ?
Responsable national du MRAP je partage comme d’autres camarades du MRAP l’idée mise en avant par l’auteur que « l’éducation doit prendre le pas sur l’excuse » . Je pourrais donc faire mienne la déclaration de Dominique SOPO que Maurice WINNYKAMEN cite (page 144) : « L’antisémitisme de certains milieux de l’immigration, on peut l’expliquer à cause des discriminations qu’ils subissent. Mais en aucun cas, on ne peut l’excuser. Notre pédagogie consiste à leur expliquer que désigner un bouc émissaire n’a jamais favoriser l’émancipation de qui que ce soit » . Faut-il s’en tenir là ?
3 – UNE PEDAGOGIE QUI IGNORE LES CAUSES ?
Je reviens sur la haine raciste des juifs « de certains milieux de l’immigration » qui a permis d’introduire ce texte . Je reviens sur la page 203. Maurice WINNYKAMEN s’interroge sur les causes : On ne peut pas faire de la pédagogie sans évoquer les causes, ces causes ne devant pas être perçu comme une « excuse ». Il rapporte pour les contester les propos de Mouloud AOUNIT (que pour ma part je trouve pertinent).
« Pourtant, si ce n’était plus l’Intifada ? Qu’est ce que cela pourrait être ? Mouloud Aounit nous offre la réponse : « …certaines personnes présentent les auteurs des actes antisémites comme étant des arabo-musulmans. Sans nier que certains actes antisémites ont été le fait de voyous issus de l’immigration faire de l’antisémitisme un virus arabo-musulmans est du racisme pure et simple. Sans atténuer la gravité de leurs actes, les jeunes voyous qui se livrent aux violences antisémites ne le font pas parce que c’est inscrit dans leurs gènes ou dans les gènes de leur « quartiers » mais, il faut bien le reconnaître parce que les conditions socio-économiques ont contribué à leurs dérives. Le juif est pour eux un bouc émissaire, une sorte d’exutoire à l’instar du policier, du pompier, du médecin, de l’enseignant, ce qui valide, si besoin était l’impérieuse nécessité d’assécher les marécages sociaux dans lesquels se débattent trop de jeunes à l’abandon »
Dire que l’antisémitisme « moderne » provient globalement des arabo-musulmans (et non d’une minorité d’entre eux) c’est bien du racisme qui trouve sanction devant les tribunaux. Mouloud AOUNIT a donc eu raison de le rappeler. La suite de son propos vise à préciser que cette minorité de « voyous » ne possède pas cette tare par attribution à une race pris en son sens classique biologique mais aussi au sens moderne de l’individu ethnicisé (cf au quartier). C’est bien le discours de racisation ethnique qu’il fallait repousser . Il repousse donc à raison la fausse explication de l’ethnicisation des faits sociaux pour réintégrer les déterminations sociales (au sens large du terme). Et le tout sans jamais « atténuer la gravité de leurs actes ».
Ou est alors le problème ?
Maurice WINNYKAMEN poursuit (mais sans avoir un micro devant lui, ce qui est plus facile) : « Inscrit dans leur gènes, qui le dit ? Inscrit dans leur mémoire, dans leur culture ou dans celle de leur quartier serait déjà du racisme. Mais si ce n’est pas cela, qu’est-ce ? S’agissant des « voyous », comme les nomme Aounit qui croit atténuer le terme par l’adjonction du mot « jeunes » comme si la jeunesse était en soi une circonstance atténuante, ne faut-il pas chercher les raisons dans leur comportement imbécile
– dans le poids que certains imams de banlieue exercent sur eux
– dans la pression des grands frères qui ont mal tournés,
– dans l’esprit de famille qui fait d’eux dès le plus jeune âge des petits chefs auxquels leurs mères et leurs sœurs devront obéïssance ;
– dans la misère ambiante du système capitaliste
– dans le refus de s’en sortir comme bien d’autres immigrés l’ont fait avant eux par l’école de la République, un refus organisé et orchestré par les militants islamistes ;
– dans la mansuétude dont ils bénéficie de la part du MRAP.
– dans la haine à l’égard… voir ici mon premier paragraphe
(les tirets de présentation sont de moi)
Que des imams puissent peser dans le sens de l’antisémitisme c’est effectivement un facteur omis par Mouloud AOUNIT . C’est un facteur réel mais non généralisable. Autrement dit rien ne prouve ce qu’avance Maurice WINNYKAMEN . L’imam radical n’est pas nécessairement derrière chaque dérapage de haine contre les juifs.
Reste qu’il s’agit d’un facteur social et politique qui peut s’ajouter le cas échéant aux facteurs socio-économiques. Reste qu’au sein du MRAP l’islamisme radical n’est intégré dans l’analyse que depuis peu de temps. Cela a été fait dans l’affaire REDEKER. La chose n’est pas si aisée que l’on croit si l’on veut être sérieux. Mais je fais l’hypothèse que la notion d’islamophobie fonctionne ici comme obstacle épistémologique. Elle empêche de voir les dégâts de l’islam intégriste. De même que la nouvelle judéophobie empêche de voir les dégâts du sionisme (mais c’est son rôle). Pourtant être islamistophobe ce n’est pas être islamophobe. L’islam tout comme le judaïsme est varié, non monolithique, poussé dans des sens divers tantôt conservateur et réactionnaire, tantôt libéral, progressiste, laïc et féministe.
Christian DELARUE
Secrétaire national du MRAP
Rennes le 21 octobre 2007
Messages
1. Avenir du MRAP : Réponse à Maurice WINNYKAMEN 2 , 22 octobre 2007, 09:36
je vous présente excuses pour le commentaire à l’article précedent sur "judéophobie", je suis sans doute un ami dont on a besoin de se protéger...
1. Avenir du MRAP : Réponse à Maurice WINNYKAMEN 2 , 3 novembre 2007, 16:11
Il arrive au MRAP d’être "à côté de la plaque" :
Certes le MRAP n’est pas une organisation féministe ou anti-sexiste. Son objet et donc ses communiqués portent contre le racisme. Cependant quand il y a sexisme manifeste et que le MRAP s’en tient à la question antiraciste cela pose problème. Pour le moins ! D’autant qu’il pourrait tout à la fois critiquer l’intolérance et la violence par trop virile des jeunes tout en faisant la promotion de l’égalité des droits.
Lak
Evènement courant du sexisme dans les quartiers :
– Version radiodiffusée (Source RTL infos 7:30 )
A l’occasion d’un échange scolaire dans le 9-3, des écolières allemandes habillées un peu trop "sexy" au yeux de certain(e)s jeunes du quartier ont été caillassées hier en Seine St Denis.
Les caillasseurs et caillasseuses leurs reprochaient de s’habiller de façon choquante et surtout de porter des jupes.
Interviewées par le journaliste, des beurettes ont parlées de provocation, "ici c’est notre quartier, c’est le 9-3"
"On ne veut pas qu’elles viennent dans notre quartier habillées comme des putes." »
Le Monde donne une version plus politiquement correcte des événements le 3 avril :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-757287@51-757389,0.html)
– Version du MRAP :
Haine xénophobe : non à la banalisation
A deux reprises des élèves allemands venus dans des collèges français dans le cadre d’échanges pédagogiques ont été agressés ou insultés par des élèves français. Les 21 et 22 mars, ces élèves allemands ont été victimes d’insultes (« sales boches ») et de jets de pierres par des élèves du collège Jorissen à Drancy (Seine Saint-Denis). Le 30 mars, au collège Jean-Jacques-Rousseau du Pré-Saint-Gervais (Seine Saint-Denis), deux collégiens ont effectué un salut nazi au moment de l’arrivée des correspondants allemands et les ont insultés.
Dans une période où la parole raciste est libérée, le MRAP ne saurait accepter que se banalisent ces actes insoutenables. Il est à ses yeux intolérable que l’on puisse faire porter sur des enfants la responsabilité des crimes nazis.
Le MRAP demande que toute la lumière soit faite sur ces actes graves et que tout soit mis en œuvre pour identifier et arrêter les auteurs de ces provocations. Il demande également que des mesures soient prises, notamment pédagogiques, pour éviter que se banalisent dans les établissements scolaires cette haine raciste.
communiqué : http://www.mrap.asso.fr/communiques/elevealemand/view