Chroniques citoyennes (12) excés II

« Il vaut mieux être riche et en bonne….. ».

Tout un chacun connaît cette maxime de bon sens et le plus réjouissant dans l’actualité récente* est d’en trouver la preuve au cœur d’un rapport fort sérieux de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales). En fait nous nous apercevons à la lecture des commentaires de la presse en cette fin de semaine que plus de 2 milliards d’Euros semblent garnir les poches de nos praticiens libéraux, de ceux qui manipulent le bistouri tant au sein de l’hôpital public qu’au détour de la plus petite clinique de province.

2 milliards ! Vous imaginez l’inflation, le nombre des 4x4 de ces messieurs (ils sont majoritaires !) qui sillonnent nos routes sans que nous sachions les uns et les autres de combien nous avons participé à l’achat de ce véhicule, ou de la nouvelle piscine, ou du chalet niché au creux d’une vallée montagnarde. De plus le rapport est assassin à plus d’un titre car il met en lumière ce que tout le monde sait par ailleurs pour y avoir été confronté au moins une fois dans sa vie. Et cela met à mal les grands principes de la solidarité nationale pour un sport qui se pratique en moyenne à 40% dans les hôpitaux publics et à 80% dans les cliniques.

Quand on pense que pour un accouchement, les futures parturientes ont toutes les chances de débourser 74 euros de plus (non remboursé) dans le public et 178 Euros dans une clinique privé (pas plus remboursés), on comprend mieux pourquoi certains se sont empressés d’enterrer la maternité de Moissac au profit de celles privées de Montauban. Le gain est plus sensible et qu’importe si certains patients ne peuvent s’offrir les dépassements.

Comment pouvons-nous accorder notre confiance à tous ces candidats et candidates qui dans quelques jours s’honoreront de nos suffrages et qui en cœur ont mis « l’égal accès aux soins pour tous » dans leurs programmes tout en s’abstenant, pour la plupart, de tous commentaires à la publication de ce rapport ? Avant d’aller voter, il nous faudra vérifier ce qu’ils en disent de ces excès qui ne profitent une fois encore qu’aux plus fortunés.

Une seule chose est sure : nous serons tous et toutes appelés un jour à goûter aux joies des blocs opératoires, gageons que ce jour là nous aurons un médecin qui se souviendra plus de son serment d’Hippocrate que de sa prochaine acquisition immobilière.

Et puisque l’occasion m’en est donnée, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une partie de ce serment tel que les carabins le prononcent aujourd’hui quand ils présentent leurs thèses devant la docte assemblée de leurs pairs : « … Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire… » Bulletin de l’Ordre des Médecins (Avril 1996, n°4)
Allez, et si nous nous prenions l’envie de rappeler ce serment à certains de nos praticiens !…

* Le monde daté du 13 avril 2007 et Le Point du 12 avril 2007

Le 14 avril 2007
Démocrite