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Clocheman ne mange plus : un SDF parmi d’autres

Publie le mercredi 19 avril 2006 par Open-Publishing
19 commentaires

Place de la Bastille, à Paris. Arrêt de bus aux pieds de l’Opéra. Un matelas de fortune. Et une pancarte : "Grève de la faim ­33e jour." Depuis la fin de la trêve hivernale, c’est la nouvelle maison de Jean-Paul Fantou, alias Clocheman.

Le lieu n’est pas anodin : "La Bastille, c’est le symbole de la Révolution."

Et une révolution sociale, une révolution qui permettrait réellement aux exclus de se réinsérer dans la société, tel est l’objectif de cet homme de la rue, qui en parle à ceux qui veulent bien l’entendre.

Internet. Déjà, en novembre, il avait été très présent, avec la sortie de son premier livre, Clocheman, témoignage sur 30 ans de vie d’errance (Presses de la Renaissance). Un ouvrage dédié à sa fille, Elisabeth, dont il a été séparé à cause de son mode de vie. Drogues, alcool, misère, il dévoile tout sans honte. À l’époque, journaux et chaînes de télévision s’étaient mobilisés pour le faire connaître. Son livre est un succès, et pourtant la rue est toujours son quotidien. Certes, avec un téléphone portable, un site Internet qui lui est entièrement dédié ( clocheman.skyblog.com ) et une attachée de presse, il est le SDF le plus high-tech du moment, mais sans abri quand même.

Cet homme de 53 ans qui a « un bac plus 30 de la rue », se veut le porte-parole de tous les sans-voix : « Je me bats pour les autres, et c’est ma vie que je mets en jeu. »Le 17 mars, il a entamé sa troisième grève de la faim. Un cri du coeur pour tenter d’interpeller les élus. Son but : faire parler des sans-abri. « Après le 15 mars, on ne parle plus de nous, on nous oublie jusqu’au prochain hiver », se désole-t-il. « J’ai la solution, j’accuse, mais je propose. Mon principe : les plus forts doivent encadrer les plus faibles, mais de la bonne manière. »Il a des idées bien tranchées sur la question. Ainsi, l’assistanat est une méthode obsolète, c’est vers la formation qu’il faudrait se tourner.

Alternatives. Les reproches pleuvent : « On nous aide financièrement grâce au RMI, mais on ne nous donne pas de moyens concrets pour sortir de la rue. » Il réclame des psychologues, des alcoologues, des formateurs, un encadrement réfléchi et efficace : « Il faut travailler avec des gens comme moi, des gens qui savent ce que c’est que de vivre dehors, qui connaissent nos besoins et nos envies. » Volontaire et combatif, il a créé une association, Bannissons l’exclusion, avec des camarades de la rue. Ce représentant d’exclus n’attend plus qu’une chose pour la faire vivre : qu’on lui accorde un local avec un loyer symbolique.

La mie de pain (plus gros centre d’accueil de paris) vient de fermer jusqu’à l’automne.

Messages

  • La rue, ce n’est pas une exclusion, c’est le dernier faux-pas que tout le monde peut faire tant il est absorbé par la grisaille de ses pauvres dérivatifs anesthésiants que d’aucuns nomment plaisirs ou vices qui cachent son immense souffrance. Ceux de la rue nous ressemblent tellement avec leur morale, avec leurs habitudes, qu’on peine à les voir de peur de se refléter dans leurs yeux car ce sont les nôtres, et de se sentir merdeux de ne pas s’arrêter. La rue c’est un accident, pas un état, pas un métier, pas une classe sociale c’est ce qui nous menace quand nous ne pouvons plus ressembler aux autres, jusqu’à en devenir peu à peu une caricature repoussante.
    Clocheman, c’est Superman, c’est Spiderman, un produit de marketing. Qui a trouvé ce titre de merde ?...
    Qui s’occupe de lui ? Qui peut répondre à son appel qui me semble plus tourné vers lui-même que vers les autres ? J desP

    • Personne ne s’occupe de lui car les sommes que l’état consacre aux exclus sont ridiculement faibles, moins de 10 centimes par jour et par français. Sur 440 milliards d’euros de dépenses publiques, on ne donne que 1 % pour que les exclus puissent bouffer.

      La France est le seul pays a avoir autant de prélèvements pour si peu de redistribution.

    • Je tenais à vous signaler que "clocheman" est son surnom dans la rue.

      Ernesto

    • Sur 440 milliards d’euros de dépenses publiques, on ne donne que 1 % pour que les exclus puissent bouffer.

      C’est encore beaucoup trop : ce n’est pas l’aumône que demandent les exclus, mais un boulot !

      Et toute société digne de ce nom a le devoir de pouvoir offrir un travail à TOUS et cela n’est nullement utopique, mais seul l’esprit étriqué des libéraux ne peut le concevoir.

    • En attendant de trouver sur cette planète le pays idyllique sans chômage et sans handicaps, on ne voit pas très bien ce que viennent faire les libéraux dans la gestion des dépenses publiques….

      Il semble bien qu’expliquer pourquoi le pays champion des prélèvements n’utilise que 1 % de ses dépenses publiques à l’exclusion et donne 610 euros à ses handicapés (encore un triste record Européen), semble provoquer chez certains de curieux raccourcis idéologiques. Et surtout un grand embarras….

    • Une économie mondiale planifiée est parfaitement capable d’assurer un travail à tous ceux qui veulent travailler, de laisser tranquilles ceux qui préfèrent vivre d’expédients et d’assurer une prise en charge des malheureux qui sont dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins, quelle qu’en soit la raison.

      Il ne s’agit là d’aucune vision idyllique, idéologique, égalitariste, totalitaire, liberticide, coercitive et je ne vois vraiment pas où se situe l’embarras quant à l’assistanat et la mendicité, que personnellement je méprise au plus haut point. Ce qui m’embarrasse en fait, c’est bien cette pitié affectée, mêlée de pseudo charité, qu’affichent toutes ces associations de tartuffes pour pérenniser un système oligarchique et corrompu qui ne mérite que d’être balayé sans le moindre état d’âme.

      Et pour faire le lien avec la gestion des dépenses publiques selon les libéraux, rien de plus limpide : ces élitistes-là ne rêvent que suppression des taxes et impôts, baisse drastique du coût du travail, maintien d’un volant de chômage élevé et ne veulent rien redistribuer des richesses produites par les salariés ; tout juste consentent-ils à rétribuer la police, la justice et l’armée, dans le seul but que ces vénérables institutions garantissent leurs prérogatives indues, notamment en matière de propriété privée.
      En un mot, la prétendue idéologie libérale est, à l’échelle planétaire, le plus puissant vecteur d’une paupérisation, qui n’est déjà plus relative mais sur le point de devenir absolue.

    • Voila de bien grandes phrases sur les lendemains qui chantent qui ne nourrissent pas Clocheman et les autres. En attendant de mettre en place cette situation économique idyllique qui n’existe nulle part ailleurs, on ne pourrait pas laisser un peu d’argent public aux exclus et handicapés sur les 440 milliards de dépenses totales ?

      Ou il s’agit de trouver des excuses aux pouvoirs publics qui ne daignent pas (ne veulent pas ?) trouver quelques milliards dans ces massifs prélèvements ? Et qui bafouent la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen.

    • Comment un gros malin comme toi ne trouve-t-il pas la solution ?

      Il suffit d’adresser la Convention des Droits de l’Homme en trois exemplaires en 21x29,7 au chef de l’État, avec copie au Parlement européen !

      Étonnant, non ?

    • Il a dit : “« La rue, ce n’est pas une exclusion, c’est le dernier faux-pas que tout le monde peut faire tant il est absorbé par la grisaille de ses pauvres dérivatifs anesthésiants que d’aucuns nomment plaisirs ou vices qui cachent son immense souffrance. Ceux de la rue nous ressemblent tellement avec leur morale, avec leurs habitudes, qu’on peine à les voir de peur de se refléter dans leurs yeux car ce sont les nôtres, et de se sentir merdeux de ne pas s’arrêter. La rue c’est un accident, pas un état, pas un métier, pas une classe sociale c’est ce qui nous menace quand nous ne pouvons plus ressembler (...) »”

      Mais vous avez rien compris ou quoi ?!
      On vous parle de la vrai vie là !
      Je suis souvent au côtés de Clocheman pour l’aider dans sa lutte !!
      Mais cela devient aussi ma lutte et la lutte de tout ceux qui ce ralit à lui et puis c’est la lutte de tout ceux qui l’a rencontré dans sa vie...30 ans dans la rue !!Alors ton accident je crois que tu te le conçoit derrière ton clavier, mais tu devrai essayer de pas sucomber à la tentation de manger pendant 41 jours pour voir si c’est vraiment pour sa pomme qu’il fait cela !!
      Et puis au passage tu pourrai lire son livre Clocheman et celui de Patick Declerck : Les naufragés !
      Et dans le même temps tu fera un peu d’étymologie pour savoir pourquoi ce monssieur s’apelle comme cela !!
      Pour finir sache que c’est un ami du président du DAL et que les gens des Restos sont avec lui ainsi qu’un tas d’autre !! C’est pas un illuminé egocentrique !!Mais laisse moi douter de ton cas.....!
      Cordialement : Sat !!!!!

    • "Comment expliquez-vous que cet hiver, 14 SDF, tous des Français, sont morts de froid dehors, alors qu’il y a des places dans les foyers ?
      …………………

      Clocheman se lève, salue 3 bénévoles du Restos du Cœurs qui viennent d’arriver. Un de ses « collègues », bonne tête et franc parler, s’empresse de nous répondre :

      « C’est les Arabes, les Blacks et les Yougos qui foutent le bordel ! C’est eux le problème, quand on est entre nous, tout va bien. En plus, les associations leur donnent la priorité, surtout s’ils sont sans papier. Ils ont droit à tout et nous virent. Tenez, pas plus tard qu’hier, une femme arabe, en 4X4, se gare loin du local des Restos, arrive avec 4 gosses, se met à pleurnicher : elle a eu du manger pour toute la famille et des affaires aussi. C’est dégueulasse ! »

      Clocheman revient : « C’est moi, l’acteur »…Oui, mais le ton est donné. Il approuve son copain….et se lâche. Nos amis des Restos n’en mènent pas large ! Car enfin, que répondre à ce « bac + 30 » de la rue, il sait de quoi il parle, non ? C’est du vécu et ça n’a pas de prix…. "

      ce bout d interview vient du site de "solidarites des francais", les affreux benevoles identitaires et leur soupe au cochon.
      il bouffe tellement a tous les rateliers , ce clocheman, qu on peut se poser des questions quant aux raisons de son combat
      dse gens des restos m ont meme dit qu il s’ alimentait ..
      qui croire ?

  • Triste monde.

    Quand on lit quelques textes plus loin sur ce même site, que ceux qui devraient lutter en priorité contre l’exclusion et la misère par leur engagement politique, s’occupe de la lutte contre le tabac, on se dit que le matin du grand soir est pas prés d’arriver...

    A.D.

    • France Inter vient d’interviewer Clocheman qui continue sa grève de la faim en attendant que les pouvoirs publics veuillent bien appliquer l’article 11 de la Constitution :

      « Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ».

      Clocheman devrait peut-être suivre le chemin de certains handicapés et de personnes âgées qui trouvent des structures d’accueil en Belgique. Le Danemark étant quand même un peu loin….

    • Comment un gros malin comme toi ne trouve-t-il pas la solution ?

      Il suffit d’adresser la Constitution en trois exemplaires en 21x29,7 au chef de l’État, avec copie au Parlement européen !

      Tu pourrais aussi leur proposer une ressucée du TCE, qu’à n’en pas douter, tu as voté.

      Simplissime, non ?

    • Voilà. Apres le « libéralisme », la « mondialisation », et maintenant le TCE, on peut dire à Clocheman que dans le pays le plus étatisé du monde, si les pouvoirs publics le laissent crever comme des millions d’autres, c’est parce que le courrier ne fonctionne pas bien. Suffisait d’y penser.

      Et lui expliquer honnêtement que la France, a l’inverse de certains autres pays, n’a pas fait le choix du social pour ses 440 milliards de dépenses publiques, on peut pas le dire ?..

    • Ce qui parait gênant pour certains, c’est l’évidente volonté délibérée et planifiée des pouvoirs publics ne pas consacrer plus de moyens dans le traitement de l’exclusion.

      On pourrait bien d’ailleurs augmenter drastiquement les impôts que, tout comme actuellement, les exclus ne recevraient pas un centime de plus. On trouverait toujours quelques hypocrites qui diraient à Clocheman et aux autres que leurs problèmes viennent de la « mondialisation » et pourquoi pas des « délocalisations »… Les mêmes qui savent trouver le chemin du guichet de l’état, un guichet qu’en toute connaissance de cause ils ferment aux exclus.

      Ce n’est pas non plus demain la veille que les bons samaritains de l’exclusion, iront manifester avec Clocheman devant les somptueux appartements de fonction de certains hauts fonctionnaires, ou devant certains palais de la république aux buffets très bien garnis…..

    • Tu me sembles un peu dur de la comprenette, alors reprenons :

      1) Les caisses de l’Etat sont vides, because mondialisation = fuite des capitaux provenant du fruit du travail des salariés (et non des "entrepreneurs) et donc impôt minimum.

      2) Clocheman ne tend pas sa gamelle : il veut de la dignité, c’est à dire un emploi. Seulement, voilà, les "pouvoirs publics" ne peuvent pas lui en donner à cause de la concurrence libre et faussée (a) qui est voulue par Bruxelles.

      (a) Oui la concurrence est bien faussée quand on met sur le même plan un plombier polonais (c’est pour te faire rire...) et un plombier franchouillard qui n’ont pas du tout les mêmes modes de vie et protections sociales.

      Cela va ? T’as pigé ou je fais encore plus simple ?

    • pour ses 440 milliards de dépenses publiques, on peut pas le dire ?..

      Eh bien, allons-y !

      Détaille moi la répartition de ces dépenses : quand on accuse, il faut étayer. Certes, il y a du gâchis au plus haut sommet de l’Etat, mais pas plus que dans les autres Etats Européens comparables, et en tout cas pas 440 milliards jetés par les fenêtres !

    • Pauvre Clocheman maintenant victime de la « mondialisation ». Mondialisation qui n’empêche d’ailleurs pas certains de défiler périodiquement avec les traditionnelles banderoles marquées « Villepin, des sous ! ».

      Mais ces banderoles là ne sont pas pour Clocheman….

      C’est curieux ces gardiens du budget de l’état qui reprennent à leur compte les travers du patronat le plus rétrograde : « il n’y a plus de sous ».
      Enfin, pour être précis, il n’y a plus de sous pour Clocheman et le social…

    • Il n’y a plus suffisamment de sous dans les caisses des ETATS, puisque le blé se trouve essentiellement dans les caisses des sociétés transnationales et autres paradis fiscaux.

      Cela te parle un paradis fiscal ? Non, bien sûr, et comme prévu tu t’es défilé quant à tes accusations de gabegie financière.

      Même pas étonné : l’Etat a toujours tort et les paradis fiscaux n’ont rien à voir avec la mondialisation ou la libre circulation des capitaux, enfin, du point de vue des "libéraux"...

      Avec la mondialisation libérale, le nombre de "working poor" explose partout sur la planète et n’a pas encore atteint son régime de croisière, mais ça ne fait rien, on n’en bouffe pas encore assez du libéralisme !