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Dépasser le capitalisme, une impérieuse nécessité

Publie le lundi 5 novembre 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Bernard Trannoy
Section du PCF Bassin d’Arcachon
Le 02/11/2007

Dépasser le capitalisme, une impérieuse nécessité

Quelques pistes de réflexions :

Les impératifs, me semble-t-il, que nous avons à assumer sont de bien prendre la mesure, des échecs subis et des défis qui nous sont posés.

1 - La chute du mur de Berlin, et ses effets multiples :
  Effondrement du modèle soviétique (Etat-parti)

  Mais aussi effondrement du modèle social-démocrate de l’état providence. Celui-ci n’a pu, de fait, que se développer à l’abri du dit mur. Tant apparait avec évidence, en face, la grande trouille des bourgeoisies. Validant ainsi paradoxalement et contradictoirement la nécessité du dépassement, de la rupture. Rupture dont il nous faut largement réinventer les formes et les modalités.

  Déclenche chez certains dirigeants communistes une attitude de renoncement à toutes volontés d’agir (C’est foutu) pour dépasser le capitalisme (Social-démocratisation du PCF, dérive social-libérale du PS), tentatives d’instrumentaliser l’organisation du PCF aux seuls vues de la nécessité de se garder des prébendes. Les adhérents étant invités, dans ce cas, à jouer les porteurs d’eau, tous les élus ne sont pas évidemment dans ce type de comportement, mais ils sont malheureusement beaucoup trop nombreux.

2 - Cette divine surprise déclenche quasi immédiatement une vaste contre offensive de la bourgeoisie et de ses alliés sociaux libéraux pour reprendre ce qui a dû être concédé dans la phase antérieure. (Denis KESSLER ancien n° 2 et idéologue en chef du MEDEF apôtre du projet de “refondation sociale”, signe un éditorial dans le journal “Challenge” du 4 octobre 2007, qui éclaire avec le plus grand cynisme la cohérence globale du projet SARKOZY : liquider le modèle social construit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à partir du programme du CNR et sur la base des rapports de force issus de la Résistance et de la Libération. Il s’agit bien là d’une contre-révolution à l’œuvre.)

Emergence de passerelles visibles qui se tissent en fin de période entre la droite et le PS, Pascal Lamy à l’OMC et Strauss-Kahn au FMI, nomination qui ne peuvent être, de fait, effective sans l’accord des USA et de Bush en particulier. C’est à partir de là, que s’organise une vaste opération de prédation de toutes les catégories de salariés. Par exemple, la part des salaires et retraites passe en 10 ans de 75% du PIB à 60% aujourd’hui, provoquant ainsi le passage au rouge des comptes sociaux. Mais aussi une période où le PS ne revient plus sur les reculs organisés par la droite. Curieuses attitude du PS sur le traité européen, mais aussi sur les retraites et même sur le SMIC (Ségolène) – Mais aussi dans notre région (Arcachon) les connivences PS, droite dans les atteintes portées au service public de santé.

Dans la même période nous pouvons constater un accroissement considérable des inégalités, La pauvreté regagne de nouveau du terrain, Celle-ci n’étant, de fait, que le reflet de l’accroissement considérable des richesses à l’autre pôle de la société. Phénomène reflétant une montée en puissance de la violence sociale. C’est ainsi que la fortune professionnelle de Bernard Arnaud passe de 3 à 23 milliards d’€uro. De plus, c’est la mise en place d’une idéologie du renoncement, visant à présenter, par exemple, les salaires différés (Santé, retraites, chômage et autres droits sociaux comme des CHARGES) et enrôlant ainsi les victimes dans une acceptation de la dégradation de leur situation. Salariés qui ne perçoivent pas, qu’en fait, au-delà des « Charges » c’est l’ensemble du pouvoir d’achat global qui est revu à la baisse.

3 - Dans notre approche, il y a largement, la non prise en compte des défis graves qui ne vont pas manquer de survenir dans les prochaines années, avec son cortège de « Troubles sociaux », de conflits, de guerres – Tant est grande l’incapacité à préparer les peuples à l’entrée dans une période caractérisée par l’émergence de la rareté des ressources énergétiques (le pétrole en particulier).

Au-delà du moment où la production pétrolière va diminuer irrémédiablement (Environ 2020), c’est le moment où la demande va croiser inexorablement l’offre (sous la pression des demandes indiennes et chinoise) qui est porteur des plus graves désordres, de guerres et de conflits. Ce dépassement de la demande par rapport à l’offre pouvant survenir à tout moment, avec pour conséquences une envolée des prix. La demande étant inférieure à l’offre nombreux seront ceux, qui démuni, seront de fait, privé d’accès à la ressource, à l’énergie. L’urgence de réorganisation économique s’imposera, encore faut-il anticiper. Par un développement massif des transports économes en énergie (Ferroviaires), par une relocalisation des productions, par la réorganisation de l’espace urbain (proximité des zones emploi, habitation, commerces), etc

Plus généralement nous sommes confrontés à une problématique incontournable, l’HOMME a atteint les limites de l’écosystème dans lequel il évolue. L’impératif du bien commun (communisme) s’impose. Ou nous partagerons ou nous nous battrons pour avoir accès aux ressources. Il y a nécessité d’élaborer la notion de biens communs non seulement à l’échelle d’une nation, mais aussi à l’échelle de l’humanité (Ressources énergétiques, eau, air, matières premières) et ainsi tendre vers un système global d’allocation des ressources à l’échelle planétaires.

4 – Le PCF, la forme et le fond :
Le projet est-il premier ? La réponse que nous portons aujourd’hui est NON. La stratégie qui est encore la notre, privilégie, de fait le rassemblement en soi (pourquoi faire ???) au détriment du fond, du pourquoi, du comment, de la visée. (« Nous avons surdimensionné la question des alliances […]. Il faut d’abord élaborer un projet fort… ». Marie-Georges Buffet L’Humanité Dimanche du 31/10/200). J’aurais tendance à dire ENFIN.

La grande question qui nous est posée : Quel projet, Quelle visée, répondons d’abord, collectivement à cette question et alors, alors seulement, nous aurons à réfléchir aux formes d’organisation à mettre en œuvre, faudra-il refonder pour quelque chose d’autre ??? ou bien réorganiser totalement nos modes de fonctionnement et d’organisation. En fait l’organisation est fondamentalement reflet de la nature du ou des objectifs que nous donnerons.

5 - Le rassemblement indispensable ne peut se faire, avec d’autres, que sur la base d’un inventaire nécessaire des accords et des désaccords. Il ne doit, en aucun cas, être un objectif en soit. Cela ne peut-être qu’une résultante clairement assumé.

6 - Les positions de renoncement des uns et des autres à l’impératif de dépassement du capitalisme, ne peux conduire ceux qui s’en font les adeptes à, de fait, se comporter face au capital comme de vulgaires bourgeois de Calais. Et de taper sur « la tête » de ceux, qui leur ont fait confiance. Cela au nom de l’impératif d’adaptation aux « Réalités », au marché (celle du capital)

7 - Compte tenu de la nature de l’adversaire « Hyper organisé », croire que l’on peut faire dans l’à peut près du mouvementiste, du dépassement des partis, est non seulement une aberration, mais de plus, complètement enfantin, sinon ridicule. C’est oublier, d’ailleurs, une donnée de base de l’anthropologie, l’histoire des hommes ne s’inscrit que dans la longue durée, c’est un puisant dans cette histoire longue que nous y puiserons des ressources pour nos combats de demain. (Guerres paysanne du moyen-âge, bonnets rouge et papier timbrés, 1789, 1848, 1871, 1920, 1936, 1940-45, 1968, 1995, etc…)

8 - Reprendre et développer le travail théorique, réfléchir aux articulations entre le JE et le NOUS. Comment le NOUS peut et doit être facteur de valorisation du JE. Le capitalisme c’est la survalorisation du MOI, du JE, poussé jusqu’à l’absurde, dans la négation et l’exploitation de l’autre. Le socialisme tel qu’il s’est construit, en survalorisant le NOUS, était, pour une part, dans la négation du JE. Peut-être n’avons-nous pas mesuré que eux aussi, comme nous, s’inscrivaient dans une histoire longue. Staline n’était-il pas dans une certaine mesure le continuateur du tsar ? Comme Mao le continuateur de l’empereur pour la Chine ? La construction d’une nouvelle société charrie, de fait, avec elle les scories du passé, scories multiples porteur d’avancés possibles, mais aussi de freins réels à toutes avancées, C’est de ce fatras que peut et doit sortir le nouveau. Encore faut-il qu’un groupe de femmes et d’hommes organisés s’attache à cette tâche.

9 - Dans cette perspective le dépassement est non seulement souhaitable, mais devient un impératif sous peine de voir nos sociétés s’enfoncer dans la barbarie.

10 - En fait ne sont ce pas nos multiples renoncements qui ont, pour une part, facilité la contre offensive adverse ?

Messages

  • Si en politique la pensée stratégique porte sur les ou la transition alors effectivement le discours sur le rassemblement est infra stratégique, à moins qu’il vise explicitement à faire converger les alternatives pour l’Alternative.
    Le rassemblement constitue certes un élement essentiel mais ne dit du dépassement. Car dans le "dépassement" ce qui compte c’est le vers quoi on va (consciemment si possible). Si par dépassement on entend simplement lutte de classes circonscrites avec des avancées et des recules sans perspectives c’est que la stratégie est absente. On est dans le mouvementisme qui ignore le but : autre monde possible, l’alterdémocratie, le socialisme, etc.... C’est que manque de vision sur la "réforme" importante, celle qui fait "effet cliquet", celle qui fait basculer dans autre chose qui fait que le rassemblement n’est pas vraiment politique.

    Christian D

    J’ai déjà du dire cela ici :
     http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=40416