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Dossier "infirmier de secteur psychiatrique"

Publie le jeudi 11 mai 2006 par Open-Publishing

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Jean Oury dénonce la suppresion du diplome infirmier psychiatrique et la
mode des sejours courts en psychiatrie
Interview du psychiatre Jean Oury à St Alban
par ERIC FAVEREAU
Article paru dans le journal "libération" le 27 juin 1998

.../ ... Le psychiatre Jean Oury a vu défiler toutes les secousses de la
psychiatrie de ces quarante dernières années. Mai 68, entre autres, et
l’antipsychiatrie avec qui il n’a pas fait bon ménage (http://psychiatriinfirmiere.free.fr...)"
C’était à côté de la plaque, ça n’a servi à rien, si ce n’est à tout
mélanger. De la foutaise..." Et maintenant ? Il n’est pas loin de repiquer
une de ses grosses colères pour parler d’aujourd’hui : "il y a une
destruction véritable du champ même de la psychiatrie. Ça prend une allure
vertigineuse, cela devient impossible d’y travailler. La suppression du
diplôme d’infirmier psychiatrique, c’est le plus gros scandale de ce
siècle."

.../ ... "La mode des séjours courts, c’est criminel. La schizophrénie,
c’est une maladie chronique (http://psychiatriinfirmiere.free.fr...)
La vie, c’est chronique. Ce n’est pas parce que l’on fait sortir quelqu’un
qu’il est guéri. Il y a des malades qui ont disparu physiquement, je dis
bien physiquement, car ils ne peuvent aller nulle part. C’est ça qui est en
jeu (http://psychiatriinfirmiere.free.fr...).
" Mais alors, quoi ? Pourquoi cet incroyable mouvement de la psychiatrie de
l’après-guerre a-t-il si peu le vent en poupe ? Pourquoi ce vide actuel ? Les
autres sont morts, son maître Tosquelles en 1994, son ami Guattari en 1992.
Certes, se maintient un réseau à travers la France de psychiatres ayant les
mêmes exigences, mais ils sont silencieux, écrasés par le poids du
conformisme et de l’indifférence politique. Jean Oury reste un peu seul. "Il
faut que je parle à voix haute. On travaille sur quelque chose d’extrêmement
complexe, et c’est la moindre honnêteté d’être au niveau. L’exercice de la
complexité, c’est comme chez un athlète, il faut s’entraîner. Tout le
temps."

.../ ... "Qu’est-ce que je fous là ?" se demande Jean Oury. Comme chaque
année, il est revenu à l’hôpital de Saint-Alban, la Mecque de la
psychothérapie institutionnelle, mais, ce jour-là, c’est pour un adieu (http://psychiatriinfirmiere.free.fr...)
Cette ancienne forteresse perdue en Lozère, pendant la Seconde Guerre
mondiale , un petit groupe de psychiatres avait cassé les fenêtres de
l’asile. Peu à peu s’était construite la plus formidable des aventures de la
psychiatrie d’après-guerre, sur le principe que "soigner les gens sans
soigner l’hôpital, c’est de l’imposture". A Saint-Alban on travaillait, on
discutait sans fin, avec Eluard qui passait, Tristan Tzara aussi, ou encore
le philosophe Canguilhem et, bien sûr, le maître des lieux, François
Tosquelles, médecin réfugié de la guerre d’Espagne.

.../ ... "Oui, quoi ? Qu’est-ce que je fous là ? Saint-Alban, c’est foutu". A
la mi-juin 1998, s’y sont tenues les dernières journées de ce mouvement. Fin
des rencontres annuelles. On a cassé l’autel, plié les souvenirs. L’hôpital
de Saint-Alban ressemble désormais à n’importe quel autre hôpital
psychiatrique.

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