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ÉLECTIONS EN IPARRALDE (Pays Basque/Euskal Herria)
Publie le vendredi 18 avril 2008 par Open-PublishingIndependentzia eta Sozialismorantz
EUSKAL HERRIA PAS À PAS
ASKAPENA Information Nº214
ÉLECTIONS EN IPARRALDE
On appelle Iparralde (zone du nord en basque) le territoire de l’Euskal Herria sous administration française. Il est sous-divisé en trois provinces : Lapurdi (Labourd), Zuberoa (Soule) et Nafarroa Behera (Basse-Navarre), cette dernière province datant de l’époque où le Royaume de Navarre comprenait la Haute-Navarre, Communauté Forale actuelle, et la Basse-Navarre au nord des Pyrénées.
Iparralde couvre une superficie de 2991 km2, soit 14,3% de l’ensemble de l’Euskal Herria, réparti entre Lapurdi (855 km2), Nafarroa Behera (1344 km2) et Zuberoa (814 km2). Les habitants sont répartis comme suit : Lapurdi (219 029), Nafarroa Behera (28 076) et Zuberoa (15 535). Au total, la population est de 262 640 habitants, soit 9% de la population totale de l’Euskal Herria.
L’administration des trois territoires est divisée en 21 cantons. Chacun de ces cantons élit un représentant au Conseil des Pyrénées-Atlantiques, dont le siège est à Pau, et les 21 conseillers généraux constituent la représentation basque au sein de cet organisme, ils sont élus pour une période de six années ; les candidatures sont nominatives et si elles remportent 50% des suffrage au premier tour, elles sont déclaré élues sans avoir à se présenter au second tour. Après la campagne électorale en Iparralde, les élections municipales et cantonales ont eu lieu simultanément les 9 et 16 mars derniers. Outre les délégués des cantons, il s’agissait d’élire le conseil municipal de quelques 159 communes. Les élections cantonales ont lieu tous les trois ans dans la moitié des cantons : en 2004, par exemple, les conseillers généraux de 10 cantons ont été élus, et cette année on votait dans 11 autres cantons. Selon le calendrier, les élections cantonales étaient prévues en 2007 ; mais elles ont été reculées d ?une année pour éviter de les faire coïncider avec les élections présidentielles et législatives de l’année dernière.
Deux communes, Uztaritze et Mugerre, ont profité de l’occasion pour soumettre à référendum le projet de construction d’une nouvelle voie ferroviaire à grande vitesse. Cette ligne avait déjà été projetée et refusée au milieu des années 90. Et il se trouvait que toutes les listes se présentant dans ces deux communes pour les municipales s’opposaient au tracé de la ligne. Le résultat du référendum n’est pas officiel mais ses organisateurs s’étaient fixés deux objectifs : situer le débat dans la campagne électorale et donner l’occasion aux citoyens d’exprimer leur avis.
Candidatures
Les candidatures offraient une grande diversité en matière de composition et de tendances. Et dans le cadre d’une telle diversité, il convient de souligner que des listes de sensibilité nationale basque se sont présentées dans plusieurs communes, dans le but d’obtenir plus de conseillers que lors d’élections précédentes.
Le plus significatif étant qu’une candidature unique a pu être mise en place pour le Conseil Général, sous le nom d’Euskal Herria Bai, avec la participation de trois formations politiques de sensibilité nationaliste : Batasuna, Abertzalen Batasuna et Eusko Alkartasuna. Plusieurs tentatives avaient échoué auparavant en raison des pré-requis concernant la condamnation de la violence. À cette occasion, la coalition a réussi à s’organiser sans que personne n’impose de pré-requis d’aucune sorte. En effet, le principal responsable de ces conditions préalables, le Parti Nationaliste Basque avait préféré se retirer de la coalition. Euskal Herria Bai a donc, cette fois, présenté une candidature unitaire dans les 11 cantons en jeu.
Le programme électoral de la coalition Euskal Herria Bai
La coalition veut constituer une « alternative au cynisme et à la politique ultralibérale de Sarkozy ». C’est donc sous cet angle qu’il convient d ?examiner son programme :
· Renforcement du débat politique sur la question de l ?institutionnalisation du territoire basque. Elle propose que l’État français reconnaisse un régime autonome pour les trois territoires.
· Projet d ?agriculture durable avec priorité à la nature, aux produits de qualité, à l’installation de jeunes agriculteurs et au respect des consommateurs ; non à la culture des variétés transgéniques.
· Défense des droits fondamentaux de tous les citoyens face à la récente loi sur la rétention de sûreté, qui permet de prolonger arbitrairement la détention de personnes ayant purgé leur peine.
· Défense d’une constitution européenne accordée par l’ensemble des citoyens face au texte de constitution européenne récemment adoptée de façon frauduleuse par l’Assemblée Nationale.
· Face aux politiques fiscales ultralibérales, défense des droits sociaux des travailleurs.
· Face à la politique d ?expulsion des émigrants pratiquée par l’État, défense active d ?une solidarité basée sur la justice sociale.
La philosophie sous-tendant le programme électoral d’Euskal Herria Bai a influencé les programmes de certaines candidatures municipales de sensibilité nationale basque. Batasuna, lors d ?une comparution le 1er mars, a appelé les citoyens à affermir, depuis les urnes, le projet national basque.
Évaluation des résultats
Lors du premier tour, le 9 mars, la candidature unitaire Euskal Herria Bai a obtenu un résultat extrêmement positif, une hausse spectaculaire des suffrages par rapport aux élections précédentes était obtenue dans presque tous les cantons. Ces résultats ont permis à deux candidats de la coalition de participer au second tour. Les votes obtenus confirment la tendance à la consolidation des résultats de la coalition. Toutefois, le résultat final est défavorable aux intérêts d’Euskal Herria Bai.
Le 10 mars, les responsables de la coalition ont rendu public un communiqué remerciant les électeurs de leur avoir fait confiance, se félicitant des résultats obtenus et confirmant leur engagement de poursuivre l’approfondissement du programme présenté.
En ce qui concerne les deux communes la nouvelle ligne de train à grande vitesse a été soumise à consultation, la participation à cette dernière a été massive malgré les obstacles et les mensonges qui l’avaient précédé. Le référendum s’est déroulé sans incident aucun, et l’opinion exprimée s ?avère majoritairement opposée à la construction de cette nouvelle voie à grande vitesse.
Euskal Herria, 19 mars 2008