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Forte mobilisation des cheminots attendue mercredi

Publie le mercredi 19 janvier 2005 par Open-Publishing

C’est ce qu’on appelle une "journée noire" pour les usagers. Le mot d’ordre de grève à la SNCF lancé par sept fédérations de cheminots promet d’être bien suivi mercredi, entraînant de fortes perturbations sur l’ensemble du réseau ferroviaire français.

La direction de la SNCF prévoit en moyenne nationale la circulation d’un TGV sur trois, d’un train Corail sur quatre ou encore entre 16% et 40% du trafic assuré en banlieue parisienne en fonction des lignes. Le trafic régional sera également touché de manière "variable" selon les régions.

Les syndicats protestent contre le projet de budget 2005 qui sera adopté mercredi par le conseil d’administration et qui prévoit la suppression de 3.590 emplois supplémentaires cette année pour un bénéfice courant de 113 millions d’euros.

Le mouvement doit commencer dès ce mardi à 20h et s’achever jeudi matin à 8h, conformément au préavis de grève déposé par les fédérations CGT, CFDT, CFTC, FO, UNSA et FGAAC (agents de conduite).

La CFDT et la CFTC avaient déposé ces dernières semaines des demandes de "concertation immédiate" conformément au dispositif prévu par l’accord du 28 octobre 2004 sur la prévention des conflits, mais les discussions ont échoué.
De son côté, le syndicat Sud-Rail, deuxième à la SNCF au niveau national, est aussi de la partie dans ce mouvement mais a préféré déposer un préavis de grève prenant effet au même moment que les autres syndicats, mais pour une durée illimitée.

"Toutes les remontées qu’on a laissent penser qu’il y aura une très forte grève des cheminots mercredi. Nous, on a choisi un préavis de grève non limité à 24 heures pour qu’un maximum d’assemblées générales puissent se tenir et décider d’une éventuelle reconduction", a déclaré mardi à l’Associated Press le secrétaire général de Sud-Rail Christian Mahieux.

"On pense qu’il faut une grève reconductible parce que la direction n’a pas répondu aux revendications lors du dépôt des préavis, n’enverra visiblement pas de signe positif après 24 heures de grève et semble simplement vouloir faire le dos rond en attendant que l’orage passe", a-t-il ajouté.

M. Mahieux souligne toutefois que "seules les assemblées générales décideront" et que "le fait que les autres fédérations ne nous aient pas suivis sur ce terrain pèsera forcément dans la balance".

"Ce sera une grève ’carrée’, c’est-à-dire de 24 heures. Et nous considérons que s’il y a au moins 30% de grévistes mercredi à la mi-journée, ce sera un signal fort envoyé à la direction et au gouvernement", explique de son côté Didier Le Reste, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots, majoritaire.

Après la manifestation nationale des cheminots à Paris le 25 novembre dernier, sans arrêt de travail, puis cette journée de grève, "si le 19 au soir il n’y a pas de réponse de la direction et du gouvernement, il y aura des suites nécessaires. Nous saurons prendre nos responsabilités", prévient toutefois M. Le Reste.

"Nous examinerons alors ensemble la situation pour décider des actions adéquates à mener. Nous sommes prêts, s’il le faut, à un 3e round", renchérit le secrétaire général de la fédération FO des cheminots Eric Falempin.
Les syndicats considèrent que "les orientations budgétaires 2005 pour la SNCF sont là pour nous rappeler que nous avons à faire à une politique de désengagement de l’Etat quant au financement nécessaire du service public".

Selon la CGT, "depuis septembre 2002 où nous avions eu une révision budgétaire à la baisse, c’est la suppression au bas mot de près de 12.000 emplois statutaires qui pourrait être atteinte à la fin de cette année 2005, si les cheminots laissaient faire le gouvernement et la direction".

En 2004, la SNCF aura supprimé quelque 3.505 postes, selon le budget de la direction pour cette année là, et quelque 1.300 en 2003. C’est l’activité fret, fortement déficitaire, qui supporte la plupart de ces suppressions d’emplois, des départs en retraite non remplacés.

"Aujourd’hui, on continue d’utiliser l’emploi et les salaires comme principales variables d’ajustement pour faire face aux difficultés", déplorent les syndicats.

Selon eux, "l’emploi est considéré comme un poids, un coût, une contrainte alors que d’expérience, nous savons que l’évolution positive de l’emploi accompagnée d’une revalorisation des salaires et des pensions favorisent la consommation, contribuent au financement de la protection sociale, participent à l’essor économique et à l’efficience du service public".

"La SNCF embauchera cette année plus de 3.500 personnes", souligne pour sa part le ministre des Transports Gilles de Robien dans un entretien paru mardi dans le quotidien "Le Parisien/Aujourd’hui en France". Il assure par ailleurs que "les non remplacements de départs à la retraite sont indispensables à l’équilibre du plan fret et ils constituent les trois quarts des suppressions d’emplois en 2005". PARIS (AP)