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François Chérèque : "Je ne comprendrais pas la poursuite du mouvement" (videos)

Publie le mercredi 21 novembre 2007 par Open-Publishing
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"Chérèque trahison !", "Sarkozy-Chérèque, même combat !", "Oui à l’unité, non à la collaboration !". Hier, dans le cortège parisien, François Chérèque, leader de la CFDT, a été conspué. Il s’explique dans Libération sur les négocaitions qui doivent s’ouvrir aujourd’hui. Et en précise les enjeux..

Recueilli par F.W.-D.

François Chérèque, secrétaire général de la CFDT :

Le conflit actuel à la SNCF et à la RATP était-il évitable ?

Oui. Depuis le début, la CFDT dit qu’elle est favorable à l’harmonisation des régimes de retraite. Le 18 octobre, nous avons fait des propositions pour réformer les régimes spéciaux. Nous demandons d’abord que la réforme soit étalée dans le temps, notamment pour l’application de la décote, afin de ne pas pénaliser ceux qui sont proches de la retraite. Nous demandons l’intégration des primes dans le calcul des pensions, la prise en compte de la pénibilité, et une solution équitable pour les polypensionnés, ceux qui ont cotisé à plusieurs régimes.

Ce n’est que le 6 novembre, deux heures après que nous avons déposé un préavis de grève, que le ministre du Travail nous répond qu’il est prêt à négocier. Et il faut attendre la deuxième journée de grève, le 14 novembre, pour qu’il formalise dans un document les conditions de la négociation dans chaque entreprise. Résultat : les négociations ne vont vraiment s’ouvrir qu’aujourd’hui, plus d’un mois après nos premières propositions. Même si, de notre point de vue de syndicats, il était important de montrer le 18 octobre et le 14 novembre quel était le rapport de force, on aurait pu éviter autant de perturbations pour les usagers.

La CFDT a appelé à suspendre la grève. Pourquoi avoir rompu le front syndical ?

D’abord, je rappelle que dans trois entreprises sur quatre – EDF, GDF et RATP –, nous n’avions déposé de préavis que pour vingt-quatre heures. Reste la SNCF, où notre fédération a reconduit le mot d’ordre jeudi et appelé vendredi à suspendre le mouvement, après le temps normal d’explication et d’échange avec les adhérents. Sur le fond, la CFDT est favorable à l’harmonisation des régimes de retraite. L’objectif pour les cheminots est d’obtenir des contreparties. Nous prenons aussi en compte les autres salariés, qui sont des usagers. Enfin, si j’ai appelé dès mercredi soir à la suspension du mouvement, c’est qu’il est toujours mieux pour un syndicat de négocier quand le rapport de force est favorable. Mercredi, il y avait 65 % de grévistes. Six jours plus tard, il n’y en a plus que 26 %. Je ne comprends pas ce qu’espèrent ceux qui appellent à la poursuite du mouvement.

Certains voulaient faire la jonction entre fonctionnaires et cheminots…

La CFDT a toujours été très claire : il n’est pas question de mélanger les différentes revendications. Les fonctionnaires ont une exigence sur le pouvoir d’achat d’autant plus légitime qu’elle est largement partagée par d’autres secteurs professionnels. Venir raccrocher à leur action la réforme des régimes spéciaux ne pouvait qu’affaiblir leur mouvement.

Ne sont-ils pas tentés de rejouer les grèves de décembre 1995 ?

Ce n’est pas à moi d’analyser l’attitude des uns et des autres, mais personne n’a intérêt à vouloir rejouer décembre 1995. Les premiers perdants d’un affrontement qui deviendrait politique, et où ils ne peuvent pas compter comme en 1995 sur le soutien de l’opinion, seraient les salariés des entreprises publiques concernées par la réforme des régimes spéciaux.

A la différence de 2003, l’issue du conflit dépend d’abord de la CGT. Que pensez-vous de son évolution ?

La CGT est majoritaire dans les entreprises concernées. La CFDT est réaliste : avec les 11,5 % à la SNCF, nous ne sommes pas l’acteur principal. Tout le monde attend que la CGT prenne ses responsabilités sur les régimes spéciaux, comme nous les avons prises en 2003 pour les autres salariés.

Le gouvernement a-t-il tenté de diviser les syndicats ?

C’est un grand classique. Mais vous noterez que l’attitude de la CFDT a été différente de celle de la FGAAC. Nous avons appelé à la grève le 18 octobre comme le 14 novembre. Et il faut être sacrément courageux pour défendre nos positions, dans le climat de tension qui peut régner dans les AG, comme le font nos militants.

Côté pouvoirs publics, qui est votre interlocuteur ? Xavier Bertrand ? Nicolas Sarkozy ? François Fillon ?

Sur le dossier retraite, c’est le ministre du Travail, comme c’est la ministre de l’Emploi sur la fusion ANPE-Unédic ou Martin Hirsch, Haut commissaire aux Solidarités, sur le Grenelle de l’insertion. Le président de la République a fixé ses objectifs et le calendrier lors de son intervention devant la presse sociale le 18 septembre. On a vu depuis qu’il pouvait se montrer nettement plus souple ensuite. On l’a vu sur le calendrier. Dans la lettre de méthode qu’il nous a adressée le 15 novembre, Xavier Bertrand ouvre un délai d’un mois pour la négociation. Elle démarre maintenant et nous ferons tout pour qu’elle permette aux salariés concernés par les régimes spéciaux d’obtenir les contreparties qu’ils réclament à l’allongement de la durée de cotisation qui leur est imposée.

http://www.liberation.fr/actualite/...


Intervention F Chérèque Université Eté 2007 du MEDEF

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