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G8 : Sommet du G8 La police suisse a perdu les pédales

Publie le mercredi 4 juin 2003 par Open-Publishing

Si le sommet n’a pas connu les scènes de violente répression de Gênes d’il y a deux ans, plusieurs " dérapages " ont eu lieu côté helvétique.

Genève (Suisse),

envoyé spécial.

Dimanche, en fin de matinée à Lausanne, on a véritablement frôlé le mort, mais personne n’a l’air d’en avoir conscience. Au cours d’une action de blocage de l’autoroute entre Genève et Lausanne, opération destinée à retarder l’ouverture du sommet du G8 d’Évian, un Britannique âgé de trente-neuf ans a, avec une autre militante, tirer un filin en travers de la chaussée et s’est suspendu dans le vide au- dessus d’un viaduc enjambant un cours d’eau, l’Aubonne. Arrivé sur place avec un peloton de police, un agent a coupé la corde pour rétablir la circulation sur l’autoroute. D’après le chef de la police du canton de Vaud et le juge d’instruction, c’est " par inadvertance " que le policier a coupé le filin, provoquant la chute de l’altermondialiste anglais vingt mètres plus bas. Mais sur place plusieurs témoins affirment que les forces de police étaient averties de la présence des militants au bout de la corde. " Nous nous trouvions avec des francophones qui ont expliqué en français le principe de l’action basée sur les pratiques de Greenpeace ", raconte un autre Britannique. Le militant s’en sort avec des fractures et des commotions multiples, mais il est miraculeusement vivant.

À Genève, au retour de la manifestation qui a rassemblé 100 000 personnes, Guy Smallman, journaliste indépendant britannique et proche du Socialist Worker’s Party, a été grièvement blessé alors qu’il faisait des photos des escarmouches entre une poignée de manifestants énervés et des policiers dans le quartier de Rive. Contacté lundi, le porte-parole de la police genevoise évoque une " simple plaie au mollet " et met en cause la responsabilité des journalistes qui " s’exposent aux blessures en prenant des risques énormes dans leur travail ". Témoin oculaire des soins prodigués au blessé, le photographe Georges Bartoli affirme : " Si c’est une plaie, c’est une très grosse plaie : son mollet a été déchiqueté. Sur place, le médecin urgentiste qui s’occupait du journaliste a parlé d’un " mollet arraché ". Une chose est sûre, c’est que le gars souffrait énormément. " Hospitalisé au centre hospitalier universitaire de Genève, Guy Smallman était, d’après le témoignage d’Emilie Ferreira, animatrice de Globalise Resistance, qui lui a parlé au téléphone lundi après-midi, " encore en soins intensifs et sous morphine ". Un autre journaliste, italien lui, Pulika Calzini, a reçu des coups sur le crâne et a été hospitalisé.

Depuis dimanche soir, les incidents se poursuivent de manière sporadique, comme si la police genevoise, qui n’a rien voulu faire contre la très suspecte casse de la nuit de samedi à dimanche (lire l’Humanité du 2 juin), cherchait assez classiquement et malheureusement à se " racheter " en réprimant violemment les derniers altermondialistes présents dans la ville.

Thomas Lemahieu

http://new.humanite.fr/journal/2003-06-04/2003-06-04-373262