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Huit membres de Segi menacés par le mandat d’arrêt européen

Publie le mardi 22 février 2011 par Open-Publishing
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22/02/2011

Giuliano CAVATERRA

Bergoi Madernaz, Aitziber Plazaola, Beñat Lizeaga, Aiala Zaldibar, Xalbador Ramirez, Endika Perez, Irati Tobar et Jazint Ramirez, huit jeunes indépendantistes, se sont installés hier matin dans la salle Faustin Bentaberri pour dénoncer la « politique répressive » de l’Etat espagnol et alerter sur leur situation puisqu’ils sont visés, ou risquent de l’être, par des mandats d’arrêt européens (MAE). Ils étaient accompagnés d’une centaine de personnes appartenant à des mouvements politiques et sociaux regroupés dans un Collectif contre le mandat d’arrêt européen (regroupant pour l’heure Abertzalen Batasuna, Anai artea, Askatasuna, Batasuna, CDDHPB, LAB, NPA, Segi et Solidaires).

Ces huit jeunes ont fui le Pays Basque Sud d’où ils sont originaires en octobre dernier à la suite de vagues d’arrestations à l’encontre du mouvement de jeunes indépendantistes Segi. L’une d’entre eux, Aiala Zaldibar, est déjà sous le coup d’une procédure de MAE. La cour d’appel de Pau a récemment validé son transfèrement dans l’Etat espagnol mais elle s’est pourvue en cassation et est donc en attente de la décision de la Cour de cassation. Les sept autres risquent eux aussi de se voir notifier des mandats d’arrêt européens.

Comme Aurore Martin

Lors d’une conférence de presse pour annoncer le début de cette action qui devrait durer une semaine, Amaia Elixiri et Francis Charpentier au nom du collectif ont affirmé que « les illégalisations de Segi et d’autres organisations comme Askatasuna, Batasuna... laissent carte blanche à l’Etat espagnol pour condamner une activité politique. Ce ne sont pas des actions qu’ils jugent mais des idées. » Ils ont rappelé le cas d’Aurore Martin et l’ont rapproché de la situation de ces huit jeunes. Les membres du collectif se sont montrés déterminés à combattre le mandat d’arrêt européen qui est une menace selon eux pour les « droits civils et politiques » et dont ils demandent l’abrogation.

L’un des jeunes en question a ensuite pris la parole estimant que « c’est parce que nous menons la lutte en faveur de l’indépendance et du socialisme que nous sommes en permanence punis, fichés, arrêtés, torturés et persécutés. Nous sommes définis comme `terroristes’ parce que nous militons dans les assemblées d’étudiants, dans les mouvements féministes, en faveur du droit au logement ou encore parce que nous travaillons en faveur du gaztetxe. » Il a également fait allusion au nouveau contexte politique demandant aux « Etats espagnol et français [...] d’ouvrir la voie de la négociation. »

Le collectif a conclu en appelant au soutien de ces jeunes qui « ont fait le difficile choix de fuir parce qu’ils et elles risquaient d’être sauvagement torturés » et exigé « l’arrêt des poursuites à leur encontre comme à l’encontre d’Aurore Martin ». Des rassemblements sont organisés à 12 et 19 heures toute la semaine à Ispoure ainsi que des débats dont le premier portera sur la torture, ce soir à 20 heures. Cette semaine d’action se terminera par un kantaldi réunissant des grands noms de la chanson basque samedi à 20 heures à Cambo.

"Mon nom a été soutiré sous la torture"

Les huit jeunes ont indiqué que leurs noms ont été arrachés par les policiers espagnols « sous la torture » et des témoignages de leurs camarades arrêtés en octobre et décembre ont été distribués. Extraits :

Oihana Lopez raconte que quand elle refusait de répondre aux questions, les policiers l’obligeaient « à faire des exercices physiques : en haut, en bas, en haut, en bas... Ils m’obligèrent à faire des flexions, et ils voulaient que je réponde, sinon ils allaient me taper la tête contre le mur. [...] Je faisais des efforts pour ne pas tomber par terre, parfois j’avais des vertiges, mais ils m’obligeaient à continuer, de plus en plus vite ; ils me frappaient et me tiraient les cheveux... »

Imanol Beristain a fait un récit similaire : « Ils m’ont déshabillé de force et m’ont pris par le cou pour me jeter par terre. Ils touchaient l’urine avec ma tête et me crier que j’allais devoir la lécher. [...] Ils me tiraient par les cheveux et par les testicules aussi, sans arrêt. Tout cela à quatre pattes, à genoux et sur le front. Ils m’obligeaient à rester dans différentes positions, jusqu’à ce que je tombe par terre. [...] En même temps, quand j’étais à quatre pattes, ils m’attrapaient par les testicules et me les frottaient avec un sac. Ensuite, ils me mettaient le sac sur le nez, pour que je sente l’odeur et pour que j’étouffe. Ils m’ont mis le sac sur la tête, encore et encore, jusqu’à en déchirer quatre. J’essayais de les déchirer avec les dents quand j’avais la sensation d’étouffer. Alors, deux policiers me serraient très fort le nez et la bouche avec leurs mains [...] ».

Ainara Ladron Urbieta raconte, elle : « Ils m’ont obligée à me déshabiller et à m’allonger sur la table (pendant que je me déshabillais, ils se sont mis à rire) [...]. Ils ont essayé d’écarter mes jambes mais je les serrais de toutes mes forces. [...] Après un long moment d’interrogatoire, il s’est mis à me frapper sur les fesses avec la main ouverte. Puis il m’a posé une canette métallique très froide contre la fesse. Il a ensuite passé son doigt sur mon anus et mon vagin, en me touchant [...] ».

http://www.lejpb.com/paperezkoa/201...