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Israel a été créé sur un nettoyage ethnique
Publie le lundi 7 août 2006 par Open-Publishing7 commentaires

Ilan Pappe est historien israélien à l’université de Haïfa et il est le directeur académique du Centre de Recherche pour la Paix de Givat Haviva. Avocat dévoué des droits des Palestiniens.
de Ilan Pappe
Israel pense qu’il a maintenant une fenêtre d’opportunité pour éliminer ces forces à Gaza et au Liban - et là-bas en Syrie et en Iran. La guerre régionale qui se développe pourrait à court terme miner ces deux forces, mais à long-terme, cela pourrait signifier une confrontation israélienne non seulement avec le monde Arabe mais avec l’ensemble du monde Musulman. À ce moment-là, les Etats-Unis pourraient l’abandonner, et l’Etat Juif finirait comme le royaume des croisés à l’époque médiévale.
Le développement actuel de la triste réalité au Moyen-Orient a des racines historiques claires et un voyage dans le passé peut aider à éclairer ce qu’il y a derrière la politique destructrice d’Israël en Palestine et au Liban.
Le Sionisme est arrivé en Palestine à la fin du 19ème siècle en tant que mouvement colonialiste motivé par des impulsions nationales. La colonisation de la Palestine s’adaptait bien aux intérêts et à la politique de l’Empire Britannique à la veille de la Première Guerre Mondiale.
Avec le soutien de la Grande-Bretagne, le projet de colonisation s’est développé, et est devenu une présence massive sur le terrain après la guerre et avec l’établissement du Mandat Britannique en Palestine (qui a duré de 1918 à 1948).
Tandis qu’avait lieu ce regroupement, la société autochtone a subi, comme d’autres sociétés dans le reste du monde Arabe, un processus régulier de constitution d’une identité nationale. Mais avec une différence.
Tandis que le reste du monde Arabe façonnait son identité politique par la lutte contre le colonialisme européen, le nationalisme en Palestine signifiait affirmer son identité collective contre un colonialisme britannique d’exploitation et un Sionisme expansionniste.
Donc, le conflit avec le Sionisme était un fardeau supplémentaire.
La politique pro-Sioniste du Mandat Britannique a naturellement tendu les relations entre la Grande-Bretagne et la société palestinienne locale.
Cela a atteint son point culminant lors d’une révolte en 1936 contre Londres et le développement du projet colonial Sioniste.
La révolte, qui a duré trois ans, n’a pas pu modifier la politique du Mandat Britannique qu’il avait déjà décidée en 1917.
Le ministre des Affaires Etrangères Britannique, Lord Balfour, avait promis aux leaders Sionistes que la Grande-Bretagne aiderait le mouvement à construire une patrie pour les Juifs en Palestine.
Le nombre de Juifs entrant dans le pays augmentait chaque jour - bien que même à ce moment-là, pendant les années 30, les Juifs ne représentaient qu’un quart de la population, et ne possédaient que 4% de la terre.
Alors que la résistance au colonialisme se renforçait, la direction Sioniste a commencée à être convaincue qu’ils ne pourraient créer leur propre Etat qu’en expulsant l’ensemble des Palestiniens. Du tout début et jusqu’aux années 30, les penseurs Sionistes ont propagé la nécessité de nettoyer ethniquement la population autochtone de la Palestine si le rêve d’un Etat Juif se réalisait.
La préparation pour l’application de ces deux objectifs de patrie et de suprématie ethnique s’est accélérée après la Seconde Guerre Mondiale. Pour les Anglais, le pays avait perdu son importance stratégique quand ils ont été expulsés de l’Inde.
C’était un endroit tendu qui exigeait la présence des forces britanniques en nombre équivalent à celui que l’empire maintenait dans le sous-continent indien - sans récompenses évidentes pour l’Empire.
Tandis que la direction Sioniste finalisait un plan pour prendre la terre et expulser la population entre 1946 et 1948, les responsables palestiniens espéraient que l’empire Britannique leur donnerait leur pays dans lequel ils représentaient toujours la grande majorité autochtone de la population.
Mais la Grande-Bretagne a décidé de transférer la question de la Palestine devant les Nations Unies (l’ONU) en février 1947. La Palestine était le premier conflit dans lequel il était invité à négocier d’une manière significative. Il a proposé une solution pro-Sioniste, très injuste et impossible à mettre en pratique.
Le premier obstacle était que puisque les Palestiniens demandaient à être traités comme n’importe quel autre mouvement national arabe, ils s’attendaient à ce que la communauté internationale reconnaisse, sans condition, leur droit légitime au pays. Ils ne s’attendaient pas à ce que ce droit soit négocié avec un mouvement colonialiste. Ils ont donc boycotté le processus.
L’ONU l’a ignoré et le Comité Spécial qu’il a nommé pour la question, l’Unscop (le Comité Spécial des Nations Unies pour la Palestine) n’a discuté qu’avec les responsables Sionistes. Il a conçu une solution qui ne répondait aux besoins et aux aspirations que de ce seul côté.
De toute façon, les Palestiniens avaient de la difficulté à présenter le côté moral de leurs demandes en raison de l’holocauste. La communauté internationale occidentale n’était que trop heureuse d’éluder tous les débats au sujet des implications du génocide en Europe et de laisser le problème à la porte de la Palestine.
Le résultat inévitable de cette approche acceptait presque sans réserve les demandes Sionistes d’un Etat en Palestine.
Territoire
Fin novembre 1947, l’ONU a offert de diviser la Palestine en deux Etats presque égaux au niveau territorial. Les Juifs ne représentaient qu’un tiers de la population en 1947 et la plupart d’entre eux n’étaient arrivés en Palestine que quelques années plus tôt.
Le refus catégorique des Palestiniens à cette proposition, soutenus par la Ligue Arabe, a permis à la direction Sioniste de planifier soigneusement la prochaine étape.
Entre février 1947 et mars 1948, un dernier plan pour un nettoyage ethnique a été préparé.
La direction Sioniste a défini 80% de la Palestine (Israël d’aujourd’hui sans la Cisjordanie) comme espace pour le futur Etat. C’était un secteur dans lequel un million de Palestiniens vivaient à côté de 600.000 juifs.
L’idée était de déraciner autant de Palestiniens que possible. Entre mars 1948 et la fin de l’année, le plan a été mis en application en dépit de la tentative d’opposition de quelques Etats Arabes, ce qui a échoué. Environ 750.000 Palestiniens ont été expulsés, 531 villages ont été détruits et 11 secteurs urbains ont été démolis.
La moitié de la population de la Palestine a été déracinée et la moitié de ses villages a détruit. L’état d’Israël a été établi sur plus de 80% de la Palestine, transformant les villages palestiniens en colonies Juives et parcs de loisirs, mais il a permis à un nombre restreint de Palestiniens d’y rester en tant que citoyens.
La guerre de juin 1967 a permis à Israël de prendre les 20% de la Palestine restants. Cette saisie a d’une certaine façon mis en échec l’idéologie ethnique du mouvement Sioniste. Israël a pris les 100% de la Palestine, mais l’état a incorporé un grand nombre de Palestiniens, population que les Sionistes avaient eu tellement de mal à expulser en 1948.
Le fait qu’on ait laissé faire Israël en 1948, et qu’il n’ait pas été condamné pour le nettoyage ethnique qu’il a commis, l’a encouragé à nettoyer ethniquement de la Cisjordanie et de la bande de Gaza 300.000 autres Palestiniens.
Mais la guerre de juin 1967 fut trop courte - six jours - et la communauté internationale était plus au courant. La société palestinienne était plus expérimentée. Par conséquent, Israël est resté avec un grand nombre de Palestiniens sous son contrôle et n’a pas pu achever le travail.
Le Mouvement National Palestinien est à nouveau apparu sous la forme de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) et même s’il n’avait pas libéré un seul mètre carré de la Palestine, il a reposé la question palestinienne et la Nakbah de 1948 (catastrophe) au centre de l’attention de public mondial.
L’opération de nettoyage ethnique a été également mise en échec par la persistance et la détermination de ces Palestiniens qui ont été autorisés à rester en Israël. Ils sont devenus le quart de la population. La démographie est ainsi devenue la question principale sur l’agenda de la sécurité nationale israélienne. Elle éclipse tous les autres problèmes, que ce soit l’égalité sociale, la démocratie ou les droits de l’homme.
Le système d’éducation, les médias et les politiciens soulignent le danger "que les Palestiniens constituent pour l’existence de l’Etat d’Israël et pour le bien-être des citoyens Juifs". Dans cette situation, la "Gauche" israélienne pousse à diminuer la taille du territoire, la droite réclame une réduction du nombre de Palestiniens. Mais la distance morale et idéologique entre les deux positions du système politique est en effet très petite.
Après deux soulèvements dans les territoires occupés et un échec de l’effort diplomatique international qui a totalement ignoré la racine du conflit comme représentée ci-dessus, nous sommes maintenant revenus aux bases mêmes du conflit.
Imposer
Au cours des six dernières années, avec le soutien total de son électorat juif, les gouvernements israéliens successifs ont essayé d’imposer par la force ce qui pour eux est la solution idéale.
Cela consiste à emprisonner un grand nombre de Palestiniens dans les enclaves en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, un contrôle total via un système d’Apartheid de la minorité palestinienne en Israël, et le rejet catégorique de tout rapatriement des réfugiés palestiniens. Ce plan est entièrement soutenu par les Etats-Unis.
La présidence néo-conservatrice de Bush poursuit son propre unilatéralisme, en essayant d’imposer ses valeurs économiques et stratégiques au reste du monde par des moyens militaires et l’intimidation.
Seuls deux mouvements dans la région résistent à Israël et aux Etats-Unis. Malheureusement pour des gens de Gauche, comme moi, ils ne sont pas de notre école, mais nous devrions respecter leur détermination et leur volonté à résister à l’occupation et à la colonisation. Ce sont le Hamas et le Hizbollah.
Israël pense qu’il a maintenant une fenêtre d’opportunité pour éliminer ces forces à Gaza et au Liban - et là-bas en Syrie et en Iran.
La guerre régionale qui se développe pourrait à court terme miner ces deux forces, mais à long-terme, cela pourrait signifier une confrontation israélienne non seulement avec le monde Arabe mais avec l’ensemble du monde Musulman. À ce moment-là, les Etats-Unis pourraient l’abandonner, et l’Etat Juif finirait comme le royaume des croisés à l’époque médiévale.
Un désastre apparaît donc indistinctement pour nous tous - les Juifs et les Arabes - et seule l’Europe pourrait l’éviter, si elle cessait d’être l’esclave de ses intérêts et des nôtres, des intérêts Américains et du Sionisme.
Source : http://www.maannews.net/en/
Traduction : MG pour ISM
Messages
1. > Israel a été créé sur un nettoyage ethnique , 8 août 2006, 01:09
Maintenant qu’on voit un ministre français poser béat au coté des gouvernnats américains qui ont organisés cette guerre et fournis des armes ,comment peux t on croire un instant que l’ Europe peut exister et se faire entendre
aujourd’hui l’ europe est à la botte de l’amériqe et d’ israel et le clame
1. > Israel a été créé sur un nettoyage ethnique , 8 août 2006, 10:29
Je suis très heureux de lire de telles opinions qui incitent à remonter aux racines profondes de la colonisation et de toutes les conséquences de celle-ci, qui ressemble à monétrangement à toutes les autres avec son cortège de racisme et d’horreurs vis à vis des populations qui la subissent. En ce qui concerne l’Apartheid, en effet, ce n’est qu’un pis aller, une concession faite à la résistance, c’est l’arrêt terminus avant le génocide. D’aucuns diront que cet arrêt terminus, représente l’ultime frontière de la Démocratie, régime dont se réclame le colonisateur qui l’empêche d’aller trop loin dans l’expulsion ou l’élimination physique pure et simple du colonisé.
Israël a choisi l’Apartheid ( largement aidé par une idéologie propre au JudaÏsme religieuse et "ethnocentrique"), comme tous les colonisateurs. ce qui a aussi permis l’exploitation économique des autochtones palestiniens (Juifs et Arabes) l’anéantissement de leur culture, leur ghettoïsation.
Le modèle américain ayant fait ses preuves, il est le dernier survivant du colonialisme moderne qui a fait les USA, qui fonctionne grâce à sa puissance économique et militaire, encore malgré de graves défaites, pleinement avec son agressivité, son racisme et sa violence intrésèque, quoi de plus naturel qu’il trouve son reflet dans l’état israëlien.
Il ne me semble pas étonnant que l’Europe ne puisse pas parler "d’une seule voix" car les USA sont d’origine européenne et ont eux-aussi des "alliés naturels", dans la religion, le protestantisme, l’idéologie de l’Apartheid "civilisé" qui en découle, comme dans leurs méthodes de colonisation violentes et dégradantes.communes celles-ci à toutes les cultures idéologiques communautaires laïques ou religieuses dominantes portées par les colonisateurs. JdesP
2. > Israel a été créé sur un nettoyage ethnique , 8 août 2006, 06:20
Ok, vous avez raison, regardons le passé dans les yeux, la Mésopotamie, la Perse, l’Egypte antique, l’Afganisthan Bouddhiste...Je ne les trouve plus sur la carte.
Merci de m’éclairer.
3. > Israel a été créé sur un nettoyage ethnique , 8 août 2006, 15:49
Votre article est très intéressant. Vous, israélien, dites les choses comme elles sont. Ca nous permet de mieux comprendre le problème.
""des racines historiques claires et un voyage dans le passé peut aider à éclairer ce qu’il y a derrière la politique destructrice d’Israël en Palestine et au Liban.""
Toutefois, votre article me fait poser une question, à savoir, pourquoi les Juifs ne sont pas revenus en Israël, après leur dernier exil. Les Ottomans n’étaient pas contre leur retour. Cela aurait évité ce conflit contre les Palestiniens, qui à vrai dire, sont probablement des Juifs d’origine, convertis à l’Islam. De toutes façons, je ne vois pas pourquoi ces Palestiniens ne pourraient pas être considérés à part entière comme citoyens israéliens, avec les mêmes droits, à condition qu’Israël devienne une démocratie laïque à part entière.
Tout est possible, à condition d’en avoir la volonté. La ville d’Haïfa en est un exemple vivant où Juifs et Arabes vivent en bonne intelligence et savent s’apprécier. Alors ?
4. > Israel a été créé sur un nettoyage ethnique , 8 août 2006, 18:37
pas seulment pour un nettoyage ethnique.mais aussi pour controller les interets americains dans la region .pour l’eurpe il est presque invisible surtout avec le changment de cap des français malheureusment.
5. > Israel a été créé sur un nettoyage ethnique , 25 août 2006, 23:07
Je suis tout a fait d’accord avec Mr Ilan Pappé sur les points de vue général de la situation présente et surtout à venir de l’état d’israel.
Je voudrais ajouter qu’un état basé sur une religion est par essence communautariste et de ce fait sectaire. La durée de vie d’un tel état n’est viable que sur une courte durée.
Les gesticulations verbales israélienne dénote d’une peur viscérale de l’avenir et ce pays est en train de se recrocqueviller sur lui même.
L’état hébreu ne pourra pas supprimer les centaines de millions de musulmans, les terres reviendront un jour où l’autre aux palestiniens.
Quand les musulmans auront pris conscience de leur force démographiques même les tanks ne pourront rien faire pas plus que les F16 pilotés parait il par des américains. On a très bien vu ce qui s’est passé au vietnam et la débandade qui s’en est suivi, l’histoire risque de se répéter et les américains ne prendront pas le risque d’un conflit généralisé.
6. > Israel a été créé sur un nettoyage ethnique , 26 août 2006, 21:18
L’israel est un état terroriste et il le restera tant qu’il n’aura pas appliqué la résolution 242 votée par l’ONU sur la restitution des territoires occuppés, tout le reste n’est que du charabia verbal.
Le nettoyage ethnique pratiqué depuis la création de l’état sioniste n’a rien à voir avec des victimes de guerre, ce sont des liquidations de populations civils. Les sionistes qui assassinent
actuellement les civils palestiniens n’ont rien à voir avec les martyrs de l’holocauste ; ce sont des assassins. Les terroristes ne sont pas plus au liban, iran qu’en israel. Ces libanais, iraniens, palestiniens ne font que revendiquer le droit territorial avec tout ce qui va avec, liberté de pensée, de religion , de posséder l’arme atomique ; l’israel en est bien pourvu puisque les américains leur ont donné.