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Italie : les cheminots, "La priorité est la sécurité"

Publie le jeudi 20 janvier 2005 par Open-Publishing

Parle Alberto Russo, rls à Bologne, parmi les signataires de la déclaration de grève

de FR. PI.

Alberto Russo est un des "représentants pour la sécurité au travail" qui ont proclamé la grève d’hier. Il travaille à Bologne, la ville des agents de conduite morts à Crevalcore.

On dirait que la grève a bien marché.

Beaucoup mieux qu’on pouvait le penser, compte tenu des intimidations, de la désinformation, du choix des confédérations de faire courir le bruit qu’elle était "illégitime" même après que la Commission de garantie avait établi le contraire.

C’est la première fois qu’une grève est faite pour des raisons autres qu’économiques.

Absolument. Et elle a été organisée par les représentants pour la sécurité, élus par le personnel dans les différents lieux de travail. C’est un signal par lequel la catégorie a démontré sa capacité à répondre d’une façon unitaire, en dépit de ceux qui cherchent à la diviser.

Peux-tu lister les demandes qui sont à la base de cette grève ?

Tout d’abord, mettre toute l’infrastructure FS en conditions de sécurité, au moins standard. Aujourd’hui, au contraire, il y a de l’implémentation technologique sur quelques tronçons et on ne s’occupe pas des autres, où il faut introduire les technologie en mesure de remédier à d’éventuelles (et toujours possibles) fautes du personnel. Donc l’abolition des dispositions internes 35 et 36, qui prévoient la possibilité de faire voyager les rames avec un seul agent de conduite, côtoyé par un chef de train qui ne possède absolument pas la formation pour une tâche pareille. Et puis des investissements en technologies pour la sécurité, plutôt que pour la réduction du personnel ; et une sélection plus attentive des entreprises sous-traitantes, qui travaillent souvent en des conditions inacceptables et sont frappées à leur tour par de graves accidents (comme c’est arrivé aux entreprises Strukton, Gefer et Bonciani).

Et au niveau des normes ?

Le retrait des licenciements et des mesures disciplinaires concernant les travailleurs qui ont soulevé - et à juste titre - le problème de la sécurité (le cas Report-RAI, NdR). Et aussi pour les agents de conduite qui se sont refusé à utiliser le système Vacma (l’ "homme mort", NdR), qui est une source de distractionet non une mesure de sécurité. L’embauche du personnel titulaire manquant, surtout à cause de l’usage hors norme des heures supplémentaires. Et donc une modification de l’horaire de travail, qui permet de faire deux services de 10 heures interrompus par un repos de seules 11 heures ; pour des tâches qui demandent la plus grande attention, comme celles des agents de conduite, il s’agit d’un risque très élevé.

Même certains syndicats ont parlé d’ "adhésions basses", aujourd’hui.

Certains ont même parlé de chiffres inférieurs à ceux diffusés par l’entreprise. Ils ont été contraints à revoir sur les médias leur hostilité à la grève, mais sur les lieux de travail il y en a qui ont essayé de répandre la peur en disant que la grève était "illégale". Et donc maintenant ils doivent nier l’évidence, dire que la grève a échoué. Mais si n’avaient fait grève que 10%, comment aurait-on pu arrêter tous les trains "pas assurés" ?

Prévoyez-vous un mouvement qui va au-delà et hors des syndicats ?

Nous voulons trouver des solutions concrètes pour les problèmes des cheminots et des voyageurs. Nous n’avons pas travaillé pour diviser les syndicats. Nous avons poussé jusqu’au bout pour que le bon sens ait le dessus. Mais il faut donner la priorité à la sécurité, qui n’est pas une option. Il faut des solutions immédiates et possibles, parce que les chemins de fer étaient plus sûrs aux années 60 que maintenant. Nous allons tout essayer pour que la priorité de la sécurité devienne un patrimoine de tout le monde : sur un tel problème on ne peut pas créer de fractures. Il y a un chemin à faire et nous sommes disposés à le partager avec quiconque a la même sensibilité.

Même si, certes, pour quelques-uns cela voudra dire devoir réviser nettement les choix faits jusqu’ici dans les rapports avec l’entreprise (le contrat etc.). Nous n’en faisons certainement pas une question de sigles : nous avons organisé cette grève en ayant en poche des cartes d’organisations syndicales différentes.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

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