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Journée de lutte contre les violences faites aux travailleuses du sexe

Publie le lundi 17 décembre 2007 par Open-Publishing

COMMUNIQUE DE PRESSE GRISELIDIS TOULOUSE

Journée de lutte contre les violences faites
aux travailleuses du sexe

Si peu de gens savent que le 25 novembre est la journée internationale
de lutte contre les violences faites aux femmes, la plupart ignorent
que le 17 décembre est celle de la lutte contre les violences faites
aux travailleuses du sexe.

Si la France s’affiche toujours comme étant LE pays des droits de
l’Homme, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est toujours aussi
difficile de conjuguer ces droits au féminin. En effet, "chez nous",
c’est toujours l’homme qui fait la loi, au propre comme au figuré.
Mais s’il est encore nécessaire de crier haut et fort qu’être une
femme n’est pas une sinécure, il ne faut pas perdre de vue qu’être une
femme qui se prostitue n’est pas à proprement parlé une promenade de
santé, a fortiori lorsqu’on vient de l’étranger.

La prostitution est souvent définie comme étant en soi une violence
faite aux femmes. Il ne faudrait pas que cela serve à cacher les
violences effectives dont sont victimes celles qui exercent cette
activité : agressions, insultes, vols, humiliations, viols, menaces,
harcèlement, mépris…

Ces violences quotidiennes ne font pas partie des risques du métier,
elles sont à rattacher aux violences faites aux femmes en général.
Outre certains acteurs zélés du système abolitionniste, tous les
auteurs de ces violences sont des hommes, qu’ils soient passants,
clients ou policiers.

Un triste constat s’impose : depuis l’entrée en vigueur de la LSI, les
agressions contre les travailleuses du sexe sont plus nombreuses car
le sentiment d’impunité est plus présent.

À Toulouse, au cours des six derniers mois, nous avons recensé 14
agressions graves et 3 décès. Mais il faut garder à l’esprit que si
l’hôpital et la morgue ont l’obligation de tenir une comptabilité
scrupuleuse, cela ne semble malheureusement pas être le cas des
commissariats. Les agressions en tout genre sont donc indiscutablement
sous-évaluées, car en plus de ce manque flagrant de prise en compte,
il ne faut pas minimiser la difficulté de porter plainte lorsqu’on est
considérée comme une délinquante en puissance, souvent étrangère de
surcroît.

À l’aune de ces conséquences et au vu de ces résultats, nous pouvons
donc légitimement nous interroger sur le bien-fondé de cette loi et
questionner son utilité. Son objectif majeur était, et reste toujours,
de lutter contre le trafic d’êtres humains en démantelant les réseaux
internationaux. Or dans les faits, hormis quelques cas de proxénétisme
sans envergure, aucune mafia du sexe tarifé n’a pu être mise en cause.
La LSI n’a généré aucune sécurité, elle n’a fait que croître et se
généraliser la précarité des personnes prostituées, lesquelles se
retrouvent plus que jamais, marginalisées et fragilisées. Les
multiples procès pour racolage passif n’ont réussi à endiguer ni la
prostitution, ni la migration, la seule "réussite" à mettre au compte
du ministère de l’intérieur est l’aggravation de la situation des
personnes prostituées. Quant au ministère de l’immigration, sa
nouvelle succursale xénophobe, il met les bouchées doubles afin de
faire mieux que sa maison mère. Le droit d’asile, privé
progressivement de son contenu, n’est plus qu’une coquille vide, et
les obligations à quitter un territoire qui se nationalise se
multiplient.

La situation est grave et désespérante pour les personnes prostituées
en général et pour les migrantes en particulier ;, mais la fin de
l’année approche et si nous devions faire un vœu c’est celui-ci : que
leur déhanchement et leur clin d’œil continuent à fleurir les
trottoirs d’une France plus borgne et rigide que jamais.