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L’Europe s’invite au débat français sur la Constitution
Publie le mercredi 11 mai 2005 par Open-Publishing1 commentaire
Plusieurs dizaines de jeunes Européens étaient récemment réunis à Paris pour prendre part à un débat trop souvent cantonné aux frontières de l’Hexagone.
Alors que la campagne en vue du référendum du 29 mai entre dans sa dernière ligne droite, le magazine européen en ligne café babel organisait récemment à Paris - en partenariat avec EurActiv et Arte - un débat ayant pour ambition de replacer dans une perspective européenne les controverses franco-françaises autour du contenu (réel ou fantasmé) du projet de traité constitutionnel. Outre le député européen belge Pierre Jonckheer, invité à donner la réplique au président de l’ONG Attac France, Jacques Nikonoff (partisan du « non » à la Constitution), la Maison de l’Europe de Paris accueillait ainsi pour l’occasion plusieurs dizaines de jeunes Européens, parmi lesquels les membres du réseau de café babel implanté dans les principales capitales du continent.
Le débat parisien s’inscrivait dans la série de « coffee storming » (cafés-débats) portant sur le thème de la Constitution européenne, organisés par café babel dans plusieurs grandes villes d’Europe jusqu’à la fin 2005. Cette initiative originale, centrée chaque année sur un sujet spécifique, vise à décloisonner les débats nationaux sur l’Europe et à favoriser l’émergence d’une sphère citoyenne pan-européenne.
Issues :
La participation de nombreux témoins extérieurs au débat français sur la Constitution a notamment permis de mettre en évidence la nature souvent « périphérique » de celui-ci, jugé par plusieurs intervenants comme étant trop éloigné des véritables enjeux du nouveau texte. Ainsi a-t-il été rappelé que la question de l’Europe sociale, actuellement au cœur du débat hexagonal, n’avait été que peu abordée lors de la phase d’élaboration du projet de traité constitutionnel.
Les participants originaires de différents pays européens ont par ailleurs déploré le fait que le mécontentement social régnant actuellement en France vienne parasiter le débat sur la Constitution : plusieurs d’entre eux ont souligné que l’Europe ne pouvait être rendue responsable de l’incapacité des gouvernements français à lutter contre le chômage de masse, de nombreux Etats membres de l’Union obtenant de bien meilleurs résultats que la France sur le front de l’emploi.
Enfin, plusieurs intervenants ont vigoureusement contesté l’idée selon laquelle les Français devaient se sentir investis de la responsabilité de voter au nom de leurs voisins européens (certains de ceux-ci étant « privés » du droit de se prononcer par référendum) : d’une part, un nombre significatif d’Etats membres - 8 au total, outre la France - ont également opté pour la voie référendaire ; par ailleurs, la ratification parlementaire demeure une solution parfaitement légitime, à moins de rejeter le système de démocratie représentative.
Positions :
Pour Catherine Lalumière, ancienne vice-présidente du Parlement européen et actuelle présidente de la Maison de l’Europe de Paris, le texte sur lequel devront se prononcer les Français le 29 mai prochain « n’est pas une Constitution ; ce n’est qu’un traité, certes important, [et] surtout une étape décisive de la construction européenne. » C’est également un « compromis », dont la dimension nécessairement imparfaite et insuffisante doit être acceptée par la France - laquelle « a trop tendance se considérer comme étant seule au monde, voire supérieure au reste du monde », a souligné Mme Lalumière.
Le député européen belge Pierre Jonckheer (Verts / ALE) a rejoint le point de vue de Catherine Lalumière, estimant que le texte initialement préparé par la Convention constitue « une réforme des traités existants bien plus qu’une Constitution. » Selon M. Jonckheer, « ce dernier terme est impropre, il résulte de la volonté des conventionnels de solenniser leur entreprise. » Or, on est aujourd’hui confronté à un « effet boomerang », les partisans du « non » utilisant le mot de « Constitution » pour affirmer que le texte « coule dans le marbre un certain nombre de politiques ». Le député européen belge a également souligné que les partisans d’une intégration européenne plus poussée devaient se contenter des avancées contenues dans le texte, « le courant fédéraliste [étant] clairement devenu minoritaire dans l’Union à 25. »
Aux yeux de Jacques Nikonoff, président d’Attac France, « l’Europe qui se construit est une Europe non démocratique », le projet de traité constitutionnel ayant selon lui été élaboré dans le cadre d’un mécanisme (celui de la Convention) « profondément vicié ». « Pour élaborer une Constitution, il aurait fallu convoquer une assemblée constituante donnant la parole aux peuples », a souligné M. Nikonoff. Le responsable d’Attac juge par ailleurs que « le vote ‘non’ est un vote d’espoir », dans la mesure où il équivaut au rejet d’un modèle fondé sur une « concurrence aggravée, poussant les Etats à faire valoir leur seul avantage comparatif : le dumping social et fiscal. »
Messages
1. > L’Europe s’invite au débat français sur la Constitution, 11 mai 2005, 17:15
les eurocrates sont d’accord avec eux-mêmes