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L’accumulation du capital et la fin du capitalisme : R Luxembourg et E Mandel.

Publie le mercredi 15 septembre 2010 par Open-Publishing

L’accumulation du capital et la fin du capitalisme : R Luxembourg et E Mandel.

1) Les deux faces de l’accumulation capitaliste selon Rosa Luxembourg.

Evoquer l’accumulation du capital avec Rosa Luxembourg permet de rappeler deux formes d’exploitation , l’une intra-muros contre la force de travail salariée, l’autre extra-muros par l’impérialisme à l’encontre des formations économiques pré-capitalistes.

Dans L’accumulation du Capital, Rosa Luxembourg distingue soigneusement deux aspects de l’accumulation capitaliste :

L’un concerne la production de la plus-value – à l’usine, dans la mine, dans l’exploitation agricole – et la circulation de marchandises sur le marché. Considérée de ce point de vue, l’accumulation est un processus purement économique dont la phase la plus importante est une transaction entre le capitaliste et le salarié. Dans les deux phases cependant, à l’usine comme sur le marché, elle reste exclusivement dans les limites d’un échange de marchandises, d’un échange de grandeurs équivalentes, sous le signe de la paix, de la propriété privée et de l’égalité.

L’autre aspect de l’accumulation capitaliste concerne les relations entre le capital et les modes de production non capitalistes, il a le monde entier pour théâtre. Ici les méthodes employées sont la politique coloniale, le système des emprunts internationaux, la politique des sphères d’intérêts, la guerre.

Ces deux aspects de l’accumulation, explique-t-elle, sont « organiquement liés » et la trajectoire historique du capitalisme ne peut être analysée que s’ils sont pris en compte conjointement .

in Rosa Luxembourg, L’accumulation du Capital, Paris, Maspéro, 1967, t. II, ch. 31, « Le protectionnisme et l’accumulation », pp. 120-121.

http://classiques.chez-alice.fr/rosa/rosa11.pdf

2) La critique d’ Ernest MANDEL

Cependant la question : « Comment le capitalisme peut-il fonctionner ? » en soulève logiquement une autre : « Quelles sont les barrières absolues au fonctionnement du capitalisme ? »

Il n’y a plus, au fond, qu’un seul mouvement essentiel, celui de la destruction des secteurs non-capitalistes de l’économie (artisanat et paysannerie petite et moyenne des pays indus­trialisés ; l’ensemble des secteurs productifs autochtones des pays non-industrialisés). Lorsque ce mouvement est achevé, la machine doit s’arrêter. Que le mouvement lui-même transforme la machine ; que le capitalisme des monopoles fonctionne partiellement de manière différente que le capitalisme de la libre concurrence - tout en conservant les traits essentiels de celui-ci et du capitalisme en général - voilà ce que Rosa ne semble pas admettre.

E Mandel poursuit : Plus on s’approche du moment où le monde entier est industrialisé sous le capitalisme, plus l’expansion capitaliste se ralentit. Si l’humanité tout entière est divisée en capitalistes et en travailleurs salariés, le capitalisme ne peut plus fonctionner.

Les investissements capitalistes, l’accumulation du capital sous le fouet de la concurrence, recherchent systématiquement les possibilités d’obtenir des surprofits. C’est cette recherche qui commande en dernière analyse la croissance économique sous le capitalisme. Lénine et Rosa Luxemburg ont mis, à juste titre, l’accent sur l’exploitation des colonies (et de l’agriculture) en tant que sources de sur-profits pour les monopoles capitalistes. Mais l’innovation technologique (l’exploitation d’une avance technologique), la jouissance d’une réserve de main-d’œuvre, la brusque chute de la composition organique du capital, un brusque relèvement du taux de la plus-value (par suite de guerres, de destruction des syndicats, etc.) peuvent tous être des sources équivalentes de sur-profits.

http://www.marxists.org/francais/mandel/works/1969/12/em19691201.htm

AMK