Accueil > L’esprit rebelle français brave la pasteurisation néolibérale
L’esprit rebelle français brave la pasteurisation néolibérale
Publie le mercredi 25 mai 2005 par Open-PublishingL’enjeu véritable du NON à la constitution européenne dans sa mouture actuelle, c’est le refus du « tout à l’économique », la défiance envers la réduction de l’homme en « homo oeconomicus ». Car, ce que la constitution européenne organise, jusque dans les moindres détails, c’est la soumission des individus européens, riches de leur spécificité, diversité, épaisseur historico-socio-culturelle aux diktats unilinéaires du marché européen (à moyen terme) puis du marché mondial (à long terme).
Accepterons-nous que l’individu devienne une simple excroissance du marché, un accident de l’histoire économique ou bien ferons-nous en sorte qu’il demeure au centre du village ? Ferons-nous fi de tant d’années de luttes pour l’y placer, au centre du village ? Allons-nous pousser l’amnésie jusqu’au point d’oublier qu’il n’en a pas toujours été ainsi ? Indécrottables enfants gâtés, prodigues, dilapidant allègrement notre héritage social (les acquis sociaux).
Reconnaissons-le, nous vivons depuis des lustres sous l’occupation de marché. Tout ce qui constitue notre substance tombe irrémédiablement dans le système de la valeur marchande : nos relations aux objets sont devenues production/consommation de marchandises ; nos relations aux autres se réduisent petit à petit en production/consommation de services. Comment est-il possible que cela aille de soi ?
Ou sont donc passés le don, la gratuité, la générosité, la bienveillance, l’ouverture, la tolérance, la gentillesse, l’auto-dérision, l’ambivalence, l’imperfection, la faiblesse, le mystère, l’incertitude, l’humilité, l’émerveillement, l’irrationnel ... Balayés ! Verdict : non rentables !
Poissonrouge
« ... Si jamais le pays (la France) se réduisait à n’être qu’un spécimen de plus dans la cage du conformisme atlantique, écrit-il (Perry Anderson), il y aurait un grand vide dans le monde. Mais il dit aussi sa confiance dans la ténacité de cette résistance française au laminoir qui a eu raison, ou presque, de tant d’autres cultures originales (on peut penser par exemple à l’Italie, submergée par un consumérisme sauvagement individualiste, vulgaire et sans mémoire).... »
http://www.peripheries.net/crnt61.h...
" ... La contradiction qui sourde derrière le marché est la suivante : le produit -marchandise est vécu comme étranger à soi ; la réincorporation nécessite un effort considérable d’attractivité du produit ; mais l’obsolescence accélérée du produit provoque le désinvestissement du moi. Donc, le marché doit susciter à la fois l’attrait (acte d’achat) et le retrait (destruction pour renouvellement rapide). D’où un malaise permanent (l’impression qu’on a perdu quelque chose de vital)..."