La bataille continue sur les prix d’entrée au Louvre

Plusieurs organisations appellent à un rassemblement le 15 janvier contre les nouveaux tarifs.

de Clarisse Fabre

La Joconde barrée du sigle de l’entreprise Total : l’image accueille l’internaute sur le site du collectif Louvre pour tous, lancé par le graphiste Bernard Hasquenoph, qui se bat depuis plusieurs mois contre les nouveaux tarifs en vigueur dans le musée phare de Paris (Le Monde du 6 décembre 2004). Outre le collectif, de nombreuses organisations professionnelles appellent à un rassemblement devant la pyramide du Louvre, samedi 15 janvier, à partir de 11 h 30 : le syndicat national des artistes plasticiens SNAP-CGT, l’intersyndicale ministère de la culture (CFDT, SNAC-FSU, SUD, UNSA), la fédération FSU, le comité des artistes-auteurs plasticiens (CAAP), le syndicat national des sculpteurs et plasticiens (SNSP), etc.

En septembre 2004, la direction du Louvre avait supprimé la gratuité d’accès au musée pour les artistes, les enseignants, les étudiants (y compris en art) de plus de 26 ans et les jeunes étudiant l’art à l’étranger, au nom d’une politique tarifaire ciblée sur "les publics les plus fragiles socialement". Cette décision avait suscité une polémique, d’autant qu’un certain nombre d’entreprises mécènes du Louvre, comme Total ou le Crédit agricole, ont obtenu la gratuité pour leurs salariés. Pour éteindre le feu, le Louvre et la Maison des artistes ont signé, le 17 décembre, une convention rétablissant la gratuité pour les artistes. En échange, la Maison des artistes et la Fédération internationale des artistes plasticiens "participeront à la programmation nouvelle du Louvre en matière d’art contemporain, notamment par des interventions dans le cadre des nocturnes - réservées aux - jeunes, le vendredi, et d’ateliers pour les publics prioritaires".

La Maison des artistes est une association qui revendique 13 000 adhérents et qui gère l’assurance des artistes plasticiens affiliés ou assujettis au régime de Sécurité sociale, qui, eux, sont beaucoup plus nombreux - "25 000" selon le président de la Maison des artistes, Rémy Aron.

ENSEIGNANTS EXCLUS

L’accord n’est pas jugé satisfaisant : "Il exclut les enseignants. Il ne concerne que les adhérents de la Maison des artistes titulaires d’une carte professionnelle, et non l’ensemble des plasticiens", résume Catherine Binon, secrétaire générale du SNAP-CGT. Le président de la Maison des artistes s’en défend : "Tous les plasticiens affiliés ou assujettis à la Sécurité sociale pourront obtenir la carte de la Maison des artistes s’ils en font la demande - et donc la gratuité au Louvre. Par solidarité, une cotisation minimum de 16 euros est requise, mais ceux qui le souhaitent en sont exonérés", a-t-il déclaré au Monde.

Quid des autres artistes ? "Un photographe qui cotise à une autre caisse devra payer l’entrée - 8,50 euros -", reconnaît la directrice des publics du Louvre, Catherine Guillou, qui n’exclut pas, toutefois, que la situation évolue compte tenu du "métissage des pratiques". Quant aux critiques d’art, seuls les détenteurs d’une carte de journaliste ou d’une carte professionnelle bénéficient de la gratuité. Les autres doivent s’acquitter de la carte "Louvre professionnels", valable un an, qui coûte 30 euros. Enfin, seuls les enseignants qui ont un projet éducatif (visite d’une classe...) entrent gratuitement grâce à la carte "Louvre enseignants", et non plus ceux qui viennent à titre personnel. "Le musée est en train d’opérer une vraie transformation qui l’inscrit dans la modernité", dit la directrice des publics du Louvre. "Dans la marchandisation", répliquent les adversaires de cette politique.

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