Accueil > Le « KO social » fédère les mécontents

Le « KO social » fédère les mécontents

Publie le mardi 2 mars 2004 par Open-Publishing
1 commentaire

Initié par le groupe Têtes Raides, ce mouvement rassemble artistes et
associatifs de tous horizons opposés aux « politiques réactionnaires ».

Par Didier ARNAUD et Bruno MASI et Tonino SERAFINI

« Avant, ce type d’initiatives était fédéré par les partis politiques, ce
n’est plus le cas. » Aïda Chouk, du Syndicat de la magistrature

Avis de tempête sur la culture et le social. Après les César qui ont ébranlé
le ministre de la Culture et la pétition du magazine les Inrockuptibles
fustigeant « la guerre à l’intelligence » menée par le gouvernement, artistes
et associations se sont retrouvés hier au Zénith de Paris pour le « KO
social ». Un concert regroupant une vingtaine d’artistes, dont Dominique A,
M, Bénabar, Yann Tiersen ou Kent, et autant d’associations aux causes aussi
diverses que le logement, la précarité, les droits des immigrés, la justice,
l’agriculture ou la lutte contre le sida... Avec un seul mot d’ordre
unitaire : réaffirmer le principe de solidarité au-delà des appartenances
partisanes, syndicales ou associatives, et contrer « les politiques
réactionnaires menés par les gouvernements successifs ».

Le groupe Têtes Raides est à l’origine du mouvement et de l’appel « Marchons,
marchons », un pamphlet poético-satirique auquel ont adhéré artistes et
militants. Profondément impliqué dans le champ politico-social, le groupe a
initié en février au Bataclan « les concerts du lundi » : un rendez-vous
hebdomadaire, avec, à chaque fois, des invités venus de la sphère sociale,
tels que les intermittents, des membres de la Confédération paysanne ou du
Syndicat de la magistrature.

« Echec global ». Une onde de mécontentement a pris forme lors de ces
rencontres. Le 15 décembre déjà, le « KO social » avait trouvé sa première
expression scénique : un concert devant 7 000 personnes à la halle
Tony-Garnier de Lyon, des allocutions coup de poing sur le climat politique
actuel et la vague impression de se faire entendre quand, autour, l’inertie
prévaut. « J’ai voté Chirac en 2002, et on l’a senti passer, dit Grégoire
Simon, saxophoniste de Têtes Raides. Ce vote n’était en rien un chèque en
blanc. Depuis, on est en alerte. On assiste au démantèlement des solidarités
interprofessionnelles, ou générationnelles : les lois Perben 2, les crédits
en baisse de la Recherche, la Culture, les urgentistes, la Santé,
l’Education... C’est un constat d’échec global de la politique
d’aujourd’hui. Il faut que les partis entendent ce qui se passe sur le
terrain. »

Cible visée, la droite au pouvoir, Sarkozy comme Aillagon, mais pas
seulement : « Le KO social, ce ne sont pas uniquement les intermittents, pas
plus que les apiculteurs ou le Droit au logement, explique Marc Fromentin,
porte-parole du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti),
parti prenante de la manifestation. C’est un ensemble de prises de positions
qui se fédèrent. Bien sûr, la politique actuelle est clairement visée, mais
on veut dénoncer un véritable mouvement de fond : cette remise en cause des
droits et des libertés qui a même pris de l’ampleur sous les gouvernements
de gauche. Une envie de réaffirmer qu’ensemble on peut changer les choses. »

Pour Aïda Chouk, présidente du Syndicat de la magistrature, il faut être
présent « sur le plus de terrains possibles. On est là pour alerter les gens
et le public jeune. Le KO social est une réunion de mouvements, mais on
n’est pas prêts à renoncer à notre étiquette et l’individualité des
organisations n’est pas niée. Avant, ce type d’initiatives était fédéré par
les partis politiques, ce n’est plus le cas ».

Convergences. Lors de la manifestation qui a précédé la soirée, puis sur la
scène du Zénith, aucune pancarte corporatiste n’a été affichée. Le KO social
craint la récupération, d’où qu’elle vienne : « On cache nos chapelles et on
revendique ensemble, poursuit un militant d’un syndicat de réalisateurs. On
serait discrédités si un parti ou une organisation était mis en avant. Je ne
me reconnais pas dans le discours des élus. La politique aujourd’hui est un
vrai désert. On est une minorité à se mobiliser. Le reste de la population
est endormi, ou a peur. On peut exiger une autre manière de gouverner. C’est
une réappropriation du champ politique, en dehors des partis. »

Dans la foulée du 21 avril, qui avait vu une flopée de musiciens se
mobiliser sur la scène du Zénith contre la présence de Jean-Marie Le Pen au
second tour de la présidentielle, la soirée a permis à d’autres artistes
d’élever la voix, tels Matthieu Chédid, ou Bénabar, aux côtés des habituels
Dominique A ou Yann Tiersen.

Pour Jean-Claude Amara, président de Droits devant !!, « cette conjonction
entre créateurs, universitaires, artistes et le monde des précaires et des
"sans" (logement, papiers, ndlr) n’est pas nouvelle. L’occupation de
l’immeuble de la rue du Dragon par des familles sans logement, fin 1994, et
la création concomitante de Droits devant !!, a été un creuset fantastique.
Aujourd’hui, plus que jamais, face à un gouvernement ignare, cette mise en
commun est fondamentale pour remettre en cause l’action brutale et stupide
des pouvoirs publics. Ces conjonctions vont s’accentuer. Les intermittents
privés d’indemnisations savent bien qu’ils sont des allocataires du RMI ou
du RMA en devenir ».

« Dans le concret ». A la coordination des intermittents et précaires
d’Ile-de-France, présente hier au Zénith, cette initiative relaye une
volonté, affirmée depuis l’automne, d’élargir la lutte : « Cela fait un mois
que toutes les associations qui participent au KO social se réunissent,
réagit un comédien. On réfléchit, on débat, on élabore des tribunes
communes, comme celles entre chercheurs et intermittents. C’est le début
d’un mouvement qui pourrait se prolonger par d’autres "KO social", dans
d’autres villes. Mais on veut éviter le discours altermondialiste global.
Nous, on est dans le concret. On se prend en main. Et si on continue de
fédérer les différentes franges de la population, on arrivera à mettre des
gens dans la rue. »

Messages

  • salut à vous tous,
    nous sommes un collectif de précaires, chômeurs du nord/pas-de-calais ;
    notre nom : faim de droits
    Comment dès lors ne pas être associer à votre appel KO social
    Autre chose pas moins important pour nous :
    exiger la sortie de Nathalie Ménigon
    quand on pense à papon et à le f’loch prigent, il ya là un grave défaut d’égalité !
    à bientôt
    pour Faim de droits
    gervais Robin