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Le Monde libertaire # 1486 du 20 au 26 septembre 2007

Publie le mercredi 19 septembre 2007 par Open-Publishing

Le Monde libertaire # 1486 du 20 au 26 septembre 2007

Hebdomadaire de la Fédération anarchiste, adhérente de l’Internationale des fédérations anarchistes

« Salaires légers, chars lourds » »

Sommaire du Monde libertaire # 1486 du 20 au 26 septembre 2007 :

Les raisons de la colère, par Sami Chemin, page 3

Le sabotage au goût du jour, par un Peinard de la CNT, page 4

L’autruche tacle les socialos, page 5

Tout sur les horreurs feutrées, par Mato-Topé, page 5

Nico et le panier de la ménagère, par Jipé, page 6

La France au pas de lois, par J.-P. Levaray, page 7

Septembre morne, par J.-P. Germain, page 8

Communiqué de la Fédération anarchiste sur les retraites, page 8

Cochons de payants, par J. Langlois, page 9

Le centre Flores-Magon, interview par T. Libertad, page 11

Le petit cauchemar du jour, par Nestor Potkine, page 14

Le prix « Ni dieu ni maître » à Jean Le Gal, par Paco, page 15

« L’Endormeuse », de Jacques Vallet, page 17

Les ondes et nous, par P. Sommermeyer, page 18

José Salamé, une vie pour l’anarchisme, par D. Guerrier, page 19

Radio libertaire, page 22

L’agenda, page 23

Éditorial

Le ploutocrate de Naguy Bocsa veut insuffler dans notre système législatif une nouvelle valeur, typiquement anglo-saxonne, l’équité, la justice rendue en dehors du droit régulier, soit, en ploutocratie, l’égalité économique adaptée aux classes sociales. Omettant de mettre en avant les régimes spéciaux des ministres, députés, sénateurs ou autres agents de la paix sociale tel les soldats, gendarmes ou présidents de la République, il jette à la vindicte populaire les ouvriers et employés qui, par leurs luttes, ont réussi à conserver quelques acquis sociaux, issus de la reconnaissance de la pénibilité de leur travail. Nous comprenons qu’un sénateur, à 53 ans, soit usé par les discours lénifiants qu’il doit se taper à longueur de session (quand il est à son poste, ce qui est rare). C’est pourquoi il peut, dès cet âge-là, revendiquer ses droits à une retraite non méritée. Mais est-ce en nivelant les droits sociaux des classes populaires par le bas, tout en favorisant les patrons, les dirigeants et les forces de répression, que l’on arrivera à une société plus égalitaire ?

Les grandes centrales syndicales semblent peu se soucier du sort de leurs syndiqués qui vont subir cette attaque frontale. Si, pour la forme, ils annoncent qu’ils n’accepteront pas de réformes dont ils ne seront pas les co-auteurs, ils acquiescent à la pseudo-nécessité de la réforme, prélude à la casse générale du système de retraite prévue pour après les municipales.

Nul doute que ces apparatchiks soient prêts à trahir la confiance de leurs mandants pour conserver leurs petits privilèges personnels.

Quant à ceux qui se réclament de gauche, ont les a vus ensemble, sur la même tribune, le week-end dernier à la fête de l’Humanité. Le pseudo-libertaire Besancenot, et les autres représentants de la gauche soit disant anticapitaliste fricotant avec le premier secrétaire du parti qui n’a plus de socialiste que le nom.

Pour gagner quelques places de conseillers municipaux, ils sont prêts à se vendre à ceux qui à la place de Nicolas Sarközy auraient mené les mêmes réformes et tenus le même discours populiste, ayant les mêmes commanditaires.

Il faut dire qu’en bon plutocrate, le saigneur de Naguy Bocsa sait très bien distribuer les charges étatiques, flattant les points faibles de ses adversaires arrivistes pour en faire ses pantins. Il ne nous reste plus à nous, les laisses pour compte de ce changement social qui voit les riches et les puissants se partager le gâteau du fruit de notre labeur, à prendre nous mêmes nos affaires en main, et supplantant les capos qui cherchent à nous mettre au pas, à exprimer notre ras-le-bol dans la rue.

Et en prime, un article de Sami Chemin

Les raisons de la colère

HÉ OUI, LES MÉDIAS SONT AGITÉS par une fièvre obsidionale. Le leader minimo fait tonner
ses canons sur les « nantis » qui bénéficient des régimes spéciaux de retraite.

Conséquence ? Les servants des batteries, c’est-à-dire : journalistes aux ordres, économistes stipendiés, politologues à deux balles, sociologues de salon, etc., se précipitent la bave aux lèvres pour enfourner leurs obus saturés de mensonges dans les tubes cathodiques.

Les prions répandus à doses massives dans l’atmosphère visent à empoisonner les esprits sous des apparences de fausses vérités. Les sondages témoigneraient de l’acceptation de la « réforme » par le plus gros du corps social de ce pays ; mieux, les dits sondés (par intubation ?) appelleraient de leurs voeux ladite « réforme ».

Pauvre mot, devenu orwellien, en ce qu’il sert de masque à l’anthrax de la régression sociale. Là est la magie des chimistes mandatés par les exploiteurs de tout acabit, puisqu’ils ont assez bien réussi la manipulation consistant à dissimuler leur poison sous ce parfum de synthèse qu’ils appellent « équité ».

Tous ces abjects personnages savent parfaitement que la soumission des esprits s’obtient d’abord par leur corruption.

Cet objectif partiellement atteint, les mêmes spéculent sur une résistance moindre des exploités.

Tout leur art consiste ensuite à isoler un maillon fort – c’est-à-dire les salariés couverts par les régimes spéciaux -, puis à les transformer en maillon faible, en les livrant à la vindicte du plus grand nombre, c’est-à-dire leurs frères de classe du privé… et du public, lesquels, sous les offensives de Balladur en 1993 et Fillon en 2003 ont vu leurs droits à la retraite sacrément mutilés.

Ne nous y trompons pas, l’attaque des saigneurs est dirigée contre tous ceux et celles qui, d’une manière ou d’une autre suent le burnous au profit des patrons ou de l’État-patron. Leur argumentation principale se fonde sur un postulat financier saturé de catastrophisme, à savoir qu’à moyen terme le déficit des caisses de retraite sera tel qu’il s’avérera impossible d’assurer le niveau des pensions (ou pire même, leur versement !) qui prévaut actuellement.

L’onction de l’expertise est nécessaire pour faire gober des chiffres partiels, tendancieux, voire parfaitement spéculatifs, donc particulièrement manipulateurs.

Prenez soin de ne pas trop vous charger l’estomac car l’écoeurant spectacle qui nous est imposé vous pousserait aussitôt à vomir…

Dans ces mêmes colonnes, nous aurons prochainement l’occasion de revenir visiter la maison des chiffres d’une manière autrement plus rigoureuse que ne le font les commis du capital, car nous jugeons indispensable de décortiquer la boite à outils de nos ennemis en vue de la détruire.

En vérité, l’objectif du Medef et de sa cohorte bigarrée de domestiques, est de baisser le niveau des retraites de tous les salariés en rendant impossible l’atteinte de leur taux plein.

De facto, Parisot et son majordome teigneux (mais pas taiseux) veulent amener la durée des cotisations à quarante cinq annuités ou peu s’en faut. Les autoproclamés « briseurs de tabous » se gardent bien de toucher à la vache sacrée des cotisations patronales et de proposer leur augmentation, lesquelles pourraient être relevées largement, vu la captation de plus en plus importante de la valeur ajoutée produite par les travailleurs au profit précisément du capital. Mais nous les comprenons, puisque sous la peau truffée de parasites de la vache en question, se dissimule un taureau furieux arc-bouté sur la spoliation du plus grand nombre. Quoi qu’il en soit, chaque année se sont plusieurs centaines de milliers de travailleurs qui partent à la retraite, (volontairement ou pas), avec une moyenne de trente sept années de cotisation (trente trois dans la fonction publique).

On ne saurait mieux dire la grossièreté du stratagème des zélotes de l’égalité, et la médiocrité de leurs assertions, mais la toxicité des purges qu’ils veulent nous contraindre à avaler se fiche éperdument de ces « détails ».

Pourtant, nombreux sont ceux qui veulent tenir l’entonnoir. Tous les porcs qui bâfrent les eaux grasses servies par leurs maîtres disent que cette casse…– euh pardon cette « réforme » – doit se faire en douceur, avec « pédagogie », ou comme le dit Hollande « sans précipitation ». Incontestablement les travailleurs ont tout lieu de craindre la glose des uns et les effets de manche des baronnies et coteries syndicales. Le numéro un d’une centrale dit : « Si le gouvernement procédait par le fait accompli, il risquerait d’y avoir du sport et pas seulement sur les terrains de rugby. » Un autre, tout en paluchant sa batterie de stylos prêts-à-signer, indique qu’il « reconnaît la nécessité d’une réforme, mais qu’elle doit se faire dans le dialogue et la concertation ».

Bref, pour une poignée de cerises, par exemple le relèvement des pensions les plus basses ou d’autres mesures cosmétiques, ces lutteurs d’opérette sont prêts à légitimer leurs futures reculades.

Nous sommes au temps des vendanges, mais cela n’est pas une raison pour que nous finissions broyés dans le pressoir des propriétaires de châteaux.

Oui, acides sont les raisons de la colère, aussi crachons dans leur sale vin de messe, et refusons à jamais d’être des pénitents soumis au jeûne.

S. C.

Et pour finir, l’agenda du Monde libertaire :

Vendredi 21 septembre

Saint-Denis (93)
La Société de défense des laïques non-croyants, non-croyantes et athées organise une Rencontre-débat avec Bernard Teper, président de l’UFAL sur le thème : Lier le combat social et le combat laïque. À 19h30 à la Bourse du Travail de Saint-Denis, 9, rue Génin. Métro ligne 13-station Porte-de-Paris.

Samedi 22 septembre

Toulouse
Les éditions du Monde libertaire, éditions fédérales de la Fédération anarchiste, seront présentes au 3e Salon du livre Anarphabète qui a lieu à la Cépière, 8 rue de Bagnolet (métro Arènes Bus 13 — Rocade ouest sortie 27 direction centre ville). Nombreux stands d’éditeurs, dédicaces, apéro, buffet, cinéma, musiques et animations. AAEL : 0561438010

Limoges (87)
Sacco et Vanzetti : « Notre agonie est notre triomphe » Projection du film d’Hélène Châtelain : Chant public devant deux chaises électriques, réalisé à partir de la pièce d’Armand Gatti. Conférence-débat avec Ronald Creagh, historien et auteur de : « L’affaire Sacco et Vanzetti ». Hôtel de Région à Limoges à partir de 14 heures Salle vidéo Lac du Causse. Entrée libre. Contact : Mémoire à vif (www.memoireavif.info) 0555308525

Lundi 24 septembre

Paris 20e
À 20 heures Cela s’appelle « Vive la Sociale ! » C’est au Vingtième théâtre (7, rue des Plâtrières, métro Ménilmontant). Il y aura Les Chanteurs Livreurs, Bruno Daraquy, Elizabeth Hélène Maurice, Nathalie Solence, Serge Utgé-Royo Des chansons pour protester, revendiquer, se moquer, fraterniser… Rêver à des lendemains qui chantent…" Réservations 0143522040 ou 0143660113. Tarifs 20 et 15 euros.

Samedi 29 septembre

Paris 18e
La bibliothèque la Rue (rue Planquette Paris 18) reprend son cycle de débats-rencontres ; les premiers invités seront les membres de la revue Réfractions le samedi 29 septembre à partir de 15h30.

Paris 11e
Foum-débat de la libairie du Monde libertaire autour du livre « Perspectives politiques » de Noam Chomsky présenté et traduit par Franck Mintz qui animera le débat.145, rue Amelot 16 heures30

Mardi 25 septembre

Chambéry
Le groupe FA de Chambéry vous invite à un pot de rentrée à 19 heures. Salle A113 de la Maison des Associations [contact : La Salamandre — Maison des Associations –Boite X33 — 73000 CHAMBERY. Mail : FA73@nolog.org

Samedi 20 octobre

Paris 11e
Diffusion du filmSacco & Vanzetti au Maldoror, 10, rue du Grand-Prieuré. Métro Oberkampf ou République.

Le Monde libertaire, chaque jeudi dans vos kiosques, 24 pages en couleurs pour deux euros