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Le non et ses suites... Ou l’Europe classé sans suites ?
Publie le lundi 23 mai 2005 par Open-Publishing1 commentaire
Retournons la question la plus posée depuis un mois sur vos télés : et si le oui l’emportait ? Déjà, on n’est pas entièrement certains que la Constitution s’appliquerait partout : le non est en tête dans les sondages aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, et en Pologne. Supposons que tout les pays disent oui à cette constitution, même par des voies parlementaires.
La Constitution pose alors les bases pour fortifier une Europe, il fait être honnête même en étant partisan du non. Cependant, il y avoir une possibilité de renforcer un certain type d’Europe, la même que l’on bâtit depuis le traité de Rome, mais surtout celle que l’on bâtit depuis une vingtaine d’année. Ceux qui défendent le oui de gauche comprennent probablement où je veux en venir : on ne fortifiera que cette "Europe libérale", l’euro-marché, puisque c’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui.
Bien sur, on invoquera les avancées sociales. Ainsi, il y a "la charte des droits fondamentaux", mais elle ne contraint aucun gouvernement : partisans du oui, comme du non, s’accordent pour dire que 95% du droit du travail reste à déterminé par l’Etat-nation et non par l’Europe. Et l’on ne peut pas dire aux partisans du non "vous refusez la constitutionnalisation des politiques de la troisième partie bien que ces politiques sont appliquées depuis des années" (art III-148 "les Etats membres s’efforcent de procéder à la libéralisation de leurs services au delà de la mesure qui est obligatoire", etc), et en même temps expliquer tout sera plus sociale en appliquant les mêmes mesures qu’auparavant : libéralisations des services publics selon les souhaits de Bruxelles (qui ne fait souvent que relayer les directives provenant de l’OMC ou découlant des AGCS). De même que ce concept de "service économique d’intérêt général" ne signifie pas exactement "service public" (et n’est pas non plus la traduction de "service public" dans les autres pays européens comme on peut parfois l’entendre), voir l’article de Raoul-Marc Jennar (-[->https://bellaciao.org/fr//?page=article&id_article=14700).
Ce qu’il risque d’advenir si l’on poursuit comme depuis 20 ans (l’époque Tchatcher), ou à plus forte raison, comme depuis Maastricht, c’est la poursuite des mouvements et tendances politiques (et économiques) telles qu’elles se passent depuis lors. C’est à dire que l’on empêche pas les libéralisations (même si l’on ne fait rien pour les réduire), que, pour cette raison, une certaine partie de la population va se dégouter de l’Europe. Devenir europhobe. Et voter europhobe, c’est à dire pour un extrême totalement opposé à toute idée de construction européenne : ça, c’est l’extrême droite.
Il est étonnant que, alors qu’il n’y avait jamais eut autant d’Europe, on n’ait pas cherché quelques particules de raisons de ce côté-ci, le 21 avril 2002. Bien sur, il y eut dispersion des votes à gauche. Bien sur, il y eut 16 candidats. Mais est-ce que le candidat du front national n’a fait que profiter de cette dispersion. Regardons la réalité en face : Le Pen n’a pas fait que profiter de la dispersion des voix, il a gagné des électeurs (environ 300.000 entre 1995 et 2002, il faut aussi compter sur le renouvellement d’un électorat vieillissant, et il gagne plus de quatre millions d’électeurs depuis 1974). Il y eut la campagne médiatique sur l’insécurité, dont Chirac aura amplement profité, mais est-ce suffisant ?
La France pourrait encore être un phénomène isolé, mais l’on aperçoit le renouveau des tendances fascistes ou populistes dans un certain nombre de pays européens (souvent parmi les fondateurs) : Italie (avec Berlusconi et la ligue du nord), l’Allemagne où les discours de la CDU frisent avec la xénophobie (tout comme chez les conservateurs britanniques), les Pays-Bas (P.Fortuyn), l’Autriche (Haider),...
Demain, si le oui l’emporte, nous risquons d’être victime de cet empressement à construire "une Europe politique et sociale" qui n’est, jusqu’ici, que "marché et économie" ou presque. Une des seules solutions pour avancer vers un tel objectif, c’est de procéder à une harmonisation économique et sociale (vers le haut), de mettre en place des services publiques européens, avant de sérieusement envisager une fédération démocratique. Alors, le 29 mai... Et quand bien même le oui l’emporterait de justesse, il ne faudra pas oublier cette part de gens devenus électeurs de l’extrême-droite, car désabusé de l’Europe. Il ne faudra pas, à la réflexion, expliquer que le oui aura brisé le rêve européen.
Et il ne faudra pas oublier les responsabilités des rédacteurs de la Constitution. Car même une "bonne" Constitution de 350 pages pourrait-elle redonner un espoir européen à un peuple ?
r3516876@hotmail.com
Messages
1. > Le non et ses suites... Ou l’Europe classé sans suites ?, 23 mai 2005, 22:51
Un truc que j’ai oublié de préciser : la montée des extrêmes est le genre d’argument qu’il fallait éviter dans la campagne, et qu’il faut éviter jusqu’au 29...
Tout simplement parce que l’on risque de jouer sur les peurs des gens, alors que l’objectif serait plutôt de les amener à la raison.
Le non de la raison est celui de l’action. Le non de la peur, c’est celui de le pen et de villiers.