Le plan d’austérité britannique va peser sur le social

La Grande-Bretagne s’apprête à trancher sans ménagement dans ses dépenses publiques, sociales notamment, dans le cadre d’un plan d’austérité qui pourrait sceller le sort de l’économie et du gouvernement de coalition.

Après des mois d’âpres négociations, le ministre des Finances, George Osborne, devait exposer mercredi à 11h30 GMT son plan de réduction des dépenses, à hauteur de 80 milliards de livres (91,3 milliards d’euros).

Des coupes budgétaires de 25% en moyenne sont attendues dans les secteurs jugés non prioritaires.

Le gouvernement de coalition entre les conservateurs et les libéraux-démocrates s’est donné l’objectif de ramener son déficit de 11% du PIB - le plus élevé des pays du G7 - à 2% du PIB en cinq ans, soit un effort de 113 milliards de livres (129 milliards d’euros), dont un quart proviendra de hausses d’impôt.

Aucun gouvernement britannique n’a jamais entrepris de plan de réduction des dépenses aussi ambitieux et l’Institut national de recherche économique et sociale, un cercle de réflexion, a estimé mercredi que le cabinet Cameron ne pourrait sans doute mettre en oeuvre que la moitié des coupes prévues.

Les économistes sont partagés entre la nécessité de juguler un déficit galopant et le risque de voir la Grande-Bretagne rentrer en récession sous l’effet d’une rigueur excessive.

Tous anticipent en revanche un ralentissement de la croissance et attendent de la Banque d’Angleterre une souplesse extrême de sa politique monétaire à court terme.

Les syndicats protestent d’ores et déjà contre la perte potentielle d’un million d’emplois publics mais pour l’instant, peu d’observateurs tablent sur un mouvement de contestation dur, comme ont connu d’autres pays européens contraints à l’austérité.

LA CONFIANCE S’EFFRITE

Pour l’heure, le gouvernement a annoncé une réduction de 8% du budget de la Défense, une baisse inférieure à celle attendue et qui laisse donc entrevoir des coupes plus dures dans d’autres secteurs.

L’exécutif s’est engagé à préserver la santé, l’éducation et les aides à l’étranger.

Le budget de la recherche devrait être relativement épargné et ne subir qu’une baisse de 9%, a dit mardi à Reuters une source gouvernementale. Osborne souhaiterait marquer ainsi son soutien aux domaines susceptibles de générer de la croissance à long terme.

Les aides sociales devraient en revanche être très affectées selon un autre responsable.

Le chancelier de l’Echiquier a déjà promis de les diminuer de 11 milliards de livres et l’on s’attend à ce que ce chiffre augmente encore, même si cela doit provoquer un tollé, comme ce fut le cas lorsqu’a émergé l’idée de supprimer les allocations familiales pour les familles aux plus hauts revenus.

Quoi qu’il en soit, 38% des Britanniques continuent de penser que les conservateurs ont une meilleure politique économique que les travaillistes, alors qu’un quart des sondés ferait davantage confiance à l’opposition, selon une étude Reuters/Ipsos publiée mardi.

Le soutien de l’opinion dépendra pour l’essentiel de la façon dont l’économie du pays supporte ce programme.

La perspective d’une croissance faible pendant deux ans, le temps que le secteur privé prenne la relève, fait consensus, mais certains économistes redoutent une situation plus difficile et plusieurs indicateurs de la confiance des ménages et des entreprises donnent déjà des signes d’érosion.

Grégory Blachier pour le service français

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