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Le sauvetage des banques va plomber le budget irlandais

Publie le jeudi 30 septembre 2010 par Open-Publishing
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par Carmel Crimmins et Andras Gergely

DUBLIN (Reuters) - L’Irlande a porté jeudi à près de 40 milliards d’euros au pire l’estimation du coût "définitif" du renflouement de ses banques, une facture alourdie qui obligera le gouvernement à présenter en novembre un nouveau plan d’assainissement budgétaire sur quatre ans.

Le ministre des Finances, Brian Lenihan, a expliqué que des efforts accrus seraient nécessaires pour ramener le déficit de l’Etat sous la barre de 3% du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2014, après l’annonce par la banque centrale de besoins supplémentaires en capitaux pour Anglo Irish Bank ainsi que pour Allied Irish Banks et pour l’établissement de crédit immobilier Irish Nationwide.

La seule facture du renflouement d’Anglo Irish devrait atteindre au moins 29,3 milliards d’euros et elle pourrait culminer au pire à 34 milliards. Allied Irish, de son côté, a besoin de trois milliards de plus avant la fin de l’année et Irish Nationwide de 5,4 milliards.

Ce nouveau renflouement fera de l’Etat l’actionnaire majoritaire d’Allied Irish car il n’est pas envisageable de faire appel aux capitaux privés, a précisé Brian Lenihan, qui a qualifié d’"horrible" le coût du sauvetage du secteur financier.

Le déficit public irlandais devrait en effet atteindre cette année 32% du PIB, soit plus de 10 fois le plafond fixé par Bruxelles. Le ratio dette/PIB devrait, lui, approcher 99% fin 2010.

"Les coûts budgétaires supplémentaires, et en particulier l’augmentation du ratio dette/PIB qu’ils impliquent, confirment la nécessité d’une reprogrammation de la situation budgétaire", a déclaré le gouverneur de la banque centrale, Patrick Honohan, dans un communiqué.

Ces annonces ont fait reculer l’euro sur les marchés des changes et la Bourse de Dublin perdait 0,4% en début de séance après ces annonces. En milieu de matinée, cependant, l’euro se reprenait et la Bourse ne cédait plus que 0,12%, les investisseurs prenant en compte ces clarifications qu’ils attendaient.

Parallèlement, l’écart de rendement entre les emprunts d’Etat irlandais à 10 ans et leurs équivalents allemands, qui mesure la "prime de risque" exigée par les investisseurs pour prêter à Dublin plutôt qu’à Berlin, refluait très légèrement, à 459 points de base.

Et sur le marché des "credit default swaps", des instruments financiers utilisés comme assurance contre un risque de défaut de remboursement, les CDS irlandais reculaient eux aussi, à 218 points contre 228 mercredi à New York, selon la société spécialisée CMA.

AUDACIEUX

"Je trouve cela audacieux car ils sont vraiment en train de nous annoncer les mauvaises nouvelles de but en blanc. Je crois que le marché avait besoin d’être informé, et il l’est", a commenté Padraic Garvey, stratège taux d’ING.

"Le chiffre du déficit est assez impressionnant, il est supérieur à ce que représentait la dette de l’Etat il y a quelques années, ce qui constitue une situation assez incroyable", a-t-il ajouté.

Brian Lenihan a précisé que les coûts liés aux banques seraient étalés sur plus de dix ans.

Pour Irish Nationwide Building Society , à l’origine un établissement mutualiste de crédit et de produits d’épargne, la facture de la crise atteindra 5,4 milliards d’euros, soit deux fois l’estimation initiale.

Les autorités européennes avaient appelé mercredi Dublin à présenter rapidement un plan détaillé de réduction d’ici 2014 de son déficit budgétaire, le pire de la zone euro rapporté au PIB.

Jeudi, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a salué les annonces irlandaises en jugeant "gérable" le coût du sauvetage d’Anglo Irish Bank.

Brian Lenihan a reconnu que les coupes dans les dépenses publiques seraient supérieures en 2011 aux trois milliards d’euros prévus initialement.

Le gouvernement du Premier ministre Brian Cowen ne dispose que d’une très courte majorité parlementaire et doit faire face à la colère d’une bonne partie de l’opinion publique, ce qui pourrait compliquer l’adoption d’ici la fin de l’année de nouvelles mesures d’austérité dans un budget qui s’annonçait déjà rigoureux.

A ce jour, l’Etat a déjà injecté près de 23 milliards d’euros de capitaux frais dans Anglo Irish Bank.

Brian Cowen avait bénéficié d’une large reconnaissance internationale pour s’être attaqué très tôt à la réduction du déficit mais cette aura s’est dissipée au fil du temps face aux craintes de plus en plus vives d’un alourdissement de la facture du sauvetage des banques.

Brian Lenihan a précisé jeudi que l’Etat, dont le financement est déjà assuré jusqu’à fin juin 2011, avait décidé d’annuler les émissions obligataires initialement prévues en octobre et novembre et qu’il ne reprendrait des adjudications habituelles que début 2011.

Gwénaëlle Barzic et Marc Angrand pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/economie/20100930.REU0379/le-sauvetage-des-banques-va-plomber-le-budget-irlandais.html

Messages

  • Les banques centrales “eboueurs” des actifs pourris des megabanques :

    Le secteur bancaire tremble... mais la Fed veille !

    par Philippe Béchade

    Jeudi 30 Septembre 2010

    Les places européennes se sont montrées volatiles ce mercredi, Wall Street pas du tout ! Mais avec ou sans graphiques en montagnes russes, tous les indices boursiers ont passé la majorité de la séance en territoire légèrement négatif...

    Cela peut s’expliquer alors que le Dow Jones, par exemple, enregistre la plus forte hausse des 71 dernières années à l’issue d’un mois de septembre (nous avons largement débattu des divers aspects de cet exploit singulier).

    Ce qui nous frappe, c’est que l’atmosphère semblait déjà "figée" outre-Atlantique à la veille de l’ultime séance du troisième trimestre, tandis que des vents tourbillonnants soufflaient encore sur le Vieux Continent.

    Les causes sont à rechercher du côté des marchés des changes où la guerre des devises dénoncée mardi par le ministre du Commerce brésilien s’annonce longue et impitoyable entre le Japon, l’Europe et les Etats-Unis.........

    http://www.la-chronique-agora.com/articles/20100930-3067.html

    Les guerres monétaires et les contradictions du capitalisme

    Par Nick Beams
    29 septembre 2010

    http://www.wsws.org/francais/News/2010/sep2010/mone-s29.shtml