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Le veritable etat de sante d’Arafat

Publie le lundi 8 novembre 2004 par Open-Publishing

Assez !
8 novembre 2004 - Par Sami El Soudi

Tôt ce matin, j’ai été happé par l’un des médecins traitants d’Arafat, du temps de sa présence à la Moukata de Ramallah, qui m’a expressément demandé de faire état de ses dires sur la Ména.

C’est que notre petite agence de presse est de plus en plus lue, même parmi les dirigeants de la cause palestinienne, sur l’opinion que nous serions peut-être le seul média qui soit à la fois correctement informé et qui livre ses informations sans tenter de ne manipuler personne.

Comme la plupart d’entre vous, je présume, j’étais persuadé que le fait de maintenir l’ex président de l’Autorité Palestinienne sous respiration artificielle permettait, outre de prétendre qu’il était encore en vie, de conserver artificiellement l’état de ses organes. C’est précisément la raison de la demande urgente d’intervention du praticien : On se trompait.

D’après cet excellent tabib ("médecin" en arabe, à l’origine de notre argot "toubib" Ndlr.) malgré le recours fait à la pompe à oxygène, dans l’état d’Arafat, celui-ci est bel et bien mort. "Il ne s’agit pas seulement d’une mort cérébrale", insiste mon interlocuteur, "mais le raïs se trouve effectivement dans un état cadavérique. Vous comprenez," poursuit-il, "l’action du respirateur permet uniquement une pseudo activité cardiaque appelée DEM, pour Disfonctionnement Electro Mécanique. On distingue bien une activité du cœur mais celle-ci est fort différente de celle d’un être vivant. Sur l’électrocardiogramme on lit des vagues rondes, en lieu et place des séquences habituelles du rythme cardiaque et le retour à une activité d’un cœur vivant est carrément impossible, du moins elle n’a jamais été observée".

Quand je lui demande ce que cela peut bien changer pour le patient, le médecin s’emporte un peu : "La plupart des fonctions organiques n’ont pas lieu, des fonctions métaboliques, des échanges. Le corps ne contrôle plus rien et les liquides s’échappent des orifices. Le sang, les urines, les matières fécales. Il faut aussi remplacer le sang issu de ces pertes afin de conserver les apparences. Dans mon service, on appelle cela torturer un mort ! Et puis il y a l’odeur que dégage le corps et c’est celle, insupportable, de la mort. Le corps d’Arafat a commencé à se décomposer ; pourquoi pensez-vous qu’il faille prélever les organes très rapidement sur un donneur en état de mort cérébrale, si l’on entend les transplanter ?" conclut le tabib révolté.

Ouf... Mon opposition politique à Arafat n’a jamais fait l’objet d’un secret pour personne mais même si je le tiens pour responsable de notre situation catastrophique et que j’ai ardemment souhaité son départ des affaires, les révélations que je viens d’entendre me répugnent. Arafat a, comme tout autre être humain, le droit au respect, qui, dans le cas présent, se traduit par le droit à mourir décemment. Sa dépouille est désormais l’otage des déchirements entre les ayants droit à son magot ainsi qu’à l’autorité dont il jouissait. Et c’est sa femme, Souha, qui ne partageait plus ses souffrances depuis de longues années ni celles du peuple de Palestine, menant la vie de château dans le plus luxueux des palaces parisiens, qui refuse à Arafat l’accès à la paix éternelle. Elle craint que si on coupe le respirateur avant qu’elle ait pu régler sa part de l’héritage, l’argent ira à l’Autorité Palestinienne ; alors elle fait le siège de l’hôpital et joue de ses nombreuses amitiés au sommet de l’Etat français. Elle inspire le mépris aux médecins, qui sont d’ailleurs au bord de la rébellion ouverte mais c’est elle, l’épouse, qui en principe détient la décision d’arrêter la machine, de faire cesser le massacre.

Bien entendu, la visite prévue aujourd’hui des deux dirigeants de fait de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas et Ahmed Qoreï, en compagnie du pantin hyper arafatien Nabil Cha’at, en guise de dépositaire de la volonté du "Vieux", n’a pas pour but de vérifier de visu l’état de mort de l’ancien leader mais de demander à Jacques Chirac la permission de couper le respirateur. Ils forment, en quelque sorte et à eux trois, le panel entier de la légitimité de la continuation du pouvoir de l’Autorité. Leur départ a été décidé après le retour de France de Mohamed Dahlan, porteur d’une offre de partage de l’héritage d’Arafat de la part de Souha. Après l’avoir entendu, tous les dirigeants présents à la Moukata ont décidé que le trio devait prendre le premier avion en partance pour la capitale française afin de parler à Chirac. Ils doivent lui demander de faire cesser les tortures demain soir, à l’occasion de la nuit d’Al-Kader, la nuit où, selon la tradition musulmane, Allah a révélé le Coran à son prophète Mohamed. Cela donnera une dimension mystique à la disparition d’Arafat, selon les calculs des dirigeants palestiniens et cela aidera à faire passer la pilule.

Lorsqu’elle a appris la nouvelle, l’épouse légitime a laissé éclater sa colère dans une déclaration téléphonique à Al-Jazeera. Lors d’une furieuse intervention, elle a accusé la direction palestinienne de vouloir "enterrer son mari vivant". Dans ce qu’elle a décrit comme un "appel au peuple palestinien", elle affirme que "Yasser Arafat est o.k, qu’il est sur le chemin de la maison" et qu’une bande de "conspirateurs qui ne représentent pas notre peuple", qui entend hériter (de sa fortune) et usurper son rôle, est en route pour Paris. Elle s’exprimait en hurlant.

C’est que, dans cette guerre autour d’un cadavre, le sens de la déclaration du ministre français des Affaires Etrangères, Michel Barnier, est difficile à saisir. Hier soir, il affirmait que : "la condition d’Arafat était "très complexe, très sérieuse mais stable. Qu’il était encore en vie." Une déclaration qui a eu pour effet d’ajouter à la chienlit ambiante et d’enrager le corps médical, totalement décrédibilisé par les déclarations fantaisistes du clan Souha.

Barnier, ajoutait son diagnostic à celui du valet de chambre Abou-Rodeihah, pour lequel Abou Ammar n’est même pas dans le coma. Au même moment Cha’at affirmait sur CNN, qu’il se trouvait "dans un état de coma réversible".

Suite aux déclarations de Souha et à des "mauvaises ondes" captées en provenance de l’entourage de Chirac, Mazen et Ala pourraient ne pas partir pour Paris. C’est qu’ils tiennent bien la situation en mains mais qu’un échec à l’Elysée pourrait remettre leur autorité en question.

Devant le traitement que sa famille et ses amis européens infligent à la dépouille de Yasser Arafat et devant la tragi-comédie lamentable que nous présentons au monde, certains posent la question : Où est la Palestine ?

Yallah, Hallas ! Assez !