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Les Suisses interdisent la construction de nouveaux minarets : les réactions affluent...

Publie le dimanche 29 novembre 2009 par Open-Publishing
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Des minarets ne pourront plus être érigés en Suisse. L’initiative populaire "contre la construction" de ces tours ornant les mosquées a été clairement acceptée dimanche par référendum, ce qui constitue une surprise. Près de six votants sur dix se sont prononcés en faveur de cette initiative, considérée par ses opposants comme une menace pour la paix religieuse en Suisse.

L’initiative anti-minarets était donnée perdante par les sondages. Elle a pourtant clairement passé la rampe, recueillant 1.534.054 voix, soit 57,5%. Le "non" a obtenu 1.135.108 voix, soit 42,5%. Le taux de participation a atteint 53,4%.

Lancée par des membres de l’Union démocratique du centre (UDC, droite populiste) et de l’Union démocratique fédérale (UDF, droite chrétienne), l’initiative "contre la construction de minarets" avait été déposée en juillet 2008 avec plus de 113.000 signatures valables.

Demandant d’inscrire dans la Constitution fédérale la phrase "la construction de minarets est interdite", elle nécessitait la double majorité du peuple et des cantons. L’UDC était le seul parti gouvernemental à recommander le "oui".

Affirmant que l’initiative n’était pas dirigée contre l’islam ou les musulmans, ses promoteurs disent s’opposer à une "islamisation sournoise de la Suisse". Ils estiment que le minaret n’a pas de fonction religieuse et qu’il n’est d’ailleurs pas cité dans le Coran. Selon eux, cet édifice signalant la présence d’une mosquée est le "symbole d’une revendication de pouvoir politique et sociale de l’islam". Il serait instrumentalisé par des intégristes qui chercheraient à imposer "la charia" en Suisse, ont-ils dit.

Jugé contraire à des droits fondamentaux comme la liberté de religion ou le principe de non-discrimination, le texte était combattu par le Conseil fédéral (gouvernement) et le Parlement. Ceux-ci ont mis en garde contre des conséquences négatives sur la paix religieuse et en matière de politique extérieure.

Les opposants estimaient que l’initiative n’allait résoudre aucun problème mais en créer de nouveaux en exacerbant les fanatiques religieux. Déjà lors de son dépôt et de manière inhabituelle, le Conseil fédéral avait immédiatement pris position en s’opposant fermement au texte.

La campagne de votation avait été marquée par un vif débat et une polémique autour de l’une des affiches en faveur de l’initiative. Représentant une femme en burqa noire avec sept minarets noirs fichés sur le drapeau suisse, les affiches avaient été interdites dans plusieurs villes, dont Lausanne et Fribourg. Les promoteurs de l’initiative ont dénoncé une forme de censure. La crise avec la Libye s’est par ailleurs à plusieurs reprises invitée dans le débat.

Il existe actuellement quatre minarets en Suisse : au Petit-Saconnex à Genève, à Zurich, Winterthour (canton de Zurich) et Wangen bei Olten (canton de Soleure). Un recours a été déposé contre l’autorisation d’en construire un à Langenthal (canton de Berne).

"Le peuple suisse et les cantons ont accepté à la majorité l’initiative populaire ’contre la construction de minarets’", a déclaré dans un communiqué le Conseil fédéral, qui "respecte cette décision".

"La construction de nouveaux minarets est désormais interdite en Suisse. Les quatre minarets existants ne sont pas concernés. Il reste également possible de construire des mosquées. Les musulmans de Suisse peuvent donc toujours pratiquer leur religion, comme ils le faisaient jusqu’à présent, individuellement ou en réunion avec d’autres", précise le communiqué.

La décision prise dimanche, ajoute le gouvernement, "ne constitue pas l’expression d’un rejet de la communauté musulmane, de sa religion ou de sa culture ; le Conseil fédéral s’y engagera". La "paix religieuse est un élément essentiel du modèle qui a fait le succès de la Suisse", souligne-t-il.

La Conférence des évêques suisses (CES), qui s’était engagée pour le rejet de l’initiative sur les minarets, a estimé que "la décision du peuple représente un obstacle et un grand défi sur le chemin de l’intégration dans le dialogue et le respect mutuel".

L’Union patronale suisse a aussi déploré dimanche le "oui" à l’initiative, qui "nuit à la réputation de pays ouvert et tolérant dont jouit la Suisse et entraîne des conséquences négatives pour son économie". Cette interdiction "est contraire à la liberté de religion et vexatoire à l’égard des musulmans généralement bien intégrés", ajoute l’UPS.

"Le ressentiment a pris le dessus", a de son côté déploré Saida Keller-Messahli, président du Forum pour un Islam progressiste. Selon elle, l’initiative aura des conséquences judiciaires car elle viole le principe de la liberté de religion.

Quelque 400.000 musulmans vivent en Suisse sur une population totale d’environ 7,6 millions d’habitants, selon une estimation de la Fédération d’organisations islamiques de Suisse (FOIS), sur la base du dernier recensement de la population réalisé en 2000. A l’époque, on dénombrait environ 311.000 musulmans. AP

http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/international/europe/20091129.FAP5453/les_suisses_interdisent_la_construction_de_nouveaux_min.html


Minarets interdits en Suisse : les réactions affluent

Satisfaction de . « A une très franche majorité, les Suisses viennent de faire mentir les sondages, en refusant massivement l’édification de minarets en . En Suisse, comme en , les +élites+ étaient pourtant massivement pour. [...] Ces +élites+ doivent cesser de nier les aspirations et les craintes des peuples européens qui, sans s’opposer à la liberté religieuse, rejettent les signes ostentatoires que veulent imposer des groupes politico-religieux musulmans, souvent à la limite de la provocation », a déclaré dans un communiqué la vice-présidente du FN, Marine Le Pen.

« Au moment où Nicolas Sarkozy réduit, sur ces sujets, son action à un électoralisme cynique », elle a appelé « les Français qui n’ont pas la chance de pouvoir s’exprimer par référendum à le faire, massivement, lors des élections régionales de mars prochain ».

« Un vote d’intolérance » pour la Grande mosquée de Lyon  : « Il s’agit d’un vote d’intolérance, tournant le dos aux bases juridiques les plus constantes qui, à travers le monde, garantissent la liberté de religion, a fait savoir dans un communiqué Kamel Kebtane, recteur de la grande mosquée de Lyon. J’appelle à une réaction de tous les musulmans, des fidèles de toutes les religions, et de tous les démocrates, au niveau européen, pour s’opposer à ce que ce vote, contraire aux fondements du droit, devienne une loi ».

La droite italienne pavoise : « La Suisse nous envoie un signal clair : oui aux clochers, non aux minarets. Ce qui semble ressortir du choix du peuple suisse est d’une part le respect de la liberté de religion, de l’autre la nécessité de mettre un frein aux aspects politiques et de propagande liés à l’islam. Cela « devrait nous faire réfléchir », a déclaré le ministre de la Simplification administrative Roberto Calderoli (Ligue du Nord, parti populiste anti-immigrés) à l’agence de presse italienne Ansa.
De son côté, Riccardo De Corato, député du Peuple de la liberté (droite, parti de Silvio Berlusconi) et maire-adjoint de Milan, a estimé que « la très démocratique Suisse a donné aujourd’hui une leçon à l’Italie, en particulier aux militants de gauche qui, si une initiative de ce genre avait eu lieu en Italie, auraient monté des barricades et crié au scandale ».

« Coup dur pour liberté religieuse », d’après l’évêché suisse. « Les évêques ne sont pas contents. C’est un coup dur pour la liberté religieuse et l’intégration. Le concile Vatican II dit clairement qu’il est licite pour toutes les religions de construire des édifices religieux, et les minarets sont des édifices religieux. Les gens ont peur de ceux qui viennent de loin, de ceux qu’ils ne comprennent pas » et puis « il y a eu aussi une propagande assez dure », du coup « les gens ont peur et se referment sur eux-mêmes », a déclaré Mgr Felix Gmür, a déclaré dimanche le secrétaire général de la conférence épiscopale suisse dans un entretien à Radio Vatican.

http://www.leparisien.fr/international/minarets-interdits-en-suisse-les-reactions-affluent-29-11-2009-728203.php

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