Les barrages vont-ils céder ? CHINE

SÉISME - BARRAGE DE ZIPINGPU (CHINE)

Les barrages vont-ils céder ?

Une vue générale du réservoir Zipingpu dans le grand canyon fluvial Minjiang dans la province du Sichuan, non loin de l’épicentre du séisme qui a ravagé cette province lundi. Le réservoir Zipingpu est un réservoir de grande échelle en amont de Dujiangyan. Les autorités prétendent que le barrage est actuellement stable, pourtant de nombreux experts sont inquiets pour la pérennité du barrage. - le 15 mai 2008, 23h30
Le Matin

Le séisme du Sichuan fait peser des menaces sur la sécurité des nombreuses installations hydrauliques de la province, comme le réservoir de Zipingpu, confortant les craintes des opposants aux barrages, qui se sont multipliés ces dernières années en Chine.

Les autorités chinoises ont détecté des anomalies sur quelque 410 réservoirs d’eau de cinq provinces et de la Municipalité autonome de Chongqing, consécutives au séisme, a annoncé hier la télévision officielle.

Le ministre des Ressources hydrauliques Chen Lei a reconnu mercredi la préoccupation des autorités pour les installations hydrauliques, en particulier celles du Sichuan (sud-ouest), où s’est produit le tremblement de terre lundi.

La sécurité en question
« La Chine rencontre de sérieux problèmes de sécurité et de prévention des inondations dans les réservoirs, les centrales hydrauliques, les barrages et autres installations », a déclaré Chen Lei.

Ces problèmes sont localisés « surtout au Sichuan où les réservoirs sont nombreux, les dommages dus au séisme également, et le degré de danger pas clair », ajoute le ministre. Chen Lei a souhaité l’envoi de nouvelles équipes d’experts au Sichuan où abondent les barrages sur des affluents du Yangzi Jiang.

Son vice-ministre, Jiao Yong, était arrivé dès mardi dans la province à la tête d’une première équipe de six personnes, selon Chine Nouvelle.

Les experts du ministère, qui ont contrôlé des installations locales, n’avaient jusqu’à présent pas annoncé de problèmes.

Propos rassurants
Après une inspection, un responsable d’un barrage proche de l’épicentre du séisme, celui de Zipingpu, avait ainsi démenti des rumeurs de fissures, affirmant mercredi que l’ouvrage était « structurellement stable et sûr », selon les médias.

Cet important barrage hydroélectrique de plus de 150 mètres de haut sur la rivière Minjiang se trouve en amont de Dujiangyan, durement touchée par le séisme d’une magnitude de 7,9.

« La Chine rencontre de sérieux problèmes de sécurité sur les barrages et autres installations »

Chen Lei, ministre des Ressources hydrauliques
Plus au centre du pays, le pharaonique barrage des Trois-Gorges n’a pas souffert du séisme, ont affirmé ses gestionnaires.

Mais de nombreux experts et militants écologiques mettent en garde depuis longtemps la Chine contre sa frénésie de construction d’ouvrages hydrauliques, que Pékin voit comme une source pratique d’énergie renouvelable.

Accablée par ses problèmes de pollution dus à deux décennies de croissance ultrarapide, la Chine a pour objectif que 15% de sa consommation d’énergie en 2020 provienne de sources renouvelables, le double de 2005.

L’accent est donc mis sur l’hydroélectricité, avec une capacité installée prévue de 300 millions de kilowatts à cette date.

Probe International est à la pointe des critiques du barrage des Trois-Gorges, sur le Yangzi Jiang, et a relayé cette semaine les interrogations de certains experts sur la possibilité que l’énorme réservoir créé par le barrage ait pu accentuer le séisme.