Accueil > Les intellectuels israéliens aiment la guerre

Les intellectuels israéliens aiment la guerre

Publie le mardi 8 août 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

de Ran HaCohen

[Ran HaCohen mène ce combat depuis longtemps. C’est sa critique des liens intimes entretenus par la Confédération Israélienne du Travail (Histadrut) avec l’apartheid sud-africain qui avait servi de base à la première action
du Comité des Travailleurs pour le Moyen-Orient, à San Francisco, en juillet 1987. Nous avions alors protesté contre le dîner de gala annuel organisé en l’honneur de la Histadrut par le Conseil du Travail de San Francisco.

Que ce soit ou non en raison de notre protestation, reste que non seulement ce fut, en l’occurrence, le dernier dîner de gala organisé par le Conseil du Travail en l’honneur (perdu) de la Histadrut, mais cela aboutit même à la fermeture de la représentation de ladite Histadrut à San Francisco (authentique : elle disposait d’un bureau dans le bâtiment abritant le Restaurant et l’Hôtel des Travailleurs !), laquelle prit la poudre d’escampette en direction de cieux plus cléments. Avec cet article, encore une fois, Ron met dans le mille ! Jeff Blankfort]

Toute généralisation ne peut être qu’erronée, sauf celle-ci : « Les
intellectuels progressistes israéliens sont contre la guerre ».

Ils ont toujours été contre la guerre, et ils ont beaucoup souffert en
raison de leurs opinions critiques, comme ils le soulignent non sans quelque
fierté. Ils étaient contre la précédente guerre ; ils seront contre la
prochaine.

Bref : ils sont contre toutes les guerres.

Toutes les guerres ? Toutes les guerres ! Sauf - exception mineure - celle
qui est en cours.

Ils sont POUR toute guerre en cours - qu’ils soutiennent à tous les coups.
Parce que, vous comprenez, la guerre en cours - éh bien, comment dire. - c’
est complètement différent de toutes les autres guerres, là, voilà ! Comment
osez-vous comparer ? ! La guerre en cours est toujours inévitable, elle.
Elle est toujours nécessaire. Toujours juste. Et toujours digne d’être
soutenue.

Pour ceux qui se berceraient encore de l’illusion que l’élite intellectuelle
israélienne serait une oasis immaculée peuplée de progressistes rationnels,
modérés et amoureux de la paix, voici quelques chromos sur les gourous de la
classe intellectuelle israélienne et sur leur marche patriotique actuelle,
en soutien à la dévastation du Liban.

Rétropédalage, de 1984 à 1948

Le Roi Rhino Ari Shavit, journaliste à Ha’aretz, naguère militant de « La
Paix maintenant » et ancien membre de l’Association pour les Droits Civiques
en Israël, écrit :

« Israël est en train de mener la guerre la plus juste de toute son
histoire. [.] Par conséquent, quiconque aspire à ce qu’Israël se retire, à l
’avenir, des territoires occupés jusqu’à une frontière permanente et
reconnue doit se tenir aux côtés d’Israël, dans la présente guerre.
Quiconque désire la paix, la stabilité et la fin de l’occupation doit
soutenir Israël dans sa juste guerre. » [Ha’aretz, 18 juillet 2006].

Pour faire bref : la Guerre, c’est la Paix, et la Paix, c’est la Guerre (et
Israël n’est en train de dévaster le Liban qu’à la seule fin de donner la
liberté aux Libanais !)

Si l’inspiration intellectuelle de Shavit sonne quelque peu littéraire
(George Orwell), l’historien Yosef Gorny de l’Université de Tel Aviv aurait,
quant à lui, plutôt tendance à se référer à l’Histoire, dans le cas d’
espèce. Dans un bref article intitulé « La Seconde Guerre d’Indépendance »
(sic !), il écrit :

« Dans une réalité, qui est que l’Iran menace le monde libre, ce combat
contre ses supplétifs au Liban est une guerre de l’Etat d’Israël pour son
existence à l’avenir. A ce sujet, bien que dans des circonstances
complètement différentes, la combat en vue de la création même de l’Etat,
lors de la Guerre d’Indépendance, voici près de soixante ans de cela, et la
guerre actuelle ont un dénominateur commun. Et c’est également en cela que
réside leur commune justification : la lutte pour l’existence de notre
Nation. » [Ha’aretz, 30 juillet 2006].

La formulation de Gorny est juste un peu plus pathétique que celle des
autres, mais la notion recyclée à l’infini d’un Hezbollah représentant
soi-disant une menace existentielle pour Israël a lavé les cerveaux d’
énormément d’Israéliens. Ainsi, par exemple, le dramaturge Yehoshua Sobol
qualifie l’offensive du Hizbullah (ainsi que les tirs de missiles Qassam
depuis Gaza) comme « l’annonce que nous n’avons personnellement aucun droit
à exister » [Ma’ariv, 21 juillet 2006]. Aussi fou que cela paraisse, on a
inculqué à des gens que le fait qu’une bonne partie d’Israël soit à la
portée des missiles du Hizbullah représenterait une menace existentielle. En
même temps, le fait que n’importe quel point au Moyen-Orient - et bien
au-delà - soit à la portée des armes israéliennes, tant conventionnelles que
nucléaires, n’est pas perçu comme représentant une menace existentielle pour
qui que ce soit : après tout, Israël est un pays responsable, non ? Un pays
qui, lui, ne veut qu’une seule chose : la paix. N’est-ce pas ?

L’écrivain A.B. Yehoshua, « homme de paix » autoproclamé, dit les choses
avec sa manière bien à lui, plus primitive : « Enfin, nous avons une guerre
juste ; abstenons-nous de tordre le nez dessus, de peur qu’elle ne devienne
injuste. » [Ha’aretz, 21 juillet 2006].

Tuez-les tous !

Vous avez remarqué que Yehoshua, très franc, pousse un soupir et dit « Enfin
 ». Il faut dire que notre vieux « peacenik » était en manque de guerre
depuis si longtemps !. Le leader israélien fasciste Effi Eitam a reconnu un
jour que s’il y a une chose qui l’excite, c’est bien « le spectacle d’hommes
montant au front ». Pour Yehoshua, la purification est l’effet désiré. Voici
deux ans de cela, il rêvait d’opérations israéliennes sanglantes à Gaza ;
son rêve est désormais devenu réalité, même si les médias n’en parlent
pratiquement pas, « grâce » aux événements au Liban :

« Après avoir évacué les implantations. on utiliserait la force contre toute
une population, nous recourrions à la force d’une manière totale. Nous
couperions l’électricité à Gaza. Nous y couperions tous les moyens de
communication. Nous supprimerions les fourniture de carburant. Ce ne serait
certes pas une guerre désirable ; mais ce serait, à n’en pas douter, une
guerre purificatrice. » [Ha’aretz, 19 mars 2004].

Rafo Ginat, rédacteur en chef du quotidien israélien à plus fort tirage
Yediot Ahronot), a des fantasmes encore plus vivides. A la une de son
quotidien, il exhorte le gouvernement à « raser les villages qui abritent
des terroristes du Hizbullah » et à « nettoyer au lance-flammes les
terroristes du Hizbullah, ceux qui les aident, ceux qui collaborent avec
lui, et ceux qui détournent les yeux, ainsi que tous ceux qui ont l’air
Hizbullah. Que leurs innocents meurent, et non les nôtres ! » [Yediot
Ahronot, 28 juillet 2006].

Interlude poétique

Les auteurs de chansons et les chanteurs populaires comme l’orthodoxe Amir
Benayoun sont rarement des progressistes. Aussi personne ne fronce-t-il les
sourcils quand ils habillent ces mêmes idées de frusques plus poétiques :

« Ceux qui me haïssent sont pressés de me kidnapper, de m’éliminer, De
m’injecter du poison.
Notre cruel ennemi assassine encore un autre enfant, Cet ennemi doit mourir.
il doit mourir. »

L’intello israélien, toutefois, aura tendance à hausser les épaules devant
ce « primitivisme oriental » caractérisé. En effet, nous autres, les
progressistes, nous avons nos poètes de haute volée, aux goûts raffinés et à
l’érudition époustouflante. Tel un Ilan Shenfeld, qui prétend avoir « de
tout temps été de gauche » - ce qui fait qu’à l’instar de n’importe quel
authentique poète, il souffre terriblement, à cause de cette guerre. « Il n’
est pas facile, pour moi, d’écrire un poème qui soutienne cette guerre, et
qui exhorte à envahir le territoire souverain d’un autre pays et à le
dévaster. »

Mais Shenfeld a fait effort sur lui-même : il est venu à bout de cette
difficulté et son poème, qui fait allusion au « poète national » Bialik,
démontre, une fois de plus, que c’est toujours la douleur authentique qui
produit la meilleure poésie :

« Marchez sur le Liban, et marchez aussi sur Gaza, avec les charrues et le
sel ; Détruisez-les jusqu’au dernier.
Transformez-leur pays en un désert aride, en une vallée empoisonnée et
inhabitée.
Car nous aspirions à la paix et nous la voulions, et, les premiers, nous
avons détruit nos maisons, de nos propres mains [allusion au retrait de
Gaza, ndt].
Mais c’était un cadeau vain, pour ces assassins barbus arborant des bandeaux
de guerre sainte, Qui crient : « Massacrez-les, maintenant ! » et qui ne
connaissent ni amour, ni paix, Ni Dieu, ni père. [.] » « Sauvez votre
peuple, et fabriquez des bombes, Faites-les pleuvoir sur les villages, les
villes, les immeubles jusqu’à ce qu’ils s’écroulent !
Tuez-les, versez leur sang, terrifiez-les, de crainte qu’ils ne tentent une
nouvelle fois De nous détruire ; jusqu’à ce que nous entendions, depuis les
sommets des montagnes en train d’exploser, Ecrasées sous nos coups de talon,
l’écho de leurs supplications et de leurs lamentations.
Et vos crachats les recouvriront. Celui qui dédaigne un jour de bain de
sang, Qu’il soit méprisé ! Sauvez votre peuple : faites la guerre ! » [on
Ynet (site ouèbe du Yediot Ahronot, 30 juillet 2006]

Amos Oz prépare des crimes de guerre

Terrible ironie du sort : le poème de Shenfeld a été publié le jour du
(deuxième) massacre à Qana. Cette coïncidence a quand même réussi à
embarrasser quelque peu le poète lui-même. Ce bain de sang n’aurait pas mis
dans un tel embarras un propagandiste israélien beaucoup plus aguerri, tel
un Amos Oz, alias l’Incarnation du camp sioniste de la « paix ». Ayant
soutenu le Premier ministre Ehud Barak bien longtemps encore après qu’il eut
entrepris son écrasement meurtrier de l’Intifada palestinienne, Oz s’en
remet à la mémoire courte de ses lecteurs, lorsqu’il écrit, sous le titre
orwellien : « Pourquoi les missiles israéliens, en réalité, apportent la
paix » :

« Très souvent, par le passé, le mouvement de la paix israélien a critiqué
des opérations militaires israéliennes. Pas cette fois-ci. [.] Cette
fois-ci, Israël n’envahit pas le Liban. Non ; Israël assure son autodéfense
[.]. Le mouvement pacifiste israélien doit soutenir purement et simplement
cette tentative déployée par Israël pour se défendre, aussi longtemps que
cette opération visera principalement le Hizbullah en épargnant, autant que
faire se peut, la vie des civils libanais. » [Los Angeles Times, 19 juillet
2006].

Et ici, afin d’éviter d’être mis dans l’embarras par tout massacre de civils
à venir, Oz n’oublie pas d’ajouter, à toutes fins utiles, le thème standard
de propagande ci-après :

« Mais cela n’est pas toujours tâche aisée, les lanceurs de missiles du
Hizbullah utilisant très souvent les civils libanais en guise de sacs de
sable. »

L’ennemi de l’intérieur

Le Hizbullah n’est pas l’unique ennemi d’Israël : les intellectuels
mondialistes sont souvent la cible favorite de nos patriotes, également.
Commentant leur lettre ouverte contre la guerre, l’éminente critique
littéraire israélienne Ariana Melamed met Noam Chomsky, Arundhati Roy, José
Saramago, Howard Zin et Naomi Klein dans le même sac que le philosophe nazi
Martin Heidegger, ni plus ni moins [Ynet, 24 juillet 2006]. Mais, bon Dieu,
qu’est-ce que ces gens peuvent bien avoir en commun ? Simple : ce sont tous
des intellectuels, et ils sont tous « dans l’erreur » !

Mais le pire ennemi, c’est l’ennemi de l’intérieur. Le professeur de
littérature hébraïque de Jérusalem Gershon Shaked accuse ainsi « la gauche
israélienne » de « désirer à ce point plaire aux Européens » qu’elle « en
perd tous ses standards moraux, pour ne pas parler du minimum requis en
matière de patriotisme. » De la même manière, bien qu’avec plus de détail
dans l’explication, le journaliste et analyste Dan Margalit accuse « la
gauche radicale » (allusion à la progressiste sioniste de gauche Shulamit
Aloni) non seulement d’ « abîme moral sans aucun précédent », mais aussi « d
’amour pour ses maîtres de Beyrouth, de Damas et de Téhéran » [Ma’ariv, 26
juillet 2006].

Des analogies pittoresques

Le professeur Oz Almog, un sociologue de Haïfa, découvre tout soudain « une
similarité saisissante entre 2006 et 1933 », le président iranien étant le
nouvel Adolf Hitler, le « fondamentalisme islamique » le nouveau nazisme, et
tous ceux qui osent critiquer les atrocités perpétrées par Israël - la
nouvelle génération des antisémites européens. [Ynet, 30 juillet 2006]. Ce
genre d’analogie historique banale, est, bien entendu, monnaie courante. Par
le passé, l’écrivain Yoram Kanyuk, qui ne cessait de se vanter de ses états
de service en tant que pacifiste, à une époque indéterminée du millénaire
passé, exprimait son soutien à Ariel Sharon qui dirigeait à l’époque le
Likoud, en le comparant à Winston Churchill - durant les journées les plus
sanglantes de l’Intifada, notamment au moment de l’ « Opération Boucler de
Protection » [Ha’aretz, 15 mai 2002]. En toute logique, il ne reste plus à
Kanyuk qu’à faire du Premier ministre actuel, Ehud Olmert, à tout le moins,
un nouveau Napoléon. Que le petit plaisantin qui a soufflé : « Jules César »
se dénonce !.

« En dépit des tueries de masse [auxquelles nous assistons], je soutiens
cette guerre et je soutiens Olmert, qui mène une guerre importante,
primordiale, et même mythique. En un bref laps de temps, il est devenu un
grand commandant. » [Ynet, 23 juillet 2006].

Les Américains ayant eu besoin de justifier leur invasion de l’Irak, Kanyuk
assimila Saddam Hussein à Hitler [Ha’aretz, 8 octobre 2002]. Au cours de son
vol depuis la plume acérée de Kanyuk, Hitler avait réussi à se translater
plusieurs milliers de kilomètres vers l’Est, à se convertir à l’Islam chiite
et même à se laisser pousser la barbe - mais il n’avait néanmoins pas réussi
à tromper la sagacité de notre détective littéraire physionomiste, qui
amalgama la Seconde guerre mondiale et l’Armageddon dans une sorte de
Troisième guerre mondiale ’made in Israel » :

« Les Iraniens et le Hizbullah disent très précisément ce qu’ils pensent.
Ils veulent nous plonger dans une crise aiguë, et ils veulent trouver un
moyen de nous éliminer. Quand Hitler disait déjà la même chose, les gens
riaient de ce clown. La gauche continue à se marrer. Mais il faut dire, à sa
décharge, qu’à l’époque, déjà, la gauche internationale s’esclaffait. L’
Europe, avec les dix millions de musulmans qui y vivent, dont pas mal d’
extrémistes, subira le choc de plein fouet : elle ne sait pas que la
nouvelle guerre mondiale a déjà commencé, à petite échelle, à Bint Jbeil. »
[Ynet, 4 août 2006].

Des colombes muettes

Comme à chaque fois que se produit une atrocité, il y a les inévitables
badauds : ceux qui soutiennent le mal, tout simplement en n’intervenant pas
pour l’empêcher. Ou l’arrêter. Ce n’est pas là une attitude surprenante chez
un romancier consensuel tel Shulamit Lapid, dont la sagesse et la modestie -
qui, on le sait, sont chez lui immenses - ont produit cette perle :

« Je ne veux rien dire, parce que tout est très dynamique, et ce qui est
vrai aujourd’hui ne le sera plus demain [.]. Ce serait insolent, de ma part,
d’exprimer une quelconque opinion sur ce sujet. » [Ha’aretz, 11 juillet
2006].

Plus décevant, toutefois, est le chanteur pop Aviv Gefen, qui est aux yeux
de beaucoup d’Israélien l’incarnation du chanteur protestataire de gauche :

« Yep. Je suis un homme de paix, je suis un dissident, un pacifiste, vous
savez. Mais on nous impose ni plus ni moins la guerre ; je ne vois pas
comment l’éviter [.]. Je pense que l’occupation est la méthode la plus
indiquée. Mais aujourd’hui, à mon avis, il convient de garder le silence
quelque temps. » [Walla, 5 août 2006].

Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau
de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette
traduction est en Copyleft.

http://bellaciao.org/en/article.php3?id_article=12973

Messages

  • Pacifiste en temps de paix mais pas en temps de guerre...

    C’est ce qu’avait sorti Charb à Ph.Val au temps de la guerre du Kosovo.

    Même lui maintenant continue d’écrire dans le NEM.

    Un peu comme si Uri Avnery écrivait dans Yediot Arohnot

  • Ouf Ran Ha Cohen conserve sa causticité !

    avec quelques autres dont un deuxième objecteur :

    7 août 06

    Un autre soldat de Tsahal en prison

    En 1982, il a fallu un an et demi aux soldats et aux officiers israéliens pour refuser l’appel à la mobilisation et l’ordre d’entrée au Liban. Au début de l’Intifada d’Al Aqsa, plusieurs mois se sont écoulés avant que la 1ère lettre de défiance ne soit rendue publique.

    En 2006, au bout de seulement 3 semaines, Zohar Milgchrub est envoyé en prison pour avoir refusé d’être mobilisé comme réserviste déployé au Liban. Il est le 2ème soldat israélien à devenir en une semaine un objecteur de conscience durant ce conflit.
    Nous avons réussi à l’interviewer après la manifestation anti-guerre qui a eu lieu samedi à Tel Aviv.

    L : A quelle unité de l’armée appartenez-vous ?

    ZM : A une unité d’infanterie.

    L : Quand est-ce que vous avez décidé de refuser d’être mobilisé ?

    ZM : J’ai pris cette décision de refuser de servir durant mon service militaire. Il était déjà clair pour moi que je ne retournerais pas dans les territoires occupés. Ma décision de refuser de servir dans cette guerre a donc été naturelle comme celle de refuser de servir dans les territoires.

    L : Souhaiteriez-vous dire que l’approche du public israélien à ce conflit est différente de celle de l’occupation ?

    ZM : Premièrement, les sentiments pro-guerre et l’exaltation des médias ont très certainement eu des effets. La société suit l’appel sans scrupule ni réserve, même des personnes qui se considèrent d’être à gauche de ma propre famille politique.

    L : Est-ce que les gens sont plus motivés à servir au Liban que dans les territoires occupés ?

    ZM : Absolument. Un ami proche est au Liban avec son unité pendant que nous parlons en ce moment même. Vous devez vous souvenir que le raid à la frontière israélienne a touché la souveraineté et cela est problématique.

    Or pour avoir le plus mince espoir d’arrêter tout cela, nous devons penser à entretenir un dialogue israélo-libanais, même avec le Hezbollah, pour parvenir à une souveraineté libanaise réelle, sur tous les territoires libanais et à un accord de paix avec le Liban qui serait lié, si Dieu le veut, à un accord de paix avec la Syrie et les Palestiniens.

    L : Quelle a été la réponse de la gauche à cette guerre ?

    ZM : Je ne veux pas parler au nom de toute la gauche- et, de toute façon, je pense que la vraie gauche est présente à cette manifestation. Malheureusement, la gauche israélienne a besoin de voir les pertes humaines avant de commencer à manifester contre la guerre.

    L : Les pertes israéliennes ?

    ZM : Je ne veux pas dire qu’ils ne sont pas sensibles aux autres pertes humaines mais il y a une sensibilité plus importante vis-à-vis des personnes israéliennes, ce qui fait pitié. Cependant, nous voyons des personnes nous rejoindre et leur nombre augmente chaque semaine.

    L : Combien de temps pensez-vous passer en prison ?

    ZM : Aussi peu que possible, peut-être environ un mois. Si la guerre n’est pas terminée d’ici là, je quitterais le pays. J’envisageais de commencer mes études en Allemagne cette année.

    L : Certains de nos lecteurs voudront sans aucun doute vous écrire alors que vous ne serez pas à même de répondre depuis la prison. Voudriez-vous leur dire quelque chose maintenant ?

    ZM : Avant même de me décider à refuser de servir, j ai emailé tous mes amis dans le monde entier, en Allemagne, en Italie, aux USA et même au Japon pour leur dire que je les remercie pour le soutien qu’ils m’ont toujours accordé. J’ai presque immédiatement reçu de nombreuses réponses d’encouragement et de solidarité, et je remercie vivement ceux qui nous soutiennent.
    Dimi Reider, Tel Aviv pour Libnanews et Lebnanews

    Vous pouvez envoyer vos lettres de soutien à Zohar et à ses camarades objecteurs de conscience au lien suivant ou envoyer un courriel à l’adresse suivante : alteriamo at gmail.com.

    Toutes les lettres seront imprimées et transmises.

    Traduction : Libnanews

    interview originale en anglais disponible sur Lebnanews

    http://www.agoravox.fr/article.php3...

  • Marcel Charbonnier,

    merci pour la traduction. Une remarque, toutefois, le "romancier consensuel" Shulamit Lapid est une femme !!

    Auteure bien connue (en Allemagne du moins) de romans policiers.

  • vendredi 11 aout 2006, 14h20

    Après un mois de guerre au Liban, le lent réveil des "colombes" d’Israël

    TEL AVIV (AP) - Les premières fissures apparaissent dans le soutien quasi unanime des Israéliens à la guerre au Liban. Certains hommes politiques et intellectuels "colombes" de premier plan expriment désormais leur désaccord avec la décision du gouvernement d’envoyer davantage de soldats sur le territoire du Hezbollah.

    Trois des intellectuels israéliens les plus en vue, Amos Oz, David Grossman et A.B. Yehoshua, se sont retrouvés jeudi pour exhorter Ehoud Olmert à se concentrer sur la diplomatie plutôt que sur des initiatives militaires. (...)

    http://fr.news.yahoo.com/11082006/5...