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Mauvaise fête de la musique au Parc de la Villette !

Publie le mardi 24 juin 2003 par Open-Publishing

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Les musiciens indépendants qui jouaient sur le parc de la Villette sont désormais expulsés par les vigiles. Une décision qui rompt avec la tolérance passée et qui soulève bien des interrogations. La direction du parc s’est refusée à commenter.

Caroline Morez, pianiste et percussioniste ne comprend pas cette décision de la direction du Parc de la Villette. « La musique est tolérée depuis l’ouverture du Parc alors pourquoi l’interdire maintenant ? », s’interroge-t-elle.

Les plaintes de nombreux riverains seraient à l’origine de leur action selon les vigiles du Parc. Ils se disent soutenus par la police qui multiplie les contrôles d’identité ainsi que les fouilles à corps sur les musiciens. « Pour l’instant, il n’y pas de texte mais ce sera fait en bonne et due forme bientôt, ne vous inquiétez pas », affirme le responsable des vigiles qui curieusement souhaite rester anonyme.

Contactée par téléphone, la direction du Parc se refuse à tout commentaire. Le directeur et ses collaborateurs sont mystérieusement absents ou indisponibles pour répondre à ce sujet. Carole Polonsky du service de communication se borne à déclarer que cette interdiction est un « non-événement. »

Pourtant, les riverains des immeubles aux alentours fournissent un autre son de cloche lorsqu’on les interroge. Ils indiquent « ne percevoir que très faiblement » de chez eux les mélodies de ces musiciens du week-end.

La musique d’origine cubaine, antillaise ou africaine jouée par des amateurs et des professionnels de toutes origines sociales, semble donc déranger davantage les autorités que les riverains eux-mêmes qui « viennent l’apprécier gratuitement ». « C’est un lieu convivial et chaleureux où les musiciens et les spectateurs se retrouvent et peuvent échanger librement. », reconnaît Caroline Morez. « Des touristes viennent même ici spécialement pour cette ambiance » souligne la jeune femme.

« Préserver le droit de jouer cette musique venue des quatre coins du monde sur ce site est d’autant plus essentiel qu’elle n’a pas d’autre espace d’expression dans Paris. », ajoute t-elle.

Alors qu’une des missions du Parc de la Grande Halle de la Villette est de favoriser la création et l’expression de nouvelles formes artistiques, cette décision est « inadmissible » selon les musiciens et les usagers du Parc. « La plupart des musiciens n’ont pas forcément les moyens de louer une salle dans Paris. », rappelle Caroline Morez.

Les citoyens se mobilisent

Suite à cette interdiction, une pétition remportant un vif succès circule pour sauvegarder cet espace d’expression musicale de spontanéité et de liberté. Caroline Morez affirme avoir reçu le soutien de tous les conservatoires de Paris. « Si un accord n’est toujours pas trouvé avec la direction du Parc et si elle refuse toujours de nous recevoir, une manifestation qui reste le dernier recours va sans doute avoir lieu. », avertissent ces musiciens qui n’ont pas l’intention de baisser les bras. Le combat est d’autant plus justifié que le Parc est un endroit symbolique pour la musique à proximité de la Cité de la musique, le Cabaret sauvage, le Hall de la chanson, le Trabendo, le Zénith, et enfin le Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris. Ce qui contribue à l’incompréhension générale de tous à l’égard de cette mesure.

Selon Adeline Masson, une danseuse et supportrice fervente des musiciens, l’interdiction de jouer au Parc de la Villette n’est pas un cas isolé : « ses amis musiciens qui jouaient sur les quais de la Seine, au Trocadéro ou encore à Vincennes ont été réprimandés par les forces de l’ordre et ils ont même confisqué leur instrument pendant plusieurs mois. » Elle précise que « c’est une situation généralisée dans Paris et dans toute la France comme à Nantes, à Bordeaux ou à Lyon. » Elle se demande enfin « si la politique actuelle du gouvernement ne serait pas à l’origine de ces mesures ».

Plus qu’un problème de nuisance sonore non démontré, cette interdiction remet en cause la place de la musique indépendante et de tous horizons.

Depuis le 31 mai, seul le silence assourdissant du Parc de la Villette se fait entendre.

Sarah Abdoul ©Digipresse 2003