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Ouvrons le débat, ma contribution pour le congrés du PCF

Publie le mardi 2 octobre 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

Ouvrons le débat
Les communistes à l’offensive pour imaginer une alternative crédible au capitalisme du 21e siècle

Contribution de Damien Gautreau, Montpellier, Août-Septembre 2007

1/ Dans quelle société vivons-nous ? Que faut-il y changer ?

A/Le capitalisme aujourd’hui

Je pense que le capitalisme est dans sa phase ultime. Même si les fondements sont les mêmes, le capitalisme a beaucoup évolué depuis Marx. Il a muté, allant toujours plus loin dans sa soif de domination, il est arrivé à un point de non-retour où il ne peut que s’effondrer sur lui-même. Le capitalisme mondialisé a pour conséquence une généralisation de la paupérisation du plus grand nombre. Aujourd’hui, la misère est plus que jamais, internationale. Et c’est bien là, que notre combat est utile. Plus que jamais, c’est maintenant que les anti-capitalistes de toutes confessions, doivent crier à l’unisson qu’une alternative humaine et sociale est possible et que ce mode de vie n’est pas une fatalité mais bel et bien une déviance de l’esprit humain. Comment mener ce combat ? C’est là, la véritable question. Je ne suis pas un messie, je n’ai pas en mes mains la clef d’un quelconque paradis. Ce dont je suis sur, c’est que de nombreuses personnes, bien plus qu’on ne peut le penser, sont dans l’attente d’une alternative crédible, et que le dépassement du capitalisme n’est pas de l’utopie mais est bel et bien possible.

Cependant, il est évident que notre parti n’a pas toujours œuvré dans le bon sens, et que nous avons du retard sur certains sujets. Il me semble évident que nous n’avons pas suffisamment pensé l’impact des questions écologiques, ou en tous cas, pas assez tôt. Certains de nos sympathisants nous attendent sur ce terrain là, qui est aujourd’hui, un problème majeur. Nous devons parler d’écologie, mais à notre façon, nous devons dire clairement que l’écologie doit être au cœur du développement, mais que l’homme doit être au cœur de l’écologie. Celle ci ne doit pas être punitive ou répressive, nous ne devons pas, comme le font certains, culpabiliser les citoyens. C’est notre façon de consommer qu’il faut complètement revoir, ainsi que notre façon de produire. Pour moi, il est évident que le combat pour l’écologie ne peut se faire sans une rupture avec le système capitaliste.

Il en est de même pour les questions de politique internationale, nous ne sommes pas assez clairs sur nos positions. Nous devons clairement nous affirmer contre l’occupation israélienne en Palestine et contre l’occupation américaine en Irak. Nous ne clamons pas ces positions suffisamment haut et fort. Il en est de même pour de nombreux autres sujets de discorde internationale, comme le soutien ou non au régime de Cuba, à celui de la Corée du Nord, ou encore sur notre avis vis à vis du nucléaire iranien. Nos positions sur toutes ces situations, sont inconnus du grand public. Une liste à laquelle on peut ajouter le Darfour, l’Amérique du Sud, la dette africaine, la Côte d’Ivoire, l’Afghanistan, la Tchétchènie…

B/Une société en mouvement

La classe ouvrière. Quel est cet animal ? Peut on encore parler de classe ouvrière aujourd’hui ? Il est clair, que les choses ont changées et que le principe de lutte des classes, pourtant plus que jamais d’actualité, est quelque chose qui dépasse complètement les gens. Alors que la bourgeoisie concentre en ses mains tous les pouvoirs, le prolétariat reste de marbre. Pire, c’est grâce aux précaires et autres travailleurs pauvres qu’un infâme personnage tel que Sarkozy a atteint la plus haute fonction de l’Etat. Alors que la bourgeoisie reste unie, le monde ouvrier est en ordre dispersé, et soyons réalistes, très peu d’entre eux se sont orientés vers un vote clairement de gauche. Mais cela peut être du au fait que la classe ouvrière est à redéfinir, car en perpétuel mouvement et que l’on ne s’adresse pas à elle comme on le faisait autrefois. La chute de l’industrie européenne et la lente agonie du monde paysan, ont entraînées la disparition du prolétariat tel qu’on le considérait par le passé. Nous devons désormais parler de précaires, vaste catégorie regroupant tous les gens qui ne gagnent pas suffisamment d’argent pour pouvoir vivre décemment. Et cela représente beaucoup de personnes. Des smicards aux chômeurs en passant par les étudiants ou même les retraités. Notre discours vis à vis de ces citoyens là, n’est pas assez vif. Nous devons les interpeller et leur montrer que nous sommes de leur côté, que nous oeuvrons pour eux et leurs enfants, que les communistes ne se battent pas pour eux-mêmes mais pour les autres.

En ce qui concerne les aspirations du peuple français, on ne peut pas faire plus simple. Gagner plus d’argent. Avoir un meilleur niveau de vie. Je crois que les français sont particulièrement individualistes et égoïstes. Je pense, en fait, qu’il en est de même dans tous les pays dit « développés ». C’est dans les pays pauvres que les gens sont les plus généreux. Les européens n’ont que faire du reste du monde, du moment qu’ils peuvent vivre correctement, dans un minimum de luxe, tout va bien. Et c’est pourquoi le vil Sarkozy est acclamé lorsqu’il lance des formules toutes faites et vides de sens comme « travailler plus pour gagner plus ». Pour s’adresser au peuple français, il faut faire dans la simplicité. Pas la peine de leur expliquer que nous voulons une sixième République, ils s’en foutent complètement. Ce qu’ils veulent, c’est des belles promesses. Sarkozy fait un carton car il parle simplement, il fait certes, de la démagogie, mais il dit aux gens ce qu’ils veulent entendre. Ce genre de pratique, ça marche à tous les coups.

Je ne pense pas que la société française ait glissé à droite. La société française a toujours été à droite. Le peuple de gauche est très fortement minoritaire. Nous devenons des bêtes rares. Il est vrai que les idées de droite se propage de plus en plus et de mieux en mieux. Au contraire les valeurs de gauche, qui sont pourtant les valeurs de la République, semblent aux yeux de beaucoup, dépassées, hors du temps et du contexte actuel de la mondialisation. Pourtant, dans une société où le chacun pour soit règne en maître, le partage et la solidarité semblent être les seuls remèdes. Mais face à une droite, plus que jamais unie, derrière son grand chef, la gauche elle, fidèle à ses habitudes, est on ne peut plus divisée. Cela aussi participe à la perte de poids de nos idées. Et surtout à notre perte d’influence. Le PCF n’est plus crédible.

C/Quelles luttes pour une autre société ?

La mondialisation capitaliste n’est pas une fatalité. La République Cubaine s’oppose depuis des années à ce mode de domination. Plus récemment, le Venezuela et la Bolivie, ont rejoint Cuba dans sa lutte alter-mondialiste. Nous devons développer des rapports et des partenariats avec ces pays là, ainsi qu’avec tous les pays s’opposant au capitalisme débridé. La France n’est pas le seul pays où la bourgeoisie exploite les précaires. La victoire contre le capital, ne pourra être qu’internationale. Seuls, nous ne sommes rien, mais associés à tous les progressistes du monde, nous sommes un véritable contre pouvoir.
Il n’est pas là, questions d’une alliance des travailleurs, mais de l’opposition de tous les précaires au monde libéral. Si chaque personne exploitée dans son pays, lutte pour de meilleurs droits, alors, nous serons des milliards. C’est peut être un peu utopiste, mais je me dis qu’à force de se faire sodomiser, nous finirons bien par avoir trop mal pour les laisser continuer. Il n’est pas possible qu’une poignée d’hommes règne sur des milliards de leurs congénères.

Le PCF doit combler au plus vite ses lacunes dans le domaine de l’international. Il se passe nombre de chose dans le monde, et, trop souvent, notre position n’est pas claire, voir inexistante. Les liens avec les partis progressistes étrangers ne sont pas assez nombreux ni assez affirmés. C’est pourtant avec eux que nous pourrons mettre fin à l’exploitation capitaliste.

Les travailleurs du monde entier, les chômeurs, les retraités, les étudiants, doivent tous être solidaires. Les intérêts sont les mêmes, le dépassement du capitalisme. Nous devons tous œuvrer pour le progrès social. L’ennemi, c’est la grande bourgeoisie, le patronat, le capital. C’est le capital qui affame les enfants du monde entier. La grande bourgeoisie mondiale règne d’une main de fer sur notre monde. C’est à nous, communistes, de fédérer tous les progressistes, les réformateurs, les humanistes, les républicains, ensemble nous vaincrons.

2/Sur notre projet

A/Le communisme en question ?

Le communisme, c’est le partage, c’est la solidarité. Etre communiste c’est être un progressiste, un humaniste et un républicain. Un communiste se bat au quotidien pour améliorer la vie des autres. Le communiste est un homme de cœur. Le communisme c’est l’espoir d’un monde meilleur, plus juste, où les inégalités seraient gommées et où les libertés individuelles permettraient à tous de s’épanouir pleinement. Le communisme c’est le refus du capitalisme, du libéralisme, du fascisme.

Cependant, ce mot a été malmené par l’histoire. Aujourd’hui, il est très péjoratif. Dans l’esprit du citoyen lambda, nourrit par TF1 et MidiLibre, le communisme, c’est le mal. Dans notre pays, notre belle presse libre et indépendante n’a de cesse de servir les intérêts de la bourgeoisie et donc de dénigré tout progressiste. Les réformistes sont montrés sous un mauvais jour afin d’apparaître inaudibles. En fait, peu de gens connaissent l’histoire du communisme et peu de gens savent ce que propose le Parti Communiste aujourd’hui. Cette ignorance débouche, comme souvent, sur du mépris.

Doit on encore, se définir comme communistes ? C’est une question qui circule depuis longtemps et qui fait de plus en plus de bruit. Peut être qu’en s’appelant autrement nous pourrions attirer plus de gens. Je n’en suis pas sur. Nous serions des anciens communistes. C’est suffisant pour en effrayer certains. De plus, comme beaucoup de mes camarades, je suis communiste. Je me sens communiste. Me cacher derrière une autre étiquette n’est pas sérieux car mes convictions demeurent pour toujours. Le Parti Communiste doit changer d’image, pas de nom.

Le marxisme. Cette doctrine philosophique, politique et économique, est un peu vieille. Même si les bases posées par Karl Marx sont indispensables à tous communistes, les choses ont évoluées. Le prolétariat n’est plus le même. La bourgeoisie n’est plus la même. La lutte des classes ne se caractérise plus de la même manière qu’au dix neuvième siècle. Nous devons tous lire Marx, mais le prendre au pied de la lettre serait une erreur. Le PCF n’est plus marxiste, il ne l’a peut être jamais été. Ce n’est pas ce qui compte. L’important c’est de se battre au quotidien pour le prolétariat, contre la bourgeoisie, et d’apparaître comme des progressistes fortement attachés à la République. La lutte des classes reste la base de toute révolution, cependant, je crois que nous n’avons pas intérêt à mettre en avant ce genre de conception. Le peuple n’est plus réceptif à tous cela. Les mœurs ont fortement évoluées, on ne vit plus pareil, on ne consomme plus pareil, on ne pense plus pareil. Nous devons nous adapter et donc nous repositionner tout en gardant le même objectif, arriver à renverser le pouvoir bourgeois.

B/Quelle identité pour quel projet et quelle politique ?

Les valeurs du communisme sont simples. Les valeurs du communisme sont les valeurs de la République. Liberté, égalité, fraternité. Le communisme, c’est l’humanisme, c’est le partage, la solidarité, la tolérance. Le communisme est républicain et démocrate. Le parti communiste est avant tout un parti progressiste. Un parti de transformations sociales.

Notre projet est anti-capitaliste, anti-libéraliste, anti-fasciste, anti-mondialiste, anti-atlantiste, anti-bonapartiste, anti-royaliste, anti-raciste, anti-impérialiste, anti-colonialiste, anti-esclavagiste, anti-sarkozyste, mais il est aussi alter-mondialiste, écologiste, internationaliste, communiste. Nous n’avons pas que des critiques à formuler, nous proposons aussi des avancées. L’augmentation des salaires, des retraites, des minima sociaux. La régularisation des sans-papiers et le droit de vote des résidents étrangers. L’égalité entre tous les citoyens, quel que soit leur couleur, leur origine, leur age, leur sexe, leur orientation sexuelle, leur look, leur croyance. L’amélioration du système éducatif et des conditions d’enseignement. Le refus des OGM en plein champs. Le ferroutage à la place du tout routier. Amélioration des conditions de logement, baisse des loyers, augmentation du nombre de logements sociaux. Une agriculture de qualité et de tradition, une viticulture d’excellence et de pays. La solidarité internationale, abandon de la dette africaine, fin de l’embargo cubain, reprise de réelles discussions avec l’Iran et la Corée du Nord, aide à la Palestine et à l’Irak, opposition à l’impérialisme américain. Appropriation des moyens de production, nationalisation ou renationalisation des grandes entreprises françaises comme EDF, GDF, Total, Renault, PSA, Airbus, Alstom ; participation des ouvriers aux prises de décisions de leur entreprise, pouvoir des syndicats accrus, droits des salariés renforcés.

Amélioration des conditions de travail, augmentation des régimes spéciaux. Refonte de l’impôt, baisse de la TVA, augmentation de l’ISF, cotisations des entreprises calculées sur les bénéfices et non pas sur le nombre de salariés.

Le projet politique de notre parti est clairement d’accéder au pouvoir, seul ou avec d’autres progressistes, afin de pouvoir faire évoluer les choses et d’œuvrer pour de profondes transformations sociales. Sans la prise de pouvoir, au plus haut niveau, nous ne pourrons arriver à aucunes améliorations de la vie. Il nous faut conquérir le pouvoir avec l’aide du peuple. Autrement dit, il faut que nous soyons majoritaires dans les idées, qu’une grande partie de la population partage notre vision. C’est là, notre problème, nous ne sommes, pour l’heure, pas crédible et donc minoritaires. Les idées de la bourgeoisie sont largement majoritaires dans notre pays, y compris au sein du prolétariat.

Nous devons élaborer un réel projet politique, de dépassement du capitalisme. C’est ce qu’il y a de plus important. Avant de penser au changement de nom, de logo ou aux alliances, il nous faut un projet clair.
Notre projet politique ne doit laisser aucunes ambiguïtés, aucuns sous-entendus, il doit être clair, net et précis. C’est seulement ainsi que l’on pourra retrouver de la crédibilité. C’est seulement ainsi que l’on pourra s’orienter vers de réelles alliances, sur le fond et à long terme.

Nous avons un gros problème d’image. Le spectre de Staline hante encore le mot « communiste » et dans la tête de certains, nous sommes des affameurs et des tortureurs. Ce n’est pas notre faute si les livres d’histoire sont écrient par des gens de droite. Ce n’est pas non plus notre faute si, chaque veille d’élection, la télé diffuse des documentaires sur la Russie stalinienne. Ce n’est pas notre faute si les français ne cherche pas à s’informer par eux-mêmes et prennent le journal de TF1 comme la sainte parole. Cependant, c’est bel et bien à nous de casser cette image néfaste, cette image d’un autre temps. Nous devons apparaître le plus souvent possible dans les médias, et nous devons prouver, constamment, par nos propositions progressistes, que nous ne sommes pas des démons, mais des hommes de cœur. De plus, notre porte-parole, notre premier secrétaire, doit être le plus audible possible.

Je pense par exemple, à la progression électorale de la LCR, portée par un très bon Besancenot. Pour s’adresser au peuple, en particulier aux jeunes, il ne faut pas faire compliqué. L’orateur doit être simple et clair. Il doit parler comme on parle tous les jours et ne doit pas avoir peur d’élever la voix ou d’être grossier. Il ne faut pas s’effacer car on en devient transparent. Nous devons occuper le devant de la scène.

3/Sur notre organisation

A/De quelle organisation politique avons nous besoin ?

Notre parti ne se porte pas pour le mieux. Nous ne sommes pas assez présents, là où nous devrions l’être. Je pense aux quartiers populaires. C’est là que les gens ont besoin de nous, c’est là que se trouve le prolétariat. Et nous brillons par notre absence. Sur Montpellier, nous sommes allez distribuer des tracts pour les présidentielles et les législatives, aux quartiers des Cévennes et du Petit Bard, cela faisait au moins vingt ans que ces gens n’avaient pas vus de tracts du PCF. Et pourtant, l’accueil est bon. Personne ne s’occupe de cette population là, alors quand une équipe de militants débarque pour distribuer de la propagande, elle est toujours bien reçue. Il y a une réelle attente de la part des résidents de ces quartiers. Nous devons y militer. A l’intérieur, ou à l’extérieur du parti, comme par exemple, au sein de collectif de défense des sans papiers. Il faut que des jeunes, issus de ces quartiers, militent et fassent entendre les propositions du parti communiste. De plus, les cantonales approchent et ce serait un atout énorme.

Le PCF est devenu, au fil des ans, un parti d’intellectuels. Nous avons perdu notre ancrage dans le monde du travail. Grand nombre de nos adhérents sont des fonctionnaires de l’éducation nationale. Ce n’est pas un mal, mais le problème est que nous sommes parfois un peu juste sur certains sujets. Certaines des personnes de la direction nationale n’ont jamais travaillé. Permanent de la JC, puis permanent du PCF, ils n’ont été salariés que de notre parti. Certains de nos détracteurs disent même que nous sommes un parti de bourgeois. C’est exagéré, mais il est vrai que notre assise ouvrière est bien mince.

Pour faire de la politique, il faut un parti, c’est indéniable. Une association ou autre collectif, ne seraient pas suffisants. La politique se fait au sein d’un parti. D’un parti acceptant de prendre part aux institutions. D’un parti prêt à aller au pouvoir, seul, ou avec d’autres personnes partageant le même projet. Un parti fonctionne avec des militants mais aussi avec des élus. C’est la force du notre. Cependant, l’organisation de notre parti n’est pas parfaite. Et nos élus non plus. Ils ne sont pas assez prés des militants, pas assez prés des électeurs. Certains vivent dans un microcosme qui les coupe complètement de la réalité. De plus, comme ils dépendent intégralement de leurs indemnités, beaucoup ne pensent plus que de manière électoraliste. Et il y a ceux qui travaillent avant tout pour une tendance. Toujours prêts à défendre leur vision de la gauche plutôt que nos propositions progressistes. Certains camarades ayant eu de hautes responsabilités, sont prés à tout pour les retrouver. Je suis d’ailleurs navré de constater que nos élus sont toujours les mêmes. Il n’y a pas de réel renouvellement. Les jeunes font défaut. Tous comme les personnes de couleur. Nous souffrons, comme nos adversaires du syndrome de l’homme blanc de plus de cinquante ans d’origine chrétienne et ayant un certain niveau d’études. C’est dommage, car cette catégorie ne représente qu’un faible pourcentage de la population. C’est le défi de nos deux prochains congrès, le saut générationnel. C’est de là que peut venir notre salut et non pas d’un changement de nom ou de la formation d’un nouveau parti. Changer de nom n’est pas une idée, c’est de la fuite. C’est la facilité.

En vérité il nous faut changer notre image et adapter notre discours. Si nos élus sont plus jeunes et colorés, que notre discours est lui aussi plus jeune et que nos actions sont radicales, alors nous retrouverons une réelle et puissante assise électorale. La formation d’un nouveau parti est aussi un moyen de s’échapper. On a foutu la merde au PC alors on s’en va et on recommence ailleurs. C’est stupide. Il faut faire le ménage et retrouver une visée communiste. Il faut retrouver un projet solide. Ainsi nous retrouverons des électeurs.

B/Quel fonctionnement et quel militantisme ?

Etre un élu ou un dirigent communiste, c’est se dévouer pour notre cause. C’est quelqu’un qui est an avant, qui représente tous les communistes. C’est une sorte de vitrine. L’élu communiste doit toujours être à la disposition des camarades et des électeurs. Il doit militer, être présent sur le terrain. Aujourd’hui, grand nombre d’entre eux ne jouent pas leur rôle, ils sont trop souvent absents des points de distribution ou de discussion. Beaucoup sont collés à leur majorité socialiste et n’osent plus bouger, même quand le chef de cette majorité tient des propos impardonnables. C’est dommage car il en va de la crédibilité de notre parti.

Il est vrai que ce n’est pas forcément simple de militer. Cela prend du temps et demande parfois beaucoup d’énergie. Mais notre présence sur le terrain est indispensable. Nous devons être dans la rue le plus souvent possible. Nous devons informer, écouter, discuter, débattre, aider. Militer c’est distribuer des tracts, coller des affiches, participer aux manifs, aux réunions. Militer c’est surtout être disponible, être à l’écoute. La présence des communistes dans les quartiers populaires est indispensable. Indispensable pour nous, mais surtout indispensable pour ceux qui y vivent et qui ont besoin de nous. Un militant doit toujours être prêt à répondre aux questions, il doit être prêt à discuter, à débattre et à exposer notre projet. Le militant, c’est la base du parti.

Le PCF, malgré nos mauvais résultats électoraux, reste un grand parti. Qui dit grand parti, dit avis différents, tendances. Tous les avis sont bons à entendre, tout le monde peut et doit s’exprimer. Cependant, au PCF, la démocratie est la règle, et c’est donc le plus grand nombre qui a raison. Nous pouvons tous nous exprimer mais il est normal que nous respections tous les positions majoritaires. Lors de la dernière élection présidentielle, certains de nos dirigeants n’ont pas suivi la voie de la démocratie et ont fait campagne pour un autre candidat que celui du PCF. C’est leur droit, mais alors, que font ils encore au PCF. Il faut avoir un minimum de cohérence, si on ne soutient le candidat du parti, on se met en retrait. Cette situation a eu pour effet de nous décrédibiliser encore un peu plus. Nous devons exprimer nos divergences, mais nous devons nous plier aux décisions démocratiques. Les tendances se livrent une guerre acharnée pour la prise de pouvoir au sein du PCF et négligent les remises en causes. Nous devons penser à l’avenir de notre parti plutôt qu’à notre avenir personnel.

L’un des enjeux de notre congrès, c’est la jeunesse. La jeunesse au sein du parti. La jeunesse de nos électeurs. Cela va ensemble. Si on rajeunit nos élus, nos dirigeants, nos porte-parole, on rajeunira automatiquement nos électeurs. C’est l’exemple Besancenot, un très grand nombre de jeunes se sont tournés vers la LCR pour la jeunesse de leur candidat. Je ne dis pas qu’il faut faire du jeunisme, je dis qu’il faut réellement rajeunir nos cadres. C’est une question de survie. La génération qui est au commande du parti n’a jamais rien gagné. C’est une génération qui a vu, et y a forcément participé, l’écroulement du parti. Beaucoup ont adhérés lorsque nous faisions encore plus de vingt pour cent. Ceux la s’interrogent sur la chute de notre score et regardent le passé avec nostalgie. C’est vers l’avenir qu’il faut regarder. Il faut laisser la place à cette nouvelle génération qui elle, n’a connu que le chômage, la répression policière, les guerres du Golf, le SIDA, la discrimination et la haine. Nous devons aussi revoir notre façon de militer et nous investir pleinement dans les nouveaux moyens de communication. Internet est un outil formidable pour militer. Site internet, blog, forum, vidéos en ligne, lettre électronique, tant de façon de diffuser largement et pour un moindre coup nos idées. Les jeunes se sont complètement emparés d’internet, ne laissons pas filer cette chance de retrouver un impact au sein de notre jeunesse.

4/Sur le rassemblement et les alliances

La gauche française est aujourd’hui en bien piètre posture. Beaucoup de nos concitoyens, lorsqu’on leur parle de la gauche, pensent de suite au Parti Socialiste. C’est très regrettable car le PS ce n’est pas la gauche. Ce n’est qu’un parti politique parmi d’autres étant considéré comme de gauche. Le principal problème du PS, outre qu’il n’a aucun projet, est que c’est un bien trop grand parti. Une sorte de fourre tout où l’on trouve tout et n’importe quoi. Des gens très clairement de gauche et des gens très clairement de droite. La direction du PS est une direction bourgeoise, au service de la bourgeoisie. Le gros des éléphants est composé de conservateur. Les progressistes se font de plus en plus rare dans ce parti qui est pourtant annoncé comme la seule alternative à Sarkozy. Heureusement que certains Emmanuelli ou Mélenchon sont encore là pour tenter d’équilibrer la balance et empêcher que leur parti soit définitivement un parti de centre droit.

La gauche française compte de nombreux parti, du PRG de Taubira au MRC de Chevènement, en passant par Les Verts de Mamére ou encore notre cher PCF. Puis viens l’extrême gauche, LCR, LO, PT, CNT ou autres parti refusant systématiquement toutes prises de pouvoirs ou toutes participations aux institutions et n’étant donc pas vraiment des partis politiques. Notre place au sein de tout cela est centrale et incontournable, et ce malgré notre forte régression électorale. Le PCF est parti prenante de la vie politique française. Nous faisons parti du paysage politique français. Nous sommes en fait le seul parti oeuvrant pour de profondes transformations sociales au sein de l’exécutif et du législatif. Il ne faut pas compter sur les autres partis de gauche pour nous aider à nous relever, ils ne veulent que notre effondrement pour pouvoir se partager les restes. C’est d’ailleurs ce qu’ont déjà commencé à faire certains depuis longtemps. Nous pouvons et devons discuter avec toutes les composantes de la gauche. Nous devons mêmes travailler avec tous. Cependant ne nous bradons pas. Nous devons rester fidèles à nos convictions et ne pas aller nous ridiculiser au sein d’un gouvernement social-libéral.

Pour les alliances, il n’y a donc aucunes limites, tant que nous sommes d’accords sur le fond, sur le projet. C’est pourquoi, au lieu de discuter entre nous de la stratégie, nous devons clarifier notre projet. Notre visée communiste. Une fois ce projet affirmé, les alliances se feront d’elles-mêmes. Je parle de grandes alliances nationales. Pour la gestion des municipalités, je pense que c’est plus simple car les enjeux sont moindres. Sur le plan local nous devons travailler avec tous les progressistes, toutes les personnes voulant améliorer la vie de tous les administrés, et aller vers la plus haute qualité de vie possible.

S’entendre sur un programme n’est pas suffisant, nous en avons fait l’expérience lors de la tentative de rassemblement de la gauche antilibérale. Les logiques de parti retrouvent leurs droits et les animosités s’exacerbent. Notre ambition été sans doute démesurée. Ni nous, ni nos potentiels alliés, ne sommes prêts pour un tel rassemblement, l’opinion publique encore moins. Car même si beaucoup disent « en cas de rassemblement j’aurai voté pour vous », il n’en aurait rien été. Ce ne sont que des paroles. Face à un Sarkozy terrifiant, un Le Pen baveux et des médias très orientés, les électeurs nous auraient préféré les Bayrou ou Royal, véritables chimères n’inquiétants en rien la bourgeoisie et son cher capital, donc d’aucuns secours pour le prolétariat. Nous devons retrouver nos bases afin d’être ouvert à toutes discussions et à toutes unions.

Notre participation aux différentes formes de pouvoir est indispensable. On n’en est pas moins révolutionnaire. Mais pour faire la révolution, il faut l’appui du peuple, il faut être majoritaire. Nous en sommes loin. C’est pourquoi, au lieu d’attendre tranquillement que le peuple se réveille, nous devons tout faire pour améliorer la vie de ce peuple. Notre présence dans les mairies, les conseils généraux et les conseils régionaux est une bonne chose. Mais il ne faut pas le faire à n’importe quel prix.

Pas d’alliances incohérentes. Tout comme une participation à un gouvernement social-démocrate. Ce n’est pas notre place. L’épisode Jospin de 1997 à 2002, a, entre autres choses, achevé les derniers sympathisants que nous avions. L’union nationale doit se faire sur un projet anti-capitaliste et non pas sur des propositions d’amélioration de la vie, comme on peut le faire sur le plan local. Encore une fois, c’est notre projet qu’il nous faut clarifier. Une fois cela accompli, le reste viendra tout seul.

Messages

  • Puis viens l’extrême gauche, LCR, LO, PT, CNT ou autres parti refusant systématiquement toutes prises de pouvoirs ou toutes participations aux institutions et n’étant donc pas vraiment des partis politiques.

    Génial !

  • Puisse-tu être entendu ,camarade ....Mais tu ne vas pas assez loin dans la rupture avec le PS,cheville de gauche de la bourgeoisie.Pour démystifier le PS vis à vis du citoyen de gauche il faut clore le chapître "unitaire" avec lui et voler de nos propres ailes avec tous les révolutionnaires où qu’ils se trouvent.L’alliance avec les trotkystes est une nécessité d’autant plus facile aujourd’hui que nous avons renié définitivement le Stalinisme.Le succès "relatif" de la candidature Besancenot n’a pas renforcé électoralement le courant révolutionaire de l’électorat,par contre si nous retrouvions sur une même tribune le PCF,LCR,LO,PT et anarchistes,altermondialistes et socialistes de gauche marxiste cela aurait une autre allure médiatique que MGB et Hollande derrière une table pour signer un accord électoral .L’ostrascisme des dirigeants du PCF pour cette nouvelle alliance marque l’esprit de beaucoup de militants comme je le constate aux assemblées générales de section ,dommage ...Mais nécessité peut faire loi demain face à un capitalisme sans foi ni loi.

    Tu as raison les "quartiers populaires" nous attendent ,encore faut-il organiser le Parti dans ces quartiers pour réussir à entraîner tous ces citoyens "pauvres" ,financièrement, dans l’action révolutionnaire qu’ils souhaitent pour changer vraiment leur vie misèrable.La jeunesse peut très bien adhérer à notre projet communiste ,encore faut-il le lui faire connaître comme quand j’ai adhéré à la jeunesse communiste dans les années 60.La classe ouvrière existe encore malgré sa dispersion et elle est particulièrement en colère contre le système bourgeois.Le leurre de Sarko "travailler plus pour gagner plus" se dissipe rapidement car le patronat le détourne à son profit comme le CNE et autres éxonérations de charges.Bien des raisons font que je suis "optimiste" dans la prochaine période sur le retour dans l’actualité du "communisme" et de ses valeurs que tu as si bien précisé dans ton intervention .

    L’animation politique du PCF doit se faire "horizontalement" aujourd’hui pour en finir avec la "verticalité" du pouvoir qui fait que les militants attendent les textes du CN ou les directives de MGB.Cette façon de faire de la politique est révolue.Dans ma section tout le monde attend la convocation du secrètaire pour se réunir et faire bouger les choses.L’erreur d’élire le secrètaire par une Assemblée générale de militants ne renforce pas le travail collectif.On ne se réunit qu’une fois tous les quinze jours,il n’y a plus de bureau de section pour animer ce fameux collectif de Direction où vient qui veut quand il veut,les cellules ne sont plus dynamisées,quand elles existent encore,sauf pour en faire des relais électoraux.Quelques camarades,secrètaire de cellule,essayent encore de faire vivre ces organisations de base avec difficulté sans aide directionnelle .Il faut donc réagir et penser une organisation révolutionnaire sur de bonnes bases avec un renforcement d’animation politique dans les quartiers populaires et dans les entreprises,base essentielle pour la promotion de la socièté communiste à construire .Il vaut mieux 20 à 30 secrètaires dans une ville,et des directions départementales et nationale cordonnées à plusieurs têtes pour démontrer vis à vis du peuple que nous jouons collectif comme l’équipe de France.En tous cas en ce moment ça remue les méninges dans le landerneau des militants du PCF .Le communisme c’est notre raison d’être et notre créativité ne doit jamais s’émousser pour réussir .

    bernard SARTON,section d’Aubagne

  • Je suis navré que les camarades de la LCR ou autres partis d’extreme gauche montent en ligne contre ma contribution. J’ai beaucoup de respect et de sympathie pour vos mouvements. Ce que je voulais dire, et que j’ai peut etre mal exprimé, c’est que dans ma conception de la politique, qui n’est pas la meilleure, mais juste la mienne, un parti, a pour objectif de gouverner, seul ou avec des alliés, nationallement ou localement. Sachez camarades, que je ne suis pas du tout hostile vis a vis de vos formations politiques, bien au contraire. Tant qu’a ma mémoire, elle est assez modeste, je n’ai que 23 ans et ne suis donc pas conscient de l’interet de la politique, depuis tres longtemps. Pour ma culture, c’est vrai que je suis parfois un peu a la peine. Mais sachez camarades que je viens d’un quartier populaire, que mes parents ne sont pas cultivés et que je n’ai pas fait d’études. J’espére avoir réussi a clarifier la situation et surtout ma position vis a vis des partis d’extreme gauche, qui est une position tres fraternelle.

    Damien Gautreau