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Qu’est-ce qui caractérise une période révolutionnaire ?

Publie le vendredi 10 juillet 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Qu’est ce qui caractérise une période révolutionnaire ? C’est le passage des forces de répression de l’autre côté de la ligne, parce que les dites forces elles-mêmes sont persuadées qu’il est inutile de continuer.

  1905 : les cosaques et la bureaucratie brisent les troubles en Russie. 1917 : les cosaques et la bureaucratie passent aux émeutiers, parce que les émeutes étaient journalières, que les flots de victimes ne décourageaient pas les nouvelles émeutes, avec comme cause la faim.

  1979 : la trame fut la même dans l’Iran du Shah. Les centaines de morts et le renforcement des manifestations firent passer la majorité de l’armée dans la neutralité, puis dans l’autre camp. Seuls les immortels de la Garde Impériale combattirent jusqu’au bout.

  1979 : Nicaragua, après des semaines de troubles, l’armée de l’air et la marine, puis l’armée de terre passent à l’insurrection. Ne reste plus à Somoza que sa garde présidentielle (15 000 hommes), bien mieux armée et équipée que les 3 corps d’armée.
Mais même la garde nationale (la garde présidentielle somoziste) verra l’inanité de combattre une insurrection qui renaissait dès qu’ils avaient tourné les talons. Pire, même l’ambassade américaine trouvera que Somoza commençait à puer.

  USA 2009 : "Sheriffs in Michigan and Illinois are quietly refusing to toss families on to the streets, like the non-compliance of Catholic police in the Slump. "

http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/5742937/The-unemployment-timebomb-is-quietly-ticking.html

Simplement, les sheriffs aujourd’hui refusent tranquillement de mettre les gens à la rue. Même refus d’appliquer les ordres et la loi. Il n’y a même pas eu des troubles massifs, seulement le trouble des forces de l’ordre, pas sûres elles-mêmes de ne pas se retrouver dans la même situation bientôt. Aux Etats-Unis, les états n’ont plus un rond.

" Some 342,000 homes were foreclosed in April, pushing a small army of children into a network of charity shelters. This compares to 273,000 homes lost in the entire year of 1932 ".

L’écoeurement, simplement, le sentiment que ce qui est fait ne fait n’aggraver le mal.
Car où vont se retrouver ces familles américaines ? Dans le meilleur des cas dans la famille, dans le pire des cas à la charge des services sociaux débordés et désargentés.

Pendant ce temps, les immeubles sont systématiquement pillés et désossés, leur valeur tombe à zéro, voire devient négative (il faut démolir le reste), le terrain n’est même plus une valeur, et les collectivités locales voient leurs finances fondre.

Cela, les représentants des forces de l’ordre l’ont vu journellement. On comprend donc que localement, ils n’en aient plus rien à battre de mettre les gens à la porte. Pourquoi faire ? Pour que même la banque y perde ? Un mauvais arrangement avec ces familles vaut mieux qu’un bon procès. En attendant, on peut donc noter un début de décomposition interne visible dans cette petite phrase d’Ambrose Evans-Pritchard. Le régime ne peut plus compter sur les forces de l’ordre. Elles ont commencé à s’autonomiser...

Patrick Reymond.

http://lachute.over-blog.com/article-33645626.html

Article d’Ambrose Evans-Pritchard en langue anglaise :

http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/5742937/The-unemployment-timebomb-is-quietly-ticking.html

Messages

  • Se caractérise une période révolutionnaire avec une période pré-révolutionnaire, c’est le passage d’une classe en soi à une classe pour soi, c’est à dire une classe dont les objectifs sont le renversement de la classe capitaliste et la prise du pouvoir pour ses propres intérêts de classe.

    On en est pas là, il faut donc travailler à accélérer le processus naturel de la chute du capitalisme, et cela ne peut se faire que pays par pays en tenant compte de la conscience de classe des travailleurs et de leur évolution révolutionnaire dans chacun des pays.

    Sans vouloir être donneur de leçons, loin s’en faut, il faut travailler à l’organisation des travailleurs sur un territoire donné, les faire lutter pour gagner les revendications, et leurs montrer que la victoire est possible, et bien sûr repérer les éléments les plus révolutionnaires pour en faire des révolutionnaires avec la théorie et la pratique révolutionnaire.

    On part d’un territoire donné, et on élargit ou on se groupe avec d’autres, c’est la théorie des cercles qui s’agrandissent pour n’en faire plus qu’un, et quand il en reste un, là le pouvoir est pris et la chute de la dictature du capitalisme est à portée, pour mettre en place la dictature de la classe ouvrière (le terme prolétariat étant aujourd’hui galvaudé pour beaucoup, même s’il est juste)

    On est plutôt dans l’électoralisme et le toutpartisme, que dans cette lutte pour renverser le capital, afin que l’économie soit au service des hommes et non que les hommes soient au service de l’économie...

    débattons en !

    • On en est pas là, il faut donc travailler à accélérer le processus naturel

      À bas le travail ! D’autant que si le processus est naturel, pour accélérer le processus de cesser de travailler comme des cons, il faut simplement s’arrêter de travailler comme des cons. C’est très simple.

      Le chômage est l’action naturelle du Capital dans sa régulation : il faut le comprendre, de NOTRE côté, comme la CESSATION du TRAVAIL et ne plus en chercher ! en RENOUVELER ! Il faut s’arranger sans le travail.

      loin s’en faut, il faut travailler à l’organisation des travailleurs sur un territoire donné, les faire lutter pour gagner les revendications,

      La principale revendication du "travailleur" est de cesser d’en être un, le reste suivra. À bas le RENOUVELLEMENT DU TRAVAIL ! que diable…

      Et pour finir, une période n’est pas "révolutionnaire" mais pré-révolutionnaire, car sinon la révolution serait ou aurait été déjà là.

  • 1979 : la trame fut la même dans l’Iran du Shah. Les centaines de morts et le renforcement des manifestations firent passer la majorité de l’armée dans la neutralité, puis dans l’autre camp. Seuls les immortels de la Garde Impériale combattirent jusqu’au bout.

    Là on peut en discuter.

    L’analyse est assez simpliste et démontre une méconnaissance totale de la situation géopolitique du moment.

    L’armée du Shah était essentiellement une armée occidentalisée. Et si elle a basculé c’est parce que les intérêts du moment faisaient que le Shah devenait gênant pour ses amis étatsunniens dirigés à l’époque par Carter. En particulier les désirs d’hégémonie du Shah au Moyen-Orient qui s’opposaient à ceux des Israéliens et de leurs alliés US.

    Sinon elle aurait fait ce que toute les armée formées à l’Ecole des Amériques font. Elle aurait pris le pouvoir sans ses soucier des Mollahs. Mais à l’époque les USA et Kissinger inventaient et "lançaient" les mouvements islamiques contre les systèmes communistes et les nationalismes arabes avec l’aide de leurs complices Whaab’ites.

    La "Révolution des Mollahs" a été dirigée de l’Intérieur par les Occidentaux, et Kissinger en particulier, qui voyaient en eux une bonne alternative à la Révolution blanche du Shah, qui tôt ou tard menait à une volonté d’indépendance et de réappropriation des richesses de l’Iran par la Bourgeoisie iranienne. Et elle fut soutenue en particulier par le Bazar qui voyait dans la politique du Shah un risque de réduction de ses échanges avec l’Occident ; (Là ils ont tout fait faux).

    Qu’elle leur ai pété dans les doigts, comme la Révolution Baath’iste de Saadam y a pas de doutes. Finalement ça n’a jamais été que le schéma de ce qui s’était passé avec la mise en selle du National-Socialisme hitlérien contre le Bolchévisme par les Anglo-saxons.

    Mais dans le "Révolution islamique" en Iran , même si le Toudeh y a participé il n’y avait rien de révolutionnaire au départ. D’ailleurs le Toudeh n’a pas tardé à s’en apercevoir dans les faits et la Classe ouvrière iranienne l’a très cher payé. Bien plus que ce que lui avait fait subir la tristement célèbre "Savak" drivée par la "CIA"

    A moins qu’on considère que détruire un système laïc et basé sur une vision "éclairée" du Monde, (Féminisme, laïcité, science, relative distribution des richesses, indépendance nationale), sous le prétexte qu’il n’est pas "démocratique", pour le remplacer par un système religieux obscurantiste pas plus "démocratique" d’ailleurs, et dirigé de l’Etranger, est une "révolution".

    Et aujourd’hui on se retrouve dans la même situation ou sous prétexte de "démocratiser" l’Iran qui justement sort peu à peu de la période "tout religieux" on parle de mettre en place une "nouvelle" révolution à la solde de l’Etranger.

    Les "révolutions" ont ne peut pas imaginer qu’elles soient "exportables. Et c’est pour ça que chaque pays doit se les forger en interne.

    L’Amérique latine en est actuellement un exemple.

    G.L.