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Quand le président de la mutualité française adorait et pensait peser sur la réforme de l’assurance-maladie

Publie le jeudi 28 février 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Les Echos du 7 septembre 2004

Interview Jean-Pierre Davant : « Il faut donner sa chance à la réforme de l’assurance-maladie »

Alors que la situation des comptes de la Sécurité sociale reste tendue, le président de la Mutualité française plaide pour une mise en place rapide de la réforme de l’assurance-maladie et réfute toute nouvelle mesure financière. Il dénonce l’accord signé avec les chirurgiens libéraux.

La place de la Mutualité française dans la gestion de l’assurance-maladie a été critiquée par certains syndicats lors de l’élaboration de la réforme. Les ponts sont-ils aujourd’hui coupés ?

La réforme de l’assurance-maladie a montré que le mouvement syndical, de par son éclatement, n’était pas capable de constituer une véritable force de proposition. Mais je ne me satisfais pas des divisions actuelles. Nous avons beaucoup de choses à faire ensemble, y compris avec la CGT ou FO. Il n’y a pas eu de fracture irrémédiable.

Un changement de majorité au sein du nouveau conseil de la Caisse nationale d’assurance-maladie, qui sera installé d’ici à deux mois, est-il envisageable ?

Nous avons constitué un axe stable, innovant et vigilant, avec la CFDT et l’Unsa. Il n’y a pas de raison d’en changer. Certains syndicats ne peuvent pas revendiquer des responsabilités et, au bout du compte, ne défendre que ce qui est porteur en terme d’image. Quand on gère, il faut assumer les décisions difficiles.

La Mutualité revendique-t-elle une place dans la future Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam), qui regroupera la CNAM, la Canam (indépendants) et la MSA (salariés agricoles) ?

Non, nous ne revendiquons pas des places pour paraître, puisque pour animer le dialogue nécessaire entre professionnels de santé, régimes obligatoires et régimes complémentaires, nous serons présents par le biais de l’Union des complémentaires.

Que pensez-vous de la volonté de Bercy d’avancer au 1er octobre la perception du forfait de 1 euro par consultation, en raison des inquiétudes qui pèsent sur les comptes ?

Il faut donner sa chance à la réforme, qui n’aura pas d’effets avant un an. Tout reste à faire. Nous veillerons à ce que les décrets d’application ne soient pas rédigés a minima. Il faut une volonté politique forte pour mettre en place rapidement les nouveaux outils de gestion. Anticiper sur la perception du 1 euro ou créer de nouvelles franchises sur les boîtes de médicaments ne réglerait rien. Il ne faut pas se tromper de priorité.
Les dépenses de médicaments ont progressé au rythme de 8,7 % au premier semestre...

C’est énorme, et ce n’est pas justifié par la prise en charge de besoins de santé nouveaux. Mais c’est au niveau des prescriptions qu’il faut agir, pas en prenant des mesures économiques. Il n’y a aucune raison de prescrire autant de psychotropes, d’antalgiques ou d’antiulcéreux. Les statines (anticholestérol) continuent de progresser en dépit des campagnes de la CNAM qui prouvent que la majorité des prescriptions ne sont pas justifiées. Les mauvaises pratiques se pérennisent. Mais nous pensons qu’il y a moyen de changer les comportements avec la Haute Autorité de santé, le dossier médical personnel, la formation des médecins... Nous vivons les soubresauts de la fin d’un système.
Que pensez-vous de l’accord signé avec les chirurgiens libéraux ?

La France dispose de chirurgiens de très haut niveau, mais nous n’avons pas su faire évoluer leur cadre d’exercice. Résultat, il existe aujourd’hui de fortes inégalités d’accès aux soins. L’accord « économique » qui a été signé n’est pas à la hauteur des problèmes d’organisation. Est-il sain que des chirurgiens courent après le nombre d’actes pour gagner correctement leur vie, alors que l’on pourrait avoir des systèmes rémunérateurs où le mérite serait reconnu ? A chaque fois que ressortent les réflexes corporatistes, cela se fait au détriment des besoins de santé.

Les tarifs des mutuelles vont-ils continuer de flamber ?

Le forfait hospitalier va augmenter. Et dès lors que les dépenses de médicaments continuent de progresser à ce rythme, cela se répercutera sur nos tarifs. J’observe que certaines mutuelles ne prennent plus complètement en charge les médicaments à vignette bleue (remboursés à 35 % par la Sécurité sociale).

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉTIENNE LEFEBVRE

Messages

  • Ne pas oublier son soutien au plan Juppé en 1995 , sa volonté de voir dérembourser les médicaments "peu efficaces". Il veut faire l’intelligent, au secours.

    C’est complètement débile comme raisonnement ou alors il faut des tanks pour tuer les mouches !

    Oui, les "petits médicaments" doivent être remboursés à 100 % , sinon on aggrave les pathologies à terme ! D’ailleurs , "inefficaces " mais ils sont toujours en vente une fois déremboursés, en automédication et à prix libre , un scandale.

    Mai la vraie raison est économique et politique , la mutualité française a toujours eu en horreur la secu de 45, avant 46 elle avait le monopole , 30 % population était pris en charge, les autres pouvaient crever !

    Aujourd’hui grâce à la secu c’est 99 , 99 des gens qui sont pris en charge, certes, très mal en dentaires, optiques , prothèses ... plus les forfaits, franchises qui s’accumulent !

    Mais globalement en France on peut encore se soigner et avec la qualité même si elle est inégale , suivant le lieu géographique ou son carnet d’adresse .

    la mutualité veut sa revanche , mais elle va se faire bouffer par les assurances , car les stupides , n’ont pas vu que le monde capitaliste avait bougé depuis 45 !

    La solution pour les mutualiste , une secu à 100% et de bons services publiques, le reste c’est du pipeau !