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Quand un evêque met en joue le capitalisme qui condamne à mort !

Publie le dimanche 8 novembre 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

Amis croyants ou incroyants, camarades, je vous invite à lire la prise de parole de l’Evêque de Montauban lors de la messe de la toussaint.... alors c’est pour quand la colère collective ?

Défunts, victimes d’une nouvelle pandémie

Parmi les défunts auxquels je pense particulièrement ces jours-ci et que je porte dans ma prière il y a les victimes d’une nouvelle « pandémie » : ceux que les conditions de travail conduisent à la mort, ceux qui poussés par des contraintes inhumaines, désespérés, se tuent : à France Télécom, à l’entreprise Thalès et dans d’autres entreprises… Qui plaidera pour eux ? Qui reconnaîtra qu’ils sont sacrifiés à des idoles mortifères : la rentabilité, la concurrence, le réduction des coûts, les techniques de gestion ? La barbarie du quotidien fait naître leur culpabilité au point qu’ils se donnent eux-mêmes la mort devant l’idole implacable qui demande toujours plus. Chez France Télécom Orange il faut être « Orange à l’intérieur » (lire Ivan du Roy : Orange stressé, Edition La Découverte , Paris 2009)… « Orange à l’intérieur » mais qu’est-ce donc que ce mot d’ordre sinon la volonté des managers de s’approprier le salarié pour l’évaluer dans son « adhésion à l’entreprise » c’est-à-dire dans sa capacité à n’être plus qu’un avec elle ?

Au bout il y a la prime ou…. la mutation ou l’orientation vers la sortie… Ces réalités touchent des millions de personnes vouées au profit de grandes entreprises qui se font la guerre avec un armement humain et qui ne craignent pas les pertes « en matériel ». Ce « matériel » nous le connaissons bien : ce sont nos proches, nos voisins, ils travaillent depuis quinze ou vingt ans dans telle ou telle entreprise, ils ont acquis une maison qu’ils paient sur vingt ou vingt-cinq ans grâce à leur travail. Un jour tout s’arrête parce que l’entreprise est délocalisée, parce que l’acheteur étranger n’a rien à faire de cette usine (comme Molex), parce que la gestion rigoureuse des managers sera récompensée s’ils font partir 10% du personnel de leur service…

La guerre internationale se gagne à ce prix

Le 11 novembre nous allons faire mémoire de la terrible guerre de 14-18.
Si nous sommes convaincus que les guerres sont insensées comment pouvons-nous accepter d’en être les complices en laissant se répandre des conditions de travail qui abîment l’homme et finissent par le détruire ? Quand un système économique, sous prétexte de performance, impose un type de management où l’être humain est écrasé par des exigences intenables, soumis à des pressions qui le survalorisent ou le rabaissent par un jeu cruel de mise à l’épreuve, le travail –noble activité humaine- devient la forme moderne de l’esclavage. Il devient logique que dans un tel système ceux qui ne suivent pas soient condamnés…

En ce mois de commémorations, nous allons nous souvenir de ces morts « pour la production », victimes du « turn over », des délocalisations, des plans de licenciements, du chômage partiel, du « toujours plus » …

Msr Ginoux, evêque de Montauban

Messages

  • Très louable que l’Eglise, par le biais de ses Serviteurs, redescende sur terre et s’occupe enfin de tous les opprimés, croyants ou pas, pratiquants ou pas ... c’est leur "rôle" le plus noble et surtout le plus "utile" ....

  • arretez, c’est de la manipulation,
    un acte d’intoxication hypocrite et
    malhonnete : des siecles de
    conditionnement des êtres humains.

    • ok, ce sont les institutions qui intoxiquent.

      Chez les communistes, c’est pareil ; t’as des institutions parfois cyniques et t’as un ou plusieurs héros ; c’est comme ça.

      Si quun dit la vérité, c’est rare et ça déplaît.

    • Bon on est pas encore au Salvador. mais même s’il ne risque pas une rafale de M16 à la sortie de l’Homélie dominicale comme Mr Romero, il risque de se faire flinguer par sa hiérarchie.

      Perso, je préfère les Evêques qui vont dans ce sens que ceux qui prêchent le "Got Mitt Uns" néo-libéral. Pareil pour les Imams ou les Rabbins d’ailleurs.

      Surtout quand il n’y a pas tant que ça d’élus dits de gauche qui prêchent le même point de vue dans les différentes institution de la République.

      Maintenant, si quelqu’un à le même type de discours à publier, prononcés par des élus au Sénat, à l’Assemblée, dans les Conseils généraux, municipaux ou régionaux, je suis preneur afin de leur envoyer une lettre de félicitation.

      G.L.

  • Il manque un morceau à ce billet, certes courageux et inattendu.

    Fin de l’allocution

    En reprenant l’encyclique récente de Benoît XVI, Caritas in Veritate, nous voyons que « la question sociale est devenue radicalement une question anthropologique » et que « lorsque les seuls critères de vérité sont l’efficacité et l’utilité, le développement est automatiquement nié. » (n°69). Que ces morts ne soient pas oubliés, qu’en regardant tout homme comme créé à l’image de Dieu, les chrétiens disent avec force que « l’authentique développement n’est pas produit par nous mais nous est donné » (Caritas in Veritate, conclusion) . Il nous est donné par le Dieu de la Vie.

    http://catholique-montauban.cef.fr/actualites/celebrations-de-novembre-par-mgr-b-ginoux

    Je ne sais pas si comme dit l’@uteur de l’artcle, il s’agit d’une « prise de parole (publique) de l’Evêque de Montauban lors de la messe de la Toussaint ... »
    Ce billet n’est peut-être qu’un simple mot dans un journal diocésain.

    Un peu mélange des genres, côté compassionel commun d’ailleurs à la religion, et à la religion (sa petite sœur profane), rapport douteux entre victimes des conditions de travail et les victimes de 14-18 novembre.

    Surprenante inversion des rôles, la victime coupable ! et "idolâtre" ! idole implacable, mortifère

    « La barbarie du quotidien fait naître leur culpabilité au point qu’ils se donnent eux-mêmes la mort devant l’idole implacable qui demande toujours plus. »

    « Qui plaidera pour eux ? Qui reconnaîtra qu’ils sont sacrifiés à des idoles mortifères : la rentabilité, la concurrence, le réduction des coûts, les techniques de gestion ? »

    L’église commencerait-elle à découvrir quelques valeurs de gauche ?

    « Quand un système économique, sous prétexte de performance, impose un type de management où l’être humain est écrasé par des exigences intenables, soumis à des pressions qui le survalorisent ou le rabaissent par un jeu cruel de mise à l’épreuve, le travail –noble activité humaine- devient la forme moderne de l’esclavage. »

    avec 3 trains de retard.

    L’Église ne semble pas connaître la parabole des Temps modernes (1936)

    ou La condition ouvrière (1935) de Simone Weil téléchargeable en PDF/Word ...

    http://classiques.uqac.ca/classiques/weil_simone/condition_ouvriere/condition_ouvriere.html

    Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Un début de métamorphose ...

    Encouragements.