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" vendredi 20 mai 2005, 19h40
Le "non" de gauche au traité européen réplique à Lionel Jospin
PARIS (Reuters) -
Des opposants de gauche à la Constitution européenne ont rejeté les critiques de Lionel Jospin affirmant qui il était impossible de se dire Européen et de prôner le "non" au référendum du 29 mai.
"Il y a des dizaines de millions de gens et d’abord des gens de gauche (...) qui s’apprêtent à dire ’non’", lui a ainsi répondu Laurent Fabius sur TV5.
"On ne peut pas comme ça leur dire vous n’avez rien compris, vous êtes des mauvais ceci, des mauvais cela", a ajouté l’ancien ministre socialiste de l’Economie, principale cible de Lionel Jospin, qui ne l’a cependant pas cité nommément.
Dans son discours de Nantes, Lionel Jospin a dénoncé jeudi soir la "supercherie" de ceux qui "s’affirment pro-Européens et pour le ’non’", visant indirectement Laurent Fabius.
Il a également fustigé les "contre vérités" distillées selon lui par les tenants du "non" sur l’avortement ou la laïcité, des arguments utilisés dans leur campagne par les socialistes Henri Emmanuelli ou Jean-Luc Mélenchon.
Au lendemain du discours offensif de l’ancien Premier ministre socialiste, un sondage BVA pour l’Express montre une hostilité grandissante au traité européen parmi les sympathisants de gauche.
A neuf jours du scrutin, 66% d’entre eux annoncent leur intention de voter contre le traité constitutionnel, soit une progression de douze points en trois semaines.
Pour Robert Hue, qui n’a pas apprécié "l’arrogance" et le "ton docte" de l’ancien Premier ministre, Lionel Jospin est "à mille lieues des réalités vécues par le peuple de gauche (...) La réalité, c’est que les Français qui votent à gauche, votent ’non’, ils votent par expérience maintenant (...) Le ’non’ de gauche est un ’non’ favorable à l’Europe, mais pas à cette Europe" libérale, a estimé l’ancien dirigeant communiste.
Le député PS des Landes Henri Emmanuelli a rappelé pour sa part à Lionel Jospin sa "naïveté" passée sur les questions de sécurité.
"Il nous dit que le traité constitutionnel européen "st bon pour la France. Espérons que si, par malheur, il était adopté, il n’aura pas à nous dire en pleine crise sociale, comme il nous l’avait dit pour la sécurité, qu’il a été naïf", a-t-il dit.
Laurent Fabius a estimé pour sa part que la question n’est pas "de savoir s’il y aura des ’non’ mais quelles seront les propositions de la France" lors de la renégociation qui lui semble inévitable.