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Retour sur un crime raciste

Publie le jeudi 17 mai 2007 par Open-Publishing
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Traduction d’un article publié ce jour par le quotidien Israélien Haaretz au sujet de l’assassinat à Tel Aviv d’un Palestinien par 2 immigrants juifs français suivi de l’article original en anglais.
Où l’on constate à nouveau que l’on ne peut même pas dire dans la presse française (sans doute par crainte de la loi Gayssot) ce qu’il est permis de dire en Israël.

Valere

Veuillez nous pardonner notre racisme !

Goel Pinto
publié le jeudi 17 mai 2007.

Ce ne sont pas que quelques Juifs français qui ont expliqué, durant la récente campagne présidentielle en France, qu’ils étaient pour Nicolas Sarkozy à cause de la poigne de fer qu’il a employé contre les immigrés musulmans de la première génération lors des émeutes de banlieues de 2005. Son soutien sans équivoque à la communauté juive après le meurtre d’Ilan Halimi en 2006 et le fait qu’il en ait attribué la cause à des motifs antisémites a aussi aidé Sarkozy à gagner le vote de nombreux Juifs français. Des remarques du style "les Arabes prennent le pouvoir en France" et "nous avons besoin d’un véritable homme pour remettre les choses en place ici" ont été exprimées par beaucoup plus que quelques Juifs durant la campagne électorale.

Il y a 600 000 Juifs qui vivent aujourd’hui en France. Contrairement aux enfants des immigrés musulmans, de nombreux Juifs français ont obtenu des postes à responsabilité et ont gagné le respect et la protection du gouvernement. Dans un Etat qui met en avant l’effacement de l’identité religieuse pour favoriser une identité nationale en tant que membres de la République, les Juifs ont joué sur les deux terrains. D’un côté, ils se sont intégrés à la société française, tandis que de l’autre ils ont continué à démontrer une grande loyauté à Israël et, en particulier, aux gouvernements de la droite dure qui ont régné ces dernières décennies.

L’agitation de nombreux Juifs français et le racisme que certains d’entre eux affichent vis-à-vis des Musulmans ne sont pas un phénomène nouveau. Je me souviens d’une matinée de shabbat dans une synagogue parisienne. J’avais 12 ans. C’était pendant la guerre du Liban de 1982 et le rabbin a récité la prière pour l’Etat d’Israël et ses soldats. La congrégation a répondu par des interruptions telles que "Sharon, montre-leur !" et "Tue-les !" Le rabbin n’a fait aucun effort pour les faire taire. Même à ce moment-là, il était clair que cette communauté, qui avait fait des dons généreux à Israël, utilisait cet Etat comme instrument de vengeance.

Aucun Juif français n’oserait faire du mal à un Musulman en France. Soufir, le meurtrier juif, a émigré en Israël avant d’assassiner un Arabe - et pas à cause d’une quelconque pénurie de Musulmans en France. C’était plutôt parce que de nombreux Juifs, en France, préfèrent se draper dans le tallith des victimes - et, là-bas, les incidents anti-Juifs leur fournissent assez de munitions pour agir ainsi. L’image de la victime entraîne le gouvernement à les soutenir beaucoup, en grande partie à cause de ses propres sentiments de culpabilité face à la période de Vichy.

Le temps est venu pour l’Etat d’Israël de placer un miroir devant les Juifs de France, qui tiennent un double langage. Le Premier ministre Ehoud Olmert et la Présidente par intérim Dalia Itzik devraient rendre visite à la famille de la victime assassinée et demander pardon au nom de l’Etat et du peuple juifs, exactement comme le Roi de Jordanie Hussein le fit après le meurtre des sept fillettes de Beit Shemesh lors de l’attaque terroriste de Naharayim en 1977, exactement comme le président français et sa femme, Jacques et Bernadette Chirac, ainsi que le Premier ministre Dominique de Villepin, le firent à la suite du meurtre d’Halimi en participant au service religieux commémoratif dans une synagogue parisienne.

C’est aussi le moment approprié pour les chefs de la communauté juive de France, conduite par le Grand Rabbin Yosef Sitruk, de rendre visite à la Grande Mosquée de Paris et de demander pardon. Pardon pour ce meurtre, mais aussi pour le racisme anti-musulman qui est enraciné dans leur communauté et qui est l’une des causes principales de la détérioration, en France, des relations entre les Juifs et les Musulmans.

The murder of Taysir Karaki of Beit Hanina, 35 and the father of five, was carried out by a single individual, but the soil on which the Jewish-French terrorist Julian Soufir thrived nevertheless bears collective examination.

More than a few French Jews explained during the recent presidential election campaign that they were for Nicolas Sarkozy because of the iron fist he employed against first-generation Muslim immigrants in the Paris suburb riots of 2005. His unequivocal support for the Jewish community after Ilan Halimi’s murder in 2006 and the fact he ascribed anti-Semitic motives to it also helped Sarkozy to win over many French Jews. Remarks along the lines of "the Arabs are taking over France" and "we need a real man to put things right here" were voiced by more than a few Jews during the campaign.

There are 600,000 Jews living in France today. Unlike the children of the Muslim immigrants, many French Jews have obtained senior positions and garnered the respect and protection of the government. In a state that champions the obliteration of religious identity in favor of a universal identity as members of the republic, the Jews have played both sides of the field. On the one hand, they integrated into French society, while on the other they continued to demonstrate great loyalty to Israel and in particular to the right-wing governments that have ruled it in recent decades.

The militancy of many French Jews and the racism that some of them display against Muslims are not new phenomena. I can recall one Shabbat morning in a Paris synagogue. I was 12. It was during the 1982 Lebanon war, and the rabbi recited the prayer for the State of Israel and its soldiers. The congregation responded with interjections such as "Sharon, you show them" and "Kill them." The rabbi made no effort to silence them. Even then it was clear that this community, which for years had donated generously to Israel, was using the state as a tool of revenge.

No French Jew would dare to hurt a Muslim in France. The Jewish murderer Soufir immigrated to Israel before he murdered an Arab - and not because of any shortage of Muslims in France. Rather, it was because in France many Jews prefer to wrap themselves in the tallit of victimhood - and the anti-Jewish incidents there give them sufficient ammunition to do so. The image of the victim causes the government, mainly because of its own feelings of guilt over the Vichy period, to give them broad support.

The time has come for the State of Israel to place a mirror before France’s Jews, who are dancing at two weddings at the same time. Prime Minister Ehud Olmert and Acting President Dalia Itzik should pay a visit to the family of the murder victim and ask for forgiveness in the name of the state and the Jewish people, just as Jordan’s King Hussein did after the murder of the seven girls from Beit Shemesh in the Naharayim terror attack in 1997, just as the French president and his wife, Jacques and Bernadette Chirac, and Prime Minister Dominique de Villepin did following Halimi’s murder when they attended his memorial service at a Paris synagogue.

This is also the appropriate time for the heads of France’s Jewish community, led by Chief Rabbi Yosef Sitruk, to visit the Great Mosque of Paris and to ask for forgiveness. Forgiveness for the murder, but also for the anti-Muslim racism that is rooted in their community, which is one of the main causes for the deterioration in relations between Jews and Muslims in France.

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