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Retraites : la police intervient, les opposants insistent

Publie le mercredi 20 octobre 2010 par Open-Publishing

La police est intervenue mercredi en France pour débloquer les sites pétroliers et routiers stratégiques contrôlés par les opposants à la réforme des retraites, qui ont riposté en multipliant les actions.

Forts d’une mobilisation de 1,1 à 3,5 millions de personnes mardi pour leur sixième journée d’action, et d’un soutien de l’opinion, les syndicats ont fait monter la pression pour obtenir le réexamen du projet qui doit être voté en principe dans les prochains jours au Sénat, mais le gouvernement reste sur ses positions.

Plusieurs ministres ont déclaré mercredi matin que la force serait utilisée chaque fois qu’il le faudrait.

"Nous continuerons à débloquer autant que nécessaire ces dépôts, car quelles que soient les préoccupations et les revendications, l’immense majorité n’a pas à subir la loi d’une minorité", a dit le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux lors d’une conférence de presse.

La police est intervenue dans la nuit pour mettre fin au blocage de trois dépôts de carburants au Mans (Sarthe), à Donges (Loire-Atlantique) et à La Rochelle (Charente-Maritime), a-t-il expliqué. Au total, 21 interventions de déblocage de dépôts par les forces de l’ordre ont eu lieu depuis vendredi dernier, selon le ministère de l’Intérieur.

Une source à la CGT a cependant aussitôt annoncé le blocage à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), près de Marseille, d’un autre dépôt stratégique qui alimente l’armée et les aéroports de Marseille et Nice.

LES STATIONS-SERVICE MENACÉES

A Donges (Loire-Atlantique), les gendarmes mobiles ont évacué vers 04h40 les quelques centaines d’ouvriers, enseignants et dockers qui s’étaient rassemblés pour en bloquer les accès, a constaté un photographe de Reuters.

Selon un délégué de la CGT de Total, un barrage s’est reformé en amont sur la route et les camions ne pouvaient toujours pas approcher le dépôt.

Les accès au dépôt de La Rochelle (Charente-Maritime), bloqués depuis jeudi, ont aussi été libérés sans incident par 140 gendarmes dans la nuit, a-t-on appris de source syndicale.

Selon le gouvernement, 4.000 des 12.500 stations-service du pays connaissaient mardi des problèmes d’approvisionnement et la pénurie menace dans une grande partie du pays.

Les 12 raffineries du pays étaient toujours bloquées mercredi matin et onze d’entre elles étaient à l’arrêt complet ou en cours d’arrêt, disent les syndicats.

"On est partis pour reconduire la grève tous les jours et aller jusqu’au bout, jusqu’au retrait du projet. On n’a plus tellement le choix puisqu’en face on a des murs qui n’écoutent pas", a dit à Reuters un délégué CGT de la raffinerie LyondellBasell de l’Etang de Berre.

Les distributeurs de carburant, pétroliers et hypermarchés sont convenus mardi de mettre leurs stocks en commun et de mettre en place des moyens de transport supplémentaires, au besoin grâce à des camions étrangers.

AÉEROPORTS BLOQUÉS

Les mouvements de protestation continuaient mercredi matin. L’accès routier de l’aéroport de Toulouse-Blagnac a été bloqué au petit matin par environ 200 employés de Airbus et Air France industrie, a-t-on appris à la préfecture.

Le Centre national d’information routière recensait dans la matinée une douzaine de points de blocages sur les routes.

Des barrages ont été installés aux entrées des trois principaux tunnels de Marseille, ce qui a aussi amené une intervention de forces de l’ordre, a dit la préfecture.

Deux des trois sites ont été libérés mais le tunnel Saint-Charles, dans le quartier de la gare SNCF était encore bloqué en matinée.

Les syndicats considèrent que c’est le gouvernement qui est responsable du blocage du pays.

"Qui prend en otages les salariés ? (...) Ils sont enfermés dans leur tour d’ivoire, ce sont eux qui sont complètement bloqués", a dit le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly sur Canal +.

Selon deux sondages publiés ce mercredi, le mouvement bénéficie dans l’opinion d’un large soutien.

Selon une enquête Viavoice pour Libération, une majorité de Français souhaite que le projet de loi soit partiellement modifié (61%) ou profondément modifié (60%) et 79% souhaitent une reprise des négociations avec les syndicats.

Ces derniers se réunissent jeudi à Paris pour décider d’autres actions.

Thierry Lévêque avec Mathilde Cru et les correspondants régionaux, édité par Marc Joanny

http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE69J02U20101020?sp=true