Tony Blair a du mal à convaincre

Londres critique la nouvelle stratégie au Moyen-Orient prônée par le premier ministre britannique aux États-Unis.

de Peter Avis Londres, correspondance particulière.

L’appel de Tony Blair à Los Angeles pour "une alliance de la modération" qui vaincra "l’arc d’extrémisme islamiste" au Moyen-Orient n’a guère convaincu à Londres, même si le ton de son discours a quelque peu varié par rapport aux déclarations habituelles de ses amis américains.

En prônant "une renaissance complète de la stratégie" dans la guerre contre le terrorisme, le premier ministre britannique voudrait que "les valeurs démocratiques de l’Ouest" soient partagées avec les pays pauvres. Tony Lloyd, un ancien ministre au Foreign Office, a déclaré hier à la BBC que ce genre de rhétorique avait peu de chances d’être acceptée par les Libanais. "Comment peut-on parler de valeurs aux gens qu’on bombarde à mort ?"

On a appris hier que la ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett, peu connue jusqu’ici pour sa dissidence, a transmis à Tony Blair l’avis du Foreign Office : la Grande-Bretagne devrait réclamer « un cessez-le-feu immédiat » au Liban. Ce conseil a été rejeté par le premier ministre.

Tony Blair est de retour à Londres aujourd’hui. Les critiques de ses opposants, qui se trouvent désormais jusqu’au sein du Conseil des ministres, n’ont pas été adoucies par son pas de deux aux États-Unis ces jours-ci. Pour Frank Dobson, ancien ministre de la Santé, il n’y a pas de doute : « En Angleterre ou à l’étranger, Tony Blair nous traîne encore plus loin dans la boue. »

http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-08-03/2006-08-03-834515