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Ultimatum des centristes à Silvio Berlusconi

Publie le lundi 28 juillet 2003 par Open-Publishing

Les alliés centristes de Silvio Berlusconi lui posent un ultimatum

Leur retrait du gouvernement provoquerait une crise au sein de la coalition dirigée par Silvio Berlusconi car elle perdrait la majorité au Sénat.

Le chef du gouvernement italien est confronté à une grave crise après la menace de rupture, lundi 28 juillet, de ses alliés centristes si le ministre de la justice continue de bloquer une enquête sur le groupe de télévisions de Silvio Berlusconi. Les dirigeants du parti de l’Union des démocrates-chrétiens et de centre (UDC) ont lancé un ultimatum lundi soir. "Le bureau politique de l’UDC exige la transmission des commission rogatoires par Castelli et réserve sa position dans l’attente des décisions du gouvernement", a annoncé le parti dans un communiqué. L’ultimatum expire mardi avec le début d’une nouvelle réunion du bureau politique de l’UDC fixé à 14 heures pour arrêter la position du parti.

La crise a été provoquée par la décision vendredi du ministre de la justice, Roberto Castelli, de bloquer deux commissions rogatoires adressées aux Etats-Unis et en Suisse pour aider une enquête ouverte par deux magistrats du parquet de Milan pour fraude fiscale contre M. Berlusconi et d’autres dirigeants de Mediaset, son groupe de télévisions. M. Castelli, membre de la Ligue du Nord, le mouvement populiste et xénophobe dirigé par Umberto Bossi, a invoqué la nouvelle loi accordant une immunité au chef du gouvernement pendant la durée de son mandat pour justifier sa décision.

Les centristes contestent son interprétation du texte et lui ont rappelé l’article stipulant que la loi suspend les procès en cours contre les cinq plus hauts responsables de l’Etat, mais permet la poursuite des enquêtes préliminaires. Roberto Castelli a proposé de demander mardi l’avis du Sénat, mais les centristes ont refusé cette solution. "Le Parlement s’est déjà prononcé", a affirmé lundi soir le chef de l’UDC, Marco Follini. "Le Parlement ne peut faire des consultations sur des lois déjà approuvées", a pour sa part déclaré le président de la Chambre des députés, Pier Ferdinando Casini, l’un des chefs de file du parti.

SILENCE EMBARRASSÉ DE MM. BERLUSCONI ET FINI

Les centristes de l’UDC ont deux ministres contre trois pour la Ligue et ont 69 élus au Parlement (40 députés et 29 sénateurs) contre 47 (30 députés et 17 sénateurs) pour la Ligue du Nord. Leur retrait du gouvernement provoquerait une crise au sein de la coalition dirigée par Silvio Berlusconi car elle perdrait la majorité au Sénat. La chambre des députés compte 630 membres et la coalition est majoritaire avec 367 sièges. Le Sénat a 315 élus, dont 177 des partis de la coalition.

Les deux autres partis de la majorité, Forza Italia de M. Berlusconi et Alliance Nationale (AN) du vice-premier ministre Gianfranco Fini, gardent un silence embarrassé, mais leurs porte-parole se sont dits lundi convaincus que cette nouvelle crise serait surmontée. Le silence du chef de la Ligue du Nord, Umberto Bossi, plaide en ce sens. Après avoir déclaré jeudi que "la Ligue se déchaînera en septembre pour défendre son programme électoral avec son fusil et sa baïonnette", il n’a pour l’instant pas dit un mot pour défendre Roberto Castelli.

Silvio Berlusconi est jusqu’à présent toujours parvenu à calmer les états d’âme de ses alliés, nombreux depuis les défaites subies aux élections locales fin mai-début juin. Mais le nouveau bras de fer engagé entre les centristes et la Ligue est révélateur des sérieuses tensions au sein de sa coalition, au pouvoir depuis juin 2001. Une crise gouvernementale serait du plus mauvais effet pour Silvio Berlusconi, alors que l’Italie assure la présidence semestrielle de l’Union européenne depuis le 1er juillet.

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3214--329160-,00.html