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Voter « non » par attachement à l’Europe sociale.

Publie le mardi 24 mai 2005 par Open-Publishing
6 commentaires

Prise de position pour le Non au référendum de Marie-Thérèse Mutin, ancienne députée européenne socialiste.

de Marie-Thérèse Mutin

François Patriat, que j’ai connu moins sectaire, n’y va pas avec le dos de
la cuiller pour vilipender les partisans du Non au référendum : « mensonges,
contre-vérités, atmosphère de démagogie passionnée, poujadisme buté, » et
même « hoologanisme incantatoire ». Bref, une fois encore, si le vote n’est
pas conforme à ce que souhaitent ceux qui sont censés nous représenter,
c’est que les électeurs, trop naïfs (pour ne pas employer de mot grossier)
n’auront rien compris.

Ce mépris devient une habitude au Parti socialiste : si Jospin est relégué en troisième position lors de la présidentielle, ce n’est pas de la responsabilité du PS qui n’a pas su rassembler le peuple de gauche, non, c’est la faute aux électeurs, ces bornés, ces incultes ! Ainsi, si le non l’emporte, ce ne sera pas parce que le PS se coupe de plus en plus des masses populaires, mais parce que de vilains moutons noirs, pleins d’arrière-pensées carriéristes, auront trompé ce bon peuple qui n’a pas su écouter les purs agneaux ne pensant, eux, qu’au bien de leur pays et de l’Europe !

Pour ma part, je ne lancerai pas d’invectives contre les socialistes qui défendent et s’apprêtent à voter la ratification de la Constitution, je ne doute pas de leur sincérité. Simplement, ils ont baissé les bras, ils sont persuadés qu’on ne peut rien contre la dérive libérale et qu’il vaut mieux tenter d’accommoder le système de façon plus douce plutôt que d’essayer d’en changer ou tout au moins de réfléchir à un projet de société plus ambitieux.

Leur « oui » est un « oui » de résignation.

Il faut se saisir de la chance offerte par le référendum pour dire non, pour
mettre un coup de frein à cette dérive, pour réveiller la combativité du
mouvement social français et européen. Si le Non l’emporte, il ne faudra pas
se démobiliser, il faudra préparer sans tarder la renégociation de la
Constitution car il y aura forcément renégociation sinon pourquoi soumettre
ce texte à la ratification des Etats, s’il est le seul possible ?

Mais si la renégociation devait être confiée, à nouveau, à une commission composée de la même façon que la commission Giscard, alors cela n’aurait été qu’un coup d’épée dans l’eau. Il faut une véritable assemblée constituante dont les membres doivent être élus au suffrage universel pour cette mission.

Loin d’être un réflexe de peur, le vote « non » est un vote de confiance
dans une véritable démocratie européenne.

Messages

  • Le terme de "naïf" est très utilisé par les personnages qui ont réussi à récupérer le pouvoir par des manœuvres n’ayant rien à voir avec une capacité quelconque à l’exercer, quelque soit leur couleur politique (simple tremplin) ou leur sphère d’influence (petite ou grande). Arme suprême, est "naïf" celui qui met à jour leurs petits jeux malsains et toujours narcissiques. Ce mot méprisant, plus efficace qu’un mot grossier, leur permet de décourager les individus hésitants et peureux qui pourraient être tentés de participer au courant de contestation de leurs pratiques douteuses. Ils sont avertis que s’ils font preuve de lucidité ils seront dans le camp des méprisés.

    Enseignante à l’université je me suis élevée contre les pratiques humiliantes et malhonnêtes de professeurs de l’université. La présidente mise au courant m’a traitée gentiment de "naïve" justifiant par ce mot toutes les pratiques douteuses de ses collègues. Ayant demandé ma mutation elle me fut refusée car la même présidente a assuré le Conseil d’Administration qu’elle traiterait mon cas "humainement" sans préciser le sens qu’elle donnait à ce terme. Tout fut fait pour que je n’ai que la solution de demander un congé de maladie qui fut accepté unanimement par le système . Les collègues qui à ma suite se sont élevés contre les mêmes pratiques ont subi le même sort : exclusion du groupe dominant, relégation dans le groupe des "naïfs".
    favand@tiscali.fr

  • >> ... Simplement, ils ont baissé les bras,...

    Quand par lassitude on baisse les bras, il faut passer la main !

    Henri Ménard - Groix

  • Ravi de voir Marie-Thérèse Mutin, la bourguignonne, socialiste authentique, toujours fidèle aux idéaux humanistes et sociaux qui caractèrisent son engagement politique.
    Je vous connais. J’apprécie votre honnêteté et votre rigueur intellectuelle. J’apprécie votre prise de position sur le référendum, elle ne me surprend nullement venant d’une femme qui a toujours imposé le respect dans son militantisme. Un engagement désintéressé qui tranche singulièrement avec les carrièristes opportunistes de la gauche ultra-libérale !

    Verdi

  • Si le NON de gauche gagne le 29 mai, on se retrouvera face à deux possibilités :

    1) soit, Chirac et son Gouvernement font "comme si" le NON n’avait pas gagné et sourds, comme lors des résultats des précédentes consultations électorales, ils continueront leur politique et ratifieront le Traité sans tenir compte du choix de la plus part des français ;

    2) soit, en tant que "pères" et défenseurs du OUI à ce Traité, ils ne seront pas dans la position pour discuter d’une vraie Constitution et, donc, obligés de démissioner pour laisser la place aux représentants du NON de gauche en tant que légitimes porte-paroles de la majorité des français.

    Dans le premier cas, il y aura une réaction de la part des citoyens qui auront voté NON que, cette fois-ci, j’ai du mal à imaginer "calme" car ceux qui auront voté NON, auront la légitime impression (et ce n’est pas qu’une impression !) d’avoir été, encore une fois, pris pour des imbécilles, pris en boîte.

    Dans le deuxième cas, ce même "calme" sera très difficile à maintenir car ni Chirac, ni sa compagnie seront disposés à abandonner leur pouvoir si facilement, alors que les citoyens du NON de gauche voudront, encore une fois légitimement, voir leur victoire reconnue dans les faits.

    Donc, dans tous les cas, il faut être conscients que la victoire du NON de gauche implique une grande maturité politique et humaine afin que ce moment historique décisif soit marqué non pas par la violence ou la soif de vengeance, mais par une solide union du NON de gauche en France capable de propositions concrètes qui puissent trouver une large adhésion de la part de toute la gauche européenne apte à obtenir que soit formée une Assemblée constituente chargée, par les peuples d’Europe, de présenter une vraie Constitution et, en suite, de la voir appliquer.

    Mavi

    • OK.. vousdites -"Il faut une union de gauche -"à votre avis cela regroupe combien de personnes..?
      pour moi il faut une union de tous les pro-europeens de gauche ET de droite qui Veulent une
      EUROPE NON MARCHANDE qui veulent une EUROPE CIROYENNE .. BREF UNE VRAIE EUROPE.
      Nous ne pouvons plus cloisonner dans gauche droite
      a votre avis depuis un temps certain la gauche a- t’-elle mis en place un vrai libéralisme dans le vrai
      sens . ; ?

      nicole

  • Merci Mme MUTIN pour votre integrité. Je vote en Bourgogne, j’ai voté pour Mr PATRIAT aux dernières élections, et là je dois dire que je ne compte plus voter pour des "représentants de ce parti socialiste" qui semblent avoir oublié ce que signifie le terme "socialiste" et qui de surcroît nous traitent comme si nous étions des imbéciles incapables de réfléchir...
    J’aimerai ajouter que les médias prêchant la "bonne parole" contribuent à ce mépris des "électeurs d’en bas", qui forcément n’ont rien compris, se trompent d’élection, ont peur du changement... J’en passe et des meilleures. Je tiens juste à préciser que j’ai entendu plusieurs fois à la télé que ce sont les gens qui ont lu le TCE qui comptent voter oui, les autres étant trop bêtes comptent voter non (comme Le Pen) ou bien s’abstenir... Ce mépris m’écoeure au plus haut point. Je suis une simple citoyenne de 25 ans, je compte bien remplir mon devoir de citoyenne et ni les médias ni les politiciens n’arriveront à me culpabiliser. En effet, je n’ai pas attendu de recevoir ce texte par la poste, et je l’ai télécharger il y a environ 3 mois (le TCE complet n’était d’ailleurs pas évident à dénicher). J’ai donc pris le temps de le lire et c’est en connaissance de cause et en mon âme et conscience que je voterai NON dimanche. Je pense que toute personne réellement attachée à la démocratie, qu’elle soit de droite ou de gauche, ne peut approuver la ratification de ce texte qui réduit la démocratie à de la poudre aux yeux, qui impose une politique économique dans ce qui est censé être une constitution (chose qui n’existe que dans les dictatures communistes), et qui soumet les droits de l’homme au respect de la "concurence libre et non faussée"...
    Merci encore Marie-Thérèse
    cindy (une citoyenne attachée à la démocratie et aux vraies valeurs socialiste)