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LA FOUILLE

Publie le vendredi 11 mai 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

""le Parquet fait appel de la décision de semi-liberté pour Nathalie Ménigon""

L’oeil du clairon à 7h00, comme chaque matin.

Douche, café, clope, radio. Ma co-cellulaire et moi-même prenons notre temps. Encore une journée comme tant d’autres. Il y a bien du bruit dans le couloir, mais on s’en fout. De toutes manières, l’oeilleton ne nous permet pas de voir au-delà de nos 9 m2, alors... alors voilà, finalement, cette matinée ne sera pas tout à fait comme les autres...

8h00 : la porte s’ouvre sur un uniforme et un visage inconnu (la plupart de nos gardiennes portent une blouse blanche en guise d’uniforme, peut-être pour se sentir moins flic, mais l’habit fait-il le moine ?) qui nous demande de sortir sur-le-champ pour une fouille par palpation. Le temps de prendre pull et cigarettes et nous voilà en train de descendre pour aller dans la cour.

Les uniformes grouillent : deux gardiennes devant chaque cellule, puis partout... Là encore, une nouvelle surprise : un groupe de CRS, matraques et boucliers en mains, cagoulés et prêts à intervenir contre la quarantaine de femmes que nous sommes : des mères, des grands-mères, des jeunes filles tout juste sorties de leur lit et qui ne comprennent rien à ces bousculades. Mais deux mots retentissent : FOUILLE GENERALE.

Qu’est-ce, concrètement, de plus que toutes ces fouilles que nous subissons à chaque occasion ? Les discussions vont bon train : “Moi, j’en ai déjà eu une à Fresnes”. Et il y a celles dont les nerfs à vif les font craquer et qui pleurent, il y a les malades qui réclament leurs pilules pour le coeur, celles qui ont oublié leurs clopes (ou à qui on n’a pas laissé le temps de les prendre), et l’attente s’installe.

Trois heures durant, nous allons patienter dans la cour (enfin une promenade matinale plus longue, pourrait- on se dire !), trois heures passées à guetter les ombres et gestes des uniformes dans nos cellules, à écouter les aboiements des chiens et en imaginant déjà dans quel état nous allons retrouver nos quelques affaires. Puis la porte s’ouvre, nous allons subir une fouille corporelle. Le premier étage puis le rez-de-chaussée, par ordre... et nous attendons notre tour. Des cabines temporaires (une mince cloison nous séparant les unes des autres, mais pas de porte) ont été installées.

Trois matones m’ont fouillée : bouche, oreilles, cheveux...
 on m’a fait enlever mon tampon hygiénique et de là où je suis, je peux voir les CRS qui attendent dans le couloir... A ce moment, je crois que je n’avais encore jamais ressenti un tel sentiment de rage et d’humiliation.

On m’avait dévisagée de manière hautaine, inhumaine, dégueulasse, me traitant comme une moins que RIEN. Mais que dire face à un tel déploiement ? Bien évidemment, on m’a pris tout ce qu’on a pu : un petit bracelet bricolé, un piercing entré en douce. Enfin, je me suis rhabillée et j’ai rejoint mon amie. Je crois que mon regard se faisait encore pus méprisant que tous ceux rencontrés jusqu’à ma cellule... du moins à ce qu’il en restait ! Ma co-cellulaire s’écroula en pleurs dans mes bras, hoquetant qu’on lui avait pris le bracelet de sa fille, qu’elle ne méritait pas tout ça...

Non, nous ne méritions pas tout ça. Aucun être humain, d’ailleurs, ne le mérite. Et nous avons entrepris de ranger et nettoyer nos 9 m2 : les bassines d’eau avaient été jetées à terre et on aurait juré qu’on avait piétiné exprès dans l’eau...

Toute photo, carte,... avait été arrachée du mur, l’armoire vidée, tous les papiers sortis, les matelas déhoussés, les postes “empruntés” (pour fouille plus poussée ?)...

Voilà comment s’est passée la fouille générale à Seysses, vaste plan lancé par M. Perben il y a deux ans. Mais cette fouille a aussi eu quelques conséquences non négligeables : par exemple, ce jour là, les parloirs intérieurs ont tout simplement été supprimés (ils ont lieu tous les 15 jours, je crois), les cantines reportées, les changements de draps et de linge de toilette supprimés, de même que la distribution de PQ et produits hygiéniques...

"Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine".
Article 10
Code international relatif aux droits civils et politiques

http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1412


Soutien à Nathalie Ménigon :
 http://bellaciao.org/fr/article.php...

Messages

  • Moi si vous le voulez bien je peux apporter mon témoignage de ce que peut être une prison même vue de l’extérieur.

    Il y a six ou sept ans mon fils alors âgé de 27 ans a fait une connerie qui l’a amenée devant le tribunal correctionnel de St Etienne. Résulta, six mois ferme. C’est un sacré coup de massue quand le verdict tombe et ce, malgré l’excellente plaidoirie de son avocat. Je ne pense pas qu’avec mon épouse on l’ait mal élevé, peut-être trop bien. Ce n’est pas un mauvais garçon, serviable cherchant toujours à rendre service mais son gros problème a cette époque était l’alcool. Lorsque les gendarmes l’ont arrêté il avait un peu plus de 1g50 d’alcool dans le sang et je pense que cela a pesé dans le verdict.

    Alors tout de suite avec ma femme et malgré le choc que l’on venait de subir on s’est dit "il ne faut pas le laisser tomber, il va avoir besoin de nous peut-être encore plus qu’avant ». L’avocat s’est démené tout de suite après l’audience pour nous faire avoir un droit de visite et en cela je peux le remercier. On était le jeudi et le samedi on lui faisait notre première visite. Et pendant six mois chaque semaine on lui rendait visite et c’est la que j’ai pus constater toute l’igniomie de ce que l’on appel l’administration pénitencière. Ces gens qui travaillent la dedans (les matons) sont encore pire que les CRS. C’est a tout moments l’humiliation et non seulement avec les détenus, mais aussi avec les visiteurs. Les locaux sont sales, ça put tout ce que l’on veut même la merde, vous êtes traité comme des chiens, on vous aboie des ordres et si vous avez la malheur de l’ouvrir on vous prive de visite, 15 jour, 1 mois, comme cela m’est arrivé, on vous traite comme des moins que riens <>

    Lorsqu’un homme fait une connerie, la première des punitions qu’il doit subir, c’est la privation de sa liberté, alors je pense que ce n’est pas la peine d’en rajouter surtout venant de gens qui n’on a leur égard que de la haine, et je ne pense pas non plus que les visiteurs aient eux aussi a subir cette violence.

    Mais je ne pense pas qu’avec celui qui vient d’être élu, les choses puissent s’améliorer.

    Varenne L.

    • merci pour ton témoignage

    • le texte originel a ete ecrit par une copine du Comité d’Action et de Soutien aux Prisonniers

      Il se réunit tous les samedi à partir de 17h30 au 7 rue St Rémésy à Toulouse

      Pour les contacter ;

      CASP
      c/o CNT AIT
      7 rue St Rémésy
      31000 Toulouse

    • Merci pour ce témoignage ,témoignage accablant pour la pénitenciaire un de plus .Combien en faudra-t-il pour que cela change ?Combien de révoltes , Combien de suicides ...!?
      Et ça se passe dans le pays des droits de l’homme , le nôtre ,chez nous ,en ce moment !!Avec en plus maintenant Sarkozy...ça n’est pas prêt de s’arranger si on reste sans réaction.Au fait ,les élections ,même les législatives,devraient servir à dénoncer ce scandale et améliorer la condition en prisons . Ce serait la moindre des choses.

      François Pellarin.