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et si Hortefeux n’était pas si bête...
Publie le samedi 12 septembre 2009 par Open-Publishing4 commentaires
Oh le beau scandale que nous offre Brice Hortefeux ! de quoi se régaler pendant au moins une semaine… plus de grippe A, plus de lois liberticides, plus de licenciements, le nouveau « buzz » de l’UMP fait un carton !
On s’agite à droite comme à gauche, certains exigeant la démission, d’autres démentant les accusations, et la plupart quelque peu gênés aux entournures… car les précédents racistes sont nombreux, et pas qu’à droite ; si Hortefeux démissionne, cela remettrait la tête de pas mal de ses collègues sur le billot.
Mais ne nous emballons pas : le ministre ne va bien sûr pas démissionner, et toute cette vilaine affaire va vite retomber dans le néant, sans faire ni de morts ni de blessés. Comme le disaient justement deux journalistes sur France-info, les hommes politiques sont aujourd’hui assez au courant et de l’ambiance qui règne aujourd’hui au sujet de l’humour « racial », et de leur continuelle exposition aux médias, qu’ils soient officiels ou non.
D’autant que si j’ai bien compris et bien vu, le ministre et ses compères posaient ostensiblement face objectifs, et devant une multitude de spectateurs… sans compter les caméras de la chaîne parlementaire LCP, qui après avoir refusé de passer la vidéo (c’est là que j’en suis pour le moment), a décidé de la passer dans son intégralité.
Alors après tout, il y a peut-être une autre explication que la simple « boulette » derrière tout ça, qui serait comme l’expression de la subtilité de notre gouvernement. Je m’explique : en émettant de tels propos, le ministre de l’intérieur savait sans doute le « buzz » qu’il allait créer, et ainsi lancer un débat national sur ce qu’il est juste ou pas de faire et de la part des journalistes, et de celle des politiques. Et oui, est-il interdit de faire des blagues dans ce pays ? il semble que les affaires concernant l’humour puissent établir les bases d’une réflexion concernant la liberté d’expression. Car s’il est possible qu’un homme politique soit démissionné pour de l’humour, que faire de tous les agitateurs qui se retranchent derrière l’humour pour critiquer les hommes du gouvernement ?
Et voilà que vu sous cet angle, le gouvernement soit en passe de faire un grand coup de communication qui est loin d’être stupide, car en agissant ainsi il va pouvoir faire la distinction entre « humour » et « insulte ». Le ministre ne démissionnera pas en se retranchant derrière l’humour comme légitime liberté d’expression , et en même temps créera une sorte de limite virtuelle dont le gouvernement pourra jouer pour attaquer tout abus de langage non considéré comme de l’humour. Ensuite, il deviendra alors plus facile de contrôler l’expression de certains « gêneurs » en prenant le cas Hortefeux comme une sorte de « jurisprudence » de la morale.
De plus, cette limite virtuelle laisse une forte place à l’interprétation ce qui, en ces temps de « rassemblement » des pouvoirs, peut faire craindre un certain recul de la liberté d’expression. Comme les journaux qui ont refusé de passer la vidéo qu’ils détenaient, ils peuvent autant se réfugier derrière cette liberté qu’on peut les accuser d’allégeance au pouvoir.
Mais ce n’est pas tout, et c’est là sans doute le plus beau coup de cette mascarade : après cet évènement, il semble qu’on pourra plus facilement, à l’avenir, se permettre de faire « beaucoup » d’humour dans les rangs des politiques, surtout si c’est à propos des Arabes, une communauté stigmatisée comme une autre l’était à une époque que l’on croit parfois révolue. Mais souvenez-vous les livres, les articles, les pamphlets, les blagues et les caricatures qui fusaient sur les Juifs après 1929, que l’on accusait (sans doute pour rire là-aussi) de tous les maux de la société. A force de se répéter les bons mots de certains communicants en vue, les petites blagues se sont tellement ancrées dans le peuple qu’elles finissent encore aujourd’hui par créer « le gang des barbares ».
Après, on peut toujours gloser sur la réalité (ou non) du racisme du ministre de l’intérieur, mais une chose est pour moi plus que certaine : cet homme est loin d’être un imbécile.
Messages
1. et si Hortefeux n’était pas si bête..., 12 septembre 2009, 16:57, par humour
Je ne sais plus qui a dit :
" L’humour n’a pas de limite à la condition stricte qu’il ne déborde jamais dans le mouvement et l’action ".
Or, M. Hortefeux est Ministre, et son humour déborde largement sur sa fonction. Il n’est donc plus uniquement dans la plaisanterie.
Les débats sur l’humour sont récurrents et toujours difficiles à conclure. Aussi de dire qu’on peut rire toujours en dehors de l’action me convient.
Un autre point de vue :
Rappelez-vous que Pierre Desproges (grand humoriste du XXè siècle) disait :
"On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui..."
2. et si Hortefeux n’était pas si bête..., 12 septembre 2009, 19:00
Objectif constant de la bourgeoisie : régner. Méthode utilisée, vieille comme la première société de classe : diviser. Créer la division entre communautés et quand celles-ci n’existent pas en tant que telles, les inciter à s’organiser comme telles. Brecht : "Têtes rondes et têtes pointues", pièce écrite en 1937 pour éveiller les masses déjà enserrer dans la nasse fasciste. L’histoire repasse ce plat-là (voile, burka, mosquée, intégrisme d’un côté, papauté,sionisme, laïcité biaisée de l’autre).
1. et si Hortefeux n’était pas si bête..., 12 septembre 2009, 20:58, par S.Bolivar
C’est bizarre,les meetings de l’UMP ressemblent de plus en plus aux meetings du FN ou les allusions les plus nauséabondes pullulent .
A oui,c’est vrai Sarko a fait la synthèse de toutes les droites .
3. et si Hortefeux n’était pas si bête..., 13 septembre 2009, 00:05
J’ai beau regarder encore et encore cette video, je ne parviens pas à voir à quel moment Hortefeux a fait de l’humour. Il avait l’air plutôt sérieux en prononçant les phrases qui ont fait scandale.
Je suis toutefois d’accord avec cet article : le coup est peut-être calculé. Une hypothèse serait que cet individu (et ses amis, qui le soutiennent) voudraient banaliser ce genre d’idées auprès de la population, en flattant par populisme les bas instincts d’une partie des Français.
Dans tous les cas, ces propos sont indignes.