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Israël, les colons à l’offensive

Publie le mardi 19 octobre 2004 par Open-Publishing


Les "settlers" descendent dans la rue dans tout le pays contre l’hypothèse
de
retrait de Gaza. Et ils attaquent les Palestiniens qui cueillent les olives.


de MICHELE GIORGIO

Les colons israéliens à l’offensive et pas seulement contre le plan du premier
ministre Ariel Sharon d’évacuation des installations juives de Gaza. Depuis quelques
jours en Cisjordanie, les agressions contre des paysans palestiniens, occupés à la
récolte annuelle des olives, se multiplient. Les violences sont perpétrées par
des colons qui demeurent dans les installations les plus "militantes" et l’armée
israélienne ne prend aucune mesure sérieuse pour mettre fin aux attaques contre
les agriculteurs palestiniens. L’arrestation, hier dans les collines au Sud d’Hébron,
de deux colons qui avaient menacé et pourchassé des paysans auxquels d’ailleurs
les soldats ont ordonné d’interromprel e travail et de retourner chez eux, fait
exception.

Cette année, les palestiniens ont commencé avant l’heure la récolte des olives,
dans le but de prévenir les gestes des colons. En outre, des dizaines de volontaires
de l’Europe, des Usa et d’autres pays sont arrivés en Cisjordanie, décidés à protéger
le travail dans les champs. Leur présence n’a servi que partiellement. Au début
de la semaine, un paysan de 28 ans a été blessé à coups d’arme à feu par des
extrémistes de Yitzhar (Nablus) qui avaient l’intention d’empêcher les Palestiniens
de rentrer dans les oliveraies. En effet, les colons considèrent l’aire entourant
leurs installations comme une "zone de sécurité" et, surtout, de future expansion.
En empêchant les paysans d’atteindre les oliveraies et les terrains, ils pensent
en outre créer un dommage économique assez important pour induire les Palestiniens à laisser
leurs villages et à émigrer.

En 2001, l’agriculture représentait seulement 7% du Pib palestinien mais ce pourcentage a recommencé à augmenter suite au blocage des Territoires occupés effectué par Israël. Le niveau de chômage est tellement élevé que des milliers de Palestiniens sont redevenus agriculteurs pour au moins survivre. La production dans de nombreux cas sert précisément à empêcher la famille de mourir de faim. C’est pourquoi le blocage de la récolte des olives signifie la ruine pour les propriétaires terriens et pour les manœuvres. Selon le quotidien israélien Haaretz, l’Anp, pour pouvoir garantir un peu de tranquillité aux paysans de 30 villages de la zone de Nablus (les plus menacés), a passé un accord avec l’armée israélienne : les soldats freineront les colons mais les palestiniens de cette zone devront terminer la récolte des olives en trois jours seulement. Un laps de temps que les paysans jugent insuffisant. Tout cela alors que les Palestiniens sont sur leur terre et que, par contre, les colons et les soldats israéliens représentent des forces d’occupation, comme l’établissent les résolutions de l’Onu.

La droite israélienne est à l’attaque sur tous les fronts et ne se prive pas de décocher des torpilles dévastatrices contre le premier ministre Sharon, jadis point de référence pour les extrémistes et les colons. Les médias mettent en évidence qu’une offensive politique est en cours, destinée à empêcher l’évacuation des 21 colonies juives de Gaza. Lundi, à la Knesset, les députés du courant le plus outrancier du Likoud ont aidé l’opposition à vaincre Sharon. Jeudi soir, les colons ont organisé une centaine de manifestations dans tout le pays. L’issue a été moins satisfaisante qu’on l’attendait mais plus de 100 000 manifestants, dont de nombreux jeunes, ont également scandé des slogans contre Sharon. A cela, s’ajoute le jeu en coulisse de l’ex-rabbin chef Avraham Shapira qui, dans une interview, a exhorté les soldats et les policiers à ne pas obéir à d’éventuels ordres d’évacuation des colonies. "Les militaires religieux doivent clairement exposer à leurs commandants que de même qu’ils observent le repos du shabbat et qu’ils ne mangent pas de mets impurs, de même ils se refusent à évacuer les Juifs de leurs maisons", a déclaré Shapira. Des mots qui pèseront lourd à l’avenir si l’on tient compte que nombreux ex-étudiants du collège religieux dirigé par Shapira occupent aujourd’hui d’importantes charges dans l’armée. Il est fort probable, écrivait hier Shaaretz, que Sharon sera obligé d’annoncer un referendum sur le retrait de Gaza alors que la possibilité d’élections anticipées se fait plus concrète étant donné que les consultations politiques destinées à élargir la coalition ne donnent pas de résultats et que l’entrée au gouvernement des travaillistes est bloquée par un veto exprimé par la majorité du Likoud il y a quelques mois.

L’évacuation des colonies est douteuse tandis que Gaza reste au centre d’une offensive militaire israélienne sans précédents malgré le début, hier à l’aube, d’un retrait limité des garnisons armées de chars de Beit Lahya et de Jabaliya. Sharon répète avec insistance que les opérations militaires ont pour but d’arrêter les missiles artisanaux Qassam contre la petite ville de Sderot, voisine de Gaza mais, entre-temps, le nombre des victimes palestiniennes a déjà atteint le niveau 130, dont de nombreux civils. Avant-hier, trois Palestiniens se sont fait tuer dans une attaque d’hélicoptères à Jabaliya, deux étaient militants armés de l’Intifada. Par contre, sur l’esplanade de Al-Aqsa à Jérusalem, les prières islamiques du premier vendredi du Ramadan, auxquelles 100 000 Palestiniens ont participé, se sont déroulées dans un climat de tranquillité.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/16-Ottobre-2004/art58.html

Traduit de l’italien par Karl et Rosa - Bellaciao