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PRAGUE Août 68 : Fût ce une tragédie ayant stoppé un processus qui aurait pu "sauver" le SOCIALISME ?

Publie le mardi 24 août 2010 par Open-Publishing
11 commentaires

repris de "mon" Bistro :

http://sanseprendrelechou.forumactif.com/que-celui-qui-veut-s-exprimer-le-fasse-f1/praguela-tragedie-eviteeaurait-elle-sauve-le-socialisme-t906.htm

Avant-propos

Cette "affaire" me "turlupine encore..

Malgré ce que nous savons aujourd’hui de ce que le"soviétisme " portait en germes de terribles handicaps, malgré ce que nous avons analysé des dégats du stalinisme et même.. -autre débat qui dérange même ici- si certains dont je suis "travaillent" l’idée que Lénine -pour X raisons y compris celles du contexte historique, du développement des forces productives, de la non existence dde début de"démocratie" avant 1917, na pas pu-voire voulu-..tenter de mettre un peu plus de"fondamentaux" de KM dans l’expérience d’Octobre

Je me pose la question parce que , opinion discutable, je suis de ses communistes qui se méfient de ces mouvements de balanciers dans l’analyse..

Comme ce fut le cas dans les années89-91

Quand un Mur s’écroule à Berlin , qu’un Eltsine peut d’un trait supprimer un PC voilà qu’un un Parti communiste, en France, se met à l’autoflagellation permanente-ô combien moins convaincante que l’autocritique avec souci "dialectique"-Ce choix ?

Parce que sa stratégie -démarche programmatique de sommet Et modèle soviétique- lui ôte toute réelle possibilité d’aller "au fond" de l’analyse de ce qui a précipité la disparition du "socialisme réel"..

Le CHOC de PRAGUE et le P.C.F.

Je venais d’adhérer deux mois avant au Parti.

Je peux faire bondir mais ma conviction profonde demeure 42 ans après

Waldeck Rochet, Marchais -bien entendu tous les deux grâce à un Kanapa(1) d’une intelligence hors du commun- ont pris la masse des militants à contre pied en se démarquant , pour la première fois de l’Histoire des pc, de l’Union soviétique.

Si une consultation du Parti avait eu lieu(comme il en organise parfois y compris de façon tragi comique sur des questions-leurres) la majorité des 3 à 500000 adhérents auraient APPROUVE l’intervention des Russes et des armées du pacte de Varsovie.

Sur le PCF et la Tchéco, même si je ne partage pas la plupart des réflexions tant de J. Ralite et encore moins de DAIX, je conseille de feuilleter ici des analyses intéressantes.

http://books.google.com/books?id=GWsshqRpWmwC&pg=PA9&lpg=PA9&dq=PRAGUE+68+Jack+RALITE&source=bl&ots=G9UfEufUh4&sig=8fYWe01L5UR95R3Jntip5rWto2M&hl=fr&ei=8odzTMujKdOVONC9haAP&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CB0Q6AEwAQ#v=onepage&q&f=false

Si ; comme beaucoup de militants-, j’ai mis un moment à comprendre que l’invasion de la Tchéco était un crime contre"mon "idéal.. ; il faut, sans rien excuser se souvenir de quelle époque on parle, de quel contexte, de quel Parti...

Nous étions dans un mode de pensée simpliste : la lutte des classes internationale , les "deux camps" etc.

1956 avait été , pour nous , de la mouvance PCF, une année des plus difficiles

J’en ai reparlé avec Krivine..qui n’a quitté le PCF que 8 ans après Budapest !( je rappelle cela à quelques snipers de "staliniens "...)

Quand les ricains et autres envahisseurs d’Egypte , ratisseurs de metchas algériennes applaudissaient les insurgés , personne ne nie aujourd’hui que des éléments les plus réacs- ex fachos de Horthy, l’eglise des possédants, ,étaient parmi ceux qui , au prétexte de s’en prendre à la police stalinienne de Geröe, , pendaient des militants ouvriers ..

Bien entendu, avec le recul on sait que ce ne sont pas des chars d’un pays étranger qui , même dans la cas ou la Hongrie et l’URSS auraient été de vrais "paradis" d’un Socialisme humain , règlent quoi que ce soit.

Mais en 1956..

Et même, on pardonnera l’outrance, lequel d’entre nous, un certain 11 septembre 73 n’a pas regretté que le Chili .n’aie pas une frontière avec l’URSS....

Qu’on se comprenne : je pèse ces mots en sachant qu’ils sont "limites"

Qu’on essaie de "comprendre", ni bien sur approuver, excuser..!

Comprendre simplement.

Douze ans ans après Budapest, deux mois après ’une déferlante antiPCF sans précédent- -ttant de De Gaulle que de certains milieux partie prenante de la révolte de Mai68, comment la masse de "cocos" pouvaient ils avoir des réflexions comme aujourd’hui ?

J’ajoute que nous ignorions ce que la Direction du Parti ne pouvait pas faire savoir car cela aurait été incompréhensible pour les adhérents !(cf article Ralite cité plus haut)

..Si le printemps de PRAGUE..avait connu SON ETE, le "SOCIALISME "aurait il évité son HIVER..?

En un mot comme en cent :

Dubcek sans les chars de Brejnev , est ce que cela évitait la chute du Mur de Berlin ?

La question ne peut selon moi que sur une période courte, disons d’un siècle..

Parce que (là dessus je sais que je me répête en énervant)
quels qu ’ aient pu être les qualités de révolutionnaires de ceux qui ont pris le Palis d’hiver-ET ILS ONT BIEN FAIT-, la façon dont le léninisme a cru passer aux travaux pratiques du marxisme revu et corrigé portait en soi l’impossible pérennité de la REVOLUTION qui écarte les masses( ce débat nous l’avons sur pas mal de sujets !)

Mais j’ose une hypothèse :

Une Révolution dans la révolution qui eut tenté de concilier Socialisme et LIBERTES, était à la fin des années 60 du domaine de l’envisageable..

Bien entendu je ne m’appuie pas sur ce texte de DUBCEK qui est uniquement -selon moi- écrit pour éviter que des Tchéques, des slovaques, ne se fassent inutilement massacrer.

En ce sens et pour des raisons trop longues et hors sujet, j’éprouve de la sympathie pour Dubchek.comme j’en ai éprouvé pour Kadar..(j’entends d’ici le murmure, mais je crois au pragmatisme !)

Alors que l’on est entré dans ce qu’Aragon appellera le"Biafra de l’esprit" Dubcek balance un truc surréaliste..qu’on retrouve sur les archives de l’ENA

http://www.ena.lu/

Discours radiotélévisé de M. Alexandre Dubcek, Premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque (14 septembre 1968)
extrait
« 

Pour cela, il faut dire la vérité à tous les communistes à quelque poste qu’ils se trouvent. Pour pouvoir sauvegarder l’unité de notre peuple qui est aujourd’hui décisive, nous devons suivre, même avec des détours ou des retards, les principes de la politique de janvier. L’abandon de cette politique aurait signifié la scission de notre société et l’affrontement tragique de forces politiques, ce qui aurait rendu impossible l’exécution des accords de Moscou. Or, nous considérons ces accords comme la seule réalité nous permettant de poursuivre nos tâches du parti et de notre Etat, nous offrant une possibilité de sortir de notre situation.

Inversement, ne pas exécuter les dispositions de l’accord de Moscou signifie mettre en cause la politique de janvier. Il n’y a donc pas d’autre solution actuellement que de remplir les engagements de l’accord de Moscou.

...
Beaucoup de gens nous écrivent pour nous demander s’il est possible de concilier les dispositions des accords de Moscou avec nos objectifs politiques. Je suis persuadé qu’il n’existe pas de contradiction, et que, bien au contraire, c’est là l’issue de notre situation actuelle.

Notre point de vue est connu et a été expliqué à différentes occasions par des représentants du parti et de l’Etat. Dans le protocole de Moscou, il est fait état de la compréhension pour la voie choisie par le parti communiste tchécoslovaque en janvier pour le développement de notre Etat socialiste, voie que nous comptons suivre même si les circonstances ont changé .. »

Bien entendu , là Dubcek ment ou se ment à lui même.

Pour autant, le soutien que le PCT ,grâce notamment au PCF -beaucoup plus efficace que les gesticulations de Berlinguer ou la farce roumaine avec un Ceaucescu avocat des libertés ! !- avait reçu parmi les forces progressistes mondiales, le lien qui s’était créé entre l’immense majorité du peuple et ses dirigeants, tout cela pouvait , toujours selon moi, triompher et devenir un repère pour d’autres.

Rien n’interdit de penser que la révolution scientifique et technique dans une autre évolution des forces productives aurait p, pu créer des conditions de développement humain des Sociétés dites socialistes..

Conclusion provisoire

(Du moins je l’espère : si le débat s’instaure !)

J’ai toujours trouvé bizarre qu’au sein de mon Parti on ne s’inquiète pas plus que cela qu’il faille ajouter"à visage humain" après socialisme...

Mais si La capitalisme est par essence une visée ou l’humain se doit d’être broyé pour cause de profit, je continue à m’ interroger sur ces années 70

Certes l’appropriation collective des moyens de productions et d’échanges sans l’intervention des masses dans le processus de communisme, même avec Parti révolutionnaire mais qui s’abstienne de vouloir tout guider , contrôler, cela ne saurait aboutir au communisme.

Cependant, était il obligatoirement nécessaire pour que nous nous posions ainsi ces questions que les sièges des Partis communistes de l’ex URSS, de l’ex Tchécoslovaquie deviennent soit des Mac Do soit des bureaux ou s’empiffrent d’ex apparatchiks qui, pour n’avoir rien compris d’un possible "socialisme à visage humain" font découvrir à des générations le visage hideux du Capitalisme ?

On peut en discuter .

AC

(1) sur Kanapa :

http://centre-histoire.sciences-po.fr/archives/fonds/kanapa_streiff.html

Messages

  • quelle bouillie dans ton cerveau mon pauvre.krivine serait t-il une reference absolue en termes d’anti stalinisme j’en doute .quand on sait que les ex futurs npa a l’epoque ont qualifie de fasciste la revolution des conseils de budapest et qu’ils ont assigne un role revolutionnaire aux bureaucrates qui avaient le pouvoir.

  • Moi-même,en juillet 68, j’étais à Sofia au festival de la jeunesse mondiale comme délégué de la JC du Val de marne et secrètaire de la JC de Villejuif et patatras au mois d’août les évènements de Prague bousculent mes idées idolâtres de l’URSS. J’écris même à Waldeck pour contester notre désapprobation de l’intervention soviètique. Je n’ai jamais eu de réponse sauf par Zaidner, secrètaire fédéral du PCF, quelques semaines après. Nous avions tous été depuis bien documenté sur le pourquoi de la position de la direction.

    Aujourd’hui nous comprenons mieux l’attitude de Dubcek et l’erreur bréjnévienne, poursuivie en Afghanistan, qui aboutit à la pérestroika et la fin de l’URSS, la chüte du mur de Berlin et la prise du pouvoir par Eltsine et les Oligarques de l’ex-PCUS.

    L’histoire ne ressert jamais les mêmes plats et cette expérience historique doit nous permettre de construire la société communiste d’une manière différente où le peuple est à la base de toute décision positive pour sa vie quotidienne, son travail. Il faut éviter à tout prix les apparatchiks, les délégués permanents qui s’installent dans la durée du pouvoir comme nous le voyons partout. Cette autogestion citoyenne détruira le système capitaliste et son avorton social-démocrate. Le communisme en construction permanente ne peut en aucun cas se faire sous la contrainte, la majorité doit respecter les minorités d’idées et même les prendre en compte pour le bien commun dans tous les domaines d’activité social et économique. L’efficacité du moment ne peut en aucun cas justifier des répressions ou des diktats. L’être humain est complexe, il faut en tenir compte sans aucun préalable. Même la délinquance condamnée devra être comprise et traitée avec intelligence pour éviter la récidive.

    Vivrons- nous assez vieux pour voir cette réalisation rêvée ?

    Bernard SARTON, section d’Aubagne

    • Bien d’accord avec les réflexions de Chancogne et Sarton sur les événements de Prague 68 et les enseignements à en retenir quant à la contribution totale,libre,démocratique d’un peuple à l’élaboration d’une nouvelle société. Mais une autre question me tarabuste, presque depuis aussi longtemps que je suis communiste, et peut-être plus encore maintenant. Il est très beau de vouloir être démocrate jusqu’au bout des ongles dans la transformation de la société, mais l’autre camp,il joue le jeu ? Il reste gentil,bien sage,bien démocrate ? M.Thiers et la Commune de Paris,Pinochet et Allende... Alors,oui,les enseignements à retenir de Prague 68 étaient très,très valables en 68, pour les pays où le socialisme avait une capacité à ne pas se faire pinochétiser,pour la Tchéco probablement,pour la RDA probablement,pour la Bulgarie peut-être,pour l’URSS (...et encore,on peut se demander quand on voit ce qui en est sorti). Quoi qu’il en soit,aujourd’hui,du moins en Europe,peut-on imaginer que l’impérialisme mondial laisserait naître,s’enraciner,se développer une expérience de construction d’une société socialiste sans réagir à fond ? Une réaction usant certes,dans toute la mesure du possible,des ressources de la manipulation politique,idéologique,"démocratique", mais croit-on,si cela n’avait suffi,qu’il n’userait pas alors sans le moindre scrupule de la violence,et la pire quand on voit ses ressources répressives ? Ces propos peuvent paraître pessimistes. Ils ne sont,je le répète,qu’une suite à une réflexion à laquelle ne peut pas échapper un communiste sur le rôle de la violence, de la violence à exercer pour empêcher l’échec.Une question à laquelle je n’ai toujours pas de réponse.Fraternellement.
      Roquet

  • Une Révolution dans la révolution qui eut tenté de concilier Socialisme et LIBERTES, était à la fin des années 60 du domaine de l’envisageable..

    Il n’y a pas de conciliation possible entre socialisme et liberté, puisque le socialisme est la liberté pour le prolétariat, et d’abord pour lui. Ce sera aussi la liberté pour la bourgeoisie quand celle-ci, comme la noblesse, qui, après thermidor, s’inclina devant la bourgeoisie, aura admit la suprématie des intérêts du prolétariat ("immense majorité de la population"). En clair le "socialisme" issu du coup d’état stalinien de 1927 n’était qu’un ertzag du socialisme, une construction verticale, trop pressée, par et pour un prolétariat trop inexpérimenté, et trop faible en nombre, issu d’un capitalisme encore embryonnaire. On ne peut sauter, comme le prétendaient les post staliniens, l’étape de développement humain que constitue la phase capitaliste !

    Cela ne veut pas dire qu’on doit comme les SD s’assoir sur toute perspective révolutionnaire en attendant la chute "inévitable" du capitalisme. Le rôle des communistes est, au contraire, de tout faire pour faire sentir aux prolétaires tout l’intérêt qu’il y aurait, dés que son rôle positif est terminé, à éjecter la bourgeoisie de la conduite des affaires de la société humaine.

    .

  • heu, sans vouloir dire...

    - la question hongroise de 1956 et les trotskystes

    Pour remettre en place quelques élucubrations qui gamellent sur les dates et sortent des grosses conneries .

    la réponse déjà au neuneu qui prétend que les trotskystes étaient contre la Hongrie des conseils de 1956 en la traitant de fasciste.

    Mais les trotskystes ont soutenu les conseils ouvriers hongrois de 1956 (lire à ce sujet et je le conseille à AC "Pologne-Hongrie 1956 ou un printemps en Octobre" de Marie et Nagy , EDI Paris, édité en 1966 je crois).

    Quand à Krivine et la Hongrie de 1956, il faut quand même se souvenir (Saint Wikipedia) que le bon bougre est né en 1941... Il avait donc 15 ans en 1956...et devenait un vendeur record du journal des JC .

    - plus sérieux, la question hongroise de 1956

    Dans les années 1950 se passent une série de craquements qui mettent directement aux prises la classe ouvrière et la faction militaire et bureaucratique au pouvoir.

    Il y a des soulèvements en Allemagne, en Pologne et en Hongrie, qui mettent à chaque fois la classe ouvrière face à des régimes se réclamant du socialisme ,tandis que les partis communistes qui sont au pouvoir dans ces pays connaissent tous de grandes tensions, une partie se mettant du côté des travailleurs et l’autre du côté de la force brute pilotée par la nomenclatura russe (qui à l’époque est en pleine forme).

    La Hongrie de 1956 voit une division profonde du PC , des velléités d’une partie de la bourgeoisie de retrouver ses billes et d’un autre côté un prolétariat puissant qui essaye de jouer sa carte.

    Il y a un trait commun dans la Tcheco dont je parlerai ensuite et la Hongrie, c’est le déchainement de la violence de la bureaucratie russe quand , dans l’un et l’autre pays la classe ouvrière rentre en lice avec ses comités, ses conseils et ses centralisations.

    On trouvera le même scénario en Pologne à l’époque de Solidarnosc, au Chili (la réaction putchiste se fait quand il devient évident que la classe ouvrière commence à se doter des cordons et comités ouvriers, etc) , bref, quand il est évident que c’est la classe ouvrière elle-même qui se met en mouvement, tant la bourgeoisie que l’appareil bureaucratique russe déchainent une immense violence.

    Les années 50 virent s’épuiser la classe ouvrière de l’est dans des assauts pour se débarasser des tiques

    - Tchéco 1968

    Refaire l’histoire c’est difficile, mais 68 se situe dans le cadre d’une poussée planétaire sur une dizaine d’années avec des phénomènes complexes mais qui tous secouent tant le capitalisme et l’impérialisme que les nomenclaturas

    Si on extrait la tchéco du Ché, de la perception de la révolution culturelle chinoise (à tord ou à raison), des luttes de libération nationales indochinoises (l’offensive du têt) et de plein d’autres peuples, des soulèvements de la jeunesse aux USA, à Belgrade, au Japon, en Europe (le formidable mouvement de jeunesse allemand), les assauts des classes ouvrières françaises et italiennes (mai 68 et mai rampant italien), etc, des secousses partout sur la planète, on enlève alors énormément du contexte de désir de liberté de la classe ouvrière tchèque .

    Une fois tenu compte du contexte et de la poussée de vie de l’époque contre des régimes qui étaient tous étouffants pour les classes populaires, à l’ouest, à l’est, la question plus spécifique de la Tchéco vient d’une vieille classe ouvrière puissante numériquement et l’opposition à la direction du pays par ceux qui ont liquidé les cocos des brigades internationales , qui plus est tiennent en place par des troupes d’occupation

    Mais on aura beau ce qu’on veut, on en revient à la question de qui dirige dans une société. Les travailleurs n’avaient pas le pouvoir et ne défendront pas le système quand celui-ci s’écroulera.

  • Si on extrait la tchéco du Ché, de la perception de la révolution culturelle chinoise (à tord ou à raison), des luttes de libération nationales indochinoises (l’offensive du têt) et de plein d’autres peuples, des soulèvements de la jeunesse aux USA, à Belgrade, au Japon, en Europe (le formidable mouvement de jeunesse allemand), les assauts des classes ouvrières françaises et italiennes (mai 68 et mai rampant italien), etc, des secousses partout sur la planète, on enlève alors énormément du contexte de désir de liberté de la classe ouvrière tchèque .

    Tu n’as pas tort de rappeler cet élan de la fin des années 60 Mais je tique un peu sur le "énormèment"..

    pour moi, (mais je peux me planter), il y aune différence "énorme" (sourire) entre le mouvement qui se déroule dans les autres pays et ce qui travaille la société tchécslovaque et aboutira au drame de l’intervention de l’USS et à cette "normalisation"....

    Parenthèse : je ne polémiquerai pas, ça alourdirait le sujet, je ne suis pas d’accord avec ta façon de mettre un quasi trait d’égalité entre ce qui se passe de façon de masse dans la classe ouvrière de hongrie en 56 et en Tchéco..Fin de la parenthèse.

    Pour en rester au sujet, ce qui pour moi n’est pas toujours clair c’est ceci :

    Autant je considère que les barricades du quartier Latin sont une de ses "secousses" de la planète que tu évoques, autant je pense qu’elles constituent en France le premier et pour l’instant plus grand moment de choc contre le Capitalisme - ce qui rend tragique l’aveuglement du PC de par ses oeillères "moscovo-programmatiques , le début de la fin d’un système en convulsions, , autant,pour être presque caricatural, je vois dans Prague un possible début de réconciliation entre les ambitions d’Octobre 17 et les masses..

    Car ce qui frappe, quand même, c’est que les russkoffs ont certainement aussi senti que le printemps de Prague est ce qu’il y a de plus dangereux pour le stalinisme brejnévien .!

    Brejnev a tellement eu peur-et de Prague et des risques de contagion- qu’il met Husak pour remplacer Dubcek.!

    .Un Husak qui a morflé du stalinisme qui , sans y laisser la peau comme Slansky, a une autre "carre" que ceux qui dans d’autres pays sont les fidèles de Joseph

    L’expérience de PRAGUE ne se construit pas du tout contre "le Socialisme"..Pas par ruse de Dubcek qui n’aurait pas été aussi con que Nagy , en hongrie..(cette thèse est avancée parfois)

    ..

    Ce qui frappe, c’est tout au long des mois, disons de janvier à mai, c’est que -pour faire court- la NON REMISE en cause du Socialisme est majoritaire dans toute la Société !

    J’emprunte à l’ancien site de la LCR ce texte :(j’aurais pu, mais d’autres sourcesqui confirment ce que je veux souligner :

    Au cours de la discussion, la réflexion sur la mise en œuvre de la politique du Parti a vu s’affronter le nouveau et l’ancien.. Une première tendance s’est exprimée qui, dans une mesure plus ou moins grande, ne tient pas compte du stade déjà atteint dans le développement socialiste de notre société et qui s’évertue à défendre des formes périmées de travail du Parti ; à ses yeux, les causes de nos défaillances sont avant tout des difficultés rencontrées dans la marche de l’économie, les insuffisances du travail idéologique, le manque de rigueur et les altitudes libérales sur le front idéologique, les effets de manœuvres de diversion idéologique de l’Occident. Pour cette tendance, il y a assez de démocratie comme ça à l’intérieur du Parti et dans le pays. Il se trouva même une voix pour dire qu’il y aurait chez nous “un excès de démocratie” En face s’exprimèrent des tendances très marquées... qui réclamaient d’urgence un cours nouveau... en partant de la nécessité de hisser l’action politique à un niveau correspondant à l’évolution contemporaine de notre société, et en tenant compte des effets de la révolution scientifique et technique. Le développement de l’économie et ses nouvelles formes de direction requièrent un changement inéluctable des méthodes de direction du parti, afin de ménager un champ suffisamment large pour l’initiative et l’activité publique des groupes sociaux en tant que tels. » (rapporté par Jiri Hajek dans « Dix ans après ») La première tendance était représentée par Novotny. Le deuxième camp, hétérogène, trouva comme porte﷓parole Dubcek. Le printemps commençait. Le 5 avril 1968, le Programme d’action du PCT était adopté.

    C’était pas du tout le cas en Hongrie.

    Pour faire"chancognard" c’est à dire un " brin ".. :) dans la caricature outrancière :

    C’est Marcuse qui est à la mode dans le mouvement généralisé d’émancipation qui traverse le monde, c’est MARX qui tient la corde en Tchéco.

     
    Tant que je te "tiens"., et comme en cette période on est pas des masses à user les claviers et , comme je ’en ai la sale habitude- à faire trop long..., je rebondis sur une de tes piques.. assez justes(j’avoue aurait dit London !)

    Reçu 5 sur cinq l’humour sur l’ami Alain K
    .avec explication de mon allusion à cette génération..qui , dans le cas du camaro, m’ a fait le citer , ce qui souvent me sert pour "calmer" quelques tirs à la mitrailleuse lourde d’anti pécéiens des plus obtus ( ce qui n’est pas ton cas.. ;)

    Je suis son ainé de 2 ans à l’Alain qui -ce n’est pas un secret- a fait Olivier comme Gaston Plissonnier et Madeleine Vincent ont fait Marchais..

    Il baignait dans une famille coco, moi dans une qui l’avait été , et qui avait pris ses distances dans les années 49 parce que "chez moi" on savait -pour des causes de vécu-comment et pourquoi un tel se "couchait" dans une pitoyable autocritique et tel autre était viré parce qu’il avait les couilles de ne pas perdre son honneur , surtout quand il avait failli laisser sa peau au nom du communisme.
    .
    On en avait tiré les conséquences et quitté le PCF. ; surtout par refus d’injustes accusations sur des camarades.

    Du coup, moi, , je n’ai jamais chanté la Jeune Garde dans mon adolescence, je n’ai pas connu les pionniers, Vaillant, la JC..etc..

    En octobre nov 56, j’ai stoppé mes études alors que je n’étais pas le pire cancre et que je voulais devenir journaliste..

    J’ai simplement , pas par provocation mais par instinct de classe, tendu "mon Huma"à bout de bras, quand 400 "démocrates" de la bourgeoisie bordelaise , tous les matins, exigeaient qu’on hisse au mat du lycée le drapeau hongrois privé de son étoile rouge..avec Marseillaise qui était entonnée par ce qui représentait , dans ce Lycée ou on ne risquait pas croiser plus d’un demi pour cent de fils de prolos, la bourgeoisie de ce bordeaux qui pue encore son trafic d’esclaves et son papon..

    C’est aussi comme ça , parfois, qu’on devient un "banquier" à 17 ans, rouge parce qu’on quitte le Lycée Montesquieu avec pas mal de bleus qui n’ont pas suscité de la solidarité type soihante huitarde..., pendant presqu’un mois.

    Si ça ne conduit pas à s’engager dans le Parti..cça permet de mieux comprendre qu’il ya du fumier à extraire du sol de "ma france" !.

    Ceci dit, ceux qui me connaissent mieux savent que j’ai un peu de"tendresse" pour AK

    J’aime bien sa façon de parler de ce que"nous" avons été ..(notamment dans l’émission"les Camarades) Cela aide d’aider à faire comprendre quelques unes des raisons de ce qu’a pu être le stalinisme à la française.

    Que je vois avec un peu de surprise, se refaire les joues y compris sur BC.

    Dommage pour le débat de fond
    Bof..tant mieux pour le pluralisme..

     ???

    Amicalement

    AC

    • Pour moi, ce qui distingue la Hongrie 1956 de la Tchécoslovaquie de 68 c’est la période et le contexte, mais ce qui rend les deux mouvements similaires c’est qu’une grande partie des cocos hongrois sont dans le mouvement de 1956, qu’une grande partie des cocos tchèques sont dans le mouvement de 68.

      Et surtout que dans des deux cas, la classe ouvrière commence à massivement s’organiser , ce qui déclenche dans les deux cas l’intervention des blindés de la caste russe.

      Ou plus précisément c’est le début de la centralisation des comités et conseils ouvriers qui dans les deux cas sont le détonateur de l’intervention des dirigeants russes (d’ailleurs une partie des tankistes feront des manœuvres à l’autre bout de l’URSS après pour les décontaminer)

      Il n’y a aucun soutien, en Hongrie comme en Tchécoslovaquie, à l’intervention des blindés des nomenclaturistes russes . Les dirigeants russes ont du mal à trouver des gens du pays près à faire le sale boulot.

      Il est très intéressant de lire ce que furent les conseils ouvriers hongrois (ce fut une révélation pour moi pour l’épisode).

      La Pologne suivra le même chemin quelques années plus tard que la tchéco et essuiera un coup d’état militaire devant la puissance importante de l’auto-organisation des ouvriers polonais.

      Dans les trois cas, ce fut cela qui fut brisé, afin de permettre une transition vers le capitalisme, de la transformation paisible et non traumatique d’une grande partie de la bureaucratie en bourgeoisie.

      En occident, les PC subirent une hémorragie à ces moments à cause de cette agression et la bourgeoisie, les fascistes en profitèrent pour se tailler une belle virginité. Et je ne parlerai pas de l’aventure de Suez aux côtes des sionistes

      La bourgeoisie utilisa les blindés russes pour attaquer le PC si je puis dire.

      Pour le PCF français, il eut un très gros choc en 1956, et en 1968 il est probable que la majorité du PC ait été contre cette intervention.

      Savoir, dans les 3 cas, Hongrie, Tchéco et Pologne (je dis ça pour simplifier car ça secoue dans tous les pays de l’Est , en Yougo on distribue des armes , les Roumains manœuvrent, etc) si ces expériences si elles n’avaient pas été écrasées dans le sang (et se furent souvent la jeunesse et la classe ouvrière qui se trouva face aux tankistes, pas la petite bourgeoisie nostalgique), auraient donné ou pas une tentative réellement socialiste (le pouvoir aux travailleurs), nul ne le sait.

      On sait qu’il y avait des restaurateurs dans les PC hongrois et tchèques de doses de capitalisme importantes (les choses ne sont pas toujours comme on pense ), la deux périodes étaient révolutionnaires et les deux périodes n’étaient pas sous domination de mouvements fascistes ou néo-fascistes. Ceux qui dirigeaient les mouvements de libération (vers la révolution ou vers le capitalisme) étaient des dirigeants des PC hongrois et tchèques, DANS LES DEUX CAS. La Pologne de 1980 est une autre période où il y n’y a plus de PC Polonais gardant des traces en son sein de révolutionnaires.

      Le sang a séché depuis longtemps et les choses sont rentrées dans l’histoire. Mais les dirigeants des PC occidentaux ayant soutenu (pas tous) l’agression anti-ouvrière étaient assez coupables car ils savaient eux que l’attaque anti-ouvrière était pour foutre en l’air, dans un cas comme l’autre , des régimes dirigés par des PC.

      L’écriture de l’histoire par l’appareil du PC qui parle justement des agressions contre le PCF en 1956, de l’attaque du siège de l’huma par des fachos, de la hargne de la bourgeoisie qui se retrouve là une virginité, pêche car elle plaque ce qui se passe ici sur ce qui se passe là bas.

      En Pologne, en Tchéco , en Hongrie, ce qui frappe est donc la puissance organisée montante et indépendante de la classe ouvrière et les répressions sont violentes.

      Ces pas vers le pouvoir ouvrier sont brisés, la classe ouvrière est brisée, ses tentatives d’organisation brisées, la route est alors ouverte à la transition bourgeoise.

      Pour la Pologne c’est l’église puissante qui n’est plus que le seul endroit où les oppositions peuvent se réunir, le virage à droite d’un Solidarnosc dépendant de plus en plus profondément de l’église peut alors se faire.

      Pas de tanks russes pour accueillir les révolutions de velours, l’arrivée aux affaires de Walesa, le passage à l’ouest de la Hongrie, le passage au capitalisme faisant moins peur à la caste bureaucratique qu’un pouvoir des travailleurs.

      L’heure est alors au far-west anti-social de nomenclaturistes laissés sans contrôle à la tête des combinats pour pillage et transformation en une bourgeoisie mafiste et arrogante n’ayant pas oublié de coller à la tête de l’état un ancien lieutenant colonel du Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnost.

      La grille de lecture sur la Hongrie de 1956, celle de 1968 et du putsch polonais de lunettes noires (il devait se fournir au même magasin que la Pinoche) est pour moi relativement semblable :

      La nomenclatura au pouvoir dans les pays de l’Est a la même façon de diriger despotiquement que la bourgeoisie. L’irruption d’une classe ouvrière organisée, même impure, est le crime absolu.

      Ca ne veut pas dire que la bureaucratie n’est pas violente dans d’autres occasions mais que face à une classe ouvrière organisée elle joue sa peau, tandis que face à une transition au capitalisme les membres de la nomenclatura sont les mieux placés pour dealer la transition avec les trusts internationaux ou tout simplement se transformer cravates au vent en requins du capitalisme.