Accueil > A Mazarine : Je ne commémore pas la mort de votre Papa, ne m’en veuillez pas..

A Mazarine : Je ne commémore pas la mort de votre Papa, ne m’en veuillez pas..

Publie le dimanche 9 janvier 2011 par Open-Publishing
16 commentaires

Je respecte énormément votre peine,au souvenir ce cette matinée de janvier 1996 qui vous a privé d’un Père aimé.

Permettez moi de vous dire quand même que tout ce qui entoure cette commémoration, cette Tontomania ressucitée, sur fond de rivalités au sein du PS.., c’est le genre de spectacle affligeant..que je ne supporte pas !

Apprendre par le sondage JDD que trois quarts des Français ont une image positive des septennats de votre Père, cela pourrait presque m’amuser.

Car Il faut relativiser cette enquête d’opinion.

Quand on a un Sarkosy comme Président, tous ceux qui l’ont précédé, on les regrette..

C’est aussi vrai de Chirac que de votre père

Si ça se trouve, un jour hélas le même pourcentage de citoyens émus regretterons l’actuel.sabreur de Droits et chef de meute fascisante..

.Tantil est le Capitalisme peut encore broyer d’êtres humains !

Je ne fais pas partie des Français qui ont un souvenir "positif" , nostalgique de ce que fut la vie de François Mitterrand

Je remarque que c’est surtout l’abolition de la peine de Mort qui reste la décision la plus appréciée de nos concitoyens..

Je suis de ceux qui considèrent que ce fut un geste courageux et j’associe Badinter à cette décision historique, un succès incontestable de l’Humanaisme sur la Barbarie.

Mais , voyez vous chère Mazarine, j’ai appris très jeune que celui qui restera dans l’histoire comme le Président- abolitionniste avait sur les mains le sang de dizaines d’Algériens , envoyés à la guillotine d’un paraphe marquant l’opposition du Garde des Sceaux de l’époque à la grâce réclamée par les avocats et attendue par e peuple algérien comme signe d’une volonté de paix..

En étant co -responsable de ces crimes , votre père a déchainé la légitime colère de la Résistance algérienne et de ce fait, il est coupable aussi aussi de la mort de jeunes français, qui, comme moi, ont porté un uniforme de cette Armée lance flammes , de la "gégène" des "crevettes Bigeard" ..
Je ne veux pas alourdir son "casier" en rappelant que lui et ses amis Mollet, Deferre , Lacoste ont , autant que ls gaullistes de responsabilités dans ce qui restera un véritable génocide : le Guerre que le Colonialisme a mené à l’héroïque peuple algérien de...1954 à62

( Même si dès 1830 et plus tard le 8 mai 45, des "socialistes" se turent , approuvèrent ou décidèrent que l’algérien étant un sous homme, le tuer n’était pas criminel.

Avoir eu 20 ans dans le Constantionois m’a conforté dans l’opinion que les dirigeants politiques responsables de crimes de guerre , complices selon moi de Crimes contre l’Humanité, n’auraient jamais ni mon soutien ,ni bien entendu mon vote.

Certes , d’avoir tenu parole, m’a conduit à de drôlesde contorsions durant des années ou le Parti auquel j’appartenais depuis juin 1968, se démenait dans une stratégie mortifère d’union de la Gauche, faisant de votre papa le symbole d’unité des forces progressistes !!.

Je ne suis fier ni de mes silences sur cette stratégie ni de la façon dont, dans l’isoloir, je réglais ..cette "contradiction".

Pour tout vous dire, je n’ai pas accompagné la déferlante de folie le 10 mai 1981., contrairement à un Chirac qui voyait un rival jeté aux oubliettes, ce qui explique que je peux affirmer ne pas voir voté comme lui......

J’avais ce soir là, en mémoire la francisque que Pétain décerna à votre père alors que ma famille soit en camp de concentration, (Djelfa Algérie "française") soit dans la clandestinité combattante , préparait la défaite du fascisme et des laquais kollabos qui ont travaillé avec Mitterrand au "renouveau national".des revanchards de juin 36...., avec les pires crapules !

Ce 10 mai 81 je pensais à ce que fut cette course dans les jardins de l’Observatoire quand votre Père faisait mine d’être victime d’un attentat, minable supercherie "montée" avec des réseaux d’extrème droite , des résidus maurassiens, poujadistes, fachos !

Ces amitiés particulières ;, votre Papa les cultivait depuis longtemps.

Avoir devisé affectueusement avec un Bousquet, qu’il savait responsable de crimes contre la Résistance, contre la communauté juive, et ce alors que la France entière connaissait ce que cette ordure avait fait subir à des milliers de personnes, je pense , Chère Mazarine que cela aurait du conduire la Social démocratie française à se choisir un autre guide !

Quoique..c’est au nom du décret pris par le Socialiste SEROL , menaçant de mort les activités communistes qu’avant l’invasion hitlérienne de la France, les miens furent frappés !

Mais, au risque de vous étonner , ces épisodes de la vie de votre papa ne sont pas ceux qui me révulsent le plus..

Je ne peux pas oublier que Mitterrand , en fidèle et machiavélique serviteur du Capital a réussi à affaiblir les idées de changement profond..

Celui qui prétendait , au Congrès d’Epinay , "celui qui ne veut pas la rupture avec la Capitalisme ne saurait être des nôtres" "..osait quelques années plus tard, déclarer , parlant du chômage " On a tout essayé"..

Des millions de braves gens en ont déduit que si un Socialiste ne pouvait tien faire..c’est que le Capitalisme était indépassable,

Cette pédagogie de la résignation pèse terriblement encore dans les difficultés que nous éprouvons pour convaincre , mobiliser, unir afin que le Capitalisme ne soit pas éternel..

Avec ce C.V..,si je comprends que l’on puisse commémorer la disparition d’un papa, vous ne vous étonnerez pas que j’éprouve un curieux sentiment en voyant tous ces hommages de ceux qui se proposent de devenir, un jour les successeurs" socialistes" à l’Elysée
Successeur de celui qui a tellement contribué à instiller le renoncement et agi pour que l’alternance politicienne soit pour nous, synonyme de poursuite et d’aggravation des conditions de vie..

Avec mes sentiments cordiaux en regrettant de ne pas pouvoir partager votre douleur et le sentiment des trois quart des français.

AC

Avec une pensée pour tant de victimes , de Maurice Audin à Larbi Ben M’Hedi . en passant par F. Yveton

Messages

  • Politiquement étant de très loin moins cultivé que toi et en te faisant confiance en raison de cette méconnaissance je rends hommage à ton analyse qui démontre à mazarine que son père fut un des V.R.P. du capitalisme qui triomphe maintenant avec le mépris de la valeur humaine et de notre chère nature.

  • Bravo ami , ta lettre à Mazarine tombe à point et elle est remplie de bonnes choses qu’il faut dire .

    A l’heure où nombre de français opprimés , victimes du capitalisme provisoirement triomphant sont désemparés et prêts à se fourvoyer dans n’importe qu’elle impasse , il est bon de dire comme tu le fais qu’il ne faut pas confondre l’époque et la politique .

    Tu sais comme moi que nous avons tous cette tendance à ressentir le passé comme ayant été meilleur , notamment parce qu’on était plus jeunes ; c’est un piège .

    Comme toi je retiendrai la plaidoirie de Badinter , j’ai encore dans les oreilles sa voie sépulcrale qui abolissait le crime institutionnalisé , nous sommes entrés ce jour là dans une ère un peu plus humaine , moins barbare , il faut dire aux jeunes de veiller sur ces acquis de société en ces temps où le fascisme fait reparaitre sa face hideuse ...

    Et comme toi j’ai posé de suite le constat que Mitterrand a fait énormément de mal au concept du socialisme , à tout le socialisme , en le trahissant . Comment faire croire à présent qu’un autre fonctionnement est possible puisque le dernier élu qui s’en réclamait a trahi le peuple qui l’avait plébiscité ? La tâche est plus dure oui , tu as raison .

    Et il faut dire aux générations qui nous suivent que ceux qui se réclament actuellement du socialisme au sens large sont des escrocs , il faut le dire même si le danger est grand de se trouver avec une situation extrêmement dangereuse dans 16 mois .Il faut dire la vérité , ce qu’on croit être la vérité , ce pourquoi nous nous battons , merci......camarade .

  • ALAIN ta lettre rappelle certains faits irréfutables qui viennent ternir l’image idyllique que le PS veut montrer de MITTERRAND pour mieux justifier à l’avance ce qu’il fera s’il revient au pouvoir:une politique au service du capital habillée par un verbiage de gauche

    Bien sûr MAZARINE n est en rien responsable des fautes de son père et elle vient même avec un certain courage de dire qu’elle désapprouvait l’accord donné par son père pour exécuter des combattants algériens ...ce qui lui vaut les critiques de ce faux cul de FREDERIC MITTERRAND .

    RIEN QUE POUR CELA ; chapeau MAZARINE !!!

  • Enfin ! Quelque chose et quelqu’un qui rétablit la réalité historique des faits. Et qui me conduit à poursuivre ci-après :

     qu’il est une honte absolue qu’un parti dit socialiste ait pu se donner une telle crapule comme "chef".

     qu’il en est une autre qu’un parti dit communiste et révolutionnaire ait pu concevoir une alliance avec le parti ci-dessus dénommé ayant à sa tête le caméléon maurassien et célinien...

    Tout est dit.

    Ou presque. Alors que beaucoup de camarades nous la joue timorés à l’endroit de Staline, vlà qu’ils reprendraient bien une louche d’eau de Vichy drainant encore les miasmes dreyfusards, collaborationnistes, miliciens et cagoulistes.

    Ajoutons-y Dien Bien Phu, pour faire bonne mesure, et Sétif, Kherrata, Guelma. Sans oublier Solidarnosc, son pape et les menées socialisantes en faveur du monde libre.

    Une alliance avec ça, sous prétexte qu’on devrait avoir honte de notre Histoire ? Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous...

  • Rien à ajouter d’autant qu’à quelques années près on se retrouve tous deux avec le même cursus politique et familial.. Et même dans bien des cas philosophique.

    Pour le cas de l’Abolition de la peine de mort même s’il est certain que ça a été positif je ne peux pas m’empêcher de penser que ça a été la vaseline qui a enrobé la trahison et fait paser les autres saloperies avec l’aval de nos "camarades ministres"...

    D’autant que rien n’étant définitivement acquis...

    Sans compter que la "peine de mort" c’était quelque chose qui entrait dans un cadre du Droit légal... On t’assassinait, mais fallait quand même en discuter avant.

    Or la LOI, celle de la République, n’a plus aujourd’hui de valeur, sinon celle d’exister pour elle-même. C’est les malfrats qui nous dirogent qui SONT la loi.

    A une époque orwelliene ou on peut t’enlever n’importe ou et t’envoyer dans un donjon quelque part dans le Monde , "Nacht ünd Nebel", sans jugement et t’y torturer et assassiner, ou te "tazer" jusqu"au collapsus parce que t’as mal parlé à un flic ou que t’est foncé de peau, l"abolition" est pour moi simplement un leurre destiné au commun des pékins. On continue à mourir dans les commisariats et dans les prisons. Et maintenat perzsonne ne s’en rend même compte.

    Si demain ils font ce qu’ils veulent vraiment, même sans changer la loi ça les empêchera pas de nous assassiner tranquillement. Sans même amender la loi

    Alors, Badinter et compagnie, bof.

    Dommage que je sois athée ça m’aurait plu de les imaginer en train de griller à petit feu.

    G.L.

    • Sur les petits meurtres entre amis commis ou non dans les commissariats , pour un oui ou pour un non , pour une origine la plupart du temps et une couleur de peau bien plus fréquemment , oui tu as raison , les flics aujourd’hui sont dotés d’encore plus de pouvoir pour les commettre .

      Et comme au temps de Papon ils ont un ministre qui non seulement les couvre mais les encourage , oui c’est vrai , et c’est toujours aussi terrible .

      Cela ne saurait en rien exonérer le policier . On ne doit pas tuer sur ordre si l’on se dit d’une communauté autre que celle qui tenait les rênes sous Mussolini , Pétain ou Franco , si l’on se revendique de la communauté des hommes .

      Tout est mis en oeuvre en effet pour légaliser le crime de rue et lui ôter toute responsabilité et punition . Un gitan menotté dans le dos saute du premier étage pour accomplir ce que doit accomplir par devoir tout prisonnier , se sauver , et le gendarme lui vide son chargeur de sept balles, le tue.

      Le flic est acquitté ! ! ! !

      Et ce n’est qu’un exemple . Mais , l’exécution civile , celle pratiquée jusqu’à Christian Rannuci , à l’aide de la guillotine , avec la cérémonie , le tambour dans la cour de la prison , les officiels , le ’’ ministère de ce prêtre , et la pitié à la fenêtre ’’...., ( pendant longtemps les fenêtres plongeaient dans les cours de prison , sans compter la foule autrefois invitée jusqu’en 1940 je crois ) .

      Cette horreur commise au nom du peuple , dans la plus grande légalité , cette ignominie , il fallait la faire disparaitre parce qu’elle légitimait de facto le meurtre !

      Cela peut sembler symbolique , ça l’est . Mais les symboles c’est un peu le sceau des actes qu’une société accomplit , il convient de les surveiller .

    • à GL :

      les "autres saloperie" , la semaine de 40h , la retraite à 60 ans , la fin des QHS , les radios libres, l’embauche de centaines de milliers de fonctionnaires (dont sans doute beaucoup de lecteurs de ce site, dont moi).....? sans être mitterandolatre , on peut lui reconnaitre autres choses que les "autres saloperies" ...

      Ce n’est pas parceque au PS on tombe dans l’idolatrie ces derniers temps qu’on est obligé de tomber dans le travers inverse.

    • 1. Les acquis sont ceux des luttes et non du mérite d’un homme d’Etat.

      2. C’est aussi le programme forclos en 77, le pied dedans, le pied dehors en 83, la casse industrielle, le renouveau du FN, largement médiatisé et qui a permis à Mitterrand de s’asseoir 7 ans de plus sur le trône en jouant sur un chantage cynique, c’est un nombre de chômeurs doublé, c’est B Tapie et l’argent facile.

      Non, il n’y a rien à glorifier le concernant.

    • ça va devenir con cette discussion :

      1)j’ai seulement dit que tout n’est pas à jeter, bien au contraire, dans le 1er septennat de FM

      2) "les acquis sont ceux des luttes" , non , non et non : on l’a bien vu avec les retraites ; dans la 5ème république c’est le président qui fait la pluie et le beau temps , on peut le regretter mais c’est comme ça.

    • Tu as oublié les radio libres en 81 , et le pouvoir d’expression ça compte oui !

      Sans cette loi nous n’aurions pas nous Radio Libertaire .

      et aussi , bien qu’en étant anti-état je suis d’accord sur le fait qu’un ’’ président ’’ qui a de la carrure littéraire , et c’était le cas , est en capacité d’accompagner le peuple ( en le surveillant , faut pas rêver non ... ) .

      Par contre , non le président ne fait pas la pluie et le beau temps , lui il est élu pour servir les possédants et c’est eux qui détiennent le pouvoir , c’est tellement évident , analyse bien et pas longtemps , tu verras . Si tu veux des droits et plus de liberté il te faut l’arracher par la lutte , on ne va pas te les donner d’emblée .

      Mitterrand a du composer avec les autres partis , avec des gens de son gouvernements dont certains étaient de vrais socialistes , ça a duré ....1 an avant l’annonce en fanfare de la politique de rigueur ......

    • 1)j’ai seulement dit que tout n’est pas à jeter, bien au contraire, dans le 1er septennat de FM

      ..Qui dit cela de n’importe quel Président ?
      Pas moi en tous cas qui ai pu bénéficier pour mon premier de mes trois divorces des dispositions du" consentement mutuel" de l’avocate unique , etc..Grâce à Giscard.

      On évoque ici la Tontamania de retour, , cette capacité de se draper du "mitterrandisme" comme étendard de la nostalgie d ’un temps " que les moins de20 ans ne peuvent pas connaitre"

      On feint d’oublier le FRIC ROI, , la" Françafrique des sales coups , léguée au fiston , espèce de Foccart médiocre, les suicides de Gossouvre et Béré , les écoutes, et je n’ose évoquer ce que le droit de"cuissage" apporta à certaines dont nous tairons les noms..
      ..
      Toi tu dis, je te cite, "bien au contraire" ce qui semble relever d’un "globalement positif" qui me navre..

      De quel droit , qui plus est, quand on a été président 14 ans, faudrait il n’évoquer que deux trois lois prises au début du premier septennat.

      Davantage par besoin stratégique, calcul, recherche d’état de grâce que soutien à une classe, à un des côtés de la barricade

      Et aussi, surtout... parce que nous avions lutté

      Car je conteste ce que tu assènes

      2) "les acquis sont ceux des luttes" , non , non et non : on l’a bien vu avec les retraites ; dans la 5ème république c’est le président qui fait la pluie et le beau temps , on peut le regretter mais c’est comme ça.

      Pour les retraites, je n’ai pas compris

      Tu parles de la dernière période ?

      .. Moi, j’y ai vu des mesures en lien étroit avec les besoins du Capitalisme que Tonton n’a pas plus menacé que Blair ou Zapatero..

      Je m’autorise a rappeler que les mesures qu’a prise le gouvernement Mauroy de Mitterand sur la retraite à 60 ans..ce n’est pas venu d’un cerveau élyséen en recherche d’Amour populaire..

      Ce serait oublier NOS luttes d’avant 81, nos grêves, nos manifs..

      Ce qui d’ailleurs renvoie aujourd’hui au besoin de ne compter sur aucun Sauveur suprème, "ni Dieu, Ni Tonton, ni tribun."

      Et, en ce qui me concerne à évoquer cette calamiteuse noria autour de la tombe de l’ex Président..car , de fait, il a représenté ,pour certains, l’addition des 3 dangers que stigmatise Pottier dans l’internationale..

      Pardon,............. mais j’espère quand même qu’on va pas faire ici une pétition pour que les restes du plus gradé des Bigames de la 5° République ..soient admises au Panthéon ?

      Maintenant si tu veux un côté "positif" je pense à sa pugnacité dans la douleur et sa lutte contre le cancer.

      Mais ce combat me renvoie à cette scène insoutenable de son dernier Réveillon.
      .

      C’est Benamou qui raconte :

      http://www.denistouret.net/textes/Benamou.html.

      A table.

      Lui à la sienne, nous à la nôtre. Les huîtres arrivent, des centaines d’huîtres plates, pas trop salées, comme il les aime - il a téléphoné depuis Assouan pour s’en assurer. Seul dans son coin, il se penche sur son plateau. Il en aspire une, deux, trois, quatre, cinq, prenant à peine le temps de souffler. Il est concentré sur la tâche, ne se laisse pas distraire par les conversations, ou par des convives qui, de la grande table, tentent d’attirer son attention.

      Son plateau terminé, il marque une pause, ferme les yeux, et rejette la tête en arrière, pour laisser passer une onde de douleur. On lui apporte d’autres huîtres, il se redresse et se remet aussitôt à l’ouvrage avec la même ardeur. Il descend ainsi plusieurs plateaux, puis s’effondre, traversé par un spasme plus violent que les autres. Cela dure si lontemps qu’on le croit assoupi. .
      ..
      C’est l’heure des ortolans.

      Pas de réveillon sans ortolans, avait fait savoir le Président avant de partir pour l’Egypte. Je croyais que les Ortolans étaient des voisins landais qui viendraient avec les Emmanuelli. Je ne m’étais pas tout à fait trompé. Les ortolans sont des oiseaux du Sud-Ouest, des petits bruants à la chair tendre, dont la chasse est interdite. Les meilleurs braconniers du pays revendent à prix d’or ces "petits oiseaux" - c’est leur nom de code. Emmanuelli doit avoir ses réseaux.

      Le Président entend "ortolan", il se redresse. Le gendarme qui fait le service exhibe avec une solennité gaillarde le plat tant attendu. Une douzaine d’ortolans - il n’y en a pas pour tout le monde, on devra se débrouiller. Quelques convives déclinent l’invitation, car, ils le savent, c’est une épreuve.

      On vous sert la bête entière, brûlante, avec ses os et ses viscères, toute chargée de son jus et de son sang. On vous tend ensuite une épaisse serviette de coton, un large morceau de drap blanc. Et là, il faut faire comme eux, ces hommes qui, brusquement, tous ensemble, glissent la tête sous leur serviette. C’est une dizaine de taches blanches, une drôle d’assemblée de fantômes qui suçotent pendant que les femmes parlent à voix basses.

      Et, comme eux, il faut disparaître pour se retrouver face à face avec l’oiseau perdu au milieu de l’assiette. Il faut alors prendre la tête de l’ortolan brûlant dans sa bouche et la broyer, la faire craquer franchement sous les dents. Puis vous attaquez les ailes, petites ailes si peu charnues, et, après la tête et les ailes, il faut trouver les deux pattes, s’en saisir et enfourner le corps de l’oiseau. Ce petit corps, il faut le mettre tout entier dans sa bouche, d’un seul coup, et mâcher cette boule, et avaler ce jus, et broyer ces os, et faire cela comme un homme, comme un chasseur, comme un Landais. Ne pas faiblir, on ne doit rien recracher.

      François Mitterrand ressort le premier de dessous la serviette fumante. Chaviré de bonheur, l’oeil qui pétille, le regard plein de gratitude pour Emmanuelli. Autour de la table, on le fête, sans lui et ses ortolans, le réveillon n’eût pas été complet. Mitterrand le remercie encore, de loin lui fait des signes de la main. Emmanuelli se met à expliquer quand, comment, par quelle filière lui sont venus ces ortolans. Emmanuelli, héros des Landes, un instant.

      Il reste un ortolan. On s’en indigne, d’autant qu’ils étaient comptés. On le propose à la cantonade. Le gendarme circule à nouveau avec sa cassolette et le malheureux oiseau qui nage dans l’huile.

      Le Président se porte volontaire. Ceux qui viennent de subir l’épreuve le regarde stupéfaits.

      Et voilà le Président qui replonge sous sa serviette. Un long moment, on l’entend s’occuper de l’animal dans un silence absolu. L’opération terminée, il se rallonge, jette doucement sa tête en arrière, extasié.

      Ibidem, p. 25/26/27. (L’anectote "des ortolans", contestée par certains proches de Me François Mitterrand, est confirmée par M. Roger Hanin dans son livre Lettre à un ami mystérieux, Grasset, Paris 2001).

      Cordialement

      AC

    • Je voulais seulement dire que les luttes ne suffisent pas : celles qui ont eu lieu contre la réforme des retraites ne l’ont pas empéché , cela parceque 1 seul homme la voulait, la réforme : le président.

    • Ce n’est pas parceque au PS on tombe dans l’idolatrie ces derniers temps qu’on est obligé de tomber dans le travers inverse.

      Et ça t’as mené à quoi, même si personnellement t’as fait partie de ceux qui ont eu la chance d’en profiter comme fonctionnaire.

      Les privatisations, la casse des services publics, les blocages de salaire sans que personne ne bouge au sommet ni à la base, la formation d’"une armée de mercenaires, (Qui bientôt viendra nous chauffer les pieds), en remplacement du Service national qui permettait au moins au Peuple d’avoir un minimum de contrôle des Armées, la Françafrique jusqu’à plus soif avec les copains Bolloré et consorts pour mieux piller les anciennes colonies, la trahison de pratiquement tous ceux qui ont été ministres dans ce putain de gouvernement de "gôôôche", la désespérance des Français qui ont vu une gauche faire en quelques années plus de démolitions qu’une droite dure, la démolition de la CGT en tant que syndicat révolutionnaire, itou pour le PCF...

      Pour le reste, ce que tu me cite, soit la "fin des QHS", (T’es bien sûr que c’est mieux maintenant en zonzon ?), "les radios libres", (Libres de quoi au fait et par rapport à qui, tu peux m’en citer une de "radio libre" ?), et l’embauche de milliers de fonctionnaires, (Ou ils sont tous ces mecs aujourd’hui ? A FT ils se pendent par douzaines), alors qu’il n’y a plus au mieux que des CDI.

      1981 ça a été la plus grande merde qui pouvait arriver au mouvement ouvrier.

      Et arrivant sous l’égide d’un larbin social-démocrate, complice des cagoulards assassins des frères Rosselli, ex-pétainiste recyclé, affabulateur et sournois ça pouvait pas être autre chose.

      Et tout ça j’en accuse pas Mitterrand. Lui il a joué le jeu de ses maîtres et de sa carrière d’arriviste vendu.

      Il pouvait pas en sortir autre chose et TOUT LE MONDE LE SAVAIT

      J’en accuse ceux qui dans les partis et syndicats révolutionnaire de France, (Dont je faisait partie et qu m’ont bien entôlé), ont joué le rôle du porte-coton de la manipulation.

      Comme le dis si bien AC, en 81 on est des milliers de Communistes à nous être battus dans le Parti contre cette "union" monstrueuse. Et crois moi que dans l’isoloir j’ai pas voté pour cet empaffé. Et j’ai pas collé une seule affiche ni distribué un seul tract. Et surtout que je l’ai dis partout haut et fort.

      Tout les camarades bien pensants me sont tombés sur le cul avec plein de noms d’oiseau...

      Un an après, si tu leur demandais, aucun d’entre eux n’avait voté pour François.

      Parce qu’en plus y en a qui ont même pas assez de couilles pour reconnaître que ce sont eux et personne d’autre qui ont enterré le Mouvement révolutionnaire en France. Par paresse, par suivisme, par arivisme, par intérêt personnel, par orgueil...

      Et en plus c’est les mêmes qui gueulent après les Marchais et consorts, ou qui jugent des actions d’un Thorez ou d’un Duclos. (Trop stalinien, pas assez révolutionnaire, etc...).

      Mais ils ont été aussi mauvais pour ne pas dire pires. Et de surcroît ils filent des leçons à leurs victimes !

      G.L..

    • Voilà ce que j’aime entendre dire. Elle me remonte, moi, cette putain de moutarde qui me gratouille le nez depuis le 22ème congrès !... Et j’en aurais des choses à dire. Comme par exemple d’avoir été dénoncé comme faisant du travail fractionnel, à Marseille, dans les années 70/80, parce que nous soutenions les immigrés pas dans les cellules d’entreprise...

      Et des décennies durant, j’ai regardé grimper le vote FN et constaté l’absence des forces militantes, en dépit de SOS Racisme, de Touche pas à mon pote (mot d’ordre colonial condescendant) et l’affaiblissement du parti. J’étais jeune et con, je m’écrasais.

      Tout comme l’abandon à la référence à la dictature du prolétariat, hors congrès, juste parce que Marchais avait émis la possibilité de son obsolescence.

      Etc., etc....

  • Alain Chancogne a tout bon d’un bout à l’autre. Mais dans la France d’aujourd’hui, pour un homme de sa culture on en trouve vingt prêts à aller boire l’eau de rinçage du ratelier d’une vieille dame dans un quelconque jeu de téléréalité pour gagner une poignée d’euros. Le Sarkosy a probablement encore de l’avenir.