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La volonté des masses

par Antonio Gramsci via RF

Publie le mardi 27 décembre 2011 par Antonio Gramsci via RF - Open-Publishing
7 commentaires

« Existe-t-il une volonté des masses laborieuses prises dans leur ensemble et le Parti communiste peut-il soutenir qu’il va "obéir à la volonté des masses en général" ?

Non. Il existe, dans l’ensemble des masses laborieuses, plusieurs volontés distinctes : il existe une volonté communiste, une volonté maximaliste, une volonté réformiste, une volonté démocratique libérale. Il existe même, en un certain sens et dans une certaine limite, une volonté fasciste.

Tant que subsiste le régime bourgeois, et que le monopole de la presse est aux mains du capitalisme, et que par conséquent le gouvernement et les partis bourgeois ont la possibilité de poser les problèmes politiques en fonction de leurs intérêts, présentés comme l’intérêt général, tant que sera supprimée ou limitée la liberté d’association et de réunion de la classe ouvrière et que l’on pourra diffuser impunément les mensonges les plus impudents contre le communisme, il est inévitable que les classes laborieuses restent dans un état de désagrégation, autrement dit qu’elles aient plusieurs volontés.

Le Parti communiste "représente" les intérêts de la masse travailleuse tout entière, mais il ne "réalise" que la volonté d’une partie déterminée des masses, de la partie la plus avancée, de cette partie (prolétarienne) qui veut renverser le régime existant par des moyens révolutionnaires pour fonder le communisme.

Que signifie plus généralement la formule de l’Avanti ! : "Il faut suivre la volonté des masses" ? Elle signifie la tentative de justifier son propre opportunisme, en se cachant derrière la constatation qu’il existe encore des couches attardées de la population laborieuse qui sont sous l’influence de la bourgeoisie, qui "veulent" la collaboration avec la bourgeoisie.

Mais ces couches existeront toujours tant que le régime bourgeois sera le régime dominant ; si le Parti "prolétarien" obéissait à "cette volonté", il obéirait en réalité à la volonté de la bourgeoisie, en d’autres termes il serait un parti bourgeois, et non un parti prolétarien. Le Parti "prolétarien" ne peut pas se mettre à la remorque des masses, il doit précéder les masses, tout en tenant compte objectivement de l’existence de ces couches attardées.

Le Parti représente non seulement les masses travailleuses, mais aussi une doctrine, la doctrine du socialisme, et c’est pourquoi il lutte pour unifier la volonté des masses dans le sens du socialisme, tout en se tenant sur le terrain réel de ce qui existe, mais qui existe en se mouvant et en se développant.

Notre parti réalise, la volonté de la partie la plus avancée de la masse qui lutte pour le socialisme et qui sait qu’elle ne peut pas avoir la bourgeoisie pour alliée dans une lutte qui justement vise la bourgeoisie elle-même.

Dans la mesure où elle coïncide avec le développement général de la société bourgeoise et avec les exigences vitales de toute la masse laborieuse, cette "volonté" est en constant progrès, elle s’élargit, elle conquiert des couches toujours nouvelles de travailleurs, elle désagrège les autres partis ouvriers - "ouvriers" par leur composition sociale, non pas en raison de leur orientation politique. »

Messages

  • A verser au débat, extrait des "caractéristiques fondamentales du Parti communiste-ouvrier" par Mansoor Hekmat.

    On transcrira les appellations en les mettant en contexte en comprenant que quand il parle du socialisme ouvrier, il ne parle pas de ce qu’on entend en occident par socialiste.

    On a là une expression plus modeste du rôle du parti et prenant mieux en compte des phénomènes autrement incompréhensibles qu’on observe en permanence dans une partie du mouvement naturel du prolétariat.

    Indépendamment du reste des positions de ce courant politique on observe que son principale inspirateur tape juste sur certaines questions (parti, courant, avant-garde, etc).

    .../....
    I : Le caractère social objectif du socialisme ouvrier

    Un point central sur lequel nous avons constamment mis l’accent à travers les débats de ces dernières années est que le socialisme ouvrier est un mouvement social qui existe de façon indépendante, et non le dérivé de l’activité de marxistes ou de communistes.

    C’est un mouvement qui se déroule historiquement. La lutte contre le capitalisme avec pour objectif de le remplacer par le socialisme à travers une révolution ouvrière, est une vision vivante et fermement établie au sein de la classe ouvrière - c’est une tradition de lutte vivante.

    La théorie, la conscience de ce mouvement peut, à une période donnée, être adaptée ou inadaptée, vraie ou fausse. Quoiqu’il en soit, il existe toujours un courant au sein du mouvement de la classe ouvrière qui aspire et essaye constamment de pousser la classe tout entière dans cette direction socialiste.

    Pour commencer, est que nous voyons le socialisme, le communisme, le parti communiste-ouvrier, comme quelque chose qui prend forme dans le contexte d’une telle lutte réelle et objective de la classe ouvrière, fut-il faible et limité dans ses objectifs, être toujours en mouvement dans la société contemporaine.

    Le socialisme n’est pas une utopie, une utopie ou un dessein profond pour la société, nous attendant seulement, nous socialistes, pour le mettre en œuvre. Ce n’est pas un objectif arbitraire ou une prescription importée du royaume de la raison dans celui de la pratique.

    Le socialisme est, principalement et tout d’abord, un cadre pour une certaine lutte sociale qui est menée inévitablement et indépendamment de la présence ou de l’absence d’un parti ; ... un effort social qui s’est poursuivi tout aux long des dix-neuvième et vingtième siècles, et qui est, encore aujourd’hui, clairement observable.

    Il est clair que les différentes tendances sociales tentent d’influencer ce mouvement, cet effort de classe, et de le guider dans la direction de leurs propres conceptions.

    Néanmoins, la lutte de la classe ouvrière contre le capitalisme et pour l’égalité sociale se cache sous n’importe quelle couverture dans laquelle d’autres mouvements sociaux ou partis tentent de l’envelopper.

    Ce mouvement peut être distingué d’autres dans la société contemporaine par ses objectifs sociaux généraux, par la matière et les centres d’intérêts de ses revendications dans la société actuelle, et par ses origines sociales de classe ...

    Il y a toujours une partie de la classe ouvrière qui ne se contente pas d’une lutte défensive, qui ne croit pas qu’elle peut obtenir ce qu’elle veut vraiment dans le cadre du système actuel, qui pense que le capitalisme devrait céder la place au socialisme, qui croit que la bourgeoisie devrait être dépossédée des moyens de production, et, finalement, qui pense que pour y arriver, il est nécessaire de s’unir et de faire la révolution. Ce n’est rien d’autre que la définition du socialisme ouvrier.

    Même derrière les activités de syndicats de droite, derrière les paroles de leaders syndicaux locaux, quelques naïves ou timides que soient leurs déclarations, on peut reconnaître certains faits qui montrent la persistance d’une tendance socialiste et d’une lutte socialiste de la classe ouvrière ; des choses que la plupart des tendances radicales de la gauche sont incapables de voir.

    Les illusions de droite au sein de la classe ouvrière sont acquises, mais les tendances anti-capitalistes, qui forcent les leaders syndicaux à parler ainsi, sont intrinsèques et authentiques .

    Le socialisme ouvrier est la tendance au sein de la classe qui créé des leaders radicaux et maintient la pression constante du radicalisme sur les leaders non-radicaux.

    Reconnaître et mettre l’accent sur l’existence d’un effort objectif, socialiste, au sein de la classe ouvrière elle-même, malgré l’expression intellectuelle qu’il a trouvé dans différentes périodes, est l’une des caractéristiques importantes de notre courant et tradition politique. Nous voyons, au-delà des activités quotidiennes du mouvement ouvrier, l’existence objective d’une tendance socialiste au sein de la classe ouvrière et pensons que l’organisation communiste doit se développer dans le contexte de cette tradition sociale réelle de lutte ..../....

    Et on rajoutera cela sur le "sens" de l’histoire par le même :

    .../...
    Laissez moi ajouter ici un commentaire personnel sur laquelle d’autres camarades peuvent avoir un point de vue différent.

    Je ne veux pas voir, à tout prix, la victoire du communisme ouvrier comme inévitable. Je ne vois même pas sa croissance comme inévitable, la victoire du mouvement communiste ouvrier comme inévitable.

    Mais personne ne peut proclamer que cette protestation se fera inévitablement sous la bannière du communisme ouvrier comme mouvement ayant une vision et une stratégie politique et économique particulière.

    Je ne crois pas à cette inévitabilité, et pour cette raison que les choix conscients que les hommes et des femmes réels font à différentes étapes, et la pratique réelle de différents mouvements à différents points de jonction, sont pour moi, d’une importance vitale. Si nous voulons avancer, ces choix et ces pratiques doivent être correctes et communistes.

    Les personnes et les générations vivantes de classe ouvrière décident du destin du socialisme et du communisme.

    La victoire du socialisme n’est pas un résultat inévitable et prédéterminé de l’histoire.

    Peut-être au XIX° siècle, les options réellement offertes à la bourgeoisie semblaient limitées aux yeux des socialistes et ils pouvaient se demander « qu’est que la bourgeoisie pouvait réellement faire pour contrer la pression de la vaste classe exploitée ? ».

    Aujourd’hui, au contraire, la bourgeoise est capable de détruire physiquement le monde, elle peut le transformer en désert, elle peut le transformer en un tel besoin sauvage de pain et d’oxygène que le socialisme ne traversera plus l’esprit de quiconque. Un esclavage moderne pourrait tout simplement être le destin du monde, au moins pour plusieurs générations.

    En résumé, l’issue est le destin d’un mouvement défini : le mouvement socialiste de la classe ouvrière.

    La cause de l’état des choses présent, la cause de la survie de la barbarie capitaliste jusqu’ici, est que ce mouvement a été défait à un tournant critique de l’histoire contemporaine. Nous avons été défaits dans l’expérience de l’Union soviétique ; une défaite qui a conditionné le destin du monde pour plusieurs décennies.

    Nous n’étions pas représentés de manière adéquate, ni politiquement, ni intellectuellement, dans les controverses fatales qui ont pris place dans les années 1920, dans l’évolution post-révolutionnaire de l’économie soviétique. Nous n’étions pas préparés à l’avance pour ce défi.

    Aucun des leaders du mouvement socialiste de la classe ouvrière russe n’est entré dans cette période avec une vision économique claire, et de ce fait, aucune résistance n’a été organisée, du point de vue du communisme ouvrier, contre l’avancée du nationalisme et de la vision économique bourgeoise...

    Nous n’avons pas réussi à conserver notre classe sous notre propre bannière. Ainsi, nous avons manqué, en pratique, à une étape décisive et en regard de la question cardinale de l’ère post-révolutionnaire [c’est-à-dire la question du contenu économique de la révolution d’Octobre] d’une bannière, ou d’un programme, indépendant...

    Maintenant, le futur dépend, de la même manière, entièrement de notre pratique réelle de notre mouvement et de ses activistes ; de ce qu’ils font, et de quelle vision ils ont et tiennent dans le mouvement ouvrier. S’ils le font bien, ça marchera ; s’ils ne le font pas, ça ne marchera pas. Il n’y a ici pas d’inévitabilité historique !..../...

    • Le texte « sur La volonté des masses » décrit ce que n’est pas actuellement le PCF. Il précise un besoin de regroupement de l’’avant garde dans la formation d’un parti, la mise en oeuvre et la diffusion d’un programme d’action communiste.
      Le texte de Copas semble prendre le contrepied en écrivant que les aspirations ouvrières sont déjà présentes « dans une partie du mouvement naturel du prolétariat » par les aspirations, l’expression, le travail des militants "radicaux."
      Je ne vois pas d’opposition fondamentale, si ce n’est que la question du « centralisme démocratique » se pose encore pour raison d’efficacité, dans l’unité d’un regroupement opérée sous forme de parti.
      Vu la longueur des textes mis en débat sur internet, il semble difficile de s’y retrouver, de les étudier sereinement, parce que ce média est un lieu d’échanges de réactions ( souvent propices à réflexion certes) presque instantanés comme dans une conversation..
      Je proposerai de commenter en citant ses références sans les enrichir de grandes longueurs qui finissent par nous perdre et nous faire manquer les idées fondamentales exprimées.

    • Le texte de Copas semble prendre le contrepied en écrivant que les aspirations ouvrières sont déjà présentes « dans une partie du mouvement naturel du prolétariat » par les aspirations, l’expression, le travail des militants "radicaux."

      Ce n’est pas mon texte mais des extraits d’un texte de Mansoor hekmat que j’estime assez pertinents sur les deux sujets abordés et correspondant mieux à ce qu’on constate tout en résolvant de manière plus élégante et moins dangereuse pour la classe ouvrière la position du parti et la question du concept d’avant-garde.

      Nous constatons presque en permanence depuis plus d’un siècle l’apparition de militants radicaux en dehors d’un parti révolutionnaire comme pouvait l’entendre un Gramsci.

      Nous constatons en permanence depuis plus d’un siècle l’émergence dans la classe ouvrière de factions minoritaire dans les combats de classe qui pensent qu’il faudra en finir avec le capitalisme et gouverner soi-même.

      Nous constatons régulièrement que des expériences d’auto-organisation se produisent dans des secteurs des fois inédits et plus souvent sans intervention d’organisations politiques révolutionnaires qui ont pourtant ces questions là au centre de leur programme (les travailleurs eux-mêmes, etc).

      Un parti (dans un sens évidemment distinct de l’entendement usuel sur télé-sarko et dans les casernes réformistes) peut aider à unifier l’essentiel de ces militants radicaux du moment qu’il est au milieu de la classe, aider à développer plus méthodiquement l’auto-organisation, les résistances au capitalisme, à vaincre les obstacles, etc.

      En ce sens il est indispensable à une révolution réussie mais il n’est pas la révolution, il n’est pas l’organisation centrale qui prend le pouvoir, il n’est pas "les travailleurs eux-mêmes", mais une fraction de ceux-ci.

    • D’accord, mais alors il faudrait trouver une formule pour que le parti communiste outil nécessaire et nécessairement unitaire pour nous rendre opérationnels dans la lutte des classes, fasse en sorte que l’outil soit au service des masses et non de ceux qui le manipulent. Or aujourd’hui, le PCF par exemple qui a peut-être perdu par deux fois l’occasion d’accéder au pouvoir (à la Libération et en Mai 68 mais le voulait-il vraiment ?) s’est encroûté au point que n’étant plus une organisation révolutionnaire, il est à l’image de ceux qui le dirigent et qui n’ont rien à voir ni de près ni de loin avec les intérêts de la classe ouvrière et des masses populaires.
      La question qui se pose à nous, c’est l’unité de ceux qui veulent la Révolution et non pas celle électoraliste, qui va nous enliser dans la social démocratie pour l’intérêt exclusif de ceux qui peuvent encore s’accommoder de la société capitaliste comme tous les élus y compris parmi eux ceux qui ont l’étiquette communiste et qui ne rendent aucun compte de leur activité, ni au parti, ni à leurs électeurs.

    • Or aujourd’hui, le PCF par exemple qui a peut-être perdu par deux fois l’occasion d’accéder au pouvoir (à la Libération et en Mai 68 mais le voulait-il vraiment ?

      A la Libération il le voulait certainement. Du moins la base. Le sommet étant pris dans la contradiction du "Socialisme dans un seul pays" et les injonctions de l’URSS qui suivait les accords de Yalta et le partage du Monde. En deux partie : La Socialiste et la Capitaliste. Et la France n’était pas prévue dans la première.

      Les Camarades Grecs qui ne voulurent pas se plier aux consignes du "pays frère" et continuer la Révolution le payèrent assez cher sous la répression des Britanniques et avec l’approbation de Moscou.

      On peut dire que probablement le PCF a alors manquée la marche car une attitude de refus de déposer les armes, et de laisser le pouvoir, lorsque les Communistes furent virés du Gouvernement par DeGaulle, aurait pu changer la donne. Mais d’un autre côté quand on voit ce qui s’est a passé après dans les pays du Bloc soviétique on peut rester dubitatifs. Car à l’époque si on n’était pas restés dans une relative situation d’indépendance dans le Bloc occidental on aurait été à coup sûr intégrés dans le Bloc de l’Est. Non par volonté pure mais parce qu’il ne nous serait resté que ça à faire.

      Vu ce qui s’est passé après ???

      En 68 c’est plus nuancé. Pour mon analyse perso, et y ayant participé de près, le Mouvement fut lançé non par les masses laborieuses mais par le Mouvement étudiant dont les leaders étaient plus proche de Marcuse que de Marx et Lénine. Même s’ils citaient Mao en permanence.

      Et je me souviens que si on était indignés avec mes camarades de la JC de exactions des CRS et des Mobiles contre les étudiants, le Parti a mis un certain temps avant de réagir sous la pression de la base et avant que les premières grèves, puis la grève générale, n’arrivent, ça a pris un certain temps..

      Quant on sait aujourd’hui que Marcuse était un sous marin de la CIA, que la majorité des meneurs universitaires sont devenus de bons valets de la Bourgeoisie quand ils n’ont pas suivi les néocons comme leurs homologues étatsunniens, on peut peut-être comprendre la "frilosité" à l’époque des dirigeants du PCF à suivre les étudiants, puis à poursuivre plus loin après Grenelle.

      Et après Grenelle, la majorité des travailleurs avait obtenu bien plus qu’ils n’espéraient en salaires, en conditions de travail, ainsi qu’en libertés sociales. Et le Mouvement n’avait pas été travaillé pour un réel changement politique, en dehors des mots d’ordres maoïstes irréalisables et des exactions outrancières des agents provocateurs infiltrés qui discréditaient toute tentative d’aller plus loin.

      Par contre la "menace" d’une intervention des FFA, (Forces Française en Allemagne), après la visite de DeGaulle à Massu, qui fut mise en avant dans le Parti pour justifier de l’arrêt des mouvements, je n’y ai jamais cru. Pour une raison simple, je venais d’être démobilisé des FFA ou j’avais passé 24 mois en tant que sous-off EVDA et je peux dire que la mentalité des troupes à l’époque là-bas n’aurait pas permis une telle intervention. Il aurait fallu faire appel à la Bundeswehr, ou aux Forces américaines, et ça n’aurait pas été aussi aisé car ça aurait pété dans l’Armée française. Qui je le rappelle était alors essentiellement une armée de conscrits, et surtout de conscrits formés au combat. Surtout en Allemagne.

      Et je pense que les camarades soviétiques n’étaient pas trop partisans d’un changement fondamental et qu’ils l’ont fait savoir au BP et au CC.

      Il y avait au même moment un mouvement identique aux USA, ("La révolution des Fraises" - Déjà un nom de végétal), avec des leaders tels que Kristol, Dershovitz, et Cie, gauchistes qui ont tous fini dans l’environnement ultraconservateur. Certains ont même été, et sont toujours des piliers du PNAC, le Think Thank qui a mis au point et édité le "Projet pour un Nouveau Siècle Américain" et des collaborateurs fidèles de toutes les administrations néocons depuis au moins G. H. Bush le papa.

      En 68, les Américains mettaient déjà au point une nouvelle stratégie qui consistait à déclencher des "Révolutions" contre ceux qui les gênaient pour mieux dévoyer les mécontentements populaires. Des ancêtres des "Révolutions colorées" et des "Printemps arabes". La stratégie du coupe-feu et de la déstabilisation des états souverains pas dociles...

      En France c’était DeGaulle qui les gênait, (Qu’ils ont tenté au moins une fois de faire assassiner au Petit Clamart), car ses décision sur le Tiers-Monde, l’Etalon Or, ou la sortie de la France de l’OTAN, ainsi que la force nucléaire de dissuasion tout azimut, les contrariait fortement. Ainsi que la forte influence des Communistes qu’il fallait discréditer à tout prix. Idem en Italie ou les réseaux de l’OTAN ont utilisé les Brigades Rouges pour monter des actions sous fausse bannière.

      C’est d’ailleurs symptomatique que le remplaçant immédiat de DeGaulle fut Pompidou, Grand commis européen de la Banque Rothschild. Comme aujourd’hui en Grèce ou en Italie ou ces sont des Grands commis des Banques US qui ont occupé les présidences nationales.

      Le PCF a certainement manqué quelque chose mais je ne sais pas réellement si c’est à ce moment là, ou plutôt si ça n’est pas jour après jour en s’inscrivant depuis la Libération dans la gestion du "moindre mal", (Une sorte de collaboration de classe qui ne dirai pas son nom), et dans l’application de la vaseline, et la fabrication de jambes de bois et leur distribution gratuite pour remplacer les jambes que le Capitalisme n’a cessé de couper.

      De même qu’en acceptant les subsides du Pouvoir qui lui ont fait négliger l’importance de compter sur le soutien politique et financier et concret de ses propres militants en trouvant des produits financiers immédiatement accessibles auprès de se pires ennemis et en restant dans le déni des propositions de sa base.

      G.L.

    • Le PCF, comme parti n’a pas eu deux chances mais bien 3 de jouer un rôle révolutionnaire et à chaque fois il a regimbé devant l’obstacle. Je parle bien de l’appareil, les militants étant trop soumis pour mettre en cause des orientations.

      1936, 1945 et 1968.

      Toutefois, il n’avait pas à mon sens de "mode d’emploi" (pour caricaturer) pour aider à une révolution en France et s’est réfugié à chaque fois devant une attitude réactionnaire (rendant service à la bourgeoisie). Ce n’étaient pas les seules fois où le PC se mettait du côté de la réaction mais se furent des cas où quelque chose aurait été tentable.

      Il eut fallut pour cela une autre logique que d’estimer que ce qui n’était pas soumis organiquement au parti était l’ennemi.

      Sur 68, qui fut la plus grande grève de tous les temps en France, avec des résultats considérables (comme pour le mai italien d’ailleurs) faire passer cela pour une maneuvre de la CIA est infect .

      De la même façon, essayer de faire passer de Gaulle pour un progressiste est aussi un scandale que la classe ouvrière vomissait en 68.

      La reprise en main ensuite par des factions encore plus réactionnaires n’a strictement rien de particulier à la France , il y eut bien pire ailleurs et plus tôt dans le temps.

      Faire passer les révolutions arabes pour des opérations de la CIA est aussi malodorant.

      C’est d’abord essayer de faire croire que les formes de dominations qui existaient préalablement n’étaient pas des dominations d’appareils d’état de la bourgeoisie, violents et criminels.

      C’est d’abord contre cela que les masses se sont soulevées. Elles ont bien fait et il fallait les soutenir et il faut les soutenir.

      Que les claques impérialistes aient changé leurs fusils d’épaule en voyant que leurs hommes de paille n’étaient plus soutenables sans de grands risques relève d’une autre question.

      Les services spéciaux grenouillent ? ils l’ont toujours fait, et sur des chevaux différents en plus.

      Si il fallait ne plus bouger de peur d’être manipulés tu ne ferais plus rien et c’est d’abord cela le danger.

      Et c’est une des deux raisons qui m’avaient fait quitter le PC à une époque, c’est à dire la paranoïa et la peur de tout ce qu’on ne contrôle pas (l’autre raison étant la révolution , la relation à l’état, la question de la place de l’auto-organisation.

      Cette paranoïa et cette trouille de tout est un des gros problèmes de la gauche française et elle se fait manipuler très facilement là dessus.

      Cette peur de la classe ouvrière, du peuple, des révoltes populaires, de la jeunesse, amène aux problèmes de relation du parti (pas seulement liée aux PC traditionnels) avec les phénomènes de radicalisation, à des cris de haine quand apparaissent des mouvements non prévus ,à un grave problème sur les stratégies de passage au socialisme, à des paralysies importantes.

      Sur tous les segments de radicalisation depuis les années 60 le PCF a commencé par des réactions conservatrices, voir agressives contre celles-ci, que ce soit en matière de féminisme comme en matière d’écologie, que ce soit en matière de démocratie ouvrière comme pour les autres courants politiques (qu’il a traité par la haine et l’écrasement) qu’il ne considérait que comme des courants ne faisant pas partie du mouvement ouvrier, etc

      Il s’est rallié avec bien du retard à bien des batailles.

      Le PCF a transmis ses paranoias conservatrices à une grande partie de la gauche française au delà même de son écroulement.

      Il faut accepter que d’autres courants de radicalisation politique apparaissent régulièrement sans qu’on les traite d’enfants de la CIA et autres douceurs. Sans qu’on les regarde soupçonneux (sans se regarder nous-mêmes dans la glace).

      L’acceptation du fait qu’il existe en permanence, dans les sociétés travaillées par la lutte de classe, des aspirations, des batailles, des courants, des soulèvements et des fois des soulèvements révolutionnaires , des individus qui viennent à la conscience qu’il faut une société où les travailleurs auraient le pouvoir, cette acceptation de ces phénomènes est importante.

      Et il n’y a pas lieu de les regarder avec méfiance.

      La méfiance est à accorder à l’ennemi de classe.

      Sur les pays de l’Est, les aspirations des peuples concernées de n’être plus soumis à des dictatures capitalistes d’état étaient parfaitement légitimes et ces aspirations étaient positives et le sont toujours, les tentatives pour se libérer des nomenclaturistes étaient justes.

      Reconnaitre cela ne change rien à l’analyse du dévoiement de toutes ces batailles (comme les nôtres d’ailleurs et ce n’est pas parce que le lendemain d’une grève le patron est toujours en place que tu ne dois pas faire la grève).

      Penser les "écroulements" (on en pense ce qu’on veut mais parler d’écroulements de ces régimes alors qu’on retrouve la même couche dirigeante devenue bourgeoisie impose là prudence sur ce quoi on parle) comme des manœuvres de la CIA est disproportionné.

      C’est bien parce que ces régimes étaient des régimes d’oppression et d’exploitation que les peuples concernés ont cherché à les foutre en l’air. Le mal était là et impossible à résoudre en restant dans le cadre de ces systèmes. C’est ce qu’on peut constater.

      L’absence de partis cherchant consciemment à ce que la classe populaire se dote d’une légitimité supérieure aux frères de lait bourgeoisie et nomenclatura est une grande difficulté pour la et les résistances, pour les mouvements populaires.

      L’absence d’organes unitaires démocratiques de résistance de la classe populaire, centralisés pour disputer la légitimité politique au règne de la bourgeoisie est aussi l’autre manque.

      Les partis travaillant à construire ces organes unitaires et n’en volent pas, ou n’espèrent pas en confisquer la direction , sont importants.

      C’est dans notre monde moderne les deux grandes batailles en lien profond.

      Ca nécessite de n’avoir pas peur et méfiance des précurseurs des uns et des autres.

      Et ces précurseurs se manifestent actuellement dans le monde un peu partout , ce qui ne signifie aucunement de certitudes de victoires, loin de là.
      Il faut travailler à accoucher tout cela.

    • Tu vois, COPAS, j’aurais préféré finir l’année sur B.C autrement qu’en polémiquant avec toi en particulier.

      Parce que je t’estime, soit dit sans cirer des pompes.

      Si ce n’était pas le cas..ton raccourci de langage très stéréotypé "trotsk" classique, ne me dérangerait pas, je l’eusse ignoré...
      Depuis mon adhèse au PC-et même après mon départ- puisque certains ont décrété que celui qui a été membre duPC ne peut mourir que CON etinguérissable,....ce refrain de la REVOLUTION trahie, par trois fois au moins, on me l’ chanté sur tous les tons..!

      De Ferniot à July en passant par Cohen Bendit, les ex maos ,des permanents CFDT, quelques ptits excités de l’EX OCI.., trois charlots du PT dirigeants de F.O...tous préparant la suite de Mai 68 au sein du Parti socialiste !.

      Toi et moi, on s’épargne pas mais c’est en recherche réciproque de respect.

      Qui n’interdit pas le coup d’gueule , ok !??

      Alors j’y vais !

      Comme t’es pas centenaire , plus jeune que moi, tu as donc un jour adhéré à un tel Parti ?

      Qui passe son temps à empêcher les révolutions !??!!

      C’était , en sartonien d’avant- garde, pour aller de l’intérieur requinquer le traitre,faire de l’"entrisme" comme d’autres légataires du Vieux Léon, partis en mission d’infiltration chez Mollet ou plus tard chez Tonton ?

      Ou bien pour , avant de passer à la LCR, pour connaitre un Parti de masse ?
       :))

      Chutt..., te fâche pas, je déconne.!

      Moi tu vois, je suis beaucoup plus DUR que toi avec le PC, dans le fond.!

      Puisque j’en suis arrivé au point d’analyser que l’importation d’un léninisme, lui même en rupture de MARXISME (rôle des Masses), de toutes façons cela ne pouvait que produire du FREIN au COMMUNISME à construire !

      Surtout quand passant du "classe contre classe"..tu te piquais à VIE..au programmatisme unitaire, à la recherche de l’union de Sommets...

      Fût ce, en pensant que c’était une étape vers le COMMUNISME..
      Aussi con que ce qui consiste à beugler"GREVE GENERALE" dans le vide avant de rentrer chez soi en désespérant de Billancourt et en préparant l’éxécution de Thibault..

      Ceci bien re-précisé ,puisque tu nous revisites l’Histoire..

      Tes trois exemples :

      1936 : Tu penses donc comme l’ex trotsk PIVERT qui militait à laSFIO que"tout était possible".??

      Le "PARTI" aurait donc , bradé une révolution qui ne demandait qu’à fleurir, pour quelques accords d’un Matignon.. ..".alimentaire" ,
      Et le prolo frustré,..hop !

      Un tour à Deauville en juillet en tandem avec maman plutôt que de prendre l’Elysée..!

      Tout ça parce que les staliniens contre-révolutionnaires Frachon, Thorez , Duclos..avaient reçu la consigne du moustachu ?


      Et en 45,
      .. alors là, des couilles molles , les dirigeants du PC,

      a la fois parce que Staline maitrisait TOUT..et parce qu’ayant déjà trahi 9 ans avant, z’étaient en rechute, les"stals" ???


      T’avais tout pour une REVOLUTION en 1944-45.

      Et si Staline n’avait pas fait un deal à Yalta, on serait en démocratie populaire !

      T’avais TOUS les Français- -sauf 4pétainistes qu’on aperçoit dans les Actus cinématographiques des années noires-...- qui avaient RESISTE, les armes à la main, -rejoints tardivement parles cocos qui eux, ne résistent que si on leur donne le départ, tel 21 juin 41.., en russe !

      Avant, ils "kollaborent, "ou très bêtement, ils distribuent des tracts moscoutaires, comme ce glandus de Mocquet, même pas fusillé pour avoir tiré sur l’occupant..

      La France, en 45,..c’est un pays ou de partout, malgré les bombardements récents, , cinq ans de privations, les Prisonniers de guerre, bref une certaine lassitude.qui aurait été compréhensible., ça fourmille de cortèges de milliers de prolos descendant les boulevards au cri de ".Ce n’est qu’un début etc etc.."
      Qui plus est, des GIS et autresZalliés en renfort..., qui auraient retourné leurs armes contre leurs généraux si Ike ou Churchill, voire de Gaulle.....n’avaient pas accompagne notre REVOLUTION PROLETARIENNE !


      Et en 68, rebelote.

      Tout y était..

      Une Université qui avait déclenché la révolution,, certes avec 4 pour cent de fils de prolos poursuivant des études supérieures,...et un manifeste du22 mars exigeant les dortoirs mixtes.

      Une jeunesse majoritairement en cravates sur les barricades qui n’a hélas pas pu rejoindre en scandant"CGT-trahison, Krasuky-enculé"..les ouvriers qui les attendaient pour avoir de vrais leaders de classe !

      Des ouvriers que"nous" devions mettre au pas , nous à la Cégèt, parce qu’ils auraient oublié les histoires d’ augmentations de salaires, de droit syndical ;pour simplement écrire"Des Soviets partout"..sur les cahiers revendicatifs !!
       Un Charlot fatigué, parti à Baden - Baden...pour quelques jours de repos en jouant aux "échecs" et au tennis... avec Massu, ce type qu’Alger admire encore pour ce qu’il a laissé de souvenirs en 57 dans la Casbah..

      Un Massu qui avait placé quelques blindés autour de Paris, mais juste pour préparer la parade du prochain14 JUILLET..

      Sans compter une France profonde si ardemment Révolutionnaire qu’on a mesuré en Juin que son coeur battait à(l’extrème ) Gauche....


      OUI, COPAS, jeDECONNE..
      .

      Mais cela permettra aux futés lecteurs de faire un cocktail de nos deux messages, puis de relire quelques trucs en biblios, pour pas finir l’année sur du caricatural ;


      NOUS
      -je dis bien NOUS, j’assume- nous nous sommes trompés, et pas que THOREZet Marchais, stp, arrêtons de faire passer des centaines de milliers de militants pour des cons suivistes !

      Nous avons eu du zig et du zag, dans une Histoire d’ombres et de lumières, handicapés parle "modèle" , OUI, nous avons, notamment en 68 manqué d’analyse sur ce qu’était la montée de sève autogestionnaire, OUI, c’est TRAGIQUE

      Oui, devant l’Histoire, NOUS avons failli.

      Mais, quand je regarde les parcours de TOUS ceux qui se sont un jour ou l’autre réclamés de Marx et du Communisme, quitte à te faire me traiter de con, nous, les Communistes français, avons mérité cette Appellation avant que les Guignols ne prennent le pouvoir d’une sous marque-socdem baptisé encore"communiste" mais franchisée FDG.et . nous ne méritons pas cette"mise en examen" uniquement à charge..
      Sur dossier un peu trop "léger"..

      Chaque fois que nous nous sommes"plantés" pris un "virage" fait"volte face"comme c’est curieux !

      En face et pour nous combattre, TOUJOURS les mêmes..!

      Comme quoi, ils nous"suivaient"à la trace..

       :)

      Quant à ceux qui, avant ou après moi , ont certes avec sincérité quitté ce cloaque de "trahison de sommet", afin de s’épanouir dans le"nouveau" , je leur souhaite d’avoir eux aussi des"EX", qui regarderont le passé avec une tranquille et nécessaire analyse des erreurs, sans inventer un "complot des chefs" qui les auraient empêché de faire la Révolution..........

      Bonne fin d’année et très
      cordialement

      A.C