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Lettre des enseignants du lycée Calude Monet (Paris)

Publie le dimanche 8 décembre 2013 par Open-Publishing
4 commentaires

Aux étudiants du lycée Claude Monet et à leurs parents

Vous nous savez très attachés à la formation intellectuelle et humaine de vos enfants et nous vous remercions de la confiance que vous nous témoignez.
Or, le 18 novembre dernier, Vincent Peillon, le Ministre de l’Education Nationale, a présenté un projet de décret redéfinissant les métiers des enseignants. Celui-ci touche en particulier les professeurs de Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles. Ce texte prévoit d’augmenter le nombre d’heures de cours sans réelle contrepartie. Pour la plupart des enseignants, ce projet entraînerait, parallèlement à une hausse du temps de travail, une diminution des rémunérations de 10 à 20%. Qui pourrait accepter que soit envisagée une modification aussi brutale de son temps de travail et de ses revenus sans aucune concertation préalable ?
Ce projet de décret touche également le secondaire puisqu’il aurait des conséquences importantes sur les horaires et les effectifs d’une part (fin de la limitation à 35 élèves par classe) et sur les revenus des enseignants d’autres part (suppression de l’heure de première chaire pour les classes à examen)
Par ailleurs, en opposant les enseignants de classes préparatoires et ceux des ZEP, le ministère choisit de monter certaines catégories de professeurs les uns contre les autres. Cette politique manifeste un mépris à l’égard de l’ensemble des professeurs engagés depuis toujours au service d’une mission exigeante.
Une telle réforme constitue en réalité une attaque contre les classes préparatoires. Or les CPGE forment massivement les cadres dont notre pays a besoin (ingénieurs, cadres commerciaux, universitaires …) et sont un système, à la fois démocratique et peu onéreux pour les familles (scolarité gratuite, pourcentage conséquent de boursiers, places en internat…).
Nous demandons le retrait de ce projet de décret ainsi que l’abandon des volontés de réforme des classes préparatoires par le ministère de l’Education Nationale. Nous vous invitons à signer une pétition unitaire à cet effet, à l’adresse suivante :
http://www.petitions24.net/petition_unitaire_cpge
Les professeurs du lycée Claude Monet seront en grève le lundi 9 décembre et manifesteront ce même jour à 14h, place Edmond Rostand à Paris (métro Luxembourg)

Les professeurs des classes préparatoires du lycée Claude Monet

Messages

  • Il y a quand même un "privilège" gênant, que le ministre par ailleurs très privilégié lui-même a beau jeu de dénoncer : certains de ces profs de prépa s’arrogent parfois des cumuls d’"heures de colle" très rémunératrices, au point de multiplier leur salaire par deux ou trois.
    Un petit réajustement, voire un plafonnement, à l’ordre du jour SVP.
    Ce qui n’enlève rien au mérite et à l’utilité des enseignants du lycée Claude Monet (Paris) qui forment l’élite de la France : limiter le revenu de ces quelques uns ne rétablira pas l’égalité devant l’éducation que l’enquête Pisa déclare perdue.

    • Un beau billet sur le site Questions de classe(s) http://www.questionsdeclasses.org/
      pour répondre à cette indécence de nos "chers" collègues de prépas

      Extrait
      On dira que cette décence commune est bien naïve, et on aura raison. Quand on est dans la formation des élites, rien de plus logique que de gagner nettement plus que les collègues, rien de plus logique également que ces classes bénéficient de moyens nettement supérieurs à ceux des lycées ou des facs ordinaires. Comme l’explique un philosophe en vogue à propos du capitalisme, cette logique est plus amorale qu’immorale. Soit.

      Du coup, surpris de voir ce corporatisme élitiste et droitiste sur un site comme Bellacio

    • "gagner nettement plus que les collègues"

      Il y a une faille dans le raisonnement.

      Les professeurs de classe préparatoires gagnent ne gagnent pas "nettement" plus. Ils gagnent autant que les agrégés des lycées (ils sont agrégés et relèvent de la MEME grille salariale).

      Avec de tels raisonnements, il faudrait donc ramener le salaire de tous les agrégés à celui des certifiés. (Peillon et ses amis de "gauche" ne proposant évidemment pas l’égalité salariale par le haut mais le nivellement par le bas...).

      Si la rémunération des professeurs de classe préparatoire peut être parfois plus élévée (mais on n’atteint jamais le double, quoiqu’en dise une certaine presse), c’est en raison des heures supplémentaires et des colles.

      D’un point de vue syndical, on peut évidemment ne pas être d’accord avec cette manière individualiste d’obtenir une meilleure rémunération, mais le recours aux heures supplémentaires n’est pas caractéristique des professeurs de classes préparatroires.

      En tout état de cause, cette rémunération est le fruit d’un travail qui n’est pas moins honorable que policier, militaire, maton, vigile de supermarché, contôleur des transport, cadre dans la banque, la finance, ou dans l’assurance, "créatif" dans la publicité, employé dans le recouvrement de créance, ouvrier de l’armement, journaliste dans un organe de presse du grand capital...etc

      Un travail qui est loin d’être de tout repos : essayons d’imaginer ce que cela signifie d’être face à un groupe de 50 étudiants attentifs à la moindre erreur..., même si cela est sans doute moins épuisant que de trouver face à trente collégiens ou trente-cinq lycéens qui au contraire attendent du cours qu’il soit une activité ludique continue, avec connexion SMS permanente dans et en dehors de la classe...

      C’est dire que la plupart des professions impliquent une grande compromission avec la logique capitaliste, et il m’apparaît hasardeux de désigner les professeurs de classes préparatoires comme plus compromis que tant d’autres dans la soumission à cette logique.

      Cette mise au point face aux reflexes habituels de dénigrement des enseignants, produit des campagnes habituelles de dénigrement des enseignants, étant faite, que reste-t-il ?

      => Une première brèche pour que finalement, TOUS, acceptent les baisses de salaire et le surcroit de travail que le gouvernement prépare...pour TOUS.