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D’où viennent les jeunes djihadistes ?

par Aspaar

Publie le samedi 18 octobre 2014 par Aspaar - Open-Publishing
6 commentaires

Bien évidemment, les prédicateurs, les chefs des organisations combattantes comme ISIS en Syrie ont eux bien d’autres préoccupations que ces jeunes gens qui les rejoignent. Politiciens ou généraux, ils portent des stratégies de pouvoir, des objectifs militaires et économiques, des projets bien ancrés dans le réel de leurs pays d’origine.

Mais si leur propagande a touché ces jeunes, elle ne les a pas créés. Dans leur propre témoignage, la découverte de la possibilité concrète du djihad est toujours l’aboutissement d’un parcours en solitaire dans la société française et nulle part ailleurs. Personne n’est venu les chercher, ni dans leur entourage familial, ni à l’école, ni à la mosquée. Ils sont en cela très différents des générations précédentes. Les djihadistes français plus âgés en parlent d’ailleurs abondamment eux ont tous suivi un long parcours au sein de l’islam avant de rencontrer physiquement une branche dissidente. Ils perçoivent bien la différence fondamentale avec ces jeunes gens dont certains se sont convertis en trois mois et n’ont qu’une impatience : tuer et surtout mourir en martyrs.

Étrangement ou pas, le vécu raconté par ces « dhijadistes » en rappelle un autre, celui de ces jeunes gens, qui dans les années 1980, dans toute l’Europe, ont basculé dans la consommation d’héroïne. Presque tout y est : d’abord le détachement vis-à-vis de la société, un détachement qui n’est pas du tout une révolte. Pour se révolter, encore faut-il percevoir l’utilité de la révolte, une faille possible dans le monde tel qu’il est, qui pourrait survenir grâce à une action de l’intéressé. Or la France telle que la décrivent ces jeunes gens est un tout compact et totalement étranger, où rien, pas même les rapports sociaux immédiats avec la famille ou les proches, ne peut être changé.

Ainsi Yacine interprète-t-il le racisme et l’impossibilité de l’intégration comme la volonté d’Allah , qui a ainsi empêché une perversion des jeunes par la société française, et a permis que d’aucuns , comme lui s’en séparent totalement. Ainsi Souleymane et Clémence, jeune couple ouvrier précisent-t-ils qu’il ont attendu longtemps avant de partir, car ils auraient souhaité auparavant profiter d’un certain nombre de biens de consommation, comme une « très grande télé ». Mais ils se sont aperçus qu’il n’arriveraient jamais à se la payer, ils ont alors décidé de ne plus attendre.

Dans les deux cas (héroïne et djihad), aucune trace même partielle d’une tentative de révolte inaboutie ou ratée contre le racisme structurel ou l’exploitation économique capitaliste, mais la perception de la société comme un donnée tellement intangible que rien ne peut troubler de l’intérieur son fonctionnement.

Ainsi, avant d’être destruction de cette société de l’extérieur, la perspective du djihad est d’abord destruction du soi, volonté d’effacement par le vide de tout ce qu’on a pu être auparavant. La plupart de ces jeunes décrivent avec minutie la vente de leurs maigres bien matériels, l’abandon de leur emploi, du domicile familial, la rupture du lien avec l’épouse, avec la fratrie, le vidage du compte en banque. Cette description est accompagnée d’une insistance marquée sur la réaction d’incompréhension et de refus de l’entourage, réaction interprétée comme un élément de plus validant la justesse du choix effectué. Or ce processus de désaffiliation volontaire ressemble trait pour trait à celui des jeunes usagers d’héroïne. Dans ce dernier cas les parents et les proches perçoivent un comportement addictif absolument négatif et destructeur, alors l’auto-destruction est revendiquée par celui qui la vit comme un choix volontaire.

« Choisir son futur . Choisir la vie ? Mais pourquoi ferais-je quelque chose comme ça ? Je choisis de ne pas choisir la vie. Je choisis quelque chose d’autre. Les raisons ? Il n’y a pas de raison. Qui a besoin de raisons quand on peut avoir l’héroïne » lance le héros du film Trainspotting en guise de manifeste.

Lire l’article complet sur :
http://www.mondialisme.org/spip.php?article2138

Messages

  • Le djihadiste issu des banlieues est devenu un sujet a la mode pour les apprentis universitaires section socio medico ...ect...
    Je crains qu’il n’y ait pas une trame unique de lecture , il y a des personnalités, des familles aimantes ou pas issues de mariages arrangés , forcés ou pas.
    De l’attitude des mairies fonctionnaires y compris personnel enseignant.
    Et surtout le nombre de compteurs edf/gdf enlevés pour non paiements dans les quartiers dits sensibles

    • 1000 jeunes djihadistes...
      800 psychotiques...
      150 "border-line", pas forcément violents...
      50 PERVERS DANGEREUX...

      En FRANCE, il faut très vite "REFAIRE MAI 68"... Pas uniquement pour intégrer les jeunes chômeurs à la lutte des classes, mais aussi pour fracasser l’offensive néo-libérale...

    • "fracasser l’offensive néo-libérale..."

      L’état a augmenté de 3% chaque année depuis 40 années qui est d’ailleurs le nombre d’année ou il n’a pas bouclé un seul budget positif, endettant les générations future pour des prestation sociale en chute libre vue que la bureaucratie liberticide a tué l’économie Française.

      Une PME paie 65% de taxes et doit obéir a 3000 pages de code, personne ne créer de l’emploi avec ça sur le dos. De plus alors qu’elle doit débourser 3000 euro le travailleur n’en touche que 1500, devinez qui prend le reste ?

      Dans le pays d’à coté avec 20 pages de code du travail le chômage est à 3.5% y compris chez les jeunes (25% en France) et une caissière débutante est payé 3000 euro, le salaire d’un ingénieur confirmé en France.
      Avec un état Français à 57%, 600’000 élus une dette ubuesque malgré des impôts qui crèvent le plafond il faut arriver à sortir que c’est une "offensive néo-libérale" sans rire.

  • Les jihadistes qui combattent en Irak ,en Syrie pour un khalifat islamique imaginaire , ne présentent la moindre tentative de révolte contre l’exploitation capitaliste. Ces fous de dieu ne prônent que la soumission , obéissance absolue à un ordre religieux établi , toujours au profit du capitalisme

    Ces jihadistes ,ces islamistes d’Arabie Saoudite , Irak , Qatar ou d’Iran qui combattent en Syrie contre Assad ou pour Assad , en Irak contre les Kurdes , au profit de l’ Arabie Saoudite et des USA , ne sont que des soldats réactionnaires & contre révolutionnaire du capital .

    Pour Slavoj Zizek « Les terroristes pseudo-fondamentalistes sont profondément dérangés, intrigués et fascinés par la vie de péché des non-croyants. On voit bien que lorsqu’ils luttent contre l’Autre dépravé, c’est en fait contre leur propre tentation qu’ils luttent ».

    • Y a du vrai : l’islam (comme d’autres religions...) exacerbe les tensions entre morale rigoriste et appel de la nature.
      Mais aussi : No future ! Désaffiliation volontaire d’un pays vu comme

      un tout compact où rien ne peut être changé

      une société "tellement intangible" que toute révolte y est inutile, comme l’indique l’auteur.
      Ce ne sont pas les seuls héroïnomanes et djihâdistes qui répondent à cette description : l’homme de la rue de 2014 a intégré l’idée que l’individu n’a pas de prise sur l’évolution des choses dans ce monde. Et que le collectif n’existe plus. Et que les partis ne luttent que pour la lutte des places -tous menteurs, tous pourris-, que les syndicats, dûment corrompus par l’UIMM et autres tenants du pouvoir, ne mobilisent -en désordre dispersé- que quand ça ne prendra pas. Réaliste ou pas, la démission des citoyens vis-à-vis de leur mission d’améliorer leur société permet bien à la démocratie naufragée de laisser de plus en plus les rênes de notre avenir aux mains de quelques oligarques.
      Or, la fin de l’histoire est justement un élément récurrent de la propagande du K mondialisé. En ce sens, postuler que la « propagande a touché ces jeunes, elle ne les a pas créés » c’est un peu court. La place donnée au religieux (opium du peuple !), dans la société française en principe laïque, que ce soit comme incitation à tout accepter dans le cas du culte dit majoritaire et historique, ou comme principe de division du prolétariat dans celui de l’islam vitupéré, est plus importante pendant que le politique traditionnel perd sa crédibilité.

      L’article a évité la comparaison des conversions express observées parmi les « jihâdistes » avec le revival othodoxe en Russie après la chute du mur. Celui-ci, si surprenant dans son ampleur après 70 ans d’athéisme forcené, s’était accompagné d’une floraison de groupes racistes, identitaires, néo-nazis etc.
      Ce que l’auteur n’évite pas en revanche, c’est le lien entre le pur vice meurtrier des terroristes et son autre postulat oiseux : « l’antisémitisme est devenu banal ». Une guerre de religion serait en route, donc, principalement du fait de musulmans en folie contre juifs et autres.
      Excuser le contexte socio-économique créateur de misère, excuser Hollande pour la participation de la diplomatie française au chaos moyen-oriental, excuser du même coup l’impérialisme occidental et l’apartheid d’Israël dans l’extrémisme des musulmans, c’est tout un ?

    • Je vous demande de re-visionner le débat entre BADIOU, HAZAN et FINKIELKRAUT dans l’émission C S O J...

      http://youtube.com/watch?v=MbxUzEgQJo4