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Retour d’Angers

Publie le jeudi 8 mai 2003 par Open-Publishing

Les forums et la manifestation organisés à Angers et Mûrs Erigné le week end des 25-26-27 avril,
contre le G8 Environnement, m’inspirent des remarques que j’aurais souhaiter soumettre à la
réflexion collective du séminaire du 5 mai.
Il me sera impossible d’y être présent, les voici sous la forme de cette contribution schématique.

1)Cela n’a pas retenu l’attention de la presse nationale et* de nombre de réseaux militants, le
Gmonde d’Angers a rencontré l’estime et la mobilisation de jamais moins d’un millier de personnes
assistant et participant, durant 3 jours, à des débats de qualité, sur des thématiques aussi
incontournables pour l’invention d’un autre monde que « la gestion internationale de l’environnement,
l’eau, les choix énergétiques, l’Afrique et l’environnement, le transport maritime, la
marchandisation du vivant, l’agriculture* »

2)Première remarque : Cette manifestation a essentiellement mobilisé les réseaux
environnementalistes : le réseau sortir du nucléaire, les amis de la terre, agir pour l’environnement, Greenpeace,
et aussi la Confédération paysanne et Attac. L’absence totale, y compris à la manifestation du
samedi, du mouvement syndical, des défenseurs des droits humains, des « sans » est bien sur toujours
explicable par les agendas de lutte actuellement fournis. On peut toutefois s’interroger sur le
fait que ces thématiques restent pour beaucoup des « fronts secondaires » ; il est pourtant facile de
démontrer que les premières victimes des atteintes environnementales sont les plus pauvres et
précaires, que ces questions planétaires sont des enjeux essentiels de la lutte contre la
mondialisation libérale et pour la formulation de toute alternative.

3)La qualification des forums thématiques a eu pour corollaire des ébats généraux...très
généraux, impasses et méthode coué restant des moyens appréciés et employés pour échapper à des questions
compliquées et peut être pas si consensuelles qu’on le pense souvent. 2 exemples :

4)L’Europe : Le forum social européen se déroulera entre la Convention qui élabore un projet de
Constitution pour l’Europe et la CIG qui aura à l’adopter. Il reste sans doute à vérifier que nous
pensons tous que cette échelle est pertinente pour réguler le transport maritime, développer le
ferroutage, élever et harmoniser les droits des salariés du marché unique, faire droit aux services
publics contre l’extension sans fin des marchés* Auquel cas il est urgent d’en tirer quelques
conséquences et d’agir pour la communautarisation de ces politiques. l’élargissement renforce cette
nécessité : Si nous voulons agir contre le dumping social et environnemental, contre la réduction de
l’ambition européenne à la seule perspective de construction d’une vaste zone de libre-échange, il
faut appuyer toutes les options qui renforcent l’émergence de pouvoirs publics européens.
Je souhaite dire ma perplexité et mon insatisfaction à l’écoute d’un discours, tel celui entendu à
Angers, au nom d’Attac, à la tribune lors du forum « quels choix de société pour notre planète »
qui se limite la dénonciation d’une Commission volontiers démonisée. Il n’est pas à la hauteur des
nécessités de « civilisation » du projet européen. Celui ci est d’abord menacé par son mode de
construction actuel d’essence inter-étatique. C’est ainsi la France, qui a bloqué, au Conseil,
l’adoption rapide des mesures présentées par la Commission, faute de vouloir dégager les moyens
nécessaires au lendemain de la catastrophe de l’Erika !
Je ne partage pas non plus les espoirs de Susan Georges faisant part à cette tribune, de son
espoir que la France, se trouve dans une situation particulière, « bien placée » , pour parler au
monde, et se faire en tant que telle, le vecteur de nos espoirs d’une autre mondialisation. Parce que
la politique extériere « réelle » de la France est souvent réactionnaire (Pac, Afrique, nucléaire,
armement). Parce que la France n’est pas une échelle efficace pour peser sur les grands choix
économiques et sociaux.

5)le dialogue partis/mouvements
Après l’expérience caricaturale de Florence, cet espace désormais intégré aux ordres du jour des
évènements altermondialistes risque de vite tourner à la farce faute de méthode et véritable
réflexion collective.
La posture « nous les mouvements sociaux, nous proposons des solutions, il vous reste à vous, les
politiques à les appliquer .. », souvent de mise, entendue à Angers lors du « forum politique »
d’une dirigeante nationale d’Attac, me semble un tantinet démagogique et contre-productive.
Ce forum fut d’ailleurs une bonne illustration de l’appauvrissement du débat auquel aboutit le
cordon sanitaire un peu factice qui sépare acteurs sociaux et politiques.
( car enfin ce sont bien des municipalités de gauche qui ont accueilli le Gmonde, comme d’autres
accueilleront, demain le FSE)
La tribune composée de représentants du PS, du PC, des Verts, de la LCR, des alternatifs et du MRC
n’a pas apporté d’informations nouvelles sur divergences assumées ou implicites, entre les partis
de gauche, sur le nucléaire, le choix de la réduction du temps de travail plutôt que de la
relance d’une croissance indéfinie pour créer des emplois, sur l’immigration, peut être même sur les
OGM. Elle a surtout révélé la faiblesse des projets et des stratégies de transformation (pas un mot
sur l’Europe, rien à dire entre le suivisme sans apport propre, des mouvements sociaux, et une
culpabilité plus ou moins revendiquée pour tout bilan de la gestion gouvernementale°...)
Ces carences sont patentes.
Elles ne sont pas l’apanage des seuls partis.
Nous manifestons et manifesterons pour un « un autre monde ».
Un autre monde avec ou sans nucléaire ? avec sans une ONU démocratisée ?? avec ou sans Ogm ???
avec ou sans Europe politique ???? Questions ô combien essentielles !
L’hétérogénéité du mouvemen altermondialiste est précieuse. Il faut la cultiver, organiser la
confrontation démocratique des expériences et des positions. Elargir encore le rasseblement.
Mais il est un peu paradoxal ici (dans le mouvement) de chercher des accords sur les plus petits
communs dénominateurs (nucléaire, alors que le débat va rebondir avec la relance d’un nouveau
programme en France), tout en employant, par ailleurs, des arguments d’autorité en direction de
politiques sommés d’appliquer.

6)Sortir-par le haut- de l’hypocrisie
La politique est un bien commun approprié bien au delà des délimitations partisanes. Tout l’espace
public a été profondément renouvelé par l’émergence du mouvement altermondialiste. Après Porto
Alegre III (*et la victoire du PT), alors que son influence culturelle, planétaire, a trouvé des
prolongements directs dans le mouvement citoyen mondial contre la guerre, le mouvement, dans les
années qui viennent, devra contribuer à l’apparition de nouvelles formes de démocratie, à de nouveaux
pouvoirs publics, si nous voulons réellement mettre un coup d’arrêt à la tyrannie des marchés.
C’est pourquoi il faut cesser d’avoir peur d’assumer débats et coopérations, formes de
contractualisations à définir, avec des élus, des mouvements politiques.
De nombreux militant-e-s politiques sont actifs dans les syndicats, les associations.
Leurs partis sont sollicités pour prêter des salles et décrocher et des financements, tolérés dans
les instances du mouvements.. sous des prête-noms, interdits de prestation à découvert. Beaucoup
de militant-e-s du « mouvement social » ont occupé, occuperont demain des responsabilités dans les
institutions élues, dans des ministères, dans des partis. Evitons la schizophrénie, jouons la
transparence. Laissons la criminalisation de la politique à ceux qui sont résignés à la répartition
conventionnelle des pouvoirs. Pour mieux garantir l’avènement de la société de marché.