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Rafael Marques de Morais et Maka Angola jugés avec clémence ?

par Carmen Alvar

Publie le mercredi 24 juin 2015 par Carmen Alvar - Open-Publishing

Accusé du crime de dénonciation calomnieuse, Rafael Marques de Morais a seulement été condamné à une peine symbolique. Pour obtenir la clémence des juges, il s’était notamment engagé à arrêter la publication et la diffusion de son livre…

Le 28 mai dernier, le procès de Rafael Marques de Morais arrivait à son dénouement. Ainsi, après plusieurs mois de procédure, « le juge et ses assesseurs [ont décidé], au nom du peuple, de condamner Rafael Marques de Morais, accusé du crime de dénonciation calomnieuse, (…) à une peine unique de six mois de prison [avec sursis] ».

Cette décision relativement clémente devrait notamment satisfaire les ONG occidentales qui demandaient aux autorités de ne pas « chercher à museler son travail en le mettant en prison ». Parallèlement, cette condamnation symbolique conforte également l’Etat de droit, en refusant que des accusations, apportées sans preuves, soient colportées à l’encontre des responsables du régime.

En effet, Rafael Marques de Morais avait porté de graves accusations contre de hauts dignitaires de la République angolaise, alors même que son objectivité est plus que sujette à caution. Pour mémoire, les activités du jeune homme auraient été financées par le National Endowment for Democracy, une fondation américaine que l’on sait proche de la CIA.

Dès lors, on comprend mieux pourquoi sur son blog MakaAngola.org, il dénonce sans relâche l’arrivée des entreprises chinoises sur le continent africain, mais n’exprime en revanche aucune critique contre les entreprises américaines présentent en Afrique.

D’ailleurs, au cours des derniers épisodes de ce procès à rebondissements, Rafael Marques de Morais a reçu de nombreux soutiens de la part d’ONG occidentales, historiquement proches de la Maison Blanche. On peut notamment citer le cas d’Amnesty International dont l’une des anciennes directrices, Suzanne Nossel, fut précédemment l’assistante d’Hilary Clinton.

L’hypocrisie de ces groupes pro-américains est assez surprenante. Quand les USA condamnent le jeune soldat Bradley Manning, à l’origine des révélations Wikileaks, à 35 ans de prison, personne ne s’en émeut. Par contre, quand l’Angola rappel, symboliquement cette fois, la loi à un activiste politique, les condamnations se succèdent, en parallèle à une campagne de presse discriminante savamment orchestrée.

L’homme qui devait faire face à 24 accusations de diffamation et qui risquait 800 000£ d’amende selon The Guardian, échappe donc à une sanction bien que la condamnation soit plus sévère que les réquisitions du parquet. Toutefois, la décision de l’institution judiciaire donne surtout raison à ceux qui pensent comme le Cardinal Jean Honoré que « la liberté de la presse ne doit pas être sans limite ».

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