Accueil > Quand des élus socialistes et écologistes font du tourisme sur le Mur...

Quand des élus socialistes et écologistes font du tourisme sur le Mur...

Publie le jeudi 2 juin 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

de Hélène

Le Mur jugé "nécessaire" et "utile" par des élus SOCIALISTES et ECOLOGISTES ...

Après la dérive sur le TCE voici qu’apparaît la dérive sur la question Palestinienne. Où s’arrêteront-ils dans l’alignement des positions de Bush junior ? Combien de trahisons à venir ? Se sont-ils seulement donné la peine de mettre un pied sur le territoire palestinien annexé et occupé ? Ont-ils seulement eu un regard pour les victimes palestiniennes, hommes, femmes et enfants ? C’est lamentable et tragique pour des gens se disant de gauche !

Le Mur jugé "nécessaire" et "utile"

NON, pas d’ac !!!

Défendons le droit des Palestiniens ! Demandons des comptes à nos élus ! Demandons des comptes à l’Europe !

Petit rappel :

Sous l’égide de l’association Medbridge (présidée par François Zimmeray, ancien député socialiste européen) et du Transatlantic Institute (chargé de promouvoir les relations Israël, Etats-Unis et France), une vingtaine d’élus et de parlementaires de gauche se sont rendus au mois d’avril en Israël sous un programme dénommé "Chances et menaces pour la paix". Au menu de ce voyage digne du Club Med : entretien avec Sharon et autres officiels, diners, visites, rencontres avec une kyriel de journalistes, artistes et intellectuels

... La belle vie, quoi !

François Zimeray conduisait cette délégation. Il a ainsi déclaré : "Ce voyage représente une opportunité unique pour le Parti socialiste français afin de s’inscrire dans un dialogue duquel il a été absent depuis trop longtemps". A la veille de leur retour en France, chacun s’accordait à dire que c’est par ce genre d’initiatives que les mentalités pouvaient évoluer...

Et pour cause ... A leur retour, voici ce qu’ils ont déclaré :

* Aurélie Filipetti, conseillère du Vème arrondissement de Paris élue verte : « Ariel Sharon a pris la peine de nous recevoir, ce qui n’était pas évident, étant donné son emploi du temps chargé et le fait que nous sommes une délégation d’élus socialistes et verts n’étant pas actuellement au pouvoir en France (...). Etant donné la diabolisation du personnage faite dans cetains milieux, nous nous sommes trouvés en présence de quelqu’un qui parait jovial et sympathique. Le décès d’Arafat a ouvert la porte à une démocratisation de la société palestinienne" a-t-elle encore dit.

* Jean Gaubert, député socialiste (Côte d’Armor) : « Mon idée de la clôture de sécurité a complètement changé. Je la comparais toujours au mur de Berlin, ou au mur de la honte. Après avoir écouté les différentes positions, j’ai compris que ce mur est nécessaire pour éviter des attaques terroristes qui sont une menace à la paix ».

* Jean-Pierre Plancade, sénateur socialiste (Midi-Pyréneés) : « Après ce voyage, j’ai réalisé que la clôture de sécurité est le moyen le plus pacifiste de répondre à la guerre qu’ils combattent... Ce mur est nécessaire. Il ne tue personne mais permet d’éviter des victimes des deux côtés ».

* Claude Bartolone, ancien Ministre, député socialiste (Seine-Saint-Denis) : « j’ai vraiment changé mon point de vue sur le mur. Il semble que ce soit le moindre mal de façon à établir un dialogue qui ne peut poursuivre sous la menace des attaques terroristes".

* Jean-Claude Bateux, député socialiste (Seine-Maritime) : « De loin, nous avons une vue très simplifiée du bien et du mal. Ici, j’ai commencé à comprendre la complexité de la situation. Les opinions deviennent plus nuancées, différentes même ».

* Christophe Bouillon, maire de Canteleu (Seine-Maritime) et Premier secrétaire du parti socialiste : « Ce voyage m’a permis de comprendre la réalité de la situation : l’isolement d’Israël au milieu de pays arabes, le fait que le mur est finalement une « clôture de protection », et de quelle façon le terrorisme est une réelle menace à la sécurité ».

* Pierre Forgues, député socialiste (Hautes-Pyrénées) : « Une des choses sur lesquelles j’ai totalement changé d’avis est le « mur ». Avant que je vienne en Israël, je pensais que c’était le mur de l’apartheid. Je comprends désormais que c’est en fait une mesure de sécurité ».

* Nathalie Bellevin, Conseillère municipale et Secrétaire du parti socialiste à Louviers (Eure) : « J’ai compris que le mur le plus dangereux était celui de la haine construite entre les deux peuples et les réactions aux attaques terroristes. Ce mur semble finalement être le meilleur moyen de réduire la violence ».

* Jean-Marie Bockel, Sénateur-maire de Mulhouse : "J’ai été très impressionné par Ariel Sharon, à la fois par le contenu et par le personnage (...). J’avais une image très mitigée de lui mais sa sensibilité, sa sérénité, sa gentillesse et les risques qu’il a pris m’ont beaucoup marqué".

* * *

Maintenant qu’ils ont défait leurs bagages, exigeons des explications ! Il a donc suffi de trois malheureux jours à nos globbe-trotters de luxe pour juger "utile" et "nécessaire" un édifice par ailleurs condamné par la Cour de Justice Internationale et réprouvé par la quasi-totalité des pays de la planète !

Nous devons rappeler à nos élus que l’ONU s’est prononcé contre le mur en raison de son tracé illégal et de ses conséquences désastreuses sur la population civile : 20% des terres spoliées, 40% de la production agricole en moins, vole des ressources naturelles, catastrophe écologique, isolement des populations, immenses difficultés pour se soigner, travailler, étudier...

Nous devons rappeler à nos élus (aveugles ou ignorants) que le Mur est construit en Palestine et que les palestiniens sont avant tout CHEZ EUX et qu’ils ne sauraient être tenus responsables de l’histoire et du malheur des autres !!!

Par ailleurs, Israël, en violation totale avec les lois internationales, n’a jamais cessé sa colonisation, même au plus fort des pourparlers de paix ! Par conséquent, justifier le Mur par l’argument sécuritaire est fallacieux, immoral et particulièrement malhonnête. Un peu comme si votre voisin de palier construisait un mur au beau milieu de votre salon, utilisait vos affaires, volait votre eau, empoisonnait votre nourriture, vous empêchait de sortir et que pour couronner le tout, de lointains voisins prêtaient main forte au délinquant au lieu de vous défendre ! Ubuesque et complètement fou !!! Et pourtant ...

Nous devons rappeler à nos élus qu’Israël, depuis des décennies, viole allègrement les droits les plus élémentaires : maisons détruites, enfants emprisonnés, sous-nutrition organisée, assassinats extra-judiciaire, empoisonnements des terres agricoles, harcèlement des colons, oliviers arrachés, cultures détruites, etc ... Tout cela a fait l’objet d’innonbrables résolutions de l’ONU ... toutes superbement ignorées par la "seule démocratie du Moyen-Orient" ...
Nous devons rappeler à nos élus, que le Mur n’est pas (je cite les propos de Nathalie Bellevin) "le meilleur moyen de réduire la violence". Le meilleur moyen, Mme la Secrétaire du PS de l’Eure, c’est cesser la colonisation, de respecter les droits fondamentaux du peuple palestinien et d’arrêter sa souffrance. Zéro pointé pour sa copie. Action d’urgence : retourner sur les bancs de l’école socialiste ...

Et surtout, nous devons rappeler à nos élus que, lorsqu’on a la prétention d’agir au nom d’idéaux, il est indécent de sélectionner les peuples pour lesquels ceux-ci doivent ou non être appliqués. C’est le principe même de l’universalisme, socle fondateur des luttes pour le respect de l’homme, de tous les hommes. A moins d’accepter l’idée qu’il existe dans ce bas monde des êtres supérieurs et d’autres moins chanceux. Il ne saurait y avoir d’exception, aucune, même pour Israël.

Un mur en Palestine n’aurait-il pas les mêmes effets qu’à Berlin ? Un système d’Apartheid chez les arabes serait-il d’un coup plus acceptable ? Un nettoyage ethnique deviendrait-il subitement un bienfait parce que planifié et organisé par les Israéliens ? Pour nos élus de gauche, les Palestiniens ne seraient-ils donc que des sous-produits ?

Il est temps maintenant de s’interroger sur la passivité, pour ne pas dire la complicité de nos élites (politiques, intellectuels, artistes) qui préférent se taire ou se réfugier derrière le sceau de l’antisémitisme, cache-misère de la lâcheté, plutôt que de dénoncer la politique ethnocidaire de l’Etat d’Israël !!!

A nous de réagir, de nous prendre en main car, ne nous méprennons pas sur la stratégie de ces voyages : tous ces gens-là, un jour ou l’autre, nous les retrouverons sur les plateaux-télés, faire honteusement la promotion de l’Etat d’Israël (aux côtés des Finkelkraut et Cie), la larme à l’oeil et la main sur le coeur...

http://www.paixjusteauprocheorient....

Messages

  • On peut trouver le même article (dont je ne suis pas l’auteur, je ne fais que le répercuter) sur :
    http.//www.paixjusteauproche-orient.asso.fr/
    http://www.ism-france.org/news/

    ainsi que la marche à suivre et les adresses pour interpeller ces élus.

    ça me paraît très important car, à partir de leurs récentes positions, de quel internationalisme ces gens-là veulent-ils parler ?!

    Hélène

    • C’est pas un peu diffamatoire d’écrire : "Il est temps maintenant de s’interroger sur la passivité, pour ne pas dire la complicité de nos élites (politiques, intellectuels, artistes) qui préférent se taire ou se réfugier derrière le sceau de l’antisémitisme, cache-misère de la lâcheté" ?

    • en bon français :
      Pourquoi nos élites politiques, intellectuelles, artistiques ne profitent-elles pas de la tribune que leur donne leur notoriété pour dénoncer les graves atteintes aux droits de l’homme dans les territoires occupés ? Ont-elles peur d’être taxées d’antisémitisme (ça s’est déjà vu...) si elles critiquent la politique du gouvernement Sharon (par ailleurs condamnée par l’ONU et la Cour internationale de justice) ?
      Pourquoi un présentateur-vedette de la télévision israélienne peut-il dénoncer vigoureusement (images à l’appui) la politique de répression et les humiliations quotidiennes de Palestiniens, et les "socialistes" français se répandre en compliments sur la politique de Sharon et son mur (qui n’est pas de sécurité mais de spoliation) ?

    • Et à ce sujet, on lira avec intérêt l’article de Politis du mois de juin : "Israël et l’antisémitisme" de Yakov Rabkin, professeur d’histoire à l’université de Montréal, et auteur de "Au nom de la Torah : une histoire de l’opposition juive au sionisme" (PUL, 2004), dont voici quelques extraits :

      "Or, les invocations de l’antisémitisme par Israël reflètent surtout la raison d’Etat et mettent les juifs en péril plutôt que de leur porter secours. Plusieurs raisons empêchent l’état d’Israël de combattre l’antisémitisme. La plupart d’entre elles sont structurelles, car l’antisémitisme a depuis toujours donné au projet sioniste sa légitimation la plus solide."

      "... dans ce sens, des doses modérées d’antisémistisme ont toujours profité à Israël : l’antisémitisme augmente la population juive d’Israël."

      "... les politiques israéliennes envers les Palestiniens provoquent souvent des réactions antisémites. Il est grave que les juifs soient de plus en plus associés aux images de soldats et de colons armés... Les chefs israéliens prétendent agir "au nom du peuple juif" lorsqu’ils mènent une opération militaire à Jénine ou rasent des quartiers à Rafah."

      "Finalement, Israël et ses défenseurs tendent à discréditer toute critique d’Israël et de l’idéologie sioniste en les qualifiant d’antisémites. Cette association sert à la fois à museler les critiques d’Israël et à priver le concept d’antisémitisme de tout son sens."

      "Toute opposition au sionisme n’est pas antisémite".

      "L’Etat d’Israël, quelles que soient les déclarations de ses dirigeants, ne peut guère servir de rempart contre l’antisémitisme, car il est le premier à en tirer profit."

      cordialement,
      Hélène